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immanentisme

Le mot "philosophie", en lui-même, peut assurément être pris en un sens fort légitime, qui fut sans doute son sens primitif, surtout s’il est vrai que, comme on le prétend, c’est Pythagore qui l’employa le premier : étymologiquement, il ne signifie rien d’autre qu’"amour de la sagesse"» ; il désigne donc tout d’abord une disposition préalable requise pour parvenir à la sagesse, et il peut désigner aussi, par une extension toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition même, doit conduire à la connaissance. Ce n’est donc qu’un stade préliminaire et préparatoire, un acheminement vers la sagesse, un degré correspondant à un état inférieur à celle-ci ; la déviation qui s’est produite ensuite a consisté à prendre ce degré transitoire pour le but même, à prétendre substituer la "philosophie" à la sagesse, ce qui implique l’oubli ou la méconnaissance de la véritable nature de cette dernière. C’est ainsi que prit naissance ce que nous pouvons appeler la philosophie "profane", c’est-à-dire une prétendue sagesse purement humaine, donc d’ordre simplement rationnel, prenant la place de la vraie sagesse traditionnelle, suprarationnelle et "non humaine"».

Auteur: Guénon René

Info: Dans "La crise du monde moderne" page 31

[ intellectualisme ] [ dégradation ] [ étymologie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

Ce qui nous environne, nous le supportons d’autant mieux que nous lui donnons un nom – et passons outre. Mais embrasser une chose par une définition, si arbitraire soit-elle, et d’autant plus grave qu’elle est plus arbitraire, puisque l’âme y devance alors la connaissance, - c’est la rejeter, la rendre insipide et superflue, l’anéantir. L’esprit oisif et vacant – et qui ne s’intègre au monde qu’à la faveur du sommeil – à quoi pourrait-il s’exercer sinon à élargir le nom des choses, à les vider et à leur substituer des formules ? Ensuite il évolue sur leurs décombres ; plus de sensations ; rien que des souvenirs. Sous chaque formule gît un cadavre : l’être ou l’objet meurt sous le prétexte auquel ils ont donné lieu. C’est la débauche frivole et funèbre de l’esprit. Et cet esprit s’est gaspillé dans ce qu’il a nommé et circonscrit. Amoureux de vocables, il haïssait le mystère des silences lourds et les rendait légers et purs : et il est devenu léger et pur, puisque allégé et purifié de tout. Le vice de définir a fait de lui un assassin gracieux, et une victime discrète.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Précis de décomposition, in Œuvres, éditions Gallimard, 1995, page 585

[ nommer ] [ abstraction dévitalisante ] [ mots ] [ tiercités fuites ] [ emprisonnement linguistique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vénération

Ceci dit, le fétichisme est le même : à la limite tout objet ancien simplement parce qu'il a survécu et devient par là signe d'une vie antérieure. C'est la curiosité anxieuse de nos origines qui juxtapose aux objets fonctionnels, signes de notre maitrise actuelle, les objets mythologiques, signe d'un règne antérieur. Car nous voulons à la fois n'être que de nous-mêmes, et être de quelqu'un : succéder au père, procéder du père. Entre le projet Prométhéen de réorganiser le monde et de se substituer au père, et celui de descendre par la grâce de la filiation d'un être originel, l'homme ne sera peut-être jamais capable de choisir. Les objets eux-mêmes témoignent de cette ambiguité irrésolue. Certains sont médiations du présent, d'autres médiation du passé, et la valeur de ceux-ci est celle du manque. Les objets anciens sont comme précédés d'une particule, et la noblesse héréditaire compense la désuétude précoce des objets modernes. Jadis les vieillards étaient beaux parce qu'ils étaient "plus proches de Dieu" , plus riches d'expériences. Aujourd'hui, la civilisation technicienne a renié la sagesse des vieillards mais elle s'incline devant la densité des vieilles choses, dont la seule valeur est scellé et sûre.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p.)

[ mémoire ] [ nocivité du progrès technologique ] [ illusion ]

 

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pouvoir sémantique

Edward Bernays, dis-je, a compris comment mener les foules. Comment les faire aller là où il veut, ou, plus exactement, là où ses clients (ceux qui le rémunèrent grassement à cette fin) le souhaitent. Dès 1917, c’est lui qui parvient à retourner l’opinion publique américaine pour lui faire accepter l’entrée en guerre des États-Unis. En 1924, il est payé pour faire élire Coolidge à la présidence. En 1932, il fait voter pour Hoover. Entre-temps, il publie un essai, sobrement intitulé Propagande, dans lequel il explique les principes et mécanismes qu’il a mis au point et qui permettent, au fond, de tout vendre au plus grand nombre : du parfum, du savon, des cigarettes, des voitures, des présidents, la guerre, la paix, le bonheur, la démocratie, la tyrannie – absolument tout. L’un de ses plus fervents lecteurs s’appelle Joseph Goebbels, qui saura remarquablement mettre en pratique ses théories afin d’éduquer le peuple allemand.

Cependant, Edward Bernays a aussi très vite et très bien compris que "propagande" était un vilain mot. Il lui substitue donc les termes plus policés de "relations publiques" et invente dans la foulée le métier qui va avec : "conseiller en relations publiques".

Auteur: Malte Marcus

Info: Qui se souviendra de Phily-Jo ?

[ manipulation ] [ dissimulation ] [ historique ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

tradition littéraire

Le conte de fées, autre source de sagesse populaire, est en train de se tarir, grâce encore aux idéologues progressistes qui veulent protéger l’enfant de ces histoires réputées terrifiantes. La censure exercée sur les contes de fées, tout comme l’assaut donné à la littérature "inappropriée" au monde moderne, fait partie d’une persécution générale de l’imagination et du fantasme. Au nom du réalisme et d’une "culture appropriée", notre âge psychologique interdit des sublimations pourtant sans danger. Dans Psychologie des contes de fées, Bettelheim a montré que cette formation "réaliste" a pour effet d’accentuer la discontinuité entre les générations (l’enfant ayant l’impression que ses parents habitent un monde tout à fait étranger au sien) et fait douter l’enfant de sa propre expérience. Jadis, la religion, le mythe et le conte de fées conservaient suffisamment d’éléments propres à l’univers enfantin pour offrir aux jeunes une vision convaincue du monde. Or, la science ne peut se substituer à eux. D’où la régression, si commune dans la jeune génération vers un mode de pensée magique des plus primaires, telles la fascination exercée par la sorcellerie et l’occultisme, la croyance dans les perceptions extra-sensorielles, la prolifération des cultes chrétiens primitifs. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 242-243

[ oubli ] [ appauvrissement de l'imaginaire ] [ parents-enfants ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Ce qui compte aussi, c'est le fait de feuilleter, de courir, de fuir d'une page à l'autre, d'être complice d'un épanchement délirant qui s'est coagulé ; ce qui compte, c'est la bassesse d'un enjambement, l'assurance de la vie dans une seule phrase, et la réassurance des phrases dans la vie. Lire est un vice qui peut se substituer à tous les autres pour nous aider à vivre, parfois ; c'est une débauche, une intoxication qui vous ronge. Non je ne prends pas de drogue, seulement des livres ; certes j'ai aussi mes préférences, il y a beaucoup de livres que je ne digère pas, il y en a certains que je ne consomme que l'après-midi, d'autres la nuit seulement, il y a des livres que je ne lâche pas, que je traîne dans tout l'appartement, du salon à la cuisine, je les lis debout dans le couloir sans utiliser de marque-page, je ne remue pas les lèvres en lisant, j'ai très tôt appris à lire parfaitement, je ne me rappelle pas la méthode mais vous devriez la rechercher un jour ; elle devait être excellente dans nos écoles primaires de province, du moins à l'époque où j'ai appris à lire.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: malina (1971, 288 p.)

[ addiction ] [ sensations ] [ permanence du mouvement ]

 

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savoirs

Les "sciences humaines" ne sont des sciences que par une flatteuse imposture. Elles se heurtent à une limite infranchissable, car les réalités qu'elles aspirent à connaître sont du même ordre de complexité que les moyens intellectuels qu'elles mettent en oeuvre. De ce fait, elles sont et seront toujours incapables de maîtriser leur objet.

Jusqu'au XIXe siècle au moins, la chance des sciences "dures" a été que leurs objets furent considérés comme moins complexes que les moyens dont l'esprit dispose pour les étudier. La physique quantique est en train de nous apprendre que cela n'est plus vrai et qu'à cet égard une convergence apparaît entre les différentes sciences (ou prétendues telles). Seulement, même si les réalités dernières du monde physique sont inconnaissables, le physicien parvient à découvrir entre elles des rapports exprimables en termes mathématiques, et dont des expériences lui permettent de démontrer l'exactitude.

Pour nous autres des sciences humaines, ces expériences sont hors de portée. Aussi, quand nous nous efforçons - et c'est le sens de l'entreprise structuraliste - de substituer, à la connaissance illusoire de réalités impénétrables, la connaissance - possible, celle-ci - des relations qui les unissent, nous en sommes réduits aux tentatives maladroites et aux balbutiements. 

Auteur: Lévi-Strauss Claude

Info: Le Monde, 8 octobre 1991.

[ rationalisme miroir ] [ limitation cognitive ] [ solipsisme anthropique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

non-intégration

Contrairement à la situation qui prévalait durant le dernier quart du XXe siècle, où l'ascension sociale de nombreux enfants issus de l'immigration nord-africaine se traduisait par une laïcisation des comportements et l'identification aux valeurs contestataires internes à la société française, comme l'adhésion au PCF et à la CGT, voire au PS, ou le basculement dans le gauchisme, la prégnance du salafisme change progressivement la donne à partir du début du nouveau millénaire, avec le 11 septembre 2001, et après les émeutes de 2005. L'apparition d'un modèle de rupture avec les valeurs de la "société mécréante" se substitue au précédent modèle de rupture sociale avec la "société bourgeoise". En émerge une génération de diplômés, de cadres et d'entrepreneurs de culture musulmane, imbus de valeurs de droite et révérant les forces du marché.
L'exacerbation identitaire de la norme salafiste (…) fournit à ces diplômés l'espoir de se constituer en "intellectuels organiques" des jeunes de banlieue déshérités au nom du respect des mêmes normes islamiques "se désavouant" culturellement d'avec la société mécréante. Ils peuvent dès lors transcender, au nom de la religion intégrale dont ils réclament la mise en œuvre, les différences et contradictions de classes entre eux-mêmes et les jeunes marginalisés et chercher à obtenir leurs suffrages.

Auteur: Kepel Gilles

Info: Terreur dans l'Hexagone : Genèse du Djihad français

[ islamisme ] [ sociologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

besoin de punition

Qu’il me soit plus facile de prendre la parole, quand cette parole a pour but de dire "non" à l’injustice que de prendre la parole pour dire "oui" à la justesse tient à ceci : dire "non" à l’injustice, même si c’est là un acte moral louable, n’est pas l’équivalent du fait de dire "oui" à la justice.

Répondre "oui" à ce qu’a de juste la révélation de la dette symbolique par le signifiant sidérant implique de pouvoir soutenir ce que je ne comprends pas : le non-savoir dans lequel je suis sur la façon d’acquitter cette dette. 

Ce "oui" implique ainsi de résister à la tentation de substituer à la possibilité de soutenir ce non-savoir la possibilité de m’en acquitter en m’engageant dans la voie de la culpabilité surmoïque : voie où je pourrai cesser d’ignorer ce dont je suis coupable. L’expérience analytique nous apprend, à cet égard, que le sujet, pour échapper à la question du non-savoir, ne demande qu’à assumer le fait d’être réellement accusé, pour peu qu’il sache exactement de quel chef d’accusation il est coupable : il n’est pas exceptionnel de voir un sujet commettre une faute réelle pour être mis en rapport avec une loi qui cesse de se manifester comme questionnante pour devenir purement sanctionnante, énonçant clairement quel est le délit et de quel prix il doit être payé.

Auteur: Didier-Weill Alain

Info: "Les trois temps de la loi", éditions du Seuil, 1995, page 188. En langue allemande Bejahung (affirmation au sens de " confirmation ", se distingue de Behauptung (affirmation au sens de "assertion ")

[ ignorance ] [ refoulement ] [ Bejahung ] [ subjectivation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

concept psychanalytique

le refoulement, il s’agit, dis-je - puisque c’est là le mode qui m’est propre de le présenter - il s’agit, dis-je, d’un effet de substitution signifiante à l’origine. Quand je dis à l’origine, il s’agit d’une origine logique et non point d’autre chose. Ce qui est substitué a un effet que les penchants de la langue si l’on peut dire, en français, peuvent nous permettre d’exprimer tout de suite d’une façon fort vive : le substitut a pour effet de sub-situer ce à quoi il se substitue.

Ce qui se trouve, du fait de cette substitution - dans la position que l’on croit, que l’on imagine, que l’on doctrine même, très à tort à l’occasion - être effacé, est simplement sub-situé, ce qui est la façon dont aujourd’hui je traduirai - parce qu’elle me semble particulièrement pratique - le Unterdrückt de FREUD. Qu’est-ce donc alors que le refoulé ?

Eh bien, si paradoxal que cela paraisse, le refoulé comme tel, au niveau de cette théorie ne se supporte, n’est écrit, qu’au niveau de son retour. C’est en tant que le signifiant extrait de la formule de la métaphore, vient en liaison, dans la chaîne, avec ce qui a constitué le substitut, que nous touchons du doigt le refoulé, autrement dit le représentant de la représentation première en tant qu’elle est liée au fait premier, logique, du refoulement.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 14 décembre 1966, La logique du fantasme

[ définition ] [ explication ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson