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pouvoir

Lorsque Emmanuel Le Roy Ladurie devint administrateur général de la Bibliothèque nationale, en 1986, il me raconta que son oeuvre d'historien et sa chaire de professeur au Collège de France ne lui avaient jamais attiré autant d'assauts obséquieux que son nouveau et mirifique poste. Des notables qui ne le saluaient jusqu'alors qu'avec une distante et distraite condescendance, poussaient désormais le ridicule jusqu'à l'héroïsme, en se pliant devant lui avec des "Monsieur l'Administrateur général", bégayés à satiété comme une oraison jaculatoire. Jacques Monod lui aussi me dit un jour avoir reçu plus de lettres et de télégrammes de félicitations après avoir été nommé directeur de l'Institut Pasteur qu'après avoir reçu le prix Nobel de médecine. Le génie nécessaire à une découverte fondamentale en biologie attirait moins d'hommages qu'une élévation administrative.

Auteur: Revel Jean-François

Info: Mémoires, Plon 1997 p.262

[ vérifié ] [ courtisé ]

 

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dénombrement

Une journée à compter sans penser, à peine distrait par la fontaine à eau, qui continue à exciter mes collègues. Je compte pour ne plus les entendre, je compte pour ne pas me laisser embarquer par les réminiscences chimériques, je compte pour attendre le coucher du soleil, je compte parce que c'est mon métier. En fin de journée, pour profiter de ma lancée, je compte les stations de métro : seize. Je compte le nombre de passagers dans mon wagon : trente-deux. Je compte le nombre de baguettes posées verticalement derrière la boulangère : quatorze. Je compte le nombre d'événements surprenants qui se sont produits depuis ce matin : zéro. Mon rêve était bien mieux que cette journée. Comme me le répétait mon grand-père, la réalité est un peu surfaite.

Auteur: Marchand Gilles

Info: Une bouche sans personne

[ marotte ] [ manie ] [ refuge. obsession ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

poème

L'air était pur ; un dernier jour d'automne,
En nous quittant, arrachait la couronne
Au front des bois ;
Et je voyais d'une marche suivie
Fuir le soleil, la saison et ma vie,
Tout à la fois.

Près d'un vieux tronc, appuyée en silence ,
Je repoussais l'importune présence
Des jours mauvais ;
Sur l'onde froide, ou l'herbe encore fleurie,
Tombait sans bruit quelque feuille flétrie,
Et je rêvais !...

Au saule antique incliné sur ma tête
Ma main enlève, indolente et distraite,
Un vert rameau ;
Puis j'effeuillai sa dépouille légère,
Suivant des yeux sa course passagère
Sur le ruisseau.

De mes ennuis jeu bizarre et futile !
J'interrogeais chaque débris fragile
Sur l'avenir ;
Voyons, disais-je à la feuille entraînée,
Ce qu'à ton sort ma fortune enchaînée
Va devenir ?

Auteur: Tastu Amable

Info: Poésies

[ enfance ] [ question ]

 

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mère-fille

Mireille est en proie à des sentiments contradictoires, des sentiments de mère, qui s’étonne de voir son bébé devenu une grande bringue avec des fesses de femme et des réactions de gamine, cette chevelure de Madeleine et les ongles rongés, qui trainaille au lit et veut faire les grandes écoles, cite des écrivains et ne sait toujours pas mettre son linge sale au panier, prononce des mots méconnus et renifle son tee-shirt pour savoir si elle pourra le mettre un jour de plus, mange encore ses nouilles avec les doigts, distraitement, et s’étire comme un chat à la fin du repas après avoir saucé son assiette avec du pain, une gamine qui veut des talons et la pilule. Elle la regarde, prise dans ce chassé-croisé des espérances et de la peur.

Auteur: Nicolas Mathieu

Info: Connemara, p 231

[ adolescente ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

impression de lecture

- Il parle de quoi, là, votre bouquin ? [Pnine, de Nabokov]

- C’est sur la solitude. On pleure.

- Ah bon ?

- Excusez-moi, je ne sais pas raconter une histoire.

- Vous êtes sincère, en tout cas. Dès qu’on est sincère, on a l’air un peu idiot. J’ai connu ça.

- Un émigré russe aux États-Unis. Un vieux professeur à qui il n’arrive que des malheurs. Un homme bon et distrait, terriblement distrait. Presque un savant, on pourrait dire. Mais ce qu’il connaît ne sert à rien. Personne ne l’écoute. Il a une atroce nostalgie de son pays natal. Remarquez, c’est un livre drôle, bourré d’humour, comme tous les romans de Nabokov, mais rien à faire, on pleure. Regardez, mon exemplaire est presque trempé. Touchez, vous allez voir.

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: "L'ombre des forêts", éditions L'Atteinte, Metz, 2022, pages 110-111

[ résumé ] [ émotion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

exister

L'écrivain français se donne à lui-même l'impression d'exister bien moins dans la mesure où on le lit que dans la mesure où "on en parle". Il lui faut sans cesse relancer la presse prompte à s'endormir, il faut tenir les langues en haleine. Un anxieux, un essoufflé "Je suis là !... J'y suis - J'y suis toujours !" est parfois ce qui s'exprime de plus pathétique, pour l'oeil un peu prévenu, au travers des pages de tel romancier en renom, auxquelles on se prend distraitement à souhaiter tout à coup que la poussière soit légère : ce n'est rien toutefois, ou du moins ce n'est pas forcément qu'il n'ait plus rien à nous dire ; mais c'est son livre annuel : il s'agit à nouveau de donner le branle, d'empêcher qu'il y ait prescription.

Auteur: Gracq Julien

Info: Préférences

[ landerneau ] [ littérature ] [ gaule ]

 

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extraterrestres

Les ethnies extérieures évitaient comme la peste de venir observer la race humaine de trop près. En effet cette dernière avait mis en orbite des dizaines de milliers d'objets qui tournaient de manière aveugle à des vitesses dangereuses autour de leur planète bleue. En vous mettant simplement à 300 kilomètres d'altitude pour déguster le spectacle de cette belle planète, vous risquiez, si vous étiez distrait, de vous faire percuter par un de leur objets en métal, de nano grosseur ou de taille plus conséquente - qui vous arrivait dessus à la vitesse de 11 kilomètres par seconde ! Les aventureux primates de ce système planétaire solaire envoyaient leurs satellites hors de l'atmosphère comme on lance des boules dans une roulette de casino. Et ici la boule pouvait rester en orbite des dizaines d'années. Drôles de lascars.

Auteur: Mg

Info: 4 mai 2009

[ science-fiction ]

 

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couple

Quand elle traversait, nue, le sol carrelé de la salle de bain et me bousculait au passage d’un air distrait et nerveux à la fois ; quand elle se masturbait au lit le matin, cuisses symétriquement écartées, malaxant son pubis comme si elle roulait à n’en plus finir entre ses doigts quelque bouton vénérien ; quand elle se pulvérisait du déodorant sous les bras, au creux de ces tendres cavités qui restaient des univers mystérieux ; quand elle m’accompagnait à la voiture en faisant jouer plaisamment ses doigts sur mon épaule gauche –en de tels instants, tous ses gestes, toutes ses émotions constituaient un message chiffré dont le sens se trouvait quelque part dans le dur décor chromé de nos esprits. Seul un accident au cours duquel elle trouverait la mort pourrait libérer tout ce langage codé en réserve dans son corps.

Auteur: Ballard James Graham

Info: Crash !

[ femmes-par-hommes ] [ intimité ]

 

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femmes-par-homme

Oui, femmes, quoi qu’on puisse dire,

Vous avez le fatal pouvoir

De nous jeter par un sourire

Dans l’ivresse ou le désespoir.



Oui, deux mots, le silence même,

Un regard distrait ou moqueur,

Peuvent donner à qui vous aime

Un coup de poignard dans le coeur.



Oui, votre orgueil doit être immense,

Car, grâce à notre lâcheté,

Rien n’égale votre puissance,

Sinon votre fragilité.



Mais toute puissance sur terre

Meurt quand l’abus en est trop grand,

Et qui sait souffrir et se taire

S’éloigne de vous en pleurant.



Quel que soit le mal qu’il endure,

Son triste rôle est le plus beau.

J’aime encor mieux notre torture

Que votre métier de bourreau.

Auteur: Musset Alfred de

Info: Poésies nouvelles, 1850

[ poème ] [ méprisantes ] [ héroïsme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

Plus le bruit de l'époque se fait assourdissant, plus j'ai la certitude que ma vie est ailleurs, glissant le long de mon amour dont les figures ensevelissent le temps qui passe. Je te regarde. Nous allons nous rencontrer sur le pont de la transparence avant de plonger dans la nuit de nos différences. Nous nagerons, proches ou lointains, distraits ou tendus, remontant le courant de notre énigme pour nous retrouver dans l'embrassement incertain de nos ombres fuyantes. Nous ne sommes pas les seuls à nous être un jour élevés du plus profond de nos solitudes pour partir au-devant de nos fantômes, sans nous soucier qu'ils soient mâles ou femelles. Et s'il est seulement quelques hommes à n'avoir pas grande peine à se reconnaître dans cet aveu de Picabia : "Les femmes sort les dépositaires de ma liberté", c'est peut-être qu'il y va de la conquête d’un merveilleux que les femmes et les hommes ont encore a découvrir.

Auteur: Le Brun Annie

Info: Lâchez tout

[ espérance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel