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exil intérieur

Ces années d’après-guerre m’ont appris une leçon que je n’ai pas oubliée : on pouvait se renfermer en soi-même, et, comme mon père, ne jamais retrouver la sortie.

Auteur: Lefteri Christy

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Ajouté à la BD par miguel

guerre

Le matin, l'appel du muezzin invitait les maisons vides à la prière. Je sortis pour essayer de trouver de la farine et des œufs, car il n'y avait presque plus de pain. Je marchais dans la poussière. Elle était si dense qu'on avait la sensation de patauger dans la neige. Il y avait des voitures carbonisées, des cordes à linge avec des vêtements crasseux sur des terrasses abandonnées, des fils électriques qui pendouillaient dans les rues, des magasins éventrés, des immeubles au toit arraché, des tas d'ordures sur les trottoirs. Ça puait la mort et le caoutchouc brulé. Au loin, des serpentins de fumée s'élevaient dans le ciel. J'avais la bouche sèche, les mains crispées et tremblantes. Je me sentais prisonnier de ces rues distordues. Dans la campagne, les villages étaient incendiés et un flot humain se déversait sur les routes, les femmes terrorisées parce que personne ne contrôlait les milices et qu'elles craignaient d'être violées. Pourtant, ici, à côté de moi, il y avait un rosier de Damas en fleur. Je fermai les yeux, humant son parfum, et pendant un instant je pus faire comme si je n'avais pas vu ce que j'avais vu.


Auteur: Lefteri Christy

Info: L'Apiculteur d'Alep

 

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Ajouté à la BD par miguel

adieu

En supposant qu’il y ait quelqu’un pour t’écouter et que tu meures cette nuit ?

On m’entendrait mourir.

Pas de dernières paroles ?

Les dernières paroles ne sont que des mots.

Dis-les-moi, modèle de ta propre genèse sinistre qu’interprète une flamme sous une cloche de verre.

Je dirais que je n’ai pas été malheureux.

Tu ne possèdes rien.

Les derniers seront peut-être les premiers.

En es-tu sûr ?

Non.

De quoi es-tu sûr ?

Je suis sûr que le dernier comme le premier souffrent de la même manière. Pari passu.

De la même manière ?

Ce n’est pas seulement dans les ténèbres de la mort que toutes les âmes ne sont qu’une seule et même âme.

De quoi te repentirais-tu ?

De rien.

De rien ?

D’une chose ? J’ai parlé avec amertume de ma vie et j’ai dit que je prendrais ma propre défense contre l’infamie de l’oubli et contre sa monstrueuse absence de visage et que je dresserais une stèle dans le vide même sur laquelle tous liraient mon nom. Cette vanité je l’abjure tout entière.


Auteur: McCarthy Cormac

Info: Suttree p 542

[ confession ] [ épitaphe ] [ disparition ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

écrivain-sur-écrivains

C'est l'homme de génie que je veux dans l'écrivain, quels que puissent être ses mœurs et son caractère, parce que ce n'est pas avec lui que je veux vivre, mais avec ses ouvrages, et je n'ai besoin que de vérité dans ce qu'il me fournit; le reste est pour la société et il y a longtemps que l'on sait que l'homme de société est rarement un bon écrivain.

Auteur: Sade Marquis de

Info: Cité par P. Muray en épigraphe de "Rendez-nous Muray! Sade cité en exergue par Philippe Muray dons son "Outrage aux bonnes mœurs ou comment l'esprit vient aux romans"...

[ sincères ] [ entiers ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

frustration

... Passion de la vengeance et de la punition. On devient moral, a écrit Proust quelque part, dès qu'on est malheureux. Phrase étonnante, phrase profonde en écho à laquelle on pourrait citer aussi Nietzsche citant Balzac: "Celui qui moralise ne fait en somme, comme disait Balzac, que montrer ses plaies sans pudeur."

Comment ne pas s'acharner à montrer ses plaies, comme autant d'appels à une punition généralisée? Comment ne pas moraliser, même quand on est malheureux? D'où vient que la vertu ostentatoire apparaisse automatiquement si proche du ressentiment; et que, devant toute position morose et moralisante, remonte dans notre souvenir l'exclamation de Zarathoustra: "Hélas! que ce mot "vertu" est déplaisant quand il coule de leur bouche! Et quand ils disent: "je suis juste", cela sonne toujours comme: "je suis vengé!"

Auteur: Muray Philippe

Info: Essais

[ rancoeur ] [ révélatrices ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

couple

Mon corps n'avait plus d'âge. Il fallait le regard lourdement réprobateur de clients à côté de nous dans un restaurant pour me le signifier. Regard qui, bien loin de me donner de la honte, renforçait ma détermination à ne pas cacher ma liaison avec un homme "qui aurait pu être mon fils" quand n'importe quel type de cinquante ans pouvait s'afficher avec celle qui n'était visiblement pas sa fille sans susciter aucune réprobation. Mais je savais, en regardant ce couple de gens mûrs, que si j'étais avec un jeune homme de vingt-cinq ans, c'était pour ne pas avoir devant moi, continuellement, le visage marqué d'un homme de mon âge, celui de mon propre vieillissement. Devant celui d'A, le mien était également jeune. Les hommes savaient cela depuis toujours, je ne voyais pas au nom de quoi je me le serais interdit. 




Auteur: Ernaux Annie

Info: Le Jeune Homme, p 27, Gallimard

[ différence ] [ intergénérationnel ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

racisme

Dans l’esprit de nombreuses personnes du monde pourri, c’est ça les danses africaines, des trucs de sauvages lubriques, alors que c’est la vie même, le balancement incessant de la vie, la vie des hanches, exactement là où tu grandis. 




Auteur: Annie Lulu

Info: La mer Noire dans les Grands Lacs, p 138

[ corps-esprit ] [ salsa ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écriture

C’est l’altérité radicale entre l’auteur et ses personnages qui permet l’œuvre, le voyage auquel l’écrivain nous invite, et c’est précisément cette altérité qui est la condition de l’identification dans le processus d’écriture, qui permet à l’écrivain, puis au lecteur, de vivre l’expérience d’un personnage par procuration.

Auteur: Annie Lulu

Info:

[ distanciation ] [ rôles assignés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

couple

Mais voilà, mon père voyait toujours le meilleur chez tout le monde, je l’ai senti en le lisant. Il essayait sans cesse de faire surgir l’intelligence humaine là où manifestement personne n’aurait songé qu’elle puisse se planquer, histoire de laisser une chance aux autres d’être plus qu’eux-mêmes. Il a laissé une chance à ma mère d’être plus qu’une jolie blonde intello, ouverte au monde, mais au fond bien plus raciste que les pauvres hères ignares des montagnes de son pays de timbrés.

Auteur: Annie Lulu

Info: La mer Noire dans les Grands Lacs, p 25

[ ouverture ] [ tolérance ] [ métissage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

expectative

Le service funéraire se termina et le prêtre déclara que les proches pouvaient faire leurs adieux à la défunte. Tout le monde s‘avança aussitôt, et une queue se forma.

Anna Alexandrovna détestait les queues. Elle disait qu’elle avait passé la moitié de sa vie à faire la queue, pour acheter du pain, du lait, des pommes de terre, du savon, des billets, pour recevoir des lettres, et elle avait même mis au point une façon de se protéger : elle se récitait des vers. Elle disait en riant qu’avec ces files d’attente incontournables, le système soviétique lui avait permis d’entraîner sa mémoire. Elle n’avait sans doute jamais pensé que lors de son dernier jour sur cette terre, on ferait une telle queue pour la voir.

Auteur: Oulitskaïa Ludmila

Info: Le chapiteau vert, p 414

[ passe-temps ]

 

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Ajouté à la BD par miguel