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éducation

Pourquoi la plupart du temps les hommes, dans la vie de tous les jours, disent-ils la vérité ? - Assurément ce n'est pas parce qu'un dieu a défendu de mentir. Mais c'est premièrement parce que cela est plus aisé, mentir exigeant invention, dissimulation et mémoire. (Voilà pourquoi Swift dit : celui qui ment se rend rarement compte du lourd fardeau qu'il s'impose ; il lui faut en effet, pour soutenir cette vérité-là, en inventer vingt autres.) C'est ensuite : parce qu'en des circonstances simples il est avantageux de parler franc : je veux ceci, j'ai fait ceci, et ainsi de suite ; donc parce que la voie de la contrainte et de l'autorité est plus sûre que celle de la ruse. - Mais pour peu qu'un enfant ait été élevé dans des circonstances domestiques compliquées, il ment tout aussi naturellement et dit involontairement toujours ce qui répond à son intérêt : un sens de la vérité, une répugnance à mentir, lui sont tout à fait étrangers et inaccessibles, et il ment en toute innocence.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain, trop humain, Oeuvres I, Robert Laffont, Bouquins 1990 <p.477>

[ mensonge ]

 

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littérature

L'esprit du roman est l'esprit de complexité.

Chaque roman dit au lecteur : "Les choses sont plus compliquées que tu ne le penses." C'est la vérité éternelle du roman mais qui se fait de moins en moins entendre dans le vacarme des réponses simples et rapides qui précédent la question et l'excluent. Pour l'esprit de notre temps, c'est ou bien Anna ou bien Karénine qui a raison, et la vielle sagesse de Cervantes qui nous parle de la difficulté de savoir et de l'insaisissable vérité paraît encombrante et inutile.

L'esprit du roman est l'esprit de continuité : chaque oeuvre est la réponse aux oeuvres précédentes, chaque oeuvre contient toute l'expérience antérieure du roman. Mais l'esprit de notre temps est fixé sur l'actualité qui est si expansive, si ample qu'elle repousse le passé de notre horizon et réduit le temps à la seule seconde présente. Inclus dans ce système, le roman n'est plus OEUVRE (chose destinée à durer, à joindre le passé et l'avenir) mais événement d'actualité comme d'autres événements, un geste sans lendemain.

Auteur: Kundera Milan

Info: L'Art du roman

[ infobésité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

métaphysique

1. Physiquement, l'âme des morts est soumise à l'esclavage de certains êtres vivants que l'on appelle des médiums. Ces médiums ne forment pas, pour le moment du moins, une espèce en voie d'extension, mais ils semblent presque exclusivement américains. Sur l'ordre de ces médiums, les âmes défuntes exécutent des prouesses mécaniques qui sont caractérisées par une absolue inutilité. Elles frappent sur les tables, les soulèvent même, soulèvent également les chaises, déplacent les lits, jouent de l'harmonica et font bien d'autres choses du même genre.
2. Intellectuellement, les âmes des morts sont d'un niveau que l'on pourrait qualifier, pour autant qu'on puisse en juger d'après les écrits laissés sur les ardoises des médiums, de tout à fait lamentable. Ces oeuvres sont à ranger dans la catégorie de l'imbécillité et sont tout à fait vides de sens.
3. Leur condition morale est apparemment plus favorisée. Selon les témoignages que nous avons recueillis, leur caractère se réduit à une grande innocence. Confrontés à des demandes aussi brutales que, par exemple, la destruction d'un lit à baldaquin, les esprits s'abstiennent poliment.

Auteur: Wundt Wilhelm

Info: Une soi-disant science : le spiritisme

[ ironie ] [ dénigrement ]

 

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vieillesse

Les jeunes gens rient dans leur solidité et leur entrain, d'entendre quelquefois des hommes de cinquante ans regretter leur jeunesse et leur pauvreté. Je haussais aussi les épaules à leur âge. Plus tard, j'ai compris. Ce n'est pas la pauvreté qu'on regrette. Ce serait trop bête. Ce n'est même pas la jeunesse. Les choses qu'on a vécues, il est bien rare qu'on désire les revivre. Ce qu'on regrette, c'est le bon temps de l'insensibilité, de l'insouciance, de l'irréflexion, le temps où l'on passe, rapide, le temps où la mort n'a pas de signification bien précise. Vieillir, c'est devenir de plus en plus sensible, et voir, chaque jour davantage, nous quitter une à une les choses que l'on aime - le temps où l'on n'a plus à attendre que des gnons, comme dit, dans une autre formule, le directeur du Mercure. Qui m'aurait dit, quand j'étais jeune, que je deviendrais si sensible, qu'il me viendrait aussi ce besoin d'aimer... On dit pourtant qu'on devient plus sec avec les années. Je prends le chemin tout contraire, je crois bien.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Le théâtre de Maurice Boissard, oeuvres, Mercure de France 1988 <p.1077>

[ nostalgie ]

 

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éloge

Socrate, il est vrai, en parlant de lui avec tant de fierté devant le tribunal, souleva la jalousie, et fit que les juges furent plus disposés à le condamner. Mais pour moi, je trouve que les dieux lui ont accordé une heureuse destinée. Il a laissé de la vie la part la plus pénible, et obtenu le genre de mort le moins douloureux. Il fit bien voir, du reste, la force de son âme. Car quand il eut reconnu qu’il lui était plus avantageux de mourir que de vivre encore, de même qu’il n’avait jamais reculé devant les autres biens, il ne faiblit point devant la mort, mais ce fut avec sérénité qu’il la reçut et la subit. Aussi, quand je réfléchis à la sagesse et à la grandeur d’âme de cet homme, je ne puis m’empêcher d’en rappeler le souvenir, et de joindre à ce souvenir mes éloges. Et s’il existe parmi les hommes épris de la vertu quelqu’un qui ait vécu avec un homme plus utile que Socrate, je le regarde comme le plus fortuné des hommes.

Auteur: Xénophon

Info: Oeuvres complètes, tome 3, Apologie de Socrate, dernière partie

[ admiration ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dernières paroles

14h moins 9 de mon horloge, je prends quatorze pilules de 0,25 de quinine pour avoir la tête bien lourde. Un verre d'eau pour l'avaler.... ...Je te fais légataire testamentaire de mes oeuvres. Je te passe le flambeau, tiens le bien haut. Tu me reprocheras cette mort, mais le Galiléen, lui aussi, a choisi un genre de suicide... 14h 37. L'effet de la quinine commence. Bientôt, dans un verre, un peu sucré, plus de dix grammes de cyanure de potassium... Toute ma pensée entoure tendrement les miens... Mary, aie un métier, le plus difficile te servirait encore le mieux. Apprends et saches bien tailler et coudre pour les femmes. Bientôt t'arrivera le livre-prospectus de l'Ecole de couture. Inscris-toi pour des cours complets. 15h moins 9, ça sonne, ça sonne,... Fermer les yeux pour voir Voahangy et commencer les adieux silencieux aux chers vivants. J'embrasse l'album familial... j'envoie un baiser aux livres de Baudelaire que j'ai dans l'autre chambre. 15h 02, je vais boire, c'est bu... Mary. Enfants. A vous mes pensées, les dernières,... j'avale un peu de sucre. Je suffoque. Je vais m'étendre...

Auteur: Rabearivelo Jean-Joseph

Info:

[ suicide ]

 

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drogue psychotrope

Une certaine araignée chaque matin fait dans la nature et en tout lieu qui s’y prête une toile admirablement régulière. Après ingestion d’un extrait de champignon hallucinogène — que par ruse on lui a fait prendre — elle commence une toile dont petit à petit les spires ne se suivent plus et partent de travers, et d’autant plus que la quantité absorbée est plus considérable : une toile de folle.

Des parties s’affaissent, s’enroulent, Zygiella notata, c’est son nom, ne s’arrête pas avant d’avoir obtenu la dimension habituelle mais, devenue incapable de suivre son plan, un plan qui pourtant ne date pas d’hier, mais de dizaines ou de centaines de siècles, passant intact et parfait de mère en fille, elle commet des erreurs, des redoublements, ailleurs laisse des trous, elle, si soigneuse, et passe outre. Les der-

nières spires sont un balbutiement, un vertige, c’est comme si elle avait eu un éblouissement. Œuvre en ruine, ratée, humaine.

Araignée si proche de toi maintenant. Nul sur la drogue n’a plus justement, plus directement exprimé le trouble des enchevêtrements. En frère, regarde ses ruines en fil. Mais qu’a-t-elle donc vu, Zygiella ?”

Auteur: Michaux Henri

Info: Oeuvres complètes, tome 3. Poteaux d’angle, pp 1062-1063

[ insecte ]

 

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duper

Durant les vacances de l'été 1894, qu'il passa à Belle-Île avec moi et Willy, je voyais parfois Paul Masson s'installer sur un rocher et sortir de sa poche un paquet de fiches vierges qu'il entreprenait de remplir. Que fais-tu donc ? Lui demandai-je. - Je travaille. Je travaille de mon métier. Je suis attaché au catalogue de la Nationale. Je relève des titres.... J'étais assez crédule, et je m'ébahis d'admiration : - Oh !... Tu peux faire ça de mémoire ? Il pointa vers moi sa petite barbiche d'horloger : - De mémoire ? Où serait le mérite ? Je fais mieux. J'ai constaté que la Nationale est pauvre en ouvrages latins et italiens du XVe siècle. De même en manuscrits allemands. De même en autographes intimes de souverains, et bien d'autres petites lacunes... En attendant que la chance et l'érudition les comblent, j'inscris les titres d'oeuvres extrêmement intéressantes - qui auraient dû être écrites... Qu'au moins les titres sauvent le prestige du catalogue, du Khatalogue... - Mais, dis-je avec naïveté, puisque les livres n'existent pas ? - Ah ! dit-il avec un geste frivole, je ne peux pas tout faire.

Auteur: Colette Sidonie Gabrielle

Info: Mes apprentissages, dialogue avec Masson qui travaille alors à la Bibliothèque Nationale

[ mystification ] [ ambigüité ] [ blagues ]

 

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religion

Si, par exemple, une pierre est tombée d'un toit sur la tête de quelqu'un et l'a tué, ils démontreront que la pierre est tombée pour tuer l'homme, de la façon suivante : Si, en effet, elle n'est pas tombée à cette fin par la volonté de Dieu, comment tant de circonstances (souvent, en effet, il faut un grand concours de circonstances simultanées) ont-elles pu concourir par hasard ? Vous répondrez peut-être que c'est arrivé parce que le vent soufflait et que l'homme passait par là. Mais ils insisteront : Pourquoi le vent soufflait-il à ce moment-là ? Pourquoi l'homme passait-il par-là à ce même moment ? Si vous répondez de nouveau que le vent s'est levé parce que la veille, par un temps encore calme, la mer avait commencé à s'agiter, et que l'homme avait été invité par un ami, ils insisteront de nouveau, car ils ne sont jamais à cours de questions : Pourquoi donc la mer était-elle agitée ? Pourquoi l'homme a-t-il été invité à ce moment-là ? Et ils ne cesseront ainsi de vous interroger sans sur les causes des causes, jusqu'à ce que vous vous soyez réfugié dans la volonté de Dieu, cet asile d'ignorance.

Auteur: Spinoza Baruch

Info: oeuvres complètes

[ justification ] [ fuite ] [ destin ]

 

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sagesse

C’est que ce sont encore des esclaves, dit Socrate, asservis à de dures maîtresses : les uns à la gourmandise, les autres à la lubricité, ceux-ci à l’ivrognerie, ceux-là à une folle ambition et à la prodigalité, qui font peser un joug si lourd sur les hommes, dont elles sont souveraines, que, tant qu’elles les voient jeunes et capables de travailler, elles les contraignent à leur apporter tout le fruit de leurs labeurs et à fournir à tous leurs caprices ; puis, quand elles s’aperçoivent qu’ils sont devenus incapables de rien faire, à cause de leur grand âge, elles les abandonnent à une vieillesse misérable, et s’efforcent de trouver d’autres esclaves. Il faut donc, Cristobule, combattre avec ces ennemis pour notre indépendance avec autant de cœur que contre ceux qui essaieraient, les armes à la main, de nous réduire en servitude. Et encore des ennemis généreux, après avoir donné des fers, ont souvent forcé les vaincus, par cette leçon, à devenir meilleurs, et les ont fait vivre plus heureux à l’avenir, au lieu que ces souveraines impérieuses ne cessent de ruiner le corps, l’âme et la maison des hommes, tant qu’elles exercent sur eux leur empire.

Auteur: Xénophon

Info: Oeuvres complètes. Economique, I, final

[ self-contrôle ] [ addictions ]

 

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