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poème

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis, reste là, je ne veux pas
qu’on te
voie.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je verse du whisky dessus et inhale
une bouffée de cigarette
et les putes et les barmens
et les employés d’épicerie
ne savent pas
qu’il est
là.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis,
tiens-toi tranquille, tu veux me fourrer dans le
pétrin ?
tu veux foutre en l’air mon
boulot ?
tu veux faire chuter les ventes de mes livres en
Europe ?

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop malin, je ne le laisse sortir
que de temps en temps la nuit
quand tout le monde dort
je lui dis, je sais que tu es là,
alors ne sois pas
triste.

puis je le remets,
mais il chante un peu
là-dedans, je ne le laisse pas tout à fait
mourir
et on dort ensemble comme
ça
liés par notre
pacte secret
et c’est suffisamment sympa
pour faire
pleurer un homme, mais
je ne pleure pas,
et vous ?

Auteur: Bukowski Charles

Info: Last Night of the Earth Poems 1992

[ égoïsme ]

 

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dimension double

La possession n'est jamais celle d'un ustensile car celui-ci me renvoie au monde, c'est toujours celle de l'objet abstrait de sa fonction et devenu relatif au sujet.

(...) Ils se constituent alors en système grâce auquel le sujet tente de reconstituer un monde , une totalité privée.

Tout objet a ainsi deux fonctions : l'une qui est d'être pratiqué, l'autre qui est d'être possédée. La première relève du champ de totalisation pratique du monde par le sujet, l'autre d'une entreprise de totalisation abstraite par le sujet par lui-même en dehors du monde. Ces deux fonctions sont en raison inverse l'une de l'autre. A la limite l'objet strictement pratique prend un statut social : c'est la machine. A l'inverse, l'objet pur, dénué de fonction ou abstrait de son usage prend un statut strictement subjectif. Il devient objet de collection. Il cesse d'être tapis, table, boussole ou bibelots pour devenir "objet" un bel "objet" dira e collectionneur et non pas une belle statuette. Lorsque l'objet n'est plus spécifié par sa fonction, il est qualifié par le sujet : mais alors tous les objets s'équivalent dans la possession, cette abstraction passionnée. Un seul n'y suffit plus. C'est toujours une succession d'objets, à la limite une série totale, qui en est le projet accompli.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p.)

[ industrialisation ]

 

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classiques et poncifs

On ne voit pas très bien, en effet, pourquoi on qualifie communément d’"épreuve" tout événement pénible, ni pourquoi on dit de quelqu’un qui souffre qu’il est "éprouvé" ; il est difficile de voir là autre chose qu’un simple abus de langage, dont il pourrait d’ailleurs n’être pas sans intérêt de rechercher l’origine. Quoi qu’il en soit, cette idée vulgaire des "épreuves de la vie" existe, même si elle ne répond à rien de nettement défini, et c’est elle surtout qui a donné naissance à de fausses assimilations en ce qui concerne les épreuves initiatiques, à tel point que certains ont été jusqu’à ne voir dans celles-ci qu’une sorte d’image symbolique de celles-là, ce qui, par un étrange renversement des choses, donnerait à supposer que ce sont les faits de la vie humaine extérieure qui ont une valeur effective et qui comptent véritablement au point de vue initiatique lui-même. Ce serait vraiment trop simple s’il en était ainsi, et alors tous les hommes seraient, sans s’en douter, des candidats à l’initiation ; il suffirait à chacun d’avoir traversé quelques circonstances difficiles, ce qui arrive plus ou moins à tout le monde, pour atteindre cette initiation, dont on serait d’ailleurs bien en peine de dire par qui et au nom de quoi elle serait conférée.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 172

[ usurpation ] [ exagération ] [ transposition profane ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humour

On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C'est difficile de juger. Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu'au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! Donc j'avais raison ! Par conséquent, j'avais tort ! Tort de donner raison à des gens qui avaient le tort de croire qu'ils avaient raison. C'est-à-dire que moi qui n'avais pas tort, je n'avais aucune raison de ne pas donner tort à des gens qui prétendaient avoir raison, alors qu'ils avaient tort. J'ai raison, non ? Puisqu'ils avaient tort ! Et sans raison, encore ! Là, j'insiste, parce que... moi aussi, il arrive que j'aie tort. Mais quand j'ai tort, j'ai mes raisons, que je ne donne pas. Ce serait reconnaître mes torts ! ! ! J'ai raison, non ? Remarquez... il m'arrive aussi de donner raison à des gens qui ont raison aussi. Mais, là encore, c'est un tort. C'est comme si je donnais tort à des gens qui ont tort. Il n'y a pas de raison ! En résumé, je crois qu'on a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort ! À tort ou à raison :

Auteur: Devos Raymond

Info: Sens dessus dessous, sketches, Stock 1976 LdP5102 p.123

[ paradoxe ] [ éristique ]

 

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parisianisme TV

Il n'aimait pas la télévision en général, encore moins les émissions politiques qu’elle regardait avec assiduité, considérant probablement que cela faisait partie de son travail, mais "C Politique" lui inspirait une aversion particulière, et le plongeait invariablement dans le désespoir. Tous ces gens réunis à l’écran, le présentateur malicieux, l’historien chauve, l’enquêtrice aguichante lui apparaissaient comme autant de marionnettes maléfiques, il n’arrivait pas à se persuader que ces gens vivaient comme lui, respiraient comme lui, qu’ils appartenaient au même monde, à la même réalité que lui. Il y avait aussi une sorte de préposée aux interviews dans la sinistre bande, et c’était probablement à elle que s’identifiait Indy, enfin qu’elle essayait de s’identifier, la plupart du temps elle devait plutôt s’enivrer d’humiliation en assistant à la prestation télévisuelle hebdomadaire de celle qu’elle ne pouvait même pas considérer comme sa rivale, tant elle planait à des hauteurs médiatiques qui lui demeureraient à jamais inaccessibles, tant elle lui rappelait à chaque instant qu’elle n’était qu’une journaliste ratée, appartenant à la presse écrite qui plus est. C’était peut-être la pire de toutes avec son air concerné, son autosatisfaction, son évidente conscience de son appartenance au camp du bien, sa promptitude à s’aplatir devant n’importe quel VIP du même camp. Indy partageait toutes ces caractéristiques, l’autosatisfaction en moins – forcément.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Anéantir, p.370

[ hiérarchie ] [ cénacles ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

charlatans

Les médecins de Molière avaient fort bien compris que, pour paraître profond et savant aux imbéciles, il suffisait de tourner le dos à l'évidence et de prendre le contre-pied du bon sens. Ils avaient fort bien compris que, devant un malade qui ne sort pas du coma, dont le pouls est d'heure en heure plus faible et plus irrégulier, dont la respiration s'arrête de plus en plus souvent et reprend de plus en plus difficilement, le médecin qui s'en inquiète ne peut faire autant d'impression que, si voyant passer d'un pas allègre un jeune athlète qui vient de battre un record, il fronce le sourcil et dit à mi-voix en hochant gravement la tête : "Il n'en a plus que pour trois jours". Aussi feignaient-ils de ne s'inquiéter que devant la santé la plus éclatante et de n'être rassurés que par les progrès de la maladie. Sganarelle, dans Le médecin malgré lui, répond à Jacqueline qu'il voudrait bien examiner et qui lui, déclare se porter le mieux du monde : "Tant pis, Nourrice, tant pis. Cette grande santé est à craindre ". En revanche, lorsque Géronte vient se plaindre que sa fille se trouve "un peu plus mal" depuis qu'elle a pris son remède, il le rassure aussitôt : "Tant mieux : c'est signe qu'il opère".

Auteur: Pommier René

Info:

[ tromperie ] [ santé ]

 

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hiérarchisation

Car l'apparition de la sexualité a entraîné trois conséquences majeures sur le monde.

Tout d'abord, le sexe a définitivement brouillé une "sélection" prétendument impersonnelle en favorisant le CHOIX des partenaires en tant que force évolutive. […] D'un seul coup, la RELATION devenait plus importante que l'individu. Née d'une sensibilité primordiale qui rend les uns attirants pour les autres, voilà que l'histoire évolutive dépend maintenant de la liberté du désir.

Le deuxième résultat de l'émergence de la sexualité consiste dans l'opposition inévitable des deux genres. À partir de la spécialisation des gamètes, l'un petit, mobile, le spermatozoïde, l'autre gros et plein d'énergie, l'ovule, une divergence incroyable confronte les deux partenaires, et ce conflit invraisemblable se déroule dans le corps des protagonistes. […] Alors commence à s'entreprendre la grande stratégie des réconciliations amoureuses, menant progressivement à l'organisation de relations mutuelles précaires et magnifiques.

Enfin, le sexe biologique produit la variation, la différence essentielle. Au lieu de s'égarer dans une amélioration continue de performances d'une espèce qu'une crise viendrait réduire à néant, la reproduction sexuelle s'engage dans une diversification infinie, recombinant les gènes des uns avec les gènes des autres pour former une individualité nouvelle absolument originale. De toutes ces imprévisibles conséquences, il découle une subtile interdépendance des uns et des autres.

Auteur: Lodé Thierry

Info: Pourquoi les animaux trichent et se trompent, pp. 40-41

[ triade ] [ sexuation ] [ rôles distribués ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

termes

Ainsi, dans toute langue il y a des mots qui n'expriment pas exactement pour tous la même idée, n'éveillent pas en tous la même image, fait notable qui explique bien des mésintelligences et bien des erreurs. Nous touchons ici à un point capital de la vie du langage, les rapports des mots avec les images qu'ils évoquent. Le plus ordinairement, chez chacun de nous, les mots, désignant des faits sensibles, rappellent à coté de l'image générale de l'objet un ensemble d'images secondaires plus ou moins effacées, qui colorent l'image principale de couleurs propres, variables suivant les individus. Le hasard des circonstances, de l'éducation, des lectures, des voyages, des mille impressions qui forment le tissu de notre existence morale, a fait associer tels mots, tels ensembles d'expressions à telles images, à tels ensemble de sensations. De là tout un monde d'impressions vagues, de sensations sourdes, qui vit dans les profondeurs inconscientes de notre pensée, sorte de rêve obscur que chacun porte en soi. Or, les mots, interprètes grossiers de ce monde intime, n'en laissent paraître au-dehors qu'une partie infiniment petite, la plus apparente, la plus saisissable : et chacun de nous la reçoit à sa façon et lui donne à son tour les aspects variés, fugitifs, mobiles, que lui fournit le fonds même de son imagination.

Auteur: Darmesteter Arsène

Info: Vie des Mots Etudiee Dans Leurs Significations

[ relatifs ] [ intersubjectifs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

petite différence narcissique

Dans tous les domaines où prévalaient autrefois l'intelligence, le bon sens, l'esprit critique et constructeur, c'est par quelque singularité facilement accessible à la sensibilité bourgeoise qu'un homme se fait maintenant apprécier. Dans son milieu, on ne juge plus guère un individu sur ses capacités professionnelles, sur ses talents d'organisateur ou sur ses vertus familiales, mais sur des nuances de son tempérament, des aptitudes mineures et exquises, des préférences artistiques. On le classera avantageusement parmi ses pairs s'il a en tête quelque marotte littéraire, si on lui connaît des goûts délicats [...]. Qu'un général en chef ou un ministre soit médiocre dans ses fonctions, il ne lui en sera pas tenu rigueur. " Un être inouï, formidable, dira-t-on. Vous savez qu'il joue de l'accordéon ? " Et sur cela seulement qu'il joue de l'accordéon ou qu'il prend de la coco ou qu'il est inverti, on le tiendra pour un homme de génie. Mais d'un autre ministre ayant tous les talents et toutes les vertus convenables dans son emploi, on dira en haussant les épaules qu'il est un " con et un emmerdeur " s'il n'a pas en lui ce coin de marécage poétique qui fait aujourd'hui le prix d'un homme. Pour un bourgeois qui veut être considéré dans son monde, la grande affaire est de passer pour un original. 

Auteur: Aymé Marcel

Info:

[ singularité creuse ] [ romantisme ] [ apparences ] [ mondantés ] [ superficialité bourgeoise ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

chronos

L’avenir nous paraît inconnu, parce que l’on croit que sa vision matérielle nous fait défaut. C’est, on l’avouera, un raisonnement grossier et superficiel qui ne saurait avoir de portée véritable si l’on comprend que le monde, tel qu’il nous apparaît, est lumineux, parce que nous avons des yeux ; sonore, parce que nous avons des oreilles ; solide, parce que nous avons le toucher, qu’il n’est formé, en réalité, que de vibrations différentes, obscures, muettes et immatérielles au sens absolu du mot. Le passé n’est fait que de vibrations actuelles ; pourquoi, je vous le demande, l’avenir, qui est contenu dans ces mêmes vibrations, ne pourrait-il pas être connu d’une façon tout aussi certaine, si nous avions la compréhension véritable du geste total, suivant lequel l’univers tout entier semble se modifier pour nos sens ?

Lorsque l’on est parvenu au pays de la quatrième dimension ; lorsque l’on est libéré à tout jamais des notions d’espace et de temps, c’est avec cette intelligence-là que l’on pense et que l’on réfléchit. Grâce à elle, on se trouve confondu avec l’univers entier, avec les événements soi-disant futurs, comme avec les événements soi-disant passés. Le tout ne forme plus qu’un monde de formes et de qualités immobiles et innombrables, qui ne sont, en quelque sorte, que les lignes harmonieuses d’un même chef-d’œuvre.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 41

[ concepts inutiles ] [ nouvelles définitions ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson