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style littéraire

D’aucuns récusent que l’on puisse réduire le phénomène littéraire "Céline" à son écriture. Mais je puis dire, par témoignage personnel, que, hors cette écriture, je ne me serais pas appesanti sur la lecture du corpus célinien, où il n’est dit que des banalités.
Céline lui-même prétendait mépriser les idées, pour en appeler à l’émotion comme véritable support de la vie. On l’a suspecté de vouloir ainsi s’absoudre de ses penchants politiques circonstanciés.
Quoiqu’il en soit, Céline est d’abord un langage, mais alors un langage qui signifie quelque chose. Nous pourrions dire que l’âme de l’écrivain est inscrite dans ses phrases éclatées entre les trois petits points. C’est l’expression d’un émoi intime, d’une stupéfaction devant la marche du monde qui empêche une respiration normale, qui provoque une sorte de halètement psychique manifesté dans l’écriture.
Plus encore, cette saccade écrite qui brise la syntaxe, autrement dit rompt avec le faux ordre du monde, ces points d’exclamation sont autant d’appels tourmentés à quelque puissance inconnue, une protestation cahoteuse à l’égard d’un Destin inintelligible.
En somme, l’écriture exclamative et ahanante de Céline est l’analogue du "de profundis clamavi ad te" du psalmiste… La désespérance est telle, qu’on en attend quelque renaissance quasi surnaturelle, que Céline interprétait comme la vengeance de l’Esprit.

Auteur: Heurcelance Philippe

Info: Dans "Le langage de Céline"

[ fond-forme ] [ manière ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

univers miroir

Le monde est notre désir.

Le monde est notre vouloir.

Il n'y a rien à dire du monde - sauf qu'il nous ressemble trait pour trait.

Si nous le trouvons médiocre - c'est que nous sommes médiocres.

Si nous le trouvons vain - c'est que nous sommes vains.

Si nous le trouvons affreux - c'est que nous sommes affreux.

Si nous le trouvons dur - c'est que nous sommes durs.

Si nous le trouvons morne - c'est que nous sommes mornes.

Si nous le trouvons petit - c’est que nous sommes petits.

Si nous le trouvons écœurant - c’est que nous sommes écœurants.

Si nous le trouvons hostile - c’est que nous sommes hostiles.

Il ne changera que quand nous changerons.

Il est nous - et indéfiniment il nous ressemblera.

Pour l'instant - c'est un monde de terre sèche.

Il y aura un brin d'herbe quand vous serez devenus brin d'herbe.

Ou alors - laissez tout crever.

Les démoniaques des pouvoirs ont ce qu'il faut dans l'arsenal pour une gigantesque épouvante.

Une gigantesque Mort.

Auteur: Calaferte Louis

Info: L’homme vivant

[ poème ] [ solipsisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vieillesse

Je ne tiendrai pas trois jours dans un endroit pareil, s'était dit Firmina Aguilera, lorsqu'elle avait été engagée au long séjour, il y a cinq ans déjà. Avec tous ses soucis à la maison, voir ces petits vieux et ces petites vieilles s'éteindre un peu plus chaque jour, elle ne tiendrait pas longtemps. Elle s'en était confiée à Francine Burnichon, la dame de l'accueil:
- Comment vous faites, vous? Comment vous faites pour supporter? Moi, je crois que je ne vais pas pouvoir...
Elle avait fini par s'habituer. Comparé à son ancien travail de femme de ménage, c'était tout aussi fatigant d'être lingère, mais elle voyait du monde. Encore que, depuis que les effectifs du long séjour avaient diminué - deux postes d'aides-soignantes en moins, à cause de la crise, comme l'avait expliqué la directrice - elle n'avait presque plus de temps pour s'occuper des résidents comme au début. il fallait courir, toujours courir.
Madame Burnichon lui avait donnée un conseil:
- Ici, il ne faudra pas vous attacher aux résidents. SI vous ne vous attachez pas, c'est un travail comme un autre. Par contre, si vous commencez à les aimer un tout petit peu, c'est fichu. Vous ne pouvez pas savoir à quelle vitesse ils se dégradent.

