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sociologie

L'urbanisme postmoderne et les pratiques citadines actuelles ont réinventé la rue, l'alignement continu des façades et des activités commerciales ou de services accueillant la clientèle en rez-de-chaussée, ainsi que l'animation, voire la foule, où le badaud, plus que le chaland, aime se fondre dans l'anonymat du spectacle urbain, du défilé ou de la fête. Mais cette apparence de communauté retrouvée doit se conjuguer avec l'autre réalité de l'individualité croissante, qui agrège et mêle dans un même espace des destinées et des itinéraires différents : le renfermement de beaucoup de nos contemporains dans leur bulle, plus sensible encore à New York qu'à Paris, où toute intrusion (un sourire, un geste) est ressentie comme une agression, le téléphone portable utilisé en tout temps et en tout lieu (rue, services publics, transports), qui vous fait pénétrer avec voyeurisme dans l'intimité personnelle de l'autre, les multiples codes, vigiles barrières, cartes magnétiques, qui interdisent, fragmentent, divisent les accès et les populations. Plus que jamais, la ville contemporaine a inventé l'individualisation des foules.

Auteur: Burgel Guy

Info: La revanche des villes

[ mégapoles ]

 

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nature

Ici, le ruisseau jaillit d’une niche moussue à flanc de colline, et il a sculpté un bassin de pierre à l’endroit de son impact, une eau froide et limpide au goût métallique, un bassin grand comme une chambre à coucher où trempent des troncs d’arbres usés, rendus duveteux par le temps. Turtle s’assied sur un tronc, ôte tous ses vêtements, pose le fusil dessus avant de glisser dans la piscine de pierre, les pieds d’abord – car elle vient chercher ici son réconfort, étrange et personnel, et elle a le sentiment qu’ici règne le réconfort des lieux froids, d’une entité limpide et glacée et vivante. Elle retient son souffle et s’enfonce jusqu’au fond du bassin, elle remonte les genoux à ses épaules, ses cheveux flottent autour d’elle comme des algues, elle ouvre les yeux, lève la tête et aperçoit les images grossies sur la surface piquetée de gouttes de pluie, et les silhouettes des tritons aux doigts écartés, leurs ventres rouge et or exposés au-dessus d’elle, leurs queues oscillant paresseusement.

Auteur: Tallent Gabriel

Info: My absolute darling

[ beauté ] [ magie ] [ émerveillement ]

 

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préjugé

Je ne sais pourquoi mais j'ai toujours eu tendance à me méfier des hommes qui portent la moustache. Peut-être cela vient-il du fait que les moustachus semblent s'être arrêtés à mi-chemin dans le travail, qu'ils sont des hommes du ni ceci ou ni cela, ni barbus ni rasés : cet espèce de paillasson qui leur surmonte la bouche relève plus d'un ornement maladroit que d'un choix définitif entre deux options; celle de se cacher sous sa barbe ou celle d'afficher son visage dans toute sa nudité. Peut-être que le port de la barbe est la norme ? Elle pousse naturellement et la main de l'homme vient défaire le travail de Mère Nature par le rasage. Personnellement je n'ai jamais réellement décidé de montrer mon visage à nu et pourtant c'est ainsi que je me présente aux autres sauf quand je suis trop occupé pour me raser.
(...)
Ce besoin permanent que j'ai de mettre les gens dans des cases positives ou négatives ne m'a pas beaucoup servi dans ma vie privée ni professionnelle.

Auteur: Thorarinsson Arni

Info: le temps de la sorcière, p 321

[ facies ] [ poils ]

 

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propagande idéologique

Ce qui ressemble d’un côté à un fabuleux gaspillage de ressources (radios, télés, affiches, dépliants, films, spots, magazines, etc.) peut aussi bien se comprendre comme une précieuse épargne pour le système dans sa totalité. N’y a-t-il pas un rapport entre le suréquipement en appareils de surveillance des pays socialistes et leur sous-équipement informatif et imaginaire – le même qu’entre la gigantesque panoplie symbolique des pays capitalistes et la discrétion, en temps de paix, de leurs appareils de coercition ? Omniprésence du Parti, omniprésence des médias. Nos commis aux belles images ont la même fonction d’encadrement/contrôle – et le même statut de cadres supérieurs – que les préposés à la ligne juste. Mais à productivité supérieure ils sont plus rentables. Ils assurent cette contre-révolution préventive et permanente aussi visible et indolore que le fonctionnement normal du système (extorsion/inculcation) avec lequel il ne fait qu’un. En d’autres termes, parce que le Journal télévisé, L’Express, Marie-Claire et France-Soir ont chacun la puissance de feu d’un régiment de gendarmerie blindé, les ministères de l’Intérieur et de la Défense nationale peuvent réduire d’autant leurs dépenses de personnel et d’équipement. 

Auteur: Debray Régis

Info: Le Pouvoir intellectuel en France, Ramsay, Paris, 1979, p. 220-221.

[ divertissements ] [ culture de masse ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

théologie

La représentation de l’homme qu’il [Martin Luther] dresse en termes religieux décrit la situation de l’individu au cours de l’évolution sociale et économique. Les membres de la classe moyenne étaient aussi impuissants face aux nouvelles forces économiques qu’ils l’étaient dans la description qu’a faite Luther de la relation de l’homme à Dieu.
Mais Luther a fait plus que de mettre en évidence le sentiment d’insignifiance déjà présent au sein des classes sociales auprès desquelles il prêchait, il a offert une solution. L’individu pouvait espérer être acceptable aux yeux de Dieu non seulement en n’acceptant pas sa propre insignifiance, mais aussi en s’humiliant à l’extrême, en abandonnant chaque vestige de la volonté personnelle, en renonçant à sa force personnelle et en la dénonçant. La relation de Luther à Dieu était une relation de totale soumission. […] Ainsi, en même temps que Luther libérait les gens de l’autorité de l’Eglise, il les amenait à se soumettre à une autorité bien plus tyrannique, celle d’un Dieu qui exigeait une soumission complète de l’homme et l’annihilation de l’individu comme la condition essentielle de son salut.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 82-83

[ soubassements psychologiques ] [ protestantisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

formatage corporate

Loin de n'être que des outils sur lesquels nous gardons la main, ces pratiques agissent sur nous et intluencent notre subjectivation. C'est-à-dire notre capacité à devenir des individus autonomes. Inutile de chercher un ou des coupables précis. La responsabilité est collective puisque l'asservissement est consenti. Pas de machination, pas de complot; un air du temps peu à peu lesté de mille et mille slogans, réflexions, incantations difusés à partir de quelques textes sources et infiniment répétés. On pourrait croire qu'à remonter le fil des effets et des causes, la raison des choses s'embrume. Du néolibéralisme au capitalisme, du capitalisme à la mathématisation du monde et à lidée de se rendre "Comme maîtres et possesseurs de la nature". Ces divers maillons en sont pourtant venus à constituer une chaîne épaisse soudée par le calcul, la recherche de l'efficacité, la marchandisation et une rationalité abstraite. À cela s'ajoutent une certaine forme d'individualisme et une psychologisation générale de nos rapports, à nous-mêmes comme à autrui. Comme si, malgré les enseignements assénés depuis un siècle, nous étions devenus maîtres et possesseurs de nous-mêmes. Navrante illusion.

Auteur: Jobard Thierry

Info: Contre le développement personnel. Rue de l'échiquier, pp 14,15

[ totalitarisme doux ] [ fabrication du consentement ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

colonialisme

J'ai décidé que le temps était venu d'écrire, de mettre en mots mon testament personnel, non pas parce que j'ai l'intention de mourir, mais parce que j'ai l'intention de vivre. Ceci est la 23e année que je passe en prison pour un crime que je n'ai pas commis. J'ai un peu plus de cinquante-quatre ans aujourd'hui. Je suis donc ici depuis l'âge de 31 ans. .. L'espérance de vie d'un Indien étant de 45 ans aux Etats Unis, on m'a dit que je devrais vivre deux vies, plus 7 années pour voir le jour de ma libération, fixée en 2041. J'aurai alors 97 ans. Je ne crois pas que j'irais jusque là. Ma vie est une souffrance qui n'en finit pas. J'ai l'impression d'avoir passé cent vies en prison. C'est peut-être le cas. Mais je suis prêt à en passer des milliers d'autres pour le bien de mon peuple. Si mon emprisonnement ne faisait qu'informer un public ignorant des terribles conditions que les Indiens et les autres peuples autochtones connaissent encore dans le monde aujourd'hui, alors ma souffrance aurait et continuerait d'avoir un but.

Auteur: Peltier Leonard

Info: Ecrits de prison, Le Combat d'un Indien

[ pénitencier ]

 

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compliance

J'appris rapidement que dans une grande compagnie on passe autant de temps à tenter de paraître occupé qu'à travailler vraiment. Les tâches qu'on m'assignait pour la semaine le lundi auraient pu être terminées le mercredi, mais bien qu'au cinéma et à la télévision le personnel expédie son travail en un temps record et en redemande, impressionnant ainsi ses supérieurs et grimpant l'échelle hiérarchique, on me fit rapidement comprendre que dans la vie réelle non seulement ce genre d'initiative n'était pas encouragé mais qu'on le désapprouvait. Les gens situés à mon échelon hiérarchique devaient songer à protéger leurs fesses. Au cours des années, ils avaient établi ce qui était pour eux un taux confortable de travail/non travail, et si je me mettais soudain à bosser dur, ça bouleverserait la courbe de productivité dans les statistiques de l'entreprise. Cela donnerait d'eux une mauvaise image. Cela donnerait une mauvaise image de mon supérieur. on attendait de moi que j'égale, ou que je dépasse très légèrement, la production de mon prédécesseur, point. J'étais censé me glisser dans une niche préexistante et me conformer à ses dimensions. Le Principe de Peter en action.

Auteur: Bentley Little

Info: L'ignoré

[ conformité en entreprise ] [ fonctionnariat corporate ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pensée-de-femme

Je me demande parfois où nous autres femmes d'un certain âge nous situons dans le réseau social une fois que la construction du nid a perdu de son charme. Il y a une génération, Margaret Mead, qui avait une assez bonne réponse personnelle à cette question, s'interrogeait aussi à ce sujet et faisait remarquer qu'en d'autres temps et dans d'autres cultures, nous avons joué un rôle...
"A l'époque où nous étions deux ici à nous nourrir et à travailler, j'avais un grand jardin entre les plaqueminiers et la vieille route le long de la rivière. J'aimais le travail nécessaire pour produire, vers le milieu de l'été. Les rangées bien droites de haricots et de betteraves, les carottes, les pommes de terre, la maïs, les tomates, les cardons, les oignons, les laitues au goût exquis et aux couleurs stupéfiantes. Je semais des petits pois le long du grillage et fleurissaient, donnant ensuite des cosses bien tendres. Et dans tout le potager je faisais pousser des soucis orange vif et jaunes. Ils protégeaient les légumes des insectes qui détestent l'odeur des fleurs et les évitent, épargnant ainsi les légumes..."

Auteur: Hubbell Sue

Info: Une année à la campagne

[ potager ] [ nature ]

 

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question

Le langage évolue en parallèle au développement de certaines castes spécialisées. Ces jours, comme j'interagis avec des pros du marketing Internet, je suis mis au courant de tout un vocabulaire d'émergence récente, principalement anglophone (FB pixel, re-targeting...) qui accompagne entre autres la mise en oeuvre du déferlement des publicités ciblées sur les reseaux sociaux. Je me surprends à apprécier ces termes comme des êtres vivants : certains resteront très éphémères, d'autres seront plus durables sur le devant de la scène linguistique, plus ou moins présents en fonction des lieux, des groupes sociaux, emplois...

Le langage a cette plasticité, il avance et s'adapte de concert avec les outils de l'homme, certains vocables jouant parfois même le rôle - lors de violentes fluctuations, personnelles ou communautaires - d'incertaines et fugaces bouées sémantiques. L'esprit a parfois besoin du réconfort de tels repères, salvateurs, même secoués au loin sur la crête de l'inexorable vague du temps. 

A l'instar des incroyables constructions que la vie biologique nous présente, je me laisse aller à une pensée optimiste : la malléabilité linguistique pourrait-elle être plus riche que la flexibilité du vivant ?

Auteur: Mg

Info: 18 novembre 2020

[ alphabet adn ] [ mémétique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel