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colonialisme

Racisme : le mot, appliqué à des attitudes mentales antérieures au XIXe siècle, a longtemps choqué. [...] Je me souviens d'un philosophe [...] expliquant à la fin des années 1970 que parler de racisme avant le triomphe, au XIXe siècle, de l'Etat-nation (comme si celui-ci était l'unique cause de celui-là) "relevait de l'anachronisme". [...] Grâce à des travaux plus récents et plus approfondis (tels que, en France, ceux de Léon Poliakov), deux points au moins ont été éclaircis. D'abord, même si le mot "racisme" est un mot du XXe siècle, et même si les grandes doctrines racistes structurées comme des systèmes scientifiques datent du XIXe siècle, c'est dans les théories biologiques (ou pseudo-biologiques) du XVIIIe siècle que ces doctrines s'enracinent. Ensuite, c'est dans un fonds fort ancien de croyances "naturalistes" (communes, dès la fin du Moyen Age, au peuple et aux lettrés) que ces théories, à leur tour, trouvent leurs racines. [...] Le racisme anti noir des Européens est donc déjà solidement constitué lorsque Colomb aborde aux rivages d'Amérique. C'est pour cette raison que les conquistadores éprouvent si peu de difficultés (et si peu de remords) à introduire l'esclavage dans le Nouveau-Monde.

Auteur: Delacampagne Christian

Info: Une Histoire de l'esclavage, de L'Antiquité à nos jours

[ xénophobie ]

 

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anti-idéalisme

- Vous ne comprenez pas cela, père ?

- Quoi ? Qu’est-ce que je ne comprends pas ?

- L’organisation.

- Quelle organisation ? Qu’est-ce que c’est que cette organisation ?

- L’organisation rationnelle de la société et du monde.

Léon attaquait Lucien, par-dessus la table, avec sa calvitie.

- Qu’est-ce que tu veux organiser ? Comment organiser ?

- Scientifiquement.

- Scientifiquement !

Ses yeux, son binocle, ses rides, son crâne éclataient de commisération. Sa voix devint un murmure.

- Mon petit, demanda-t-il en confidence, tu ne serais pas tombé sur la tête ? Organiser ! Alors comme ça, tu imagines, tu cuisines, que crac ! un-deux-trois, tu n’auras qu’à allonger le bras pour mettre le monde dans ta poche, oui ?

Et il dansait devant lui en courbant les doigts comme des griffes, puis il ouvrit la main et souffla dessus :

- Phuuiiit ! Puff ! Parti. Fffuiii, pan pan pan, po-po-po, hé… tu comprends… pa-pa-pa, et qu’est-ce que tu veux, et qu’est-ce que tu fais, qu’est-ce que tu… de quoi te… ? Parti. Fini. N’a plus.

Il se plongea dans la contemplation du saladier. 

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Dans "Cosmos", trad. Georges Sédir, éd. Denoël, 1966, page 63

[ conflit générationnel ] [ dérision ] [ absurde ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fréquences

Un musicien écoutant un concert peut, bien sûr, rêver à des milliers de sujets différents, mais un domaine de réflexion réunira de façon fructueuse ses intérêts scientifiques et esthétiques. Il peut, en effet, retracer l'histoire d'une bonne partie de la physique mathématique à travers l'étude de la musique et des instruments qui la font. Déjà, à l'époque de Pythagore (Vie siècle avant J. C.) on avait inventé la gamme harmonique qui porte le nom de gamme de Pythagore. Sur cette gamme, les hauteurs des notes correspondent aux vibrations des cordes de harpes, dont les longueurs varient comme ½, 1/3, etc. Au XVII siècle, l'étude de la vibration des cordes par l'abbé Marin Mersenne, un correspondant de Descartes, constitua la base des recherches sur les équations aux dérivées partielles et leurs applications, travail dont les racines se trouvent dans les oeuvres de grands mathématiciens comme Daniel Bernouilli et Jean le Rond d'Alembert au XVIIIe siècle. Hermann von Helmolz, au XIXe siècle, consacra une grande partie de son immense talent à l'étude des systèmes vibratoires ; Lord Rayleigh, le grand physicien anglais contemporain, étudia le même problème : il a laissé une Théorie du son qui est un classique.

Auteur: Collectif

Info: Sons et musique

[ historique ] [ mathématiques ]

 

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prophylaxie

Il faut bien comprendre que la Revue Scientifique ne se lasse pas de déclarer la fin de la médecine curative. Quand on est médecin, cela n'a rien d'agréable. Toute l'OPA pastorienne sur la médecine a pour but de redéfinir la pathologie par laquelle on va désormais prévenir au lieu de guérir.

"M. Pasteur, écrit Jousset de Bellesme (*), a fait faire à lui seul plus de progrès à la médecine que 10.000 praticiens plus compétents que lui en science médicale." (1882, 22.4)

La raison en est simple et enthousiasme tous les auteurs de la Revue fatigués par la médecine : l'hygiène de Pasteur "permet de prévenir les causes morbides, d'éloigner les maladies, pour ne pas avoir à les guérir.' (1882, 4.2, p.144). Cette croyance, qui disparaîtra peu à peu avant la fin du siècle, coupe l'herbe sous le pied des médecins. "Il est plus facile d'empêcher cent personnes de tomber malades que d'en guérir une quand elle l'est devenue" écrit Rochard (**) (1887, 24.9, p.388°°). Comment rendre coopératif un groupe social, les médecins, tout en les avertissant qu'ils n'auront bientôt plus de malades à soigner ?

Auteur: Latour Bruno

Info: in "Les microbes, guerre et paix", éd. Métailié, p. 136-137 - (*) Jousset de Bellesme (1839-1925) : physiologiste et pisciculteur ; (**) Jules Rochard (1819-1896) : médecin, membre de l'Académie de Médecine

[ vains espoirs ] [ citations ] [ histoire des sciences ] [ grand homme ] [ antagonisme ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

parapsychique

Pour moi, la théorie de la synchronicité n’est pas un objet de croyance ; les phénomènes de synchronicité fréquentent volontiers les relations transférentielles de même qu’ils se manifestent souvent entre des amoureux ou entre une mère et ses enfants. C’est une expérience qui naît d’une participation affective forte, par exemple aussi entre un chercheur et l’objet de son étude, une expérience qui, avant le rationalisme des Lumières, était familière aux alchimistes et à tous les amants passionnés de la science et de la philosophie. Leibniz, par exemple, expliquait le monde des phénomènes par quatre principes : l’espace, le temps, la causalité et la correspondance ; celle-ci est le principe d’analogie, l’harmonia praestabilita, la sympathie entre les choses et les êtres reliés par leurs affinités électives en fonction de leur degré d’achèvement (entéléchie). À leur tour, au XXe siècle, Jung et le prix Nobel de physique Wolfgang Pauli se passionneront pendant les trente ans de leur échange de lettres pour ce trickster mercuriel qui, au mépris de tous les critères scientifiques occidentaux n’apparaît jamais deux fois sous la même forme et prétend se montrer de préférence lorsqu’un orage affectif menace ou qu’il y a une structure intellectuelle bien assise à ébranler.

Auteur: Colonna Marie-Laure

Info: https://www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de-psychanalyse-2004-4-page-79.htm?

[ définie ] [ irrationnel efficient ] [ coïncidences empathiques ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éloge

Son cœur était d'une profondeur insondable, il connaissait depuis longtemps l'humilité, la patience, le sacrifice. Sa petite maison au milieu des roses était d'une simplicité austère ; il connaissait l'inutilité du luxe, la joie de posséder peu. La modestie avec laquelle il portait sa renommée scientifique m'a souvent rappelé les arbres qui se courbent sous le poids des fruits mûrs ; c'est l'arbre stérile qui lève la tête haut dans une vantardise vide.

J'étais à New York lorsque, en 1926, mon cher ami est décédé. En larmes, j'ai pensé : "Oh, je marcherais volontiers jusqu'à Santa Rosa pour l'apercevoir encore une fois". M'enfermant à l'écart des secrétaires et des visiteurs, j'ai passé les vingt-quatre heures suivantes dans l'isolement...

Son nom est désormais entré dans le patrimoine du langage courant. Le Webster's New International Dictionary définit le verbe "burbank" comme un verbe transitif : Croiser ou greffer (une plante). D'où, au sens figuré, l'amélioration (d'un processus ou d'une institution) en sélectionnant les bonnes caractéristiques et en rejetant les mauvaises, ou en ajoutant de bonnes caractéristiques.

Bien-aimé Burbank, me suis-je écrié après avoir lu la définition, ton nom même est maintenant synonyme de bonté !

Auteur: Paramahansa Yogananda

Info: Autobiographie d'un Yogi. (à propos de la mort de son ami, l'éminent botaniste du 20ème siècle, Luther Burbank}

[ funèbre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

diabolique

C’est bien là, en effet, le caractère le plus visible de l’époque moderne : besoin d’agitation incessante de changement continuel, de vitesse sans cesse croissante comme celle avec laquelle se déroulent les événements eux-mêmes. C’est la dispersion dans la multiplicité, et dans une multiplicité qui n’est plus unifiée par la conscience d’aucun principe supérieur ; c’est, dans la vie courante comme dans les conceptions scientifiques, l’analyse poussée à l’extrême, le morcellement indéfini, une véritable désagrégation de l’activité humaine dans tous les ordres où elle peut encore s’exercer ; et de là l’inaptitude à la synthèse, l’impossibilité de toute concentration, si frappante aux yeux des Orientaux. Ce sont les conséquences naturelles et inévitables d’une matérialisation de plus en plus accentuée, car la matière est essentiellement multiplicité et division, et c’est pourquoi, disons-le en passant, tout ce qui en procède ne peut engendrer que des luttes et des conflits de toutes sortes, entre les peuples comme entre les individus. Plus on s’enfonce dans la matière, plus les éléments de division et d’opposition s’accentuent et s’amplifient ; inversement, plus on s’élève vers la spiritualité pure, plus on s’approche de l’unité, qui ne peut être pleinement réalisée que par la conscience des principes universels.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "La crise du monde moderne" pages 71-72

[ signes ] [ chute ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

évolutionnisme

Comme la controverse autour du livre de Darwin avait suscité l'intérêt du grand public, un débat public fut ouvert, auquel Darwin lui-même n'assista pas. La défense reposait avant tout sur [Thomas Henry] Huxley, tandis que les antiévolutionnistes était conduits par [Richard] Owen et [l'évêque d'Oxford, Samuel] Wilbeforce. Très vite, Huxley croisa le fer avec Owen sur des points techniques, car L'Origine des espèces était un rejet implicite de la classification d'Owen. Toutefois le véritable choc se produisuit avec Wilbeforce. Owen avait donné des directives à Wilbeforce, que celui-ci n'avait paut-être pas saisies, à moins que les instructions données n'aient été inadéquates ; toujours est-il qu'il proféra un certain nombre d'erreurs scientifiques, qu'il couronna d'une question aussi lourde qu'impertinente à l'adresse de Huxley : était-ce du côté de sa famille paternelle ou de sa famille maternelle qu'il avait un singe pour ancêtre? Le public l'ayant pressé de répondre, Huxley commença par corriger avec soin les erreurs scientifiques émises par l'évêque et termina en déclarant que, pour sa part, il préférait être apparenté à un singe plutôt qu'à un homme à l'intelligence éprouvée mais qui faisait usage de son cerveau pour dénaturer la vérité ; cette réplique déchaîna le public déjà survolté.

Auteur: Colin Alistair Ronan

Info: Histoire mondiale des sciences

[ historique ] [ créationnisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

raisonnement scientifique

[…] il y a une part notable de vérité dans les critiques que Bergson adresse à ce qu’il appelle à tort l’"intelligence", et qui n’est en réalité que la raison, et même, plus précisément, un certain usage de la raison basé sur la conception cartésienne, car c’est en définitive de cette conception que sont sorties toutes les formes du rationalisme moderne. Du reste, il est à remarquer que les philosophes disent souvent des choses beaucoup plus justes quand ils argumentent contre d’autres philosophes que quand ils en viennent à exposer leurs propres vues, et, chacun voyant généralement assez bien les défauts des autres, ils se détruisent en quelque sorte mutuellement ; c’est ainsi que Bergson, si l’on prend la peine de rectifier ses erreurs de terminologie, montre bien les défauts du rationalisme (qui, bien loin de se confondre avec le véritable "intellectualisme", en est au contraire la négation) et les insuffisances de la raison, mais il n’en a pas moins tort à son tour quand, pour suppléer à celles-ci, il cherche dans l’"infra-rationnel" au lieu de s’élever au "supra-rationnel" (et c’est pourquoi sa philosophie est tout aussi individualiste et ignore aussi complètement l’ordre supra-individuel que celle de ses adversaires).

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Le règne de la quantité" pages 94-95

[ critique ]

 
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défenestration

C’était bien la peine d’avoir fait des études scientifiques longues : la hauteur h parcourue par un corps en chute libre en un temps t était en réalité précisément donnée par la formule h=1/2gt², g étant la constante gravitationnelle, ce qui donnait un temps de chute, pour une hauteur h, de √(2h/g). Compte tenu de la hauteur (cent mètres presque exactement) de mon immeuble, et du fait que la résistance de l’air pouvait pour ces hauteurs de chute être négligée, cela représentait un temps de chute de quatre secondes et demie, cinq secondes au maximum si l’on tenait absolument à introduire la résistance de l’air ; pas de quoi, comme on le voit, en faire un drame ; avec quelques verres de calvados dans le nez, il n’était même pas certain qu’on ait clairement le temps de penser. Il y aurait certainement bien davantage de suicides si les gens connaissaient ce simple chiffre : quatre secondes et demie. J’atteindrais le vol à une vitesse de 159 kilomètres/heure, ce qui était un peu moins agréable à envisager, mais bon, ce n’était pas de l’impact avant tout dont j’avais peur, mais du vol, et, la physique l’établissait avec certitude, mon vol serait bref.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", page 343

[ calculs ] [ humour noir ] [ suicide ] [ estimation ]

 

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