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parallèle

Le christianisme au XVIe siècle, c’était l’air qu’on respirait bien davantage que des dogmes ; c’étaient des cérémonies, des traditions et des rites qui accompagnaient les individus de la naissance à la mort. Baptême, processions, messes de requiem, sacrement du mariage : toutes les journées, tous les actes de toutes les vies étaient […] saturées de religion. Les heures elles-mêmes, sonnées par les églises, parlaient chrétien. Aujourd’hui l’homme des villes, par ses fenêtres ouvertes, l’été, peut entendre s’égrener dans les appartements voisins la musique annonciatrice des informations, les jingles précédant la pub, les génériques ronflants ou primesautiers des émissions de l’après-midi ou celles du prime-time. Le fond de l’air parle média. La succession invariable des prières et des offices est remplacée par celle des jeux, des débats et des films. […] Les processions obligatoires contre la peste, la sécheresse ou les invasions de mulots ont leur équivalent dans les émissions sur le sida, la mucoviscidose, le trou de la couche d’ozone ou les inondations de Vaison-la-Romaine. On pourrait assez facilement montrer que le Spectacle imprègne la vie des hommes de façon à peu près aussi complète que le faisait la religion jadis.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le portatif", pages 21-22

[ paradigme ] [ scander ] [ conditionnement ] [ renaissance française ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

Tu sais comment ton cerveau se transforme en bouillie ? Ça commence quand tu es enceinte ? Tu ris, pleine d'émerveillement et de ruminations, et tu te réprimandes : "Moi et mon cerveau de femme enceinte !"  Et puis tu accouches et ton cerveau ne retrouve pas sa place. Mais tu allaites, alors tu ris, comme si tu étais membre d'un club exclusif ? Moi et mon cerveau maternel ! Puis tu arrêtes d'allaiter et la terrible vérité s'impose : Ton cerveau normal ne reviendra jamais. Tu as changé ton vocabulaire, ta lucidité et ta mémoire... contre la maternité. Tu sais, quand tu te retrouves au milieu d'une phrase et que tu te rends compte que tu auras besoin d'un certain mot et que t'y arrives pas, mais t'es en plein dedans, tu fonces et puis tu t'arrêtes parce que t'es arrivée à la fin, et le mot n'est pas là ? Et c'est pas même un mot à dix dollars, comme polémique ou shibboleth, mais un mot à deux dollars, comme caractéristique, ce qui fait que tu finis par dire "incroyable" ?

C'est ainsi qu'on rejoint la bande de crétins qui qualifient tout de génial*.

Auteur: Semple Maria

Info: Today Will Be Different. *amazing

[ routine communautaire ] [ poncif ] [ manie ] [ réflexe ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

babas cool

Je quittai le cottage et Tucson après une prise de bec avec Webb au sujet des hippies. Non que le solitaire que j’étais éprouvât une tendresse particulière pour ces mectons. Qui venaient de se rendre compte, nuance, qui ne découvraient que maintenant, que la guerre était une saloperie, que passer quarante ou quarante-huit heures par semaine à faire un métier en tous points détestable vous foutait en l’air, et que le mariage était un piège tout aussi mortel. Je n’éprouvais toutefois pas la pleine petite envie de me joindre à eux. Outre qu’ils avaient un train de retard, les hippies adoraient se rassembler pour former de grandes rondes et gueuler leur mécontentement. Ah oui, parlons des drogues ! Qu’avaient-elles de si sensationnel ? J’en prenais lorsqu’on m’en offrait – amphétamines, barbituriques, antidépresseurs, LSD. Tout m’allait. Je les avalais sans faire mon délicat, mais je ne planais pas très longtemps. […]
Il découle de tout cela que je n’avais rien à voir avec ces hippies qui chantaient LOVE LOVE LOVE. De plus, ça sonnait comme un ordre, et mon poil se hérissait dès qu’on essayait de m’en donner. Aussi me tenais-je à bonne distance des hippies.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", pages 173-74

[ moquerie ] [ mouvement ] [ beat generation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femme-objet

On a souvent demandé ma main. Chaque fois ma famille fait pression sur moi pour que j’accepte de voir le fiancé. Je refuse et me dispute mais à la fin je suis obligée de le rencontrer. Le fiancé est généralement très élégant lorsqu’il arrive à la maison, très infatué de lui-même et très confiant à cause de l’argent dont ses poches sont pleines. Il s’empresse de m’informer en quelques phrases de l’étendue de ses possessions : une voiture de luxe (une Mercedes ou une BMW), une villa sur la côte nord et une autre à Aïn Sokhna en plus d’un appartement luxueux de trois cents mètres carrés sur deux étages, généralement situé à Medinat Nasr18. Après avoir étalé sa fortune, le futur marié commence à évaluer la marchandise (c’est-à-dire moi). Je sens que ses yeux examinent soigneusement chaque recoin de mon corps. On ne peut pas le lui reprocher : l’homme va payer une dot importante pour avoir la possibilité de jouir de mon corps (c’est la définition du contrat de mariage selon certains livres de jurisprudence religieuse). N’a-t-il pas le droit d’inspecter ce corps pour s’assurer qu’il place son argent au bon endroit ?

