labeur
Août dans la buanderie. La poussiéreuse lumière argentait les cactus en pots enrobés de toiles d'araignées. Sueur. Bassines grattées au couteau. Vapeurs de Javel qui brûlent les yeux. Sueur sur le carrelage, sur le rouge, le bleu, belles couleurs qui ressurgissent. Gouttes qui se noient, se diluent dans la lavasse. L'eau jetée à pleins seaux dans le trou d'égout, sous le mur, au fond de la cour. Il fallut tout d'abord ramoner avec une de ces tiges de fer dont on arme le ciment, forer les gravats, l'étoupe, après quoi de l'autre côté, vérifier que l'eau s'écoulait bien dans la rigole de la ruelle, la "rouette" comme elle dit. L'eau stagnait encore, la flaque lentement baissait de niveau. Enfin sur la marche, repos, les mains entre les genoux, comme autrefois à la nuit tombante, quand la chose la plus délicieuse était de lire sur cette marche, à l'orée du couloir, sous un carré de ciel bleuissant, strié de vols d'hirondelles.
Auteur:
Bassez Danielle
Années: 1946 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: professeur, philosophe, écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
L'égarée, Cheyne Editeur, Collection Grands Fonds, p. 10 et 11
[
littérature
]
amour
Ton corps muet au bord des nuits, c’est candeur –
tes cheveux quand ils infusent dans les bassines de
lait pleine lune, alors la nacre – tes clavicules trop
fines – tes jambes à peine cuites – J’y veille et
j’affleure... Car quand tu te montres le jour, alors
les fleurs : béates.
Les alvéoles de ta peau, c’est dentelle, personne ne
le sait – tes cils emmêlés, c’est l’empire de tes
larmes, je l’ai vu.
J’ai cherché la beauté des autres, rien du tout.
Puisse ton odeur être celle du foin frais, car tes
lèvres, elles, me criaient déjà d’autres vendanges.
Sur ta nuque j’avais trouvé les effluves d’un autre
possible.
Ta voix brune quand tu dis bonsoir, c’est cantique
des cantiques et tes yeux clair de lune tous me l’ont
dit c’est l’éclipse mi-mars... Car quand tu te montres
la nuit, alors les étoiles : béates.
Auteur:
Rouyau Mathilde
Années: 2001
Epoque – Courant religieux: postmodernité
Sexe: F
Profession et précisions:
Continent – Pays: Europe - France
Info:
[
poème
]