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accomplissement

Se marier, fonder une famille, accepter tous les enfants qui voudront venir, les préserver dans ce monde peu sûr et, à plus forte raison, les y guider un peu, je suis convaincu que c’est le comble de ce qu’un être humain peut réussir. Qu’apparemment tant de gens y réussissent facilement n’est pas une preuve du contraire, car premièrement ils ne sont pas si nombreux à y réussir effectivement, et deuxièmement ces peu nombreux la plupart du temps ne "font" rien, il leur arrive simplement quelque chose ; ce n’est certes pas encore ce comble, mais c’est tout de même encore une très grande chose et très honorable (d’autant qu’entre ce qu’on "fait" et ce qui "vous arrive", la différence est difficile à faire nettement).

Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre au père, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, éditions Gallimard, 2023, page 74

[ sens de la vie ] [ idéal ] [ adéquation innée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

colonisation

Les dieux existent seulement dans la conscience humaine. Et c'est un concept qui n'a pas arrêté de changer selon les circonstances, surtout au Japon. La preuve, avant la guerre, Dieu, c'était l'empereur, mais quand le général de l'armée d'occupation américaine Douglas MacArthur lui a intimé l'ordre de quitter cette fonction, il a fait un beau discours pour déclarer "Ecoutez-moi tous, à partir de maintenant, je ne suis plus Dieu" et en 1946, c'était terminé. Pour te dire à quel point les dieux japonais sont accomodants. Ils changent de statut comme ça, il suffit qu'un militaire américain avec des lunettes de soleil sur le nez et une pipe bon marché au bec le leur ordonne et pfut! Ils filent leur démission. Complètement postmoderne comme concept, non?

Auteur: Murakami Haruki

Info: Kafka sur le rivage, Belfond, 2006, page 380

[ religion ]

 

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père-fils

En tout cas, nous étions si différents et, dans cette différence, si dangereux l’un pour l’autre que, si l’on avait voulu calculer d’avance comment moi, l’enfant se développant lentement, et toi, l’homme fait, se comporteraient l’un envers l’autre, on aurait pu supposer que tu m’écraserais tout simplement, qu’il ne resterait rien de moi. Or ce n’est pas arrivé, le vivant ne se laisse pas calculer d’avance, mais peut-être qu’il est arrivé pire. Mais cela dit je continue de te prier de ne pas oublier que jamais de la vie je ne croirai, et de loin, à une faute de ta part. Tu as eu sur moi l’action que tu devais nécessairement avoir, seulement tu dois cesser de tenir pour une particulière méchanceté de ma part le fait qu’à cette action j’ai succombé.

Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre au père, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, éditions Gallimard, 2023, page 14

[ influence ] [ constat rétrospectif ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

temporel-éternel

[…] Kafka n’aura jamais réellement tenu compte des réalités historiques de l’époque. Son Journal est à cet égard d’une vacuité vertigineuse : nul écho du bruit ni de la fureur du monde ne semble s’y répercuter. Toutes ses œuvres, cependant, écrites le dos tourné aux problèmes et aux urgences de l’environnement historique, arrachées douloureusement par bribes et par fragments à un bloc glacial de cohérence irréelle, du moins dans son essence et quelle que soit la forme trompeusement naturaliste de son apparence ; tous ses textes, de fait, ramènent à l’épaisseur, à l’opacité, à l’incertitude, à la cruauté du siècle, qu’ils éclairent de façon décisive. Et non pas, ou pas seulement parce que Kafka atteint, dans la modestie déroutante de son entreprise narrative, au noyau même, métaphysique, de la condition humaine, à sa vérité intemporelle.

Auteur: Semprun Jorge

Info: L'Ecriture ou la vie

[ témoin indirect ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

père-fils

J'étais écrasé par la simple existence de mon corps. Il me souvient, par exemple, que nous nous déshabillions souvent ensemble dans une petite cabine. Moi, maigre, chétif, étroit ; toi, fort, grand, large. Déjà dans la cabine je me trouvais lamentable, et non seulement en face de toi, mais aussi en face du monde entier, car tu étais pour moi la mesure de toutes choses. Mais quand nous sortions de la cabine et nous trouvions devant le gens, moi te tenant la main, petite carcasse pieds nus, vacillant sur les planches, ayant peur de l'eau, incapable de répéter les mouvements de natation que, dans une bonne intention, certes, mais à ma grande honte, tu ne cessais littéralement pas de me montrer, j'étais très désespéré et, à de tels moments, mes tristes expériences dans tous les domaines s'accordaient de façon grandiose.

Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre au père

[ enfant-adulte ] [ différence ] [ comparaison ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

victime

Dans les procès romains, où le ministère public avait un rôle limité, la calomnie représentait pour l'administration de la justice une menace tellement grave que les faux accusateurs devaient porter une marque sur le front comme punition : la lettre K (l'initiale de Kalumniator). Il revient à Davide Stimili d'avoir su montrer l'importance de ce fait pour toute interprétation du Procès de Kafka, que l'incipit représente sans la moindre réserve comme un procès calomnieux ("Il fallait bien que quelqu'un ait calomnié Joseph K. puisqu'il fut arrêté un beau matin, alors qu'il n'avait rien fait de mal"). La lettre K., selon Stimili, qui rappelle que Kafka avait étudié l'histoire du droit romain alors qu'il se préparait à être conseiller légal, n'est donc pas l'initiale de Kafka, selon une opinion commune qui remonte à Max Brod, mais celle de la calomnie.

Auteur: Agamben Giorgio

Info: Nudités

[ médisance ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

littérature

Nous avons hérité de nombreuses idées sur l'écriture qui sont apparues au XVIIIe siècle, en particulier un intérêt pour la littérature en tant qu'expression et exploration du soi (self). Ce développement, qui fait partie de ce qui distingue les "modernes" des "premiers modernes", a façonné l'œuvre de nombre de nos auteurs les plus célèbres, dont les expériences personnelles marquent leurs écrits de manière indélébile et visible. Il est juste de dire que la fiction et la poésie d'un grand nombre des meilleurs écrivains du siècle dernier - je pense ici à Conrad, Proust, Lawrence, Joyce, Woolf, Kafka, Plath, Ellison, Lowell, Sexton, Roth et Coetzee, pour n'en citer que quelques-uns - sont profondément autobiographiques. Le lien entre la vie et l'œuvre est l'une des choses qui suscitent notre curiosité et que nous recherchons lorsque nous prenons le dernier livre d'un auteur préféré.

Auteur: Shapiro James S.

Info: Contested Will: Who Wrote Shakespeare?

[ textanalyse ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

limitation

Le trait proprement génial chez Kafka fut d'avoir expérimenté quelque chose de tout à fait nouveau ; il renonça à la vérité pour ne pas lâcher la transmissibilité. Le pari de Kafka a été de retrouver coûte que coûte cette transmissibilité; mais ce fut au prix de la vérité. C'est pourquoi chez Kafka il n'est plus question de sagesse, seulement d'une collection de prescriptions et règles de conduites indéchiffrables, débris d'une loi dont nul ne sait que faire. Le narrateur kafkaïen parvient de nouveau à transmettre : simplement il n'a plus rien à dire. Benjamin décèle donc derrière le style limpide des écrits de Kafka la présence d'une voix sans visage, d'une voix qui s'oublie et s'épuise à dire quelque chose. Elle témoigne d'une impossibilité croissante à transmettre une vérité ou une expérience qu'elle-même tient pour essentielle. Kafka a écrit le *dysangile de notre présent.

Auteur: Benjamin Walter

Info: *mauvaise nouvelle

[ littérature ] [ administration ] [ analyse ] [ impuissance ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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lecture

Il me semble d'ailleurs, écrivait Kafka en 1904 à son ami Oskar Pollak, qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? Pour qu'il nous rende heureux, comme tu l'écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n'avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions, à la rigueur, les écrire nous-mêmes. En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu'un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide - un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois.

Auteur: Manguel Alberto

Info: Une histoire de la lecture, p.118, Babel n°416

[ réveil ]

 

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cauchemar

Un rêve : deux groupes d'hommes étaient aux prises. Le groupe auquel j'appartenais s'était saisi d'un adversaire, un gigantesque homme nu. Cinq d'entre nous le maintenaient, l'un par la tête, les autres par les bras et les jambes. Nous n'avions malheureusement pas de couteau pour le tuer, nous demandâmes hâtivement à la ronde si quelqu'un en possédait un, personne n'en avait. Mais pour une raison quelconque, il importait de ne pas perdre de temps et comme il y avait un poêle à proximité et que sa porte de fonte, d'une taille extraordinaire, était rouge, nous y traînâmes l'homme et nous prîmes son pied que nous approchâmes de la porte jusqu'à ce qu'il commençât à fumer, puis nous le retirâmes et le laissâmes fumer pour recommencer aussitôt à le rapprocher de la porte. Nous procédâmes ainsi avec monotonie, jusqu'au moment où je me réveillai, non seulement baigné de sueur froide, mais encore claquant positivement des dents.

Auteur: Kafka Franz

Info: Journal

[ songe ]

 

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