Auteur: Chagnard Frédéric

Info: Un tout petit rêve

[ asile ] [ EMS ] [ empathie ]

 

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nature

Des montagnes énormes m'entouraient, des abîmes s'ouvraient devant moi et des torrents s'y précipitaient; les fleuves au-dessous de moi coulaient à flots; forêts et montagnes retentissaient et je les voyais agir et créer, entremêlées dans les profondeurs de la terre, toutes les forces insondables, tandis qu'entre terre et ciel fourmillent les générations des créateurs en leur diversité. Tout, tout est peuplé de mille formes, cependant que les hommes se rassemblent à l'abri de leurs chaumières et se font un nid en s'imaginant qu'ils règnent sur le vaste monde! Pauvres insensés! qui jugent tout si infime, parce qu'ils sont petits. - Depuis la montagne inaccessible jusqu'à l'extrémité de l'Océan inconnu, par-dessus le désert que nul pied ne foula, souffle l'Esprit de l'Eternel Créateur. Et il se réjouit du moindre grain de poussière qui le perçoit et qui vit - Ah! que de fois alors n'ai-je pas envié les ailes de la grue qui volait par-dessus ma tête pour atteindre la rive de la mer immense, pour boire à la coupe écumante de l'infini cette volupté de vivre qui dilate le coeur, afin de sentir, ne fût-ce qu'un instant, dans la force limitée de mon sein, une goutte de félicité de l'Entre en qui et par qui tout fut créé.

Auteur: Goethe Johann Wolfgang von

Info:

[ révélée ] [ Dieu ]

 

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introspection

La dépression a en partie un effet nocebo, en ce sens qu'elle peut être produite par des impressions négatives sur soi et sur le monde. La manière dont ces attentes négatives se développent et produisent leurs effets nocifs donne quelques indices sur comment elles peuvent être inversées. Les effets d'espérance augmentent, s'auto nourrissent eux-mêmes. Une raison en est que nos états subjectifs - sentiments, humeurs et sensations - sont en constante évolution, changeant de jour en jour et d'heure en heure. Les effets de ces fluctuations dépendent donc de la manière dont nous les interprétons, et ces interprétations dépendent de nos croyances et attentes. Lorsque nous nous attendons à pire, nous avons tendance à remarquer les petits changements aléatoires négatifs et les interprétons comme preuve de l'aggravation. Interprétation qui nous fait réellement nous sentir moins bien et renforce le sentiment pessimiste, cercle vicieux dans lequel nos attentes et émotions négatives se nourrissent les unes les autres en cascade dans un épisode totalement dépressif. .. Les espérances positives ont l'effet inverse. Elles peuvent initier un début de cycle par lequel les fluctuations aléatoires de l'humeur et des sensations sont interprétées comme preuve de l'efficacité du traitement, renforçant un sentiment d'espoir qui contre les sentiments négatifs si essentiels à la dépression clinique.

Auteur: Kirsch Irving

Info: The Emperor's New Drugs: Exploding the Antidepressant Myth

[ déprime ] [ chair-esprit ]

 

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psychanalyste-sur-psychanalyste

Mais, le pauvre, il n’avait eu que six mois d’analyse à cause de la guerre, et il a dû assumer le transfert de gens très malades sans avoir eu suffisamment d’analyse pour lui-même. Il a voulu y faire face en se mettant à distance. [...]

Il me paraissait avec ses suivants comme une nounou et ses petits, ou comme ces évêques des peintures de la Renaissance qu’on voit avec beaucoup de petits clercs sous leur manteau ! Pas un de ses élèves ne pouvait le lâcher ni penser par lui-même ! Il ne le supportait pas, et ne s’en rendait pas compte. C’était, sans doute en lui, le non-analysé.

Il était très maternel, et aussi vraiment compatissant à ceux qui souffraient. Il a énormément apporté à chacun. Il disait : "Ne faites pas comme moi !" Et tout le monde l’imitait en croyait qu’il était l’image de la vertu. Un papa-maman tout sachant, un "maître" ! Lacan provoquait ce genre de transfert. Il voulait transmettre le fruit de ses recherches, mais ne pouvait supporter qu’on ne le suive pas. Il a beaucoup souffert de la solitude, lui qui n’avait pas un instant à lui, harcelé par ses suiveurs. Il s’était tragiquement enfermé dans le silence, à la fin de ses jours.

Auteur: Dolto Françoise

Info: A propos de Jacques Lacan dans "Le féminin", éditions Gallimard, 1998, pages 276-277

[ portrait ] [ contradictions ]

 
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priméité

Un jour des années 1950, à la sortie d’un cours de Roland Barthes, j’ai noté ceci : “Mon matériau, le seul possible, c’est mon présent. Le présent, c’est ce qui colle à moi. Le nez sur le miroir”. Mais il faut s’entendre sur ce qu’on entend par “présent” ou “actualité”. A la source de mon travail, il y a aussi cette photographie qui montre deux objets préhistoriques trouvés en région souabe, près du Danube, et qui seraient vieux de 30 000 ans. Ce sont de petits objets, une tête de cheval, un oiseau, et je me dis qu’on n’a jamais fait mieux dans le rapport à l’actualité que ces artistes-là : ils donnaient une figuration à ce qui les entourait dans l’immédiat de leur vie.