Auteur: El Aswany Alaa

Info: J'ai couru vers le Nil

[ islam ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

contraste

Camille notre ainée allant faire irruption dans le monde, nous nous sommes décidés à nous unir devant les autorités. Principalement pour des raisons financières il faut bien le dire. Nos parents étaient contents, avec un regret non dissimulé par certains quant au fait que nous ne passerions pas devant un homme d'église. Mais tout cela était gommé de loin par le fait que les deux familles n'avaient jamais imaginé que leurs étranges volatiles se caseraient jamais. Fut donc organisée une petite fête informelle au refuge de Saint-Cierges, les deux familles au complet, chacun amenant partie des agapes et Denis, un de mes beaux-frères, chanta et joua un peu de guitare.
Ses parents ouvriers paysans, les miens intellos-bourgeois-aristo, le contraste était bien marqué. Mais tout se passa fort bien.
Au sortir de la fête, mon père, qui avec maman avait participé le jour précédent à un mariage prout-prout chez des amis proches (L'union d'un fils de banquiers-gros-propriétaires, devenu banquier lui-même, avec une fille d'avocat... devenue avocate !) ne put s'empêcher d'évoquer les deux célébrations.
Je sais qu'il fut profondément sincère en exprimant sa nette préférence pour notre convivial pique-nique forestier. Ici il y avait du coeur.

Auteur: Mg

Info: 10 juin 2013

[ sociologie ]

 

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renaissance

Il y avait des plaisirs dont le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia) n'entendait pas se priver, tout pape qu'il était, et cela parce que son tempérament le commandait, parce qu'il était avant tout un corps et après seulement une âme.
Pourvu qu'il exerçât sérieusement, intelligemment, efficacement, les fonctions qui étaient les siennes, maintenant, Alexandre VI estimait que personne n'avait de remarque à faire sur sa vie privée.
Ce qu'on lui demandait, c'était d'être un bon pape, d'augmenter la puissance de l'Eglise, de la protéger contre tous les dangers qui la menaçaient, d'y faire régner la discipline, d'accroître ses biens temporels.
Pour le reste, qu'il eût des maîtresses ou non, cela ne regardait que lui.
(...)
Il est temps maintenant d'établir ses quatre enfants.
L'aîné, César, qui a dix-huit ans au moment où Alexandre VI monte sur le trône de Saint Pierre, est considéré par lui comme le "dauphin". César sera d'"Eglise" et, suivant les ambitions dynastiques de son père, pape après lui, comme celui-ci l'est devenu après la mort de son oncle Calixte III.
Restent à pourvoir deux garçons, Joffre et Juan, et une fille, Lucrèce.
Trois mariages politiques en perspective, donc, qui consolideront la dynastie.

Auteur: Brion Marcel

Info: Les Borgia : Le Pape et le Prince

[ religion ] [ sexe ] [ famille ] [ historique ]

 

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nord-sud

Rochambeau met en oeuvre une politique de massacres et de terreur qui inaugure la violence qu'on retrouvera dans toutes les guerres coloniales, une violence à une autre échelle et qui n'obéit pas aux mêmes règles que celles des guerres européennes, une violence dirigée vers des populations en tant que telles, présumées soutien de l'ennemi. [...] A cela s'ajoutent des tortures et des exécutions de prisonniers, et un projet emblématique d'une barbarie qui n'a plus de bornes. Rochambeau confie à l'un de ses subordonnés, Noailles, la mission d'acheter aux colons espagnols de Cuba, qui dressent spécialement des chiens à la chasse aux nègres, 1500 de ces animaux avec l'intention de les affamer pour les rendre plus efficaces. Il écrit le 5 avril 1803 à Ramel, un autre officier : "Je vous envoie, mon cher commandant, un détachement de cent cinquante hommes de la garde nationale du Cap, commandés par M. Bari, il est suivi de vingt-huit chiens bouledogues. ces renforts vous permettront à même de terminer entièrement vos opérations. je ne dois pas vous laisser ignorer qu'il ne vous sera passé en compte aucune ration, ni dépense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur donner des nègres à manger."

Auteur: Manceron Gilles

Info: Marianne et les colonies : Une introduction à l'histoire coloniale de la France

[ impérialisme ]

 
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nord-sud

Dans toute l'histoire de la colonisation; l'Algérie est un cas unique. Aucune autre conquête n'a nécessité l'envoi d'une armée aussi nombreuse ni été marquée par des opérations militaires aussi longues et aussi meurtrières. [...] Les hostilités reprennent en mai 1841 et, comme celle de 1954 à 1962, au siècle suivant, la guerre durera sept ans. [...] Saint-Arnaud, placé sous ses ordres, écrit de son côté, en mai 1841 : "Nous avons pris des troupeaux, brûlé tout ce s'est trouvé sous nos pas... Nous resterons jusqu'à la fin juin à nous battre dans la province d'Oran et à y ruiner toutes les villes, toutes les possessions de l'émir.. Partout, il trouvera l'armée française, la flamme à la main." En avril 1842, Saint-Arnaud fait tout brûler entre Miliana et Cherchell. Il écrit : "Nous tirons peu de coups de fusil, nous brûlons tous les douars, tous les villages, toutes les cahutes." Un peu plus loin : "Le pays des Beni-Menasser est superbe et l'un des plus riches que j'ai vus en Afrique. Les villages et les habitations sont très rapprochés. Nous avons tout brûle, tout détruit. [...] Que de femmes et d'enfants, réfugiés dans les neiges de l'Atlas, y sont morts de froid et de misère."

Auteur: Saint-Arnaud Armand Jacques Achille Leroy de

Info: in Marianne et les colonies : Une introduction à l'histoire coloniale de la France de Gilles Manceron

[ impérialisme ]

 

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impatience

Le temps passa. Léon se gardait bien de toucher aux illustrés et aux livres disposés sur la tache ; à l’exemple de tous les autres clients, il ne pensait pas, - développant à son comble la puissance majestueuse qu’il avait de ne s’intéresser à rien. Après vingt-cinq minutes, personne n’avait été introduit dans le cabinet, des idées injurieuses traversèrent M. de Coantré : "Gibout est en train de faire l’amour avec sa femme", ou "Il lit son journal, et ne nous laisse moisir que pour faire croire qu’il est surchargé de travail", ou : "Il est occupé à des recherches nobiliaires visant à découvrir lequel des deux se mésallie, dans le mariage de la carpe et du lapin." Il s’apercevait qu’il n’avait que manque d’estime et malveillance pour cet homme entre les mains duquel il venait mettre sa vie ; il ne lui pardonnait pas de ne l’avoir pas pris au sérieux ; peut-être ne lui pardonnait-il pas davantage sa santé, ses enfants, son argent. Un silence de salle de baccarat régnait dans le salon, et sur les visages un abrutissement bovin : nul, semblait-il, ne trouvait à redire à cette attente prolongée, comme si la prostration actuelle de ces gens ne différait que peu de l’état qui leur était ordinaire.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 283-284

[ médecin ] [ animosité ] [ résignation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

poème

Ce jour-là, quand je t'ai vue,
j'étais comme quand on regarde le soleil;
j'avais un grand feu dans la tête,
je ne savais plus ce que je faisais,
j'allais tout de travers comme un qui à trop bu,
et mes mains tremblaient.

Je suis allé tout seul par le sentier des bois,
je croyais te voir marcher devant moi,
et je te parlais,
mais tu ne me répondais pas.

J'avais peur de te voir, j'avais peur de t’entendre,
j'avais peur du bruit de tes pieds dans l'herbe,
j'avais peur de ton rire dans les branches;
et je me disais:" Tu es fou,
ah! si on te voyait, comme on se moquerait de toi!"
Ca ne servait à rien du tout.

Et, quand je suis rentré, c'était minuit passé,
mais je n'ai pas pu m'endormir.
Et le lendemain, en soignant mes bêtes,
je répétais ton nom, je disais:" Marianne..."
Les bêtes tournaient la tête pour entendre;
je me fâchais, je leur criais:" Ça vous regarde ?
allons, tranquilles, eh! Comtesse, eh l la Rousse."
et je les prenais par les cornes.

Ça a duré ainsi trois jours
et puis je n'ai plus eu la force.
Il a fallu que je la revoie.
Elle est venue, elle a passé,
elle n'a pas pris garde à moi.

Auteur: Ramuz Charles-Ferdinand

Info: Le Petit Village

[ pensée-d'homme ] [ femmes-hommes ]

 

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