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idiomes musiques

Au commencement était le verbe nous disent les anciens. Pour moi, celui du commencement fut roumain. Le médecin et ceux qui avaient veillé sur ma difficile naissance parlaient le roumain. Chez moi, on parlait roumain, je passais la majeure partie de mon temps avec Maria, la jolie fille de paysans qui s’occupait de moi et m’adorait en roumain. Ce n’était, certes, pas la seule phonétique de mon environnement. Dans la Bucovine d’avant la dernière guerre mondiale, on parlait l’allemand, le yiddish, l’ukrainien, le polonais et un étrange mélange de slave, caractéristique des Ruthènes. La grande guerre fratricide entre le yiddish, la langue de l’exil, plébéienne, laïque, et l’hébreu sacré, élitiste, connut, ne l’oublions pas, son heure dramatique à la Conférence de Czernowitz en 1908, quand la victoire solennelle du yiddish (" les Juifs sont un seul peuple, leurs langues est le yiddish") ne pouvait laisser augurer la suprématie spectaculaire et définitive que la création de l’État d’Israël allait assurer quatre décennies plus tard à la langue hébraïque. Lorsque mon grand-père demanda si j’avais des ongles, afin d’évaluer les chances du nouveau-né, je suppose qu’il le fit en yiddish, bien qu’il sût l’hébreu, parlât couramment le roumain, et que dans sa librairie on vendît essentiellement des livres roumains.

À 5 ans, déporté en Transnistrie avec toute la population juive de Bucovine, je ne connaissais que le roumain. Lors de mon premier exode au-delà du Dniestr, la langue roumaine subit l’exil en même temps que moi.

Auteur: Manea Norman

Info: La cinquième impossibilité, p. 45, première page du texte "La langue exilée", 2002

[ judaïsme ] [ enfance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

abus de pouvoir

La vie militaire consiste en ce que l'un a de l'autorité sur l'autre. Le malheur, c'est que chacun a beaucoup trop d'autorité : un caporal peut tourmenter jusqu'à la folie un simple soldat, comme un lieutenant un caporal, et un capitaine un lieutenant. Et, par le fait que chacun connaît son autorité, il s'habitue à en abuser. Prends la chose la plus simple. Nous venons de l'exercice et nous sommes crevés de fatigue : voici qu'on nous commande de chanter. Il en résulte un chant très peu animé, car chacun est content d'avoir encore tout juste assez de force pour traîner son barda. Et alors la compagnie fait demi-tour et, comme punition, doit exécuter une heure d'exercice supplémentaire. Au retour, l'ordre de chanter est renouvelé : on chante pour de bon. À quoi ça rime-t-il ? Le commandant de compagnie en a fait à sa tête parce qu'il a de l'autorité. Personne ne le critiquera, au contraire il passera pour énergique. D'ailleurs, ce n'est là qu'une babiole ; il y a des procédés bien plus catégoriques pour vous en faire baver. Maintenant, je vous le demande : un civil aura beau être ce qu'il voudra, quelle est la profession dans laquelle il pourra se permettre des choses pareilles sans qu'on lui casse la figure ? Cela n'est possible que dans la vie militaire. Vous voyez bien à présent : cette autorité monte à la tête des gens. Et d'autant plus que, dans le civil, ils ont moins à dire !

Auteur: Remarque Erich Maria

Info: À l'ouest rien de nouveau, Chapitre III

[ armée ] [ grisante domination ] [ impunité ] [ verticalité hiérarchique ] [ bêtise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

couple

Le mariage est l’incarnation de l’amour : dans l’acte et son fruit, mais bien plus encore dans le quotidien de l’existence. Amour de chair dont la tiédeur s’émeut comme s’épanouit la fleur, et qu’une autre étreinte brise jusqu’au sang pour en délivrer une nouvelle vie. Mais surtout amour fidèle, qui confirme chaque jour la promesse une fois donnée, scellée sur les lèvres de l’adolescente comme elle le sera sur le front du mourant. Amour vivant, qui ne fuit pas la réalité mais l’affronte, sur lequel les ans passent en vain parce qu’il renaît à chaque heure. Un tel lien n’est pas servitude mais liberté. Il permet au jeune homme de dépasser le désir en le comblant, et de découvrir enfin, grâce à l’amour d’une femme, la camaraderie et l’amitié avec les femmes. Le vrai mariage n’absorbe pas l’homme dans la société, en en constituant une à sa mesure il l’aide à se maintenir seul en le sauvant du désespoir de l’être. Là est l’unique lieu humain où il puisse parler à autrui comme à soi-même, expliciter une solitude en termes de langage : du moins s’il le tente. Alors le foyer est celui qui ranime, la maison, la forteresse d’où repart l’assaut. La vie conjugale se fige vite en habitudes, mais s’il y a mariage elles sont détruites par le mouvement qui porte la personne vers la personne. Le bonheur est puissance de joie, et la joie éclate. Il n’est pas un terme, mais un départ pour un malheur plus haut.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 97

[ femme-homme ] [ éloge ] [ fidélité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

miracle

La Lituanie connaissait de graves émeutes iconoclastes et les élites des territoires polonais limitrophes étaient séduites par les thèses luthériennes. C'est dans ce contexte qu'intervint, au début du XVIIe siècle,une apparition de la Vierge à Siluva. La province était devenue presque entièrement protestante. Il ne restait plus que sept prêtres catholiques. Nombres d'églises avaient été détruites. Celles qui étaient transformées en temples calvinistes étaient vidées de leur "image" (tableaux et statues de la Vierge et des saints). L'église de Siluva avait été incendiée et entièrement rasée mais les catholiques avaient pu sauver un tableau représentant la Vierge Marie. pour qu'il échappe à la destruction, le tableau avait été mis dans une caisse en fer et enterré. Des décennies plus tard, alors que les catholicisme n'avait toujours pas retrouvé droit de cité, la Vierge Marie apparut aux bergers du village qui faisaient paître leurs bêtes à l'endroit même où se dressait jadis l'église. La Vierge apparut en pleurs, portant dans ses bras l'Enfant-Jésus. Elle demanda:"Pourquoi laboure-t-on cette terre ? A-t-on oublié que jadis ici l'église où mon fils fut adoré ?". La nouvelle se répandit dans la région, nombre de personnes voulurent voir l'endroit du miracle. Certaines virent, eux aussi, la Vierge Marie. On fouilla le terrain, on retrouva le tableau. En quelques années la région entière abjura le protestantisme, l'église de Siluva fut reconstruite et le tableau retrouvé fut placé sur le maître-autel. Le sanctuaire de Siluva est, aujourd'hui encore, un des sanctuaires marials les plus célèbres de Lituanie.

Auteur: Chiron Yves

Info: Enquête sur les apparitions de la Vierge, p 127, SILUVA: sanctuaire marial lituanien

[ catholicisme ] [ christianisme ]

 

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femmes-hommes

La polygamie paraît générale chez eux [...]. Comme leur seule passion est l'amour, le grand nombre des femmes est le seul luxe des riches. [...] Ce n'est pas l'usage à Tahiti que les hommes, uniquement occupés de la pêche et de la guerre, laissent au sexe le plus faible les travaux pénibles du ménage et de la culture. Ici une douce oisiveté est le partage des femmes, et le soin de plaire leur plus sérieuse occupation. Je ne saurais assurer si le mariage est un engagement civil ou consacré par la religion, s'il est indissoluble ou sujet au divorce. Quoi qu'il en soit, les femmes doivent à leurs maris une soumission entière : elles laveraient dans leur sang une infidélité commise sans l'aveu de l'époux. Son consentement, il est vrai, n'est pas difficile à obtenir, et la jalousie est ici un sentiment si étranger que le mari est ordinairement le premier à presser sa femme de se livrer. Une fille n'éprouve à cet égard aucune gêne ; tout l'invite à suivre le penchant de son coeur ou la loi de ses sens, et les applaudissements publics honorent sa défaite. Il ne semble pas que le grand nombre d'amants passagers qu'elle peut avoir eu l'empêche de trouver ensuite un mari. Pourquoi donc résisterait-elle à l'influence du climat, à la séduction de l'exemple ? L'air qu'on respire, les chants, la danse presque toujours accompagnée de postures lascives, tout rappelle à chaque instant les douceurs de l'amour, tout crie de s'y livrer.

Auteur: Bougainville Louis-Antoine de

Info: Voyage autour du monde

[ Polynésie ] [ historique ] [ sexualité libre ]

 

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méthode arithmétique

Le premier algorithme à avoir valu à ses créateurs un prix Nobel - formulé à l'origine par deux mathématiciens, David Gale et Lloyd Shapley, en 1962 (Marcus du Sautoy)

(FLP) - Peux-tu m'expliquer simplement l’algorithme de David Gale et Lloyd Shapley  ?

(Reflexity-ai) -  L'algorithme de Gale-Shapley, également connu sous le nom d'algorithme des mariages stables, vise à résoudre le problème d'appariement stable entre deux groupes de taille égale, comme des hommes et des femmes. Voici une explication simplifiée :

1. Chaque personne dans les deux groupes classe tous les membres de l'autre groupe par ordre de préférence.

2. Le processus commence avec tous les membres non appariés.

3. Chaque homme non apparié fait une proposition à la femme qu'il préfère le plus et qui ne l'a pas encore rejeté.

4. Si la femme est libre, elle accepte provisoirement la proposition.

5. Si la femme est déjà engagée, elle compare le nouveau prétendant à son partenaire actuel. Elle reste avec celui qu'elle préfère et rejette l'autre.

6. Le processus se répète jusqu'à ce que tous les hommes soient appariés.L'algorithme garantit que :

- Tous les participants seront appariés.

- Les appariements sont stables, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de paire qui préférerait être ensemble plutôt qu'avec leurs partenaires actuels.

Cet algorithme a des applications bien au-delà des mariages, notamment dans l'attribution des étudiants aux universités, des médecins résidents aux hôpitaux, et dans d'autres systèmes d'appariement. 


Auteur: Internet

Info: 24 juin 2024

[ répartition ] [ outil cybernétique ] [ distribution ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

morale de la forme

Rien n'est plus déréglé que le roman, en ce sens qu'il n'a pas de règles de confection valables de façon générale ; mais, en même temps, rien n'est davantage dominé par le complexe de la norme. Le roman ne peut épouser que lui-même, et ce mariage est monogame, comme il sied à un monothéiste. Mais il y a plus. Le roman est l'Hérode des récits. Il ne peut se dérouler qu'en tuant sans cesse de possibles récits, comme ce Juggernaut (*) qui écrasait les fidèles ; et c'est ce qui fait que les récits se mettent en travers du cours du roman. Quand Don Abondio (**) rencontre les sbires, il doit passer sur le cadavre du récit des sbires - de quoi se sont-ils parlé en venant à cette bifurcation ? - et sur le cadavre du récit qui voulait naître autour de cette petite chapelle peinte d'âmes du purgatoire ; et, peu après, cet "On raconte que le prince de Condé" n'est-il pas l'aveu d'un récit nié, necatus (***) ? En somme, on ne peut écrire un roman qu'en renonçant aux minuscules et répétitives hérésies des récits ; aux monstruosités éphémères ; aux perversions hâtives ; aux notations pour un délire.  Non pas qu'un roman ne puisse être un délire hérétique, monstrueux, pervers ; mais l'hérésie constante se transforme en orthodoxie ; la monstruosité qui perdure se solidifie en une mutation heureusement réalisée ; la perversion accueillie et acceptée devient convenable et comme il faut ; et le délire donne lieu, après trois chapitres, à un nouveau langage, d'une grammaire et d'un lexique robustes.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: in "Le bruit subtil de la prose", éd. du Promeneur, p. 37-38 - (*) Juggernaut : char de procession du dieu Krishna, dont on disait qu'il n'hésitait pas à écraser les fidèles qui se trouvait sur sa route ; (**) Don Abondio : personnage principal des "Fiancés" de Manzoni ; (***) necatus : qui a été tué (latin)

[ littérature ] [ narration ] [ sacrifice ] [ liberté narrative ] [ contraintes narratives ] [ écriture fermeture ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

lien social

Le mariage est certainement la garantie qu’on se libère et devient indépendant de la façon la plus tranchante. J’aurais une famille, le comble de ce qu’on peut atteindre à mon avis, donc aussi le comble de ce que tu as atteint, je serais ton égal, toute honte ancienne et éternellement nouvelle et toute tyrannie ne seraient plus qu’histoire. […] Dans la relation particulière que j’ai avec toi, si j’entends devenir autonome, je dois faire quelque chose qui n’ait, si possible, pas le moindre rapport avec toi ; me marier est certes ce qu’il y a de plus grandiose et qui confère l’autonomie la plus honorable, mais c’est en même temps en rapport très étroit avec toi. Vouloir emprunter cette issue a par conséquent quelque chose de fou, et chaque tentative s’en trouve quasi sanctionnée.

Ce rapport étroit contribue aussi, en partie, à me rendre le mariage séduisant. Je m’imagine l’égalité de condition qui serait alors instaurée entre nous et que tu pourrais comprendre comme aucune autre, d’autant plus belle, précisément, que je pourrais alors être un fils libre, reconnaissant, non coupable, franc du collier, et toi un père que rien n’oppresserait, non tyrannique, empathie, content. […]

Mais tels que nous sommes, le mariage m’est fermé à clef, du fait même que c’est le domaine qui est le plus le tien. Parfois, je me représente la carte du monde dépliée et toi couché dessus en travers. Et j’ai alors le sentiment que ma vie ne serait envisageable que dans les régions que tu ne recouvres pas ou bien qui sont hors de ta portée.

Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre au père, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, éditions Gallimard, 2023, pages 84-85

[ signification ] [ émancipation ] [ père-fils ] [ impossible ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

infigurable

Et si nous revenons à la solitude, il devient de plus en plus clair qu'elle n'est pas une chose qu'il nous est loisible de prendre ou de laisser. Nous sommes solitude. Nous pouvons, il est vrai, nous donner le change et faire comme si cela n'était pas. Mais c'est tout.

Comme il serait préférable que nous comprenions que nous sommes solitude ; oui : et partir de cette vérité ! Sans nul doute serons-nous alors pris de vertige, car tous nos horizons familiers nous aurons échappé ; plus rien ne sera proche, et le lointain reculera à l'infini. Seul un homme qui serait placé brusquement, et sans y avoir été aucunement préparé, de sa chambre au sommet d'une haute montagne, éprouverait quelque chose de pareil : une insécurité sans égale, un tel saisissement venu d'une force inconnue, qu'il en serait presque détruit. S'il imaginait qu'il va tomber, ou être jeté dans l'espace, ou encore éclater en mille morceaux, quel monstrueux mensonge son cerveau devrait-il inventer pour qu'il puisse recouvrer ses sens et les mettre en ordre ! Ainsi pour celui qui devient solitude, toutes les distances, toutes les mesures changent.

Beaucoup de ces changements sont subits. Comme chez cet homme au sommet de la montagne, naissent en lui des images extraordinaires, des sentiments étranges qui semblent défier sa résistance. Mais il est nécessaire que nous vivions cela aussi. Nous devons accepter notre existence aussi complètement qu'il est possible.

Au fond, le seul courage qui nous est demandé est de faire face à l'étrange, au merveilleux, à l'inexplicable que nous rencontrons.

Auteur: Rilke Rainer Maria

Info:

[ réel ] [ radicalement autre ] [ changement de point de vue ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

insaisissable

Athlète de l'esprit, il renvoie chaque question qu'on lui pose. Il la décortique, la déconstruit, en redéfinit les termes et finit par répondre à côté. Une pointe d'ironie, pas plus: on n'est pas là pour rigoler. La conclusion d'un raisonnement est couronnée par un café, une cigarette ou une gorgée de bière. De cet étrange échange, on retiendra quatre mises au point.
1. Il s'étonne qu'on s'étonne. Il refuse de considérer l'expérience de vie menée à Tarnac comme "différente" puisque cela reviendrait à reconnaître comme "normale" une société où règnent les rapports salariaux, l'institution du mariage, la consommation à tout-va, l'absence d'entraide au quotidien... Il assure que de nombreuses autres zones rurales sont le théâtre d'expériences comparables.
2. Il récuse l'image post-hippie ou néo-baba cool qu'une "certaine élite parisienne" (entendre: les grands médias) a, selon lui, plaquée sur les jeunes gens du Goutailloux. Ni nostalgie d'une utopie soixante-huitarde, ni retour à la terre romantique dans leur démarche.
3. Il juge l'idée de communauté fausse et réductrice. Ses amis et lui ont certes un "horizon du monde" en commun mais ne se sentent pas appartenir à une entité très définie qui, craignent-ils, fonctionnerait comme un surmoi. Des discussions, des textes, des manifestations doivent permettre de ne pas perdre de vue cet "horizon du monde".
4. L'enjeu du moment - et c'était déjà le cas en prison - est de ne pas se radicaliser. Selon lui, les politiques antiterroristes menées par les Etats occidentaux essaient d'acculer les tenants d'opinions dissidentes à la paranoïa, au durcissement et à la clandestinité. Céder, martèle-t-il, serait une bêtise. Et il écrase sa cigarette.

Auteur: Deslandes Mathieu

Info: sur Julien Coupat

[ contre-pouvoir ] [ subversion ] [ révolution ]

 

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