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philosophe musicien
C’est au tournant du XXe siècle, après soixante-dix ans d’abandon, que l’œuvre de Rousseau comme compositeur fut redécouverte. Son Devin du village fut pourtant l’un des succès publics les plus intenses et durables de la scène lyrique, donné sans interruption de 1752 à 1829 ; tandis que son Dictionnaire de musique, publié en 1767, constitua le modèle et le réservoir de tout travail de lexicographie musicale ultérieur.
L’authenticité de ses facultés de musicien (auditeur, compositeur, " musicologue " et musicographe) est au cœur des ultimes pages autobiographiques et, notamment, de cet étonnant texte Rousseau juge de Jean-Jacques. À défendre sa paternité du Devin du village, il applique plus d’effort qu’à toute autre cause et justification. Comme Rousseau lui-même dans cet écrit, il faut donc envisager la musique comme véritablement fondatrice de sa vie, de son œuvre et de sa personne.
L’artisan musicien
Tout au long de ses Confessions, Rousseau se décrit comme un musicien de métier et ne se satisfait jamais d’être tenu pour un amateur inexpérimenté. Dès l’adolescence, il étudia l’art des sons ; jeune homme, il l’enseigna et l’exécuta ; enfin de 1750 à ses dernières années, il exerça une activité de copiste. Et il composa, rencontrant pour ces productions musicales des réactions du public aussi passionnées que pour ses écrits politiques, pédagogiques ou romanesques.
Pour l’adolescent nomade, la musique fut la seule matière d’études " encadrées ". Il chanta six mois, en 1729, dans la maîtrise de la cathédrale d’Annecy, bénéficiant de l’enseignement de Louis-Nicolas Le Maître. Puis il poursuivit en autodidacte l’apprentissage de la musique : la pratiquant avec des amateurs provinciaux (il chantait, jouait de la flûte et du clavecin, lors des " concerts " organisés aux Charmettes), en étudiant la théorie au travers de traités italiens et, surtout, des écrits de Rameau dont il " dévora ", selon ses propres termes, le Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels. Il s’occupa à enseigner la musique à de jeunes filles de la noblesse ou de la bourgeoisie savoyardes. Cette activité stimulait déjà son intérêt pour la pédagogie et suscitait de premières réflexions relatives à la notation musicale, de sorte qu’un Projet concernant de nouveaux signes pour la musique était prêt pour être remis à l’Académie des Sciences en 1742 à son arrivée à Paris.
De cette opiniâtreté à maîtriser l’écriture de la musique participe également sa longue pratique du métier de copiste. Il devint même sa seule source de revenus dans la dernière partie de sa vie. Il tenait à jour un registre de ses travaux, signait chacun de ses initiales et le numérotait par une combinaison de lettres et de chiffres. Du 1er avril 1772 au 22 août 1777, il dénombra ainsi 360 copies équivalant à 8 343 pages. En matière de calligraphie musicale, Rousseau a voulu également innover et clarifier, cherchant à retrouver la méthode " d’écrire par sillons, pratiquées par les anciens Grecs […] J’ai écrit de cette manière beaucoup de Musique […] m’attachant toujours à cette constante règle, de disposer tellement la succession des lignes et des pages, que l’œil n’eût jamais de saut à faire, ni de droite à gauche, ni de bas en haut. " (Lettre à M. Burney)
De la musique, Jean-Jacques Rousseau en composa et sa première notoriété dans la société parisienne fut musicale. À trente ans, il s’installait dans la capitale avec dans ses bagages quelques compositions. Après un séjour à Venise où il avait reçu la révélation de la vocalité italienne, il reprenait un acte de ses Muses galantes qu’il avait placées sous l’autorité alors révérée de Rameau et le faisait entendre chez le fermier général La Pouplinière, en septembre 1745. Rousseau y récoltait l’enthousiasme du monde mais l’hostilité du " maître " : selon Les Confessions, " Rameau prétendit ne voir en moi qu’un petit pillard sans talent et sans goût. " Flatté par l’un et irrémédiablement meurtri par l’autre, il persévérerait dans la composition et entreprendrait d’investir la sphère de la critique et de la théorie musicales. Avec Le Devin du village, créé en 1752, il obtient véritablement la gloire. Des reprises régulières à l’Académie royale de musique attestent d’un réel engouement du public pour cet ouvrage.
Dans ces mêmes années où Rousseau est un homme à la mode, il compose pour Mademoiselle Fel qui tenait les premiers rôles à l’Opéra, un Salve Regina exécuté au Concert spirituel, autre institution phare de la vie culturelle française. La musique occupera toujours le proscrit et contempteur du genre humain qu’il est devenu après la condamnation de l’Émile par le Parlement de Paris en juin 1762. En 1770, il l’honore en participant, comme auteur du texte, à la création d’une œuvre d’un genre musical inédit, le mélodrame Pygmalion. Représenté, sans son assentiment, par la Comédie-Française le 31 octobre 1775, l’ouvrage impressionne une fois encore et inaugure une formule qu’adopteront les musiciens romantiques de Beethoven à Schumann ou Liszt.
Le dernier Rousseau, consacré tout entier à l’autodéfense et à l’introspection, a dressé le catalogue de ses œuvres musicales et l’a confié au Marquis de Girardin qui l’avait accueilli à Ermenonville. On y relève le 1er acte et des airs pour le 2e d’un autre opéra, Daphnis et Chloé, de nouveaux airs pour Le Devin du village (qui furent intégrés à la reprise de 1779 à l’Opéra), 83 chansons, 10 ariettes et 3 duos, des motets. Les manuscrits de ces œuvres furent réunis en un recueil déposé à la Bibliothèque royale et elles furent publiées en 1781 sous le titre des Consolations des misères de ma vie.
Le philosophe musicographe
C’est à Rousseau que Diderot et d’Alembert confient dès 1747, la rédaction des articles " techniques " sur la musique pour l’Encyclopédie. Ils lui valurent une nouvelle réaction hostile de la part de Rameau exprimée dans les Erreurs sur la musique dans l’Encyclopédie et entraînèrent une série de contrefeux polémiques (dont la célèbre Lettre sur la musique française) avant d’être repris et complétés pour composer le Dictionnaire de musique.
Au-delà du seul pittoresque de cette querelle entre vedettes de la vie culturelle parisienne, Rousseau inaugure et attise une nouvelle étape dans la controverse séculaire engagée autour des mérites comparés de la langue (élément sonore et véhicule d’idées) et de la musique. Rameau est alors considéré comme le représentant du génie français pour avoir inscrit l’art musical dans un système rationnel et universel fondé sur les lois scientifiques de la résonance du corps sonore. Toute sa théorie est fondée sur l’harmonie. Rousseau au contraire défend la primauté de la mélodie sur l’harmonie. Selon lui, le principe harmonique défini par Rameau est inadéquat à rendre compte de la totalité du phénomène sonore puisqu’il impose l’artifice réducteur du " tempérament " qui assimile des sons de tonalités différentes et cristallise toutes les tonalités dans les seuls modes majeur et mineur. Mais surtout, il est inapte à expliquer les ressources rhétoriques et expressives du langage musical. " L’Harmonie est une cause purement physique ; l’impression qu’elle produit reste dans le même ordre ; les accords ne peuvent qu’imprimer aux nerfs un ébranlement passager et stérile. […] Les plus beaux accords, ainsi que les plus belles couleurs, peuvent porter aux sens une impression agréable et rien de plus. Mais les accents de la voix passent jusqu’à l’âme ; car ils sont l’expression naturelle des passions, et en les peignant ils les excitent. C’est par eux que la Musique devient oratoire, éloquente, imitative, ils en forment le langage ; c’est par eux qu’elle peint à l’imagination les objets, qu’elle porte au cœur les sentiments. " (Jean-Jacques Rousseau, Examen de deux principes avancés par Monsieur Rameau dans sa brochure intitulée " Erreurs sur la musique dans l’Encyclopédie ")
L’écho de cette discussion fut considérable. Les positions théoriques de Rameau étaient fixées depuis plus de vingt-cinq ans et elles avaient donné lieu à nombre de commentaires savants et d’écrits de vulgarisation qui leur assuraient la force de l’autorité. En revanche, celles de Rousseau ne connaissaient ni codification, ni finition. Jusqu’aux articles de l’Encyclopédie, elles ne se s’étaient exprimées que fragmentairement. Il y avait, de même, une disparité considérable entre Rameau et Rousseau compositeurs : au professionnel et au savant s’opposait le philosophe et le musicien débutant. Sa pratique personnelle de musicien représentait d’ailleurs pour Rousseau une première forme de lutte contre l’arrogance technique de la musique. Selon lui, elle ne doit pas être confisquée par les seuls spécialistes. On ne s’étonne pas que les premiers travaux musicaux de Rousseau aient cherché à simplifier l’écriture musicale pour la rendre accessible à tous.
La priorité de la mélodie sur l’harmonie que Rousseau martèle, comme celle de la musique sur la langue, est celle du sentiment sur la raison, de l’éthique sur la physique, de la signification sur le signe. Il y applique ce mouvement rétroactif propre à toute sa pensée qui fait de la reconstruction volontaire d’un idéal primitif la solution aux déchirures du réel et contradictions de la pensée. C’est ainsi qu’il faut interpréter le concept d’unité de mélodie, véritable contrat musical, qui, au-delà du seul contexte de la musique, représente un nœud du système de penser de Rousseau. " L’harmonie, qui devait étouffer la mélodie, l’anime, la renforce, la détermine : les diverses parties, sans se confondre, concourent au même effet ; et quoique chacune d’elles paraisse avoir son chant propre, de toutes ces parties réunies on n’entend sortir qu’un seul et même chant. C’est là ce que j’appelle unité de mélodie. " (Dictionnaire de musique : " Unité de mélodie ")
On a moqué le goût immodéré de Jean-Jacques pour les airs naïfs et pastoraux mais souvent négligé le cas qu’il fait du " récitatif obligé ", seul apte à rendre la violence ou l’ineffable des passions. Il sait donner " à la parole tout l’accent possible et convenable à ce qu’elle exprime, et jeter dans les ritournelles de la symphonie toute la mélodie, toute la cadence et le rythme qui peuvent venir à l’appui. " (Fragments d’observations sur l’Alceste italien de M. le Chevalier Gluck) On mesure l’impact immédiat qu’eut cette pensée de la musique au fait que Gluck, annonçant son arrivée à Paris et sa réforme, elle aussi controversée, de l’opéra, se plaça sous l’autorité de Jean-Jacques Rousseau. Il voulut le rencontrer et lui demanda de publier son jugement sur Alceste. Ce furent les derniers textes publics du philosophe sur la musique. Mais dans le dialogue avec lui-même que transcrivent ses œuvres ultimes, la musique est présente. Cette voix qui fonde l’humanité est aussi voix de la conscience, celle qui fonde l’être.
L'homme mélomane
La conscience de soi qu’il éprouve et qui nourrit toute sa production littéraire s’exprime dans la musique, remémorative, consolatrice, thérapeutique.
Son entrée dans le monde qu’il se rappelle sans cesse est placée sous le signe de la musique. Elle lui a été instillée avec les airs que lui chantait sa tante Suzon (souvenir des Confessions). " Je suis persuadé que je lui dois le goût ou plutôt la passion pour la musique qui ne s’est bien développée en mois que longtemps après. "
Une quête de l’identité ou du temps perdus croise toujours un souvenir musical, comme cet air évoqué dans le Dictionnaire de musique : " Le célèbre Ranz des vaches, cet Air si chéri des Suisses qu’il fut défendu sous peine de mort de le jouer dans leurs Troupes, parce qu’il faisait fondre en larmes, déserter ou mourir ceux qui l’entendaient, tant il excitait en eux l’ardent désir de revoir leur pays. "
Quand il décrit dans La Nouvelle Héloïse, faute de le vivre, un idéal de sociabilité et de bonheur, Rousseau romancier associe la musique à la rusticité, la frugalité et l’égalité qui entourent les vendanges sur les rives du Lac de Genève. " Après le souper on veille encore une heure ou deux en taillant du chanvre ; chacun dit sa chanson tour à tour. Quelquefois les vendangeuses chantent en chœur toutes ensemble, ou bien alternativement à voix seule et en refrain. La plupart de ces chansons sont de vieilles romances dont les airs ne sont pas piquants ; mais ils ont je ne sais quoi d’antique et de doux qui touche à la longue. "
La fiction, les souvenirs, les rêveries, sont des remèdes au sentiment de persécution ; les véritables consolations des misères de sa vie résident sans aucun doute dans ces musiques composées et tracées par la main de Rousseau.
Auteur:
Giuliani Elizabeth
Années: 1950 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: musicologue
Continent – Pays: Europe - France
Info:
https://gallica.bnf.fr/essentiels/rousseau/lettre-musique-francaise/rousseau-musique
[
helvètes
]
[
écrivain
]
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protestantisme
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catholicisme
]
confrontation
Face à des gens qui ont du pouvoir et qui aiment l'utiliser, je deviens une personne différente, plus méchant et proche de la bassesse.
Auteur:
Hoeg Peter
Années: 1957 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Smilla's Sense of Snow
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durcissement
]
portrait
Certains croient à la psychologie. Pas moi. Tout n’est que biochimie sur un substrat d’effets d’électronique quantique. Thorkild Hegn a dû être produit en dissolvant un baquet plein de chefs de service, de lieutenants-colonels et de PDG dans un liquide fortement corrosif. La solution a été réduite par évaporation jusqu’à l’obtention du concentré qui est assis en face de nous.
Auteur:
Hoeg Peter
Années: 1957 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Le Pouvoir de Susan, p 115
[
humour
]
[
patron
]
[
chef
]
[
caricature
]
gratitude
L’amour a quelque chose à voir avec la reconnaissance. Nous pouvons être fascinés par l’inconnu, nous pouvons être attirés par lui, mais l’amour est quelque chose qui grandit, lentement, dans une atmosphère de confiance.
Auteur:
Hoeg Peter
Années: 1957 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
The Quiet Girl
[
affection
]
[
construction
]
Éternel
Le problème que pose la colère envers Dieu, c'est qu'il est impossible de se plaindre en suivant quelque voie hiérarchique.
Auteur:
Hoeg Peter
Années: 1957 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
[
inaccessible
]
idiosynchrasies
Une fois qu'on a compris qu'il n'existe pas de monde extérieur objectif, que notre connaissance du monde n'est qu'une version filtrée et adaptée, il n'y a qu'un pas pour penser que tout individu n'est alors qu'une ombre projetée ; argument supplémentaire pour considérer que chaque personne est en quelque sorte enfermée, isolée derrière son propre appareil sensoriel peu fiable. Il est alors facile de penser que l'homme est fondamentalement seul. Que le monde est constitué de consciences déconnectées, chacune isolée dans l'illusion créée par ses propres sens, baignant dans un vide sans caractéristiques.
Ce n'est pas dit aussi brutalement, mais l'idée est proche. L'homme est fondamentalement seul.
Auteur:
Hoeg Peter
Années: 1957 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Borderliners
[
solitaires
]
[
pessimisme
]
rencontre
Quand on est jeune, on pense que le sexe est le point culminant de l'intimité. Plus tard, on découvre que c'est à peine le début.
Auteur:
Hoeg Peter
Années: 1957 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
[
concrétisée
]
[
femmes-hommes
]
[
adolescence
]
occultisme
Robert Fludd est un des philosophes hermétiques les plus connus et ses ouvrages, nombreux, obscurs, illustrés, pour beaucoup, de magnifiques gravures hiéroglyphiques, ont fortement retenu l’attention ces dernières années. Fludd appartenait en plein à la tradition hermético-cabalistique de la Renaissance, sous la forme qu’elle avait prise dans la lignée de Ficin et de Pic de la Mirandole. Il était imprégné du Corpus hermeticum – qu’il lisait dans la tradition de Ficin – et de l’Asclepius et l’on exagère à peine quand on dit que, presque à chaque page de ses ouvrages, on trouve des citations tirées des œuvres d’ "Hermès Trismégiste". C’était aussi un cabaliste, qui se rattachait à Pic de la Mirandole et à Reuchlin […].
Mais Fludd vivait à une époque où la Renaissance, et son mode de pensée hermétique et magique étaient attaqués par la nouvelle génération des philosophes au XVIIe siècle. L’autorité des Hermetica fut affaiblie quand Isaac Casaubon, en 1614, les data et démontra qu’ils avaient été écrits après la venue du Christ. Fludd ignora totalement cette datation et il continua à considérer les Hermetica comme les écrits effectifs du plus ancien des sages égyptiens. La passion qu’il mit à défendre ses croyances et son point de vue l’engagea dans un conflit ouvert avec les chefs de file de la nouvelle époque. On connaît les controverses qu’il mena contre Mersenne et Kepler et, dans ces controverses, il apparaît sous les traits d’un tenant de la Rose-Croix.
[…] Il [Fludd] arrive très tard dans la Renaissance, à un moment où les philosophies de la Renaissance sont sur le point de céder la place aux mouvements montants du XVIIe siècle, et il élève ce qui est sans doute le dernier grand monument de la mémoire de la Renaissance. Et, à la manière du premier grand monument de cette mémoire, le système de Fludd utilise un théâtre pour en tirer sa forme architecturale.
Auteur:
Yates Frances Amelia
Années: 1899 - 1981
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: F
Profession et précisions: historienne, spécialiste de la pensée magique de la Renaissance
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 446-447
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résumé de l'œuvre
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contexte
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historique
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influences
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altérité
Tout est dans le sens du "comme toi-même" qui achève la formule [tu aimeras ton prochain comme toi-même], et la passion méfiante de celui qui démasque arrête Freud devant ce "comme". C’est du poids de l’amour qu’il s’agit, car il sait que l’amour de soi est bien grand. Il le sait supérieurement, ayant reconnu que la force du délire est d’y trouver sa source : "Sie lieben ihren Wahn wie sich selbst", "ils aiment leur délire comme soi-même".
Cette force est celle qu’il a désignée sous le nom de narcissisme et qui comporte une dialectique secrète où les psychanalystes se retrouvent mal. La voici, (c’est pour la faire concevoir que j’ai introduit, dans la théorie, la distinction proprement méthodique, du symbolique, de l’imaginaire et du réel) : "je m’aime moi-même" sans doute, et de toute la rage collante où la bulle vitale bout sur elle-même et se gonfle en une palpitation à la fois vorace et précaire, non sans fomenter en son sein le point vif d’où̀ son unité́ rejaillira disséminée de son éclatement même. Autrement dit : je suis lié à mon corps par l’énergie propre que Freud a mis au principe de l’énergie psychique – l’Éros, qui fait les corps vivants se conjoindre pour se reproduire – qu’il appelle libido.
Mais ce que j’aime en tant qu’il y a un moi, où je m’attache d’une concupiscence mentale, n’est pas ce corps dont le battement et la pulsation échappent trop évidemment à mon contrôle, mais une image qui me trompe en me montrant mon unité́ dans sa Gestalt, sa forme. Il est beau, il est grand, il est fort. Il l’est plus encore même d’être laid, petit et misérable.
Je m’aime moi-même en tant que je me méconnais essentiellement. Je n’aime qu’un autre. Un autre avec un petit a initial d’où l’usage de mes élèves de l’appeler "le petit autre".
Rien d’étonnant à ce que ce ne soit rien que moi-même que j’aime dans mon semblable, (et ce non seulement dans le dévouement névrotique, si j’indique ce que l’expérience nous apprend, mais dans la forme extensive et utilisée de l’altruisme, qu’il soit éducatif ou familial, philanthropique, totalitaire ou libéral, à quoi l’on souhaiterait souvent devoir répondre comme la vibration de la croupe magnifique de la bête infortunée) ; rien d’étonnant que l’homme ne fasse rien passer dans cet altruisme que son amour-propre, sans doute dès longtemps détecté dans ses extravagances – même glorieuses – par l’investigation moraliste de ses prétendues vertus, mais que l’investigation analytique du moi permet d’identifier à la forme de l’outre, à l’outrance de l’ombre dont le chasseur devient la proie : à la vanité́ d’une forme visuelle.
Auteur:
Lacan Jacques
Années: 1901 - 1981
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Conférence de Bruxelles sur l'éthique de la psychanalyse, 10 mars 1960
[
inconscient
]
psychanalyste
Cet accord de l’homme à une nature, qui mystérieusement s’oppose à elle-même, et où il voudrait qu’il trouve à se reposer de sa peine trouvant le temps mesuré de la raison : voilà̀, j’espère vous le montrer, ce que Freud nous indique sans pédantisme, sans esprit de réforme, et comme ouvert à une folie qui dépasse de loin ce qu’Érasme a sondé de ses racines.
Auteur:
Lacan Jacques
Années: 1901 - 1981
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: psychanalyste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Conférence de Bruxelles sur l'éthique de la psychanalyse, 9 mars 1960
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résumé de l'œuvre
]
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condition humaine
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objectif
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travail
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