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wu-wei

J’aspirais à une manière de cultiver qui fasse plaisir, naturelle, qui aboutisse à rendre le travail plus aisé et non plus dur."Et si on ne faisait pas ceci ? Et si on ne faisait pas cela ?" - telle était ma manière de penser. Finalement, j’arrivai à la conclusion qu’il n’était pas nécessaire de labourer, pas nécessaire de répandre de l’engrais, pas nécessaire de faire du compost, pas nécessaire d’utiliser de l’insecticide. Quand vous en arrivez jusqu’à ce point, il y a peu de pratiques agricoles qui sont vraiment nécessaires.

Auteur: Fukuoka Masanobu

Info: Dans "La révolution d'un seul brin de paille", page 44

[ dépouillement ] [ simplicité ] [ économie rurale ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Dans la salle il y a les sempiternelles petites vieilles penchées sur des encyclopédies médicales. Je passe derrière le comptoir et je me retrouve dans une forêt de livres. D’étroits passages entre les étagères, personne, le silence, une odeur de papier qui fait tourner la tête. Je suis pris de tremblements. Je sais déjà comment ça s’appelle : je suis sous l’empire de la convoitise. Je choisis vingt à trente livres, je les empile sur le rebord de la fenêtre, je les trie, j’en mets de côté, j’en prends huit avec moi.... Chaque semaine, je prenais à la bibliothèque tellement de livres que c’était à peine si j’arrivais à les rapporter à la maison. J’avais envie de tout lire, tout, même les Essais sur l’univers de Vorontsov-Veliaminov, nom de nom.

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: Voleur, espion et assassin

[ appétence ] [ avidité ]

 

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littérature

Ce n’est que ce matin-là, quand je pénétrai dans les toilettes du temple de Nara, que je me sentis chez moi au Japon ; que j’arrivai vraiment sur l’île ; que le pays, tout entier, m’accueillit. Tanizaki, dans son éloge des toilettes du temple japonais, insiste sur les murs de bois aux fines veinures et, surtout, sur leur porte coulissante, dont le treillage de bois, tendu de papier clair et perméable à l’air, ne laisse filtrer du dehors qu’un reflet amorti : je mentirais, si je disais que j’ai maintenant sous les yeux tous ces détails. Je sais seulement qu’il y régnait ce demi-jour qu’évoque Tanizaki et que c’est lui qui, sur-le-champ, m’enveloppant de la plus délicate et de la plus matérielle des façons, m’accueillit, me rendit par ses sortilèges, après toutes les semaines d’errance, à l’existence, à la vie, au séjour ici-bas.

Auteur: Handke Peter

Info: Essai sur le Lieu Tranquille

[ WC ] [ magie ] [ communication ]

 

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laideur

Debout sur les genoux d’Olla, le bébé nous regardait. Olla le tenait maintenant par la taille, alors il pouvait se balancer sur ses grosses jambes. C’était bien le bébé le plus moche que j’avais jamais vu. Tellement moche que je trouvais rien à dire. J’arrivais pas à sortir un mot. Je veux pas dire qu’il était malade ou défiguré. Non, pas du tout. Il était moche, c’est tout. Il avait une grosse figure rouge, des yeux qui lui sortaient de la tête, un front démesuré et des grosses lèvres épaisses. Quant au cou, mieux vaut ne pas en parler, et il avait trois ou quatre mentons qui ballonnaient jusque sous ses oreilles. Des oreilles en éventail sur sa tête chauve. Il avait aussi des gros plis de graisse aux poignets, des bras et des doigts boudinés. Lorsque je dis qu’il était moche, je suis encore modeste.

Auteur: Carver Raymond

Info: Les Vitamines du bonheur

[ poupon ] [ nourrisson ] [ repoussant ] [ description ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sotériologie