En même temps, ce ne sont pas un cheval et un oiseau : ce sont des objets d’art, c’est-à-dire des formes. Il y a là une concentration de ce qui est à la fois le mystère et le défi de la représentation. C’est le passage de l’informe à la forme qui m’intéresse. Quelle est la relation de l’événement actuel, immédiat, avec la forme que doit prendre un écrit et notamment un écrit de théâtre ? Je n’ai pas la réponse, mais c’est ce après quoi je cours depuis toujours.

Auteur: Vinaver Michel Grinberg

Info:

[ sculptures ] [ fond-forme ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

appartenance

Le fait de savoir que les atomes qui constituent la vie sur terre - les atomes qui composent le corps humain - remontent aux creusets qui ont transformé les éléments légers en éléments lourds dans leur noyau, à des températures et des pressions extrêmes. Ces étoiles - les plus massives d'entre elles - sont devenues instables dans leurs dernières années - elles se sont effondrées puis ont explosé - dispersant leurs entrailles enrichies à travers la galaxie - des entrailles composées de carbone, d'azote, d'oxygène et de tous les ingrédients fondamentaux de la vie elle-même. Ces ingrédients sont intégrés dans des nuages de gaz qui se condensent, s'effondrent et forment la prochaine génération de systèmes solaires - des étoiles avec des planètes en orbite. Et ces planètes contiennent désormais les ingrédients nécessaires à la vie. Ainsi, lorsque je regarde le ciel nocturne, je sais que oui, nous faisons partie de cet univers, que nous sommes dans cet univers, mais que ce qui est peut-être plus important que ces deux faits, c'est que l'univers est en nous. Lorsque je réfléchis à ce fait, je lève les yeux - beaucoup de gens se sentent petits, parce qu'ils sont petits et que l'univers est grand. Mais je me sens grand parce que mes atomes proviennent de ces étoiles.

Auteur: Neil DeGrasse Tyson

Info:

[ inversion ]

 

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couple

KROUM : On se marie.

TROUDA : Quand ?

KROUM : Maintenant, tout de suite. C'est-à-dire, juste après Tougati.

TROUDA : Monte.

KROUM : Le lit a été réchauffé par Takhti.

TROUDA : Rien ne peut être réchauffé par Takhti. Allez, viens.

KROUM : Tu avoues qu'il était dans ton lit ! Salope !

TROUDA : Tu avais disparu pendant deux semaines, qu'est-ce que tu espérais ?

KROUM : Bon, j'en ai marre, je t'épouse, mais je vais être franc, pour que tout soit bien clair entre nous : ce dont j'ai besoin en priorité, c'est de calme. Tu me connais, tu sais à quoi t'attendre, et idem pour moi. Je ne veux pas de tendresse superflue entre nous et pas ailleurs qu'au lit. Je t'interdis de m'affubler de petits noms affectueux et de te pendre à mon cou dans la rue. Pour être totalement sincère, tes marques d'amour me donnent la chair de poule. Elles sont aussi désagréables que le crissement d'un ongle sur du Formica. Si tu te contentes de me supporter, ça ira. Voilà.

TROUDA : Quant à toi, si tu voulais que je reçoive ta demande en mariage comme un crachat à la gueule - c'est gagné.

Auteur: Hanokh Levin

Info: Théâtre choisi, tome I : Comédies

[ rencontre ] [ incompréhension ]

 

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traducteur

Retraité depuis quatre ans, il vit en Dordogne et "tous les jours, il ne fait que ça : traduire !" L'ordinateur et le logiciel Word ont succédé aux cahiers à petits carreaux. La méthode n'a par contre pas changé : "On ne traduit pas que du sens, on traduit quelque chose qui est de l'ordre de l'émotion ", explique F. Michalski, très attaché à respecter l'étrangeté, la rythmique, la musique des auteurs. Même avec une parfaite connaissance de l'anglais, de l'américain, le traducteur est confronté à moult obstacles : l'argot des marines ou des flics, les vocabulaires cajun ou Navajo, sans oublier les jeux de mots, les métaphores. "Il faut trouver des clés, téléphoner aux auteurs parfois mais il n'y a jamais de solution absolue. " Et finalement le traducteur fait ce qu'il veut d'un livre, il se l'approprie... "C'est un bien ou c'est un danger, confie Freddy. Une traduction plaît ou déplaît. J'ai été encensé et en même temps complètement descendu ! " Alors finalement, on ne lit pas du Ellroy mais du Michalski ? "Je ne suis pas un auteur. L'idéal c'est bien sûr de lire en version originale. La traduction est un plaisir solitaire et égoïste. " Plaisir de donner une nouvelle peau à un corps. Et peu importe sa couleur, même si Freddy Michalski préfère le... noir.

Auteur: Michalski Freddy

Info:

[ transposeur ]

 

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