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manque amoureux

Il y avait des soirs où en traversant la ville pour aller au restaurant, je regrettais tellement Mme de Guermantes, que j'avais peine à respirer: on aurait dit qu'une partie de ma poitrine avait été sectionnée par un anatomiste habile, enlevée, et remplacée par une partie égale de souffrance immatérielle, par un équivalent de nostalgie et d'amour. Et les points de suture ont beau avoir été bien faits, on vit assez malaisément quand le regret d'un être est substitué aux viscères, il a l'air de tenir plus de place qu'eux, on le sent perpétuellement, et puis, quelle ambiguïté d'être obligé de penser une partie de son corps. Seulement il semble qu'on vaille davantage. A la moindre brise on soupire d'oppression, mais aussi de langueur.

Auteur: Proust Marcel

Info: Le côté de Guermantes

[ séparation ] [ douleur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

désir

De nos jours, la nudité féminine n'a plus rien d'obscène. Elle est même courante en publicité, qu'il s'agisse de vendre des shampooings, des produits de beauté, de la lingerie fine, des soins de chirurgie esthétique ou même des voitures. Mais on nous montre toujours un type de corps bien particulier, très normatif, svelte avec peu de hanches et de poitrine. Si, en revanche, le modèle avait dix kilos de plus, des seins qui tombent et des fesses en forme de tambour, la même image nous paraîtrait bel et bien obscène. Car le sexe ne se situe pas seulement dans nos parties génitales, mais d'abord et surtout dans notre tête, et notre cerveau, hélas, pense le plus souvent comme on lui a appris à penser.

Auteur: Etxebarria Lucia

Info: Ce que les hommes ne savent pas : Le sexe vu par les femmes

[ formatage ] [ standardisation ] [ couple ]

 

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intuition

Le Jardin Botanique était vide à cette heure, l'aube encore un souvenir. Neuman marcha sur la pelouse taillée à l'anglaise, ses chaussures à la main. L'herbe était tendre et fraîche sous ses pieds. Les feuillages des acacias frémissaient dans l'obscurité. Neuman rabattit les pans de sa veste et s'agenouilla près des fleurs. "Wilde iris (Dictes grandiflora)", disait l'affichette. Il y avait encore les rubans de la police, qui battaient dans la brise... On n'avait pas retrouvé le sac de Nicole sur les lieux du crime. Le tueur l'avait emporté. Pourquoi ? L'argent ? Qu'est-ce qu'une étudiante pouvait avoir dans son sac à main ? Il leva les yeux vers les nuages affolés qui filaient sous la lune. Le pressentiment était toujours là, omniprésent, qui lui comprimait la poitrine.

Auteur: Férey Caryl

Info: Zulu

[ inquiétude ]

 

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ésotérisme

Un ange ailé, avec le signe du soleil sur son front et sur sa poitrine le carré et le triangle du septénaire. Je parle de lui au sens masculin, mais la figure n'est ni masculine ni féminine. On dit qu'il verse les essences de la vie d'un calice à l'autre. Il a un pied sur la terre et un sur les eaux, illustrant ainsi la nature des essences. Une voie directe monte jusqu'à certains sommets en bordure de l'horizon, et au-dessus, il y a une grande lumière, au travers de laquelle on aperçoit vaguement une couronne. Voici une partie du Secret de la Vie Éternelle, autant qu'il soit possible à l'homme dans son incarnation de le concevoir. Ici on renonce à tous les emblèmes conventionnels.

Auteur: Waite Arthur Edward

Info: The Pictorial Key to the Tarot

[ christianisme ]

 

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joie

Dès qu’elle voyait la mer, Anna devenait comme folle.

Elle lâchait sac à dos et serviette n’importe où, prenait son élan et se mettait à courir. Elle courait jusqu’à ce que l’eau devienne trop haute, que ses poumons explosent dans sa poitrine, et là, elle plongeait. Elle frottait son ventre contre le dos ondulé du fond sableux, ressortait une dizaine de mètres plus loin, où l’on n’avait plus pied, même du bout des orteils. Elle adorait frôler ce dos, rêche et doux à la fois. Le toucher de la main, y enfoncer les doigts. Sous l’eau, là où les bruits du monde deviennent placenta, où le sel brûle la cornée et que tu n’entends plus que le bruit de ton coeur, qui ne t’appartient plus.

Auteur: Avallone Silvia

Info: D'acier

[ amniotique ] [ baignade ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

posture

... la position du corps de manière significative influence les émotions et les sensations durant l'étape souhaitée de l'hypnotisme; aussi, quelle que soit la passion que l'on veut exprimer par l'attitude de du patient, lorsque les muscles nécessaires à cette expression sont mis en jeu, la passion elle-même éclate soudainement et tout organisme réagit en conséquence. Le corps droit, la poitrine élargie, les extenseurs contractés, tout ce que suggère le sentiment d'estime de soi, l'auto-détermination, la détermination et indomptable fierté. Dès que l'on diminue la contraction de ces muscles, qui donne au patient une attitude déprimée, avec un coffre en contrebas, l'expression des fonctionnalités ou des modifications d'une manière très manifeste, la voix et l'ensemble de la manière d'être de l'individu aujourd'hui expriment l'humilité, l'humiliation et la pitié.

Auteur: Braid James

Info:

[ chair-esprit ]

 

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art pictural

Son incomparable nudité blanche rayonne sur un fond de crépuscule. Ses bras musclés, les bras d'un garde prétorien accoutumé à bander l'arc et à manier l'épée, sont levés selon un angle gracieux et ses poignets liés sont croisés juste au-dessus de sa tête. Son visage est légèrement tourné vers le ciel et ses yeux grands ouverts contemplent avec une profonde sérénité la gloire céleste. Ce n'est pas la souffrance qui erre sur sa poitrine tendue, son ventre rigide, ses hanches légèrement torses, mais une lueur d'un mélancolique plaisir, pareil à la musique. N'étaient les flèches aux traits profondément enfoncés dans son aisselle gauche et son côté droit, il ressemblait plutôt à un athlète romain se reposant, appuyé contre un arbre sombre dans un jardin.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Confessions d'un masque, p. 43. A propos du Saint Sébastien de Guido Reni, peint v. 1615. Mishima aurait eu son premier émoi sexuel à la vue de cette oeuvre.

[ maniérisme ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par miguel

dépouille

Andreas avait encore avancé de quelques pas.
Sur la table de communion, un cadavre était allongé, nu. Les bras étendus étaient perpendiculaires au corps. Les jambes, attachées ensemble à l'aide d'une corde. C'était l'image du Christ crucifié. Un homme. La cinquantaine probablement. Un énorme couteau était planté dans on cœur. Autour de la plaie, du sang séché formait comme un réseau de ruisseaux du haut de la poitrine jusqu'à son sexe. Ses yeux avaient été enlevés. Les orbites ressemblaient à deux trous noirs. A l'extrémité du couteau, une cordelette avec un morceau de papier. Andreas le détacha, après avoir pris soin de mettre des gants en plastique. Il y lut les mots suivants :
Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres.

Auteur: Voltenauer Marc

Info: Le Dragon du Muveran

[ assassiné ] [ question ] [ vengeance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sincérité

Ma grand-mère paternelle syrienne passait le plus clair, de son temps chez nous. Elle venait d'avoir soixante-dix ans. Elle pouvait passer des heures à enduire ses cheveux d'huile d'olive. Elle avait une poitrine d'une opulence rare. Moi, je rêvais de voir ses seins. Un après-midi d'été, elle s'était retirée pour prendre son bain. C'était l'occasion ou jamais. J'ai ouvert d'un coup la porte. Elle était nue, debout dans la baignoire, les cheveux tout noirs, le sexe tout blanc, sa peau formait des bourrelets infinis. Et ses seins, inoubliables, pareils à des outres, avec une auréole large comme une orange, lui tombaient jusqu'à la taille. J'ai fermé la porte et j'ai hurlé :
- Mamie a des seins de vache, mamie a des seins de vache.
J'ai reçu la première correction de ma vie.

Auteur: Al Joundi Darina

Info: Le jour où Nina Simone a cessé de chanter

[ enfance ] [ nudité ] [ vieillesse ]

 

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littérature

... le bébé, au fond des ténèbres de sa boîte, à la gare, était déjà en état de mort apparente. La sueur qui commençait à perler de tous ses pores, inonda d'abord sont front, puis sa poitrine, ses aisselles, et refroidit tout son corps. Il remua alors les doigts, ouvrit la bouche et se mit soudain à hurler sous l'effet de la chaleur étouffante. L'air était humide, lourd, il était trop pénible de dormir enfermé dans cette boîte doublement hermétique. La chaleur intense, accélérant la circulation de son sang, l'avait réveillé. Dans l'insupportable fournaise de cette obscure petite boîte en carton, en plein été, il venant de naître une seconde fois, soixante-seize heures après être sorti du ventre de sa mère. Il continua à hurler de toutes ses forces jusqu'à ce qu'on le découvre.

Auteur: Murakami Ryūnosuke

Info: Les bébés de la consigne automatique, trad Corinne Atlan

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