Dans ma jeunesse, j’ai rencontré une dernière ramification de cette conception moyenâgeuse du monde, grâce à l’expérience suivante. Nous avions, à cette époque, une cuisinière de la Forêt-Noire souabe, à qui incombait la tâche d’exécuter les victimes de la basse-cour destinées à la cuisine. Il s’agissait de poules naines, dont les coqs se distinguent par leur humeur particulièrement querelleuse et par leur malice. L’un d’eux dépassait tous les autres par sa cruauté et ma mère chargea la cuisinière d’exécuter le malfaiteur pour le repas du dimanche. J’arrivai juste comme elle rapportait le coq décapité et disait à ma mère : "Il est mort en chrétien, bien qu’il ait été si mauvais. Il a encore crié : "Pardonne-moi, pardonne-moi !" avant que je lui coupe la tête. Aussi, maintenant, il est allé au ciel !" Ma mère répondit, indignée : "Ne dites pas de sottises ! Seuls les êtres humains vont au ciel", à quoi la cuisinière étonnée répliqua : "Les poules ont aussi un corps, tout comme les gens ont le leur. – Mais seuls les êtres humains ont une âme immortelle et une religion", dit ma mère, tout aussi stupéfaite. "Non, ce n’est pas vrai, répondit la cuisinière, les animaux ont aussi une âme et tous ont leur propre ciel, les chiens, les chats et les chevaux, et cela parce que, lorsque le sauveur des hommes est descendu sur la terre, le sauveur de la volaille est aussi venu parmi les poules, et c’est pourquoi elles aussi doivent se repentir de leurs péchés avant de mourir, si elles veulent aller au ciel."
La croyance de notre cuisinière est un vestige folklorique de cet esprit qui découvrait le drame de la rédemption à tous les niveaux de l’être et le retrouvait, par conséquent, dans les transformations les plus mystérieuses et les plus incompréhensibles de la matière.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Psychologie et alchimie", éd. Buchet-Chastel, 2014, trad. par Henry Pernet et Roland Cahen, pages 553-555

[ panthéisme ] [ bon sens populaire ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mesure du temps

Souvent, on se contentait encore de l’évaluer à la paysanne, le jour à l’estime, d’après le soleil ; la nuit, ou plutôt à la fin de la nuit, en écoutant le chant du coq. [...]

Au total, les habitudes d’une société de paysans, qui acceptent de ne savoir jamais l’heure exacte, sinon quand la cloche sonne (à la supposer bien réglée) et qui pour le reste s’en rapportent aux plantes, aux bêtes, au vol de tel oiseau ou au chant de tel autre. "Environ soleil levant", ou bien "environ soleil couché" : notations les plus fréquentes de Gilles de Gouberville, gentilhomme normand, dans son Journal. Quelquefois, il se réfère assez curieusement aux habitudes d’un oiseau qu’il nomme le vitecoq et qui devait être une espèce de bécasse : "il était vol de vittecocz, dira-t-il, quand j’arrivai céans" (28 novembre 1554), ou encore il notera que le 5 janvier 1557-58 après vêpres les compagnons de la paroisse se mirent à "chouler" contre les hommes mariés ; ils y furent "jusques à vol de vittecoqs". Et cependant Gouberville a une horloge, grande rareté, qu’il envoie "racoutrer" en janvier 1563 chez un armurier de Digoville. Et il note les heures avec complaisance – mais toujours en les faisant précéder d’un modeste et prudent "viron" : ils revinrent "viron une heure avant le jour" ou bien : "vismes faire des verres, viron demi-heure" - ce qui est d’une précision tout à fait anormale.

Ainsi, partout : fantaisie, imprécision, inexactitude. Le fait d’hommes qui ne savent même pas leur âge exactement : on ne compte pas les personnages historiques de ce temps qui nous laissent le choix entre trois ou quatre dates de naissance, parfois éloignées de plusieurs années. Quand naquit Erasme ? Il ne le savait pas, mais seulement que l’événement s’était produit la veille de la Saint-Simon et Saint-Jude. – Quelle année naquit Lefèvre d’Etaples ? On essaie de le déduire d’indications fort vagues. Quelle année, Rabelais ? Il l’ignorait. Quelle année, Luther ? on hésite. [...] le mois, on le connaît généralement. La famille, les parents se souviennent : le petit est venu au monde au temps des foins, des blés, ou des vendanges ; il y avait de la neige, ou bien c’était le mois de l’épi, "quand les blés commencent à jeter, ... que déjà le tuyau commence à s’élever" ; précisions géorgiques, elles sont de Jean Calvin. Alors la tradition familiale se fixe ; François est né le 27 novembre et Jeanne le 12 janvier : faisait-il froid quand on le porta sur les fonts ! [...] Pour avoir des actes de naissance en règle, il faut s’adresser aux grands de ce monde – ou aux fils de médecins et de savantes gens, à ceux dont on tire l’horoscope et qui dès lors naissent entourés d’étonnantes précisions : ne savent-ils pas (ou plutôt leurs astrologues ne précisent-ils pas à leur intention) l’année, le jour, l’heure, et la minute non seulement de leur naissance, mais de leur conception ? C’est Brantôme, familier de Marguerite de Navarre par sa mère et sa grand-mère, qui nous en avertit : la princesse naquit "sous le 10e degré d’Aquarius, que Saturne se séparait de Vénus par quaterne aspect, le 10 d’avril 1492 à 10 heures du soir au château d’Angoulême – et fut conçue l’an 1491, à 10 heures avant midi et 17 minutes, le 11 de juillet." Voilà qui est précis !

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, pages 365-368

[ renaissance ] [ historique ] [ approximations ] [ chronologique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson