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vieillesse

Avec la sonde dans l'estomac, elle aurait pu encore tenir des semaines, sinon des mois. C'est ce qu'on nous assurait. Je n'ai rien à faire de ces sortes d'assurances. On peut dire ce qu'on veut du Moyen-Age, avec sa Mort Noire et son hygiène défaillante, ses furies et ses bûchers, avec l'espérance de vie en rapport, mais quand il était temps de partir, on pouvait partir. La mort était une vieille connaissance, pas une raison de tomber dans l'hystérie. Le peu de science ne s'était pas encore transformé en un mal grotesque capable de maintenir en l'état tous les maux et de les augmenter au lieu de les combattre. Et en arrière-pensée n'existait pas encore cette méfiance lancinante: quand donc notre formidable sécurité sociale, consolatrice des faibles, s'est-elle convertie en un jackpot pour l'industrie pharmaceutique et ses filiales? Les patients qu'on prolonge rapportent plus qu'une vache laitière. Chaque jour supplémentaire est un jour de bénéfices. Cela rend les recommandations de résignation et de patience plus rentables que la vente de souffrance courte.

Auteur: Lanoye Tom

Info: La langue de ma mère

[ acharnement thérapeutique ] [ big pharma ]

 

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fuite

Est-ce que ça avait un sens ? La pierre, la rose,

l'obscurité, le bois, le vent, la flamme, le violon.

L'homme habile, le monde visible,

la pivoine peinte, la mer, la sauvagerie

du cellophane, mon dernier mot, mon message froissé

à un ami ? Est-ce que je cherchais quelque chose,

des outils peut-être, ou des graines, car de nombreuses choses

sont entreposées sous nos excès de pensée.

Commençons par parler des choses,

des noms qu'on devrait leur donner,

et s'il sera nécessaire

de dessiner l'une quelconque d'entre elles.

Le bruit d'une bouilloire -

c'était la chose la plus terrifiante au monde.

Quelquefois c'était un loup, et quelquefois

un homme ou une femme, qu'importe ce que ça évoquait,

même des pétales de cerisiers, tombant, et toujours

ça pouvait te faire sortir, et c'était le cas,

et la pièce restait aussi impressionnante

qu'une grotte inexplorée.

Auteur: Ruefle Mary

Info: "Platonic", in "Dunce" - éd. Wave Books - p.75 - ma traduction

[ quête ] [ incertitude ] [ peur irraisonnée ] [ représentation ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

songe

J'étais assis en train d'écrire sur mon cahier, mais le travail n'avançait pas ; mes pensées étaient ailleurs. J'ai approché ma chaise du feu et me suis assoupi. De nouveau, les atomes gambadaient devant mes yeux. Cette fois, les petits groupes se tenaient modestement à l'arrière-plan. Mon œil mental, rendu plus aigu par les visions répétées de ce genre, pouvait maintenant distinguer des structures plus grandes aux confirmations multiples : de longues rangées, parfois plus étroitement ajustées les unes aux autres, toutes s'enroulant et se tordant dans un mouvement semblable à celui d'un serpent. Mais regarde ! Mais qu'est-ce que c'est ? Un de ces serpents s'était emparé de sa propre queue, et la forme tourbillonnait de façon moqueuse devant mes yeux. En un éclair je me suis réveillé et, cette fois encore, j'ai passé le reste de la nuit à élaborer le reste de l'hypothèse. Apprenons à rêver, messieurs, peut-être trouverons-nous alors la vérité... Mais gardons-nous de publier nos rêves tant qu'ils n'ont pas été testés par la compréhension à l'état de veille.

Auteur: Kekulé ​​​​​​​Friedrich August

Info: Kekulé à Benzolfest dans Berichte (1890), 23, 1302. Concernant la structure du benzène

[ inspiration ] [ molécules ] [ atomes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

judéo-christianisme

Ah! S'il pouvait comprendre ces Juifs aussi aisement qu'il saisit presque d'emblée les intentions d'un paysan! Mais là, avec leurs tefillins, leurs chapeaux, leur langue si bizarre - et il voit d'un oeil d'autant plus favorable les efforts du père Pikulski pour l'apprendre - et leur religion suspecte! Pourquoi suspecte? Car trop proche! Les livres sont les mêmes, Moise, Abraham, Isaac sur un rocher menace par le couteau de son père, Noé et son arche, tout est pareil, mais comme placé dans un environnement différent. Noé n'a plus la même allure, il semble tordu; pareil pour son arche, qui est juive, décorée, orientale et débordante. Isaac, qui a toujours été un garconnet blond à la peau rose, y devient un enfant sauvage, renfermé et plus du tout si inoffensif. Chez nous, tout est plus léger, songe l'évêque, esquisse d'une main élégante, c'est subtil et expressif. Chez eux, c'est sombre et concret, maladroit et littéral. Leur Moise est un vieux type aux pieds osseux; le nôtre est un vieillard respectable à la barbe fleurie.

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: Les livres de Jakob

[ conflictuel ] [ antagonique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

complicité

"Trouduc." Rien que pour ça, j'attends de toi que tu enveloppes ma bite de ta vilaine bouche ce soir. Il fronçait des yeux vers moi.

Je n'arrivais pas à croire qu'il venait de dire ça dans un restaurant chic où tout le monde pouvait entendre. "Tu plaisantes ?! Chéri," il m'a lancé un regard qui suggérait que je ne comprenais pas l'évidence, je ne plaisante jamais avec les pipes.

Notre serveur était arrivé juste à temps pour entendre ces mots romantiques, ses joues roses trahissaient son embarras. "Vous êtes prêts à commander ?" Coassa-t'il : "Oui", rétorqua Braden, qui ne se souciait pas d'avoir été entendu. "Je prendrai le steak, à point." Il m'a sourit doucement. "Tu prends quoi ?" Il prit une gorgée d'eau. Il se trouvait si cool et si drôle. "Plutôt une saucisse, on dirait." Braden s'étrangla avec l'eau, toussant dans ses poings, les yeux brillants d'hilarité alors qu'il reposait son verre sur la table. "Vous allez bien, monsieur ?" Demanda anxieusement le serveur. "Je vais bien, je vais bien."

Auteur: Young Samantha

Info: On Dublin Street

[ couple ] [ humour ] [ dialogue ] [ fellation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

culte de la performance

Dans les années 1960, les étudiants usaient de certaines substances pour planer, aujourd’hui ils ont recours à l’Adderall (un psychostimulant) et à la Ritaline pour améliorer leurs capacités d’apprentissage et de mémorisation, obtenir de meilleures notes et prendre l’avantage sur leurs condisciples. Contrairement à leurs prédecesseurs en quête de nouvelles expériences, les étudiants d’aujourd’hui ne cherchent qu’à mieux figurer dans la compétition générale. Ce faisant, ils trahissent moins leurs aînés libertaires, qu’ils ne subissent ce que ceux-ci ont préparé pour eux : quand la contestation des années 1960-1970 a fait voler en éclats ce qui subsistait des anciens cadres, ce qui en a résulté n’est pas un monde débarrassé de la compétition, mais une compétition débarrassée de ce qui pouvait encore la limiter – une extension et une intensification de la lutte. La décence voudrait qu’à tout le moins, on cesse de nous présenter le dopage cognitif comme un moyen d’épanouissement et d’émancipation de la personne, quand il ne s’agit que de mieux répondre aux exigences qu’un système emballé fait peser sur les individus.

Auteur: Rey Olivier

Info: Dans "Leurre et malheur du transhumanisme", page 44

[ conformation individuelle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

quête

Turing avait cette interrogation métaphysique : Dieu est-il nombres, une immense machine à calculer... Bref : le monde est-il mathématique ? Il faut dire que Turing avait imaginé, encore jeune, non une machine matérielle, mais un "être calculant", qui pouvait être indifféremment un appareil logique très simple ou un humain bien discipliné appliquant des règles - comme le faisaient les employés des bureaux de calcul à l'époque.
Il se trouve que j'ai vécu ceci à ma manière, en allant jouer au casino avec une martingale, ce qui avait pour résultat que pour gagner il fallait rester concentré (et avoir un peu de chance). Ce qui générait beaucoup d'ennui, de lassitude, surtout dans un lieu consacré au plaisir et au délassement. Bref : soit rester un humain/machine concentré et efficace pour gagner du fric soit prendre du bon temps et perdre.
Ce que je veux dire c'est qu'il est peut-être possible de "conclure" avec un monde rigide et matheux. Mais que celui-ci pourrait bien être d'un ennui, d'une tristesse et d'un manque de fantaisie atroce... Létal.

Auteur: Mg

Info: 5 janv. 2014

 

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normalisation

Si l'on ressentait le moindre élancement, on prenait un ibuprofène. Si l'on était endormi, on prenait de la caféine. Après quoi, si l'on arrivait plus à dormir, on pouvait prendre des somnifères. Dans l'intervalle, si l'on ne faisait pas son caca du matin bien dans les temps, on prenait un laxatif, mais s'il ne sortait pas proprement, on pouvait prendre un antidiarhéique. Si l'on restait trop longtemps assis sur le trône à lire le Wall Street Journal, on risquait de choper des hémorroïdes, auquel cas on pouvait se fourrer dans le cul un suppositoire à la glycérine. Si l'on passait une sale journée, on prenait la pilule blanche. Mais si l'on était trop heureux, on prenait la pilule rose pour calmer sa joie. Des pilules, des pilules, des pilules jusqu'à ce que tout le monde soit le même mâle blanc homogène, robotique, souriant (mais pas trop), de la classe moyenne supérieure, possédant une maison de 180 mètres carrés, deux Volvo assorties, 2.5 enfants, une femme pom-pom girl et un golden retriever nommé Sunny.

Auteur: Molles DJ

Info: Les survivants, tome 3 : Réfugiés

[ middle class ] [ médicaments ]

 

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homme-animal

Portée par de jeunes militants anticapitalistes et petit-bourgeois, l'idéologie antispéciste m'apparaissait délirante parce qu'en abolissant la pratique de l'élevage, elle prétendait mettre fin à une histoire liant l'homme à l'animal depuis dix mille ans, depuis la domestication de la chèvre dans la région du croissant fertile. Dépasser la révolution néolithique constituait un objectif pour le moins ambitieux, on pouvait laisser cela à ses promoteurs végétaliens, généralement des étudiants en sciences humaines ayant perdu tout lien à la terre et son travail.

Je me souviens qu'à l'école primaire, dans le cadre d'un cours de sciences naturelles, le maître avait tué puis disséqué une grenouille face à un parterre de garçons et de filles ricanant, plus ou moins intéressés ou dégoûtés : une telle leçon de choses serait-elle possible aujourd'hui, sans que les réseaux sociaux ne s'embrasent ?

Étrange monde dans lequel on s'apitoie sur le sort d'une oie gavée en détournant le regard des greniers à foin, recoins où se balancent les corps pendus et déjà assaillis de mouches des paysans endettés.

Auteur: Sansonnens Julien

Info: Septembre éternel

[ ségrégation ] [ discrimination ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vacherie

A un étudiant qui voulait savoir où j'en étais par rapport à l'auteur de Zarathoustra, je répondis que j'avais cessé de le pratiquer depuis longtemps. Pourquoi ? Me demanda-t-il. — Parce que je le trouve trop naïf...

Je lui reproche ses emballements et jusqu'à ses ferveurs. Il n'a démoli des idoles que pour les remplacer par d'autres. Un faux iconoclaste, avec des côtés d'adolescent, et je ne sais quelle virginité, quelle innocence, inhérentes à sa carrière de solitaire. Il n'a observé les hommes que de loin. Les aurait-il regardés de près, jamais il n'eût pu concevoir ni prôner le surhomme, vision farfelue, risible, sinon grotesque, chimère ou lubie qui ne pouvait surgir que dans l'esprit de quelqu'un qui n'avait pas eu le temps de vieillir, de connaître le détachement, le long dégoût serein.

Bien plus proche m'est Marc-Aurèle. Aucune hésitation de ma part entre le lyrisme de la frénésie et la prose de l'acceptation : je trouve plus de réconfort, et même plus d'espoir, auprès d'un empereur fatigué qu'auprès d'un prophète fulgurant.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: De l'inconvénient d'être né. A propos de Nietszche

[ passionné ] [ juvénile ]

 
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Ajouté à la BD par miguel