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plaidoyer

Tout notre espoir est là : dans la citation erronée. C'est pourquoi je vous le demande en grâce, ne corrigez jamais sous aucun prétexte une citation faite de mémoire. Accepteriez-vous de remplacer votre citation par une citation "vraie", comme disent les professeurs ? "Toutes vos citations sont fausses", disent-ils. Ah, vraiment ? Vous voulez dire que je suis parvenu à un degré d'indépendance, de clarté intérieure et d'inventivité tel que je suis désormais capable de déformer toutes les citations ? Ne me faites pas croire cela : il faudrait, pour que cela soit vrai, que j'aie réussi à détruire tous les livres que j'ai lus, à en faire une bouillie de pages, une liste interminable de mots et de coquilles. Ne corrigez pas les coquilles, je vous en prie, je vous en prie instamment. Laissez en paix ces insectes mélancoliques venus d'on ne sait où, laissez-les jouer de leurs élytres désaccordées dont les sons évoquent une musique inconnue. Citations fausses et coquilles, voilà ce qui peut encore vous sauver.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Discours de l'ombre et du blason", éd. du Seuil, p. 162

[ citation ne s'appliquant pas à ce logiciel ] [ déformation mémorielle ] [ authenticité ] [ singularité ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

école

Philippe a découvert cette année l’effervescence très particulière qui règne dans un établissement secondaire, ce mélange de solidarité et de rivalité qui fait tout le sel des relations entre enseignants et membres de l’administration, et surtout – surtout – ce lien étrange qui relie les élèves et leurs professeurs, tissu complexe de confiance, de provocation, de décontraction, de colère et de douceur. Bien sûr, il y a retrouvé des traits d’enfance. Cette façon agaçante dont, dans chaque milieu clos, les uns ont tendance à espionner les autres. Cette propension au ragot. Ce sentiment d’enfermement qui le pousse, chaque fois qu’il entre dans une classe, à ouvrir en grand les fenêtres, été comme hiver. Néanmoins, le premier adjectif qui lui vient à l’esprit quand il doit qualifier son métier, c’est chaleureux. L’impression, chaque fois qu’il franchit les grilles, d’être accompagné par des milliers de regards curieux, ironiques mais bienveillants, et de former, avec tous ceux qui passent là leur temps diurne, une chorale de cœurs dissonants et pourtant irrémédiablement unis.

Auteur: Blondel Jean-Philippe

Info: Un si petit monde

[ bouillonnement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hommes d'influence

Le mot "intellectuel" est apparu dans le langage du débat public en France après la publication de la lettre ouverte (dans l’édition de l’Aurore littéraire datée du 13 janvier 1898) d’Emile Zola à Félix Faure, président de la République, en protestation au procès Dreyfus, au nom des valeurs supérieures de la vérité et de la justice. Dans les semaines qui suivirent, l’Aurore continua de publier, dans deux douzaines de numéros, les protestations signées de centaines de personnalités distinguées et de notoriété publique. Il s’agissait avant tout d’importants professeurs d’université de divers horizons dont les noms étaient suivis d’une kyrielle de titres académiques et de distinctions honorifiques ; mais il y eut aussi parmi eux quelques artistes, architectes, avocats, chirurgiens, écrivains et musiciens. Dès l’édition du 23 janvier, le rédacteur en chef, Georges Clemenceau, pouvait annoncer qu’une force politique nouvelle et puissante était née, et que le fait de se rallier autour d’une idée politique en constituait l’acte de naissance. Il baptisa cette nouvelle force du nom d’intellectuels […].

Auteur: Bauman Zygmunt

Info: Dans "La vie en miettes", page 219

[ origine ] [ autorité ] [ apparition dans le discours ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

En maternelle, l’enseignement de mes enfants a été largement pris en charge par des femmes, les instituteurs, qu'on doit désormais appeler professeurs des écoles, ayant à peu près disparu, victimes à la fois de salaires peu attractifs et d'un climat général de suspicion qu'on imagine décourageant.

Je ne pouvais m'empêcher de m'interroger sur les conséquences, pour les petits garçons en particulier, d'une socialisation et d'un transfert de connaissances effectués presque exclusivement par des modèles féminins, au moins jusqu'au secondaire.

Est-il tout à fait indifférent que l’autorité ne soit jamais incarnée à leurs yeux par une figure masculine ? Partout, on m'expliquait que cela n'avait plus aucune importance, que tout n'était au fond que culturel, et plus on cherchait à m'en convaincre, plus j'en doutais.

J'avais fini par penser qu'une bonne partie de la délinquance qu'on observait pouvait s'expliquer par l'absence de références d'autorité masculine durant l'enfance, mais je n'exposais ma théorie qu'avec prudence : j'avais perdu des clients pour des propos moins subversifs que cela.

Auteur: Sansonnens Julien

Info: Septembre éternel

[ question ] [ éducation ] [ interrogation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prudence

- Sois sage !
Ce conseil salutaire est ordinairement le premier qu'on nous donne. Combien il est prématuré ! On nous le donne sur tous les tons, du ton de la prière au ton de la menace, ce qui tend à le déconsidérer aux yeux mêmes de ceux qui nous proposent la sagesse. Ils y renoncent assez vite et, sitôt que nous avons l'âge dit "de raison", il n'en est plus question - et il n'en est plus question d'ailleurs. Jusqu'à l'âge de dix ans, nos parents nous recommandent d'être sages. De dix à vingt ans, nos professeurs nous invitent à être sérieux, puis viennent nos premières maîtresses qui nous supplient d'être gentils. Enfin, voici nos épouses qui nous demandent d'être bons - et qui vont nous prier bientôt d'être indulgents. Et c'est alors qu'ayant bien travaillé, beaucoup souffert et bien aimé, nous nous apercevons qu'il faut avoir vécu pendant cinquante années pour suivre le conseil qu'on nous donnait jadis. Ayant atteint la soixantaine, nous nous efforçons en effet d'être sages.

Auteur: Guitry Sacha

Info: Les Femmes et l'Amour, Cinquante ans d'occupations, Presses de la Cité 1993 <p.230-231>

 

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professeurs

Les enseignants, quant à eux, constitueraient groupés les statistiques navrantes d’une perte de romantisme éperdu. Armés du maigre prestige de la réussite au concours, ils tenteraient avant tout d’embrasser le confort. Ils parleraient très souvent de leurs vacances et se marieraient entre eux. Ils frémiraient toujours au contact d’Alfred de Musset sous la forme d’une dissertation, s’agripperaient à la sécurité grammaticale et au cahier de présence. Leurs élèves ne sauraient pas parler le français et ils étudieraient pourtant L’Île des esclaves de Marivaux en seconde générale. On les instruirait de liberté alors qu’ils seraient en cage, avec leurs soixante mots de vocabulaire. Mais les Lumières figureraient au programme, on s’inclinerait. Les profs, ceux d’entre eux qui le deviendraient, ouvriraient via ShowYou des groupes de réflexion sur le décloisonnement du savoir, arboreraient barbes et jupes longues, et des colliers ethniques imitant à merveille l’ambre de Saint-Domingue. Ils seraient des fonctionnaires de la littérature et iraient muséifier leur passion en visitant la maison de Victor Hugo accompagnés d’un groupe scolaire en survêtement de sport.

Auteur: Bied-Charreton Solange

Info: Dans "Enjoy", éditions Stock, 2012, pages 174-175

[ portrait ironique ] [ déconnectés de la réalité ] [ égoïstes ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

rapports humains

Même dans un entretien non hypnotique, ou dans les événements de vie quotidienne, le thérapeute apprendra à observer les signes de comportements minimaux chez une personne entrant dans une transe commune* [...]. C'est dans de tels moments que la plupart d'entre nous recevons beaucoup de notre conditionnement inconscient, pendant que nous sommes en contact avec le monde environnant, en lui répondant d'une manière semi-automatique. Nous avons fréquemment de petites amnésies pour ces périodes de transe légère tout au long de la journée (correspondant à un cycle nycthéméral de quatre-vingt dix à cent-vingt minutes et c'est ce qui fait que nous ne pouvons pas comprendre ensuite comment nous avons pu faire ou dire telle ou telle chose. Ce facteur apparaît particulièrement important dans la compréhension des relations inter-personnelles. Les parents et les enfants, les professeurs et les étudiants, les hommes et les femmes, pourraient tous développer énormément leurs interactions grâce à une attention plus soigneuse l'un pour l'autre, lors de ces périodes de conscience externe émoussée et de sensibilité exacerbée au monde intérieur.

Auteur: Rossi Ernest Lawrence

Info: Commentaire dans L'hypnose thérapeutique de Milton Erickson. *Aussitôt que notre attention se déplace en dehors de l' "ici et maintenant", nous sommes dans un état de "transe commune" très similaire à celui de l'hypnose.

[ phénomène physiologique naturel ] [ inattention ] [ rêverie ] [ lecture immersion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

manichéisme

Dans ce domaine aussi [la mort], les intellectuels nihilistes ont tendance à penser dans des termes extrêmes, sautant du métaphysique au zoologique sans passer par la vérité, qui est toujours un mélange spécifiquement humain des deux. Ou l'on est tout - soi seul, centre de l'univers (et il est alors impossible de concevoir la mort autrement que comme une catastrophe, l'anéantissement total...)... Ou alors on n'est rien, gouttelette d'eau, individu mortel semblable à des milliards d'autres et dont la disparition n'affecte en rien la pérennité de l'espèce. Ce qui n'est jamais envisagé, c'est que l'on ne soit ni tout ni rien mais un lieu d'échanges, un individu en transformation perpétuelle, ayant reçu non seulement la vie mais le langage, des rituels, des traditions, des savoirs... et susceptible (mais non obligé) de transmettre cet héritage aux autres (enfants, amis, élèves). (...) Etant donné qu'ils ne perçoivent pas la circulation, les liens mouvants, l'échange, la transmission, étant donné qu'ils décrivent chaque individu comme une entité inamovible et close, la mort leur apparaît comme l'effacement total de l'être.

Auteur: Huston Nancy

Info: Professeurs de désespoir

[ destin ] [ existence ]

 

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psycho-sociologie

La plupart des blancs de Midland City étaient peu sûrs d'eux quand ils parlaient, ils faisaient des phrases courtes avec des mots simples, histoire de limiter au maximum les erreurs embarrassantes. "Dwayne a sûrement fait ça. Patty l'a sûrement fait." 

Tout ça parce que leurs professeurs d'anglais grimaçaient et se bouchaient les oreilles tout en leur donnant des notes nulles et tout quand ils ne parvenaient pas à s'exprimer comme des aristocrates anglais d'avant la première guerre mondiale. De plus, on leur disait qu'ils étaient indignes de parler ou d'écrire leur langue s'ils étaient incapables d'aimer ou comprendre les romans, poèmes et autres pièces dramatiques incompréhensibles, ainsi que des pièces de théâtre sur des personnages lointains, comme Ivanhoé.

Les Noirs ne se laissaient pas faire. Ils continuaient de parler anglais comme bon leur semblait. Ils refusaient de lire des livres qu'ils ne pouvaient pas comprendre - sous prétexte qu'ils n'y comprenaient rien. Et ils posaient des questions aussi impudentes que : " Pourquoi voulez-vous que je lise Tale of Two Cities ?  Balec !"

Auteur: Vonnegut Kurt

Info: Breakfast of Champions

[ résilience ]

 

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dialogue numérique

J'ai lu les messages d'Ivan encore et encore, en pensant à ce qu'ils signifiaient. J'avais honte, mais pourquoi ? Pourquoi était-il plus honorable de relire et d'interpréter un roman comme Illusions perdues que de relire et d'interpréter un quelconque courriel d'Ivan ? Était-ce parce qu'Ivan n'était pas un aussi bon écrivain que Balzac ? (Mais je pensais qu'Ivan était un bon écrivain.) Était-ce parce que les romans de Balzac avaient été lus et analysés par des centaines de professeurs, de sorte que lire et interpréter Balzac revenait à participer à une conversation avec tous ces professeurs, et était donc une activité plus élevée et plus significative que la lecture d'un courriel que j'étais seul à voir ? Mais le fait que le courriel m'ait été adressé spécifiquement, en réponse à des choses que j'avais dites, en faisait littéralement une conversation, ce qui n'était pas le cas des romans de Balzac, écrits pour un public général, dans le but ultime de générer des profits pour l'industrie de l'imprimerie ; ce que je faisais n'était-il donc pas, d'une certaine manière, plus authentique et plus humain ?

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ question ] [ intimité ] [ privé-public ]

 

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