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société

L'absorption de toutes les fonctions par l'État favorisa nécessairement le développement d'un individualisme effréné, et borné à la fois dans ses vues. A mesure que le nombre des obligations envers l'État allait croissant, les citoyens se sentaient dispensés de leurs obligations les uns envers les autres. Dans la guilde - et, au moyen âge, chacun appartenait à quelque guilde ou fraternité - deux "frères" étaient obligés de veiller chacun à leur tour un frère qui était tombé malade ; aujourd'hui on considère comme suffisant de donner à son voisin l'adresse de l'hôpital public le plus proche. Dans la société barbare, le seul fait d'assister à un combat entre deux hommes, survenu à la suite d'une querelle, et de ne pas empêcher qu'il ait une issue fatale, exposait à des poursuites comme meurtrier ; mais avec la théorie de l'État protecteur de tous, le spectateur n'a pas besoin de s'en mêler : c'est à l'agent de police d'intervenir, ou non. Et tandis qu'en pays sauvage, chez les Hottentots par exemple, il serait scandaleux de manger sans avoir appelé à haute voix trois fois pour demander s'il n'y a personne qui désire partager votre nourriture, tout ce qu'un citoyen respectable doit faire aujourd'hui est de payer l'impôt et de laisser les affamés s'arranger comme ils peuvent. Aussi la théorie, selon laquelle les hommes peuvent et doivent chercher leur propre bonheur dans le mépris des besoins des autres, triomphe-t-elle aujourd'hui sur toute la ligne - en droit, en science, en religion.

Auteur: Kropotkine Petr Alekseevitch

Info: L'entraide : Un facteur de l'évolution

[ égoïsme ] [ décadence ] [ individualisme ]

 

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aborigènes

Les Pintupi étaient la dernière tribu "sauvage" à avoir été contactée dans le Grand Désert occidental et introduite à la civilisation blanche. Jusqu’à la fin des années 1950, ils avaient continué à pratiquer la chasse et la cueillette, nus dans les dunes, comme ils l’avaient fait pendant au moins dix mille ans.
C’étaient des gens insouciants et très ouverts d’esprit, qui ne connaissaient pas ces rudes rites d’initiation propres aux groupes plus sédentaires. Les hommes chassaient le kangourou et l’émeu. Les femmes cueillaient des graines, ramassaient des racines et tout ce qui pouvait se manger. En hiver ils s’abritaient derrière des pare-vent de spinifex ; et, même en pleine sécheresse, l’eau leur faisait rarement défaut. Une bonne paire de jambes était leur valeur la plus sûre et ils riaient sans cesse. Les quelques Blancs qui les visitèrent furent surpris de voir leurs nourrissons gras et en bonne santé.
Mais le gouvernement décréta que les hommes de l’âge de pierre devaient être sauvés… pour le Christ, si besoin était. En outre, on avait besoin du Grand désert occidental pour y mener à bien des opérations minières, éventuellement des essais nucléaires. Il fut donc ordonné d’embarquer les Pintupi dans des camions de l’armée et de les installer dans des lotissements du gouvernement. Nombre d’entre eux furent envoyés à Popanji, un camp situé à l’ouest d’Alice Springs, où ils moururent victimes d’épidémies, se prirent de querelle avec les hommes des autres tribus, se mirent à boire et à jouer du couteau.

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Le Chant des pistes

[ colonialisme ]

 
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cyclique

Le soleil va entrer dans le signe du Taureau. C'est le moment où sont nés Rome, Hitler et Henry de Montherlant. C'est le mois où mourut le chevalier Bayard, c'est le mois où l'homme inventa le phonographe. L'homme, sujet de toutes nos études et de toutes nos préoccupations, l'homme, l'enfant chéri de cette chronique. Que fait-il en avril ? Il plante la griffe d'asperge, il récolte l'oseille, il protège l'espalier avec des paillassons. Mais encore ? Il les change de place, il les enlève, il les remet mieux. Il s'évertue, il se démène, il sème la lupuline, il fume les vieux houblons. En un mot, il fait le diable à quatre. La poule pond des oeufs de Pâques. Le lièvre en fait autant. Du moins en Alsace et en Allemagne. La femme se livre aux nettoyages de printemps. Elle passe ses ongles à la "super-base", qui supprimera leurs peaux, à l'huile séchante, qui complétera le travail, et à la "laque fixante" qui protégera le vernis; enfin à la "crème abricot" qui stimule la croissance des griffes. Le printemps est là. L'agneau bondit près de sa mère et le poulain pur-sang près de la jument persane. Les épinards sont magnifiques ; et l'homme s'apprête, par les jeûnes du Carême, à célébrer la fête de Pâques dans les humbles dispositions qui conviennent au peu qu'il est : il mange la morue de brandade, il s'excite à s'améliorer. Bientôt, pourtant, il retombe dans l'ornière. Qu'il y croupisse ! Nous n'attendions pas mieux de cet animal mou."

Auteur: Vialatte Alexandre

Info: Chronique des grands micmacs, p.169-170. L'HOMME D'AVRIL

[ printanier ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

repas

Adelina mettait deux bonnes journées, à les préparer. Il en connaissait par coeur la recette. La veille, on fait un aggrassato, mélange de veau et de porc en gelée en parties égales, qui doir cuire à feu très bas pendant des heures et des heures, avec ognoins, tomates, celeri, persil et basilic. Le lendemain, on prépare un risotto, de ceux qu'on appelle "à la milanaise" (sans safran, par pitié !), on le verse sur une planche, on le mélange à l'oeuf et on le fait refroidir. Pendant ce temps, on cuit les petits pois, on fait une béchamel, on réduit en petits morceaux quelques tranches de salami et on fait toute une préparation avec la viande en gelée, hachée avec le hachoir demi-lune (pas de mixer, pour l'amour de dieu!). La sauce de la viande se mélange au riz. A ce point, on prend un peu de rizotto, on l'arrange dans la paume d'une main, tenue en forme de conque, on y met dedans l'équivalent d'une cuillère de la prépararion et on le recouvre de ce qu'il faut de riz pour former une belle boulette. Chaque boulette est roulée dans la farine, puis on la passe dans le blanc d'oeuf et la chapelure. Ensuite, toutes les arancini sont glissées dans une cuvette d'huite bouillante et on les fait frire jusqu'à ce qu'elles prennent une couleur vieil or. On les laisse s'égoutter sur le papier. Et à la fin, ringraziannu u Signuruzzu, grâce soit rendue au petit seigneur, on les mange !

Auteur: Camilleri Andrea

Info: Les arancini de Montalbanon. In la démission de Montalbano, Fleuve noir 2001, pp 386- 387

[ recette ] [ cuisine ]

 

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femme-par-femme

Je ne peux m'empêcher de penser que, peut-être, Anne Frank aurait souri de lire qu'un négationniste affirma, comme preuve ultime de falsification, qu'aucune jeune fille de quinze ans n'aurait été capable de penser et encore moins d'écrire ce qu'il avait lu dans le Journal : c'était bien trop intelligent et irrévérencieux, pour une gamine.

L’irrévérence des jeunes filles devrait être l'objet de toutes nos attentions, elle devrait être archivée et transmise. Il faudrait les chérir, ces trop courtes années durant lesquelles les jeunes filles ignorent la prudence, le respect et le remords. Elles mentent avec métier et sans état d'âme, mangent avec les doigts, grimpent sur des toits et, bras dessus bras dessous, elles prennent toute la place sur les trottoirs. Leur seule peur est de nous ressembler. De devenir ces êtres à bout de souffle qui se plaignent qu'elles "ne manquent pas d'air".

Les parents aiment à raconter les mots d'enfants de leurs tout-petits ; ils s'émeuvent de leur fantaisie, de leur drôlerie. L'adolescence à venir, elle, est redoutée à la façon d'une maladie, d'une comète menaçant le paysage, dévastatrice. Comme nous la craignons, l'extralucidité adolescente, ce regard de "voyant" qui met à nu nos compromis.

Relire son journal intime, c'est se confronter à l'adolescente qu'on a été. Lui ferait-on honte, ou de la peine ? A-t-on baissé les bras ? Est-on devenue sage, trop sage, par manque de courage ? Il faudrait relire régulièrement son journal pour rester à la hauteur de son adolescence. 


Auteur: Lafon Lola

Info: Quand tu écouteras cette chanson, pp.188-190

[ génie de la puberté ]

 

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portrait de Bonaparte

Du moment où il fut chef d'État, on connaît son emploi du temps au jour le jour, le nombre de chapeaux que lui confectionna Poupart (entre cent soixante et cent soixante-dix) ou de culottes qu'il emporta à Saint-Hélène (dix-neuf), la couleur de ses yeux (gris-bleu) et de ses cheveux (châtains), sa taille (entre 1m 68 et 1m 69) et mille autres détails encore. On sait que son sourire conquérait jusqu'à ceux qui ne l'aimaient pas ; que sa voix pouvait être douce puis impérieuse ; qu'il savait feindre la colère et pouvait se laisser parfois déborder par elle. Il mangeait vite, chantait faux, prenait des bains très chauds, montait moyennement à cheval, aimait l'opéra italien, ne fumait pas mais priait, dormait lorsqu'il le voulait (environ sept heures par jour), plaçait sa main droite dans son gilet (geste banal pour l'époque mais qu'il a immortalisé), jetait par la fenêtre les livres qui l'ennuyaient, préférait une tenue modeste aux chamarrures qui l'auraient mis au même niveau que ses subordonnés. Il écoutait parfois avant d'ordonner. Il finit par ordonner sans avoir entendu ceux qu'il ne considérait plus comme ses conseillers mais comme des exécutants. Il détestait les longs discours, aimait que ses décisions fussent exécutées sans perte de temps. Il travaillait beaucoup sur tous les sujets sans en négliger aucun, entrant souvent dans le détail des nombreux dossiers qui transitaient par son cabinet. Il calligraphiait mal, prenait parfois un mot pour un autre mais dictait bien ce qu'il voulait écrire, parfois à plusieurs secrétaires en même temps.

Auteur: Lentz Thierry

Info: Napoléon (1804-1814),  Prologue, page 9

 

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crédit

Une génération a vu s’évanouir le concept de patrimoine et de capital fixe. Jusqu’à la génération passée, les objets acquis l’étaient en toute propriété, matérialisant un travail accompli. Le temps n’est pas loin encore où l’achat de la salle à manger, de la voiture, était le terme d’un long effort d’économie. On travaille en rêvant d’acquérir : la vie est vécue sous le mode puritain de l’effort et de la récompense, mais quand les objets sont là, c’est qu’ils sont gagnés, ils sont quittance du passé et sécurité pour l’avenir. Un capital. Aujourd’hui, les objets sont là avant d’être gagnés, ils anticipent sur la somme d’efforts et de travail qu’ils représentent, leur consommation précède pour ainsi dire leur production. […] Le statut d’une civilisation entière change ainsi avec le mode de présence et de jouissance des objets quotidiens. Dans l’économie domestique patriarcale fondée sur l’héritage et la stabilité de la rente, jamais la consommation ne précède la production. En bonne logique cartésienne et morale, le travail y précède toujours le fruit du travail comme la cause précède l’effet. Ce mode d’accumulation ascétique fait de prévision, de sacrifice, de résorption des besoins dans une tension de la personne, toute cette civilisation de l’épargne a eu sa période héroïque, pour s’achever sur la silhouette anachronique du rentier, et du rentier ruiné qui fait au XXe siècle l’expérience historique de la vanité de la morale et du calcul économique traditionnels. A force de vivre à la mesure de leurs moyens, des générations entières ont fini par vivre bien en dessous de leurs moyens.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: " Le système des objets ", éditions Gallimard, 1968, pages 221-223

[ créancier ] [ conséquences ] [ évolution ]

 

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insulte

"Réponse des Cosaques zaporogues au sultan de Turquie qui leur avait écrit en 1675 : J'ordonne, à vous les Cosaques zaporogues de vous soumettre volontairement à moi sans aucune résistance"
À Toi Satan turc, frère et compagnon du Diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut !
Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ? Mange la vomissure du diable, toi et ton armée. Tu n'auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi.
Toi, scullion de Babylone, charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, fouetteur de chèvre d'Alexandrie, porcher de Haute et de Basse Égypte, truie d'Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du Diable lui-même, Toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul d'une jument, sabot de boucher, front pas baptisé ! Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi sous-produit d'avorton ! Tu n'es même pas digne d'élever nos porcs. Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !! Nous n'écrivons pas la date car nous n'avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l'année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !
Signé le Kochovyj Otaman Ivan Sirko et toute l'Armée Zaporogue.

Auteur: Internet

Info:

[ Russie ] [ historique ]

 

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spectateur

On m’entoure, on me questionne,

Des gens que je croise à la promenade, qui veulent connaître l’influence de ma petite enfance sur ma vie, ou bien du quartier, de la ville, de la nation que j’habite,

Mes dernières rencontres, découvertes, inventions, fréquentations, auteurs jeunes ou vieux,

Ce que je mange au dîner, ma façon de me vêtir, mes amis, mers opinions, mes préférences, mes frais,

L’indifférence réelle ou imaginaire d’un tel ou d’une telle de mes amis à mon égard,

La maladie d’un de mes proches ou de moi-même, un malheur, une perte, un manque d’argent, une dépression, un enthousiasme,

Les affres d’une querelle fratricide, l’exagération d’une rumeur, l’ironie des évènements ;

Toutes ces questions m’assaillent nuit et jour puis s’en vont comme elles viennent,

Mais cela n’est pas moi, le Moi réel.



Celui que je suis est toujours à l’écart de la mêlée,

Regarde d’un air amusé, éprouve de la connivence, de la compassion, ne fait rien, se solidarise,

Méprise de toute sa hauteur, se raidit, s’accoude sur le premier support ferme venu,

Tourne son profil de trois quarts, curieux de voir la suite,

A la fois dans le jeu et hors du jeu, simultanément, qu’il contemple avec stupeur.



Du fond du passé me reviennent mes laborieux efforts pour sortir du brouillard à l’aide des sophistes et des linguistes,

Je ne critique ni ne moque personne, je suis un témoin impassible.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Chanson de moi-même, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, pages 67-68

[ distanciation ] [ persona ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nature

(...) il existe, à l'égard de l'animal, ce que l'on peut nommer une "éthique en cercles concentriques", axée sur l'homme, et organisée en couronnes successives correspondant à des obligations morales de degrés décroissants. (...) En s'éloignant du centre, les cercles d'attention se transforment en cercles de désintérêt, puis de répulsion. Le sentiment d'obligation morale s'amenuise peu à peu : il se traduit notamment dans la distinction arbitraire établie entre animaux dits "supérieurs" et animaux "inférieurs", entre animaux dits "méchants" ou "gentils", "beaux" ou "laids", ou "sales", "nuisibles" ou "utiles". (...) Les animaux passent ainsi du statut d'être vivant sensible, proche, digne de compassion, d'assistance, de respect, à celui d'objet, voire à celui d'ennemi.
Cette éthique en quelque sorte sélective et manquant de rationalité conduit à des attitudes paradoxales et presque incohérentes. Tel homme qui combattra la consommation de la viande de cheval ("Moi j'aime les chevaux, j'en mange pas !"), pourra aller se délecter d'une tranche de gigot d'agneau après avoir distribué ses tracts militants. Tel autre, qui ne supporte pas que l'on bouscule son chien qu'il aime, ira à coups de fusil tuer des oiseaux en plein vol, ou farcir un lièvre de plomb. Tel autre est révolté par l'expérimentation conduite sur un chat, ou un singe, mais reste indifférent au sort de dizaines de millions de souris et de rats.
C'est précisément à cette éthique sélective et irrationnelle que s'opposent les "droits" de l'animal, dont le respect conduit l'homme à manifester à l'égard des autres animaux empathie, compréhension, ou au moins tolérance, et à bannir toute contrainte, toute violence et toute cruauté.

Auteur: Coulon Jean-Marie

Info: Les droits de l'animal

[ anthropocentrisme ] [ végétarien ]

 

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