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crise d'angoisse

Mes amis n’ont rien remarqué. Ne me sentant pas bien du tout, j’ai voulu me rendre aux toilettes pour m’isoler. Mais j’ai été incapable de me lever. Mes membres refusaient tout bonnement d’écouter les ordres de mon cerveau. Ce dernier venait de se prendre irrémédiablement les pieds dans le tapis de mes pensées les plus folles, les plus agitées, les plus absurdes. Mes jambes tremblaient à présent.

Auteur: Saada Andréas

Info: Dans "En retrait du monde, je suis un hikkikomori", pages 94-95

[ basculement ]

 

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femmes-par-homme

Je ne sais rien de plus beau que la transparence d’une étoffe qui se pommèle sur un sein, qu’une chevelure qui court ainsi que du feu sur un dos nu, que deux jambes croisées qui disparaissent sous une jupe. Je les ai tenues, pendues à moi, enlacées ainsi que des vignes sauvages, j’ai mordu à leurs beaux fruits, j’ai bu à leur rivière, chacune fut une aventure, un Nouveau Monde, un matin, une promesse de vie.

Auteur: Espinoy Jean d'

Info: Société anonyme, p 12

[ envoûtantes ]

 

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vision de peintre

Le ciel est gris. Il tombe une petite pluie fine. J’ai passé toute la matinée à Iasnaïa Poliana, dans la forêt. Lev Nikolaïevitch [Tolstoï] était allongé non loin de moi, un livre à la main, dans un petit coin tranquille, à l’ombre des arbres, dans sa blouse bleue, une couverture blanche sur les jambes. Comme elles étaient pittoresques, les taches lumineuses que posaient sur lui par endroits les rayons du soleil passant à travers les branches ! ... Je les étudiais sans relâche, me les remémorais et me délectais ; cela va donner un beau tableau.

Auteur: Répine Ilia

Info: Lettre à Tatiana Tolstoï, 31 juillet 1891, trad. Laure Troubetzkoy, "Lettres à Tolstoï et à sa famille", éditions Vendémiaire, 2021

[ regard ] [ écrivain ] [ peinture ] [ composition ]

 
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décrochage

Le vent fait virevolter un sac de plastique bleu autour de nos pieds. Je cligne des yeux. A nouveau, la rue vacille, s’incurve, tourne et se retourne sur elle-même jusqu’à former un cercle. Sous mes paupières, dans une voiture à l’arrêt, une enfant au visage livide hurle tandis qu’on la roue de coups. Je secoue la tête. Je promène mes yeux alentour. Personne n’a l’air de savoir que j’ai disparu dans un pli du sac de plastique qui vient de s’écraser dans une flaque froide. L’enfant que j’ai mise au monde me dévisage. Je pense Si elle est là, et que tu la vois te regarder, et que puisque tu la vois te regarder c’est qu’elle te voit, c’est donc que du temps a passé et que tu n’es pas un sac de plastique, et que tout ce qui a eu lieu auparavant est fini et bien fini et ne recommencera plus jamais. Le vent se faufile le long de nos jambes.

Auteur: Chiche Sarah

Info: Dans "Les enténébrés" page 83

[ répétition ] [ lignes temporelles ] [ vertige ]

 
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amour

Ton corps muet au bord des nuits, c’est candeur –

tes cheveux quand ils infusent dans les bassines de

lait pleine lune, alors la nacre – tes clavicules trop

fines – tes jambes à peine cuites – J’y veille et

j’affleure... Car quand tu te montres le jour, alors

les fleurs : béates.



Les alvéoles de ta peau, c’est dentelle, personne ne

le sait – tes cils emmêlés, c’est l’empire de tes

larmes, je l’ai vu.



J’ai cherché la beauté des autres, rien du tout.



Puisse ton odeur être celle du foin frais, car tes

lèvres, elles, me criaient déjà d’autres vendanges.

Sur ta nuque j’avais trouvé les effluves d’un autre

possible.



Ta voix brune quand tu dis bonsoir, c’est cantique

des cantiques et tes yeux clair de lune tous me l’ont

dit c’est l’éclipse mi-mars... Car quand tu te montres

la nuit, alors les étoiles : béates.

Auteur: Rouyau Mathilde

Info:

[ poème ]

 
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père-fils

Depuis toujours tu m’as fait le reproche (à moi seul aussi bien que devant d’autres ; tu n’étais pas sensible à ce que ce second cas avait d’humiliant, les affaires de tes enfants étaient toujours publiques) que grâce à ton travail je vivais sans manquer de rien, dans la tranquillité, la chaleur, l’abondance. Je songe là à des remarques qui dans mon cerveau ont littéralement creusé des sillons, comme : "Dès 7 ans je devais parcourir les villages avec la cariole", "Nous dormions tous dans une seule chambre", "Nous étions heureux quand nous avions des pommes de terre", "Pendant des années, faute de bons vêtements d’hiver, j’ai eu des plaies ouvertes aux jambes", "Petit garçon, j’ai déjà dû aller à Pisek au magasin", "De la maison on ne m’envoyait rien du tout ; même pendant mon service militaire, c’était encore moi qui envoyais de l’argent", "Mais malgré ça, malgré ça – mon père a toujours été mon père. Qui sait ça aujourd’hui ! Qu’en savent les enfants ! Personne n’a souffert !", "Est-ce qu’un enfant comprend ça, aujourd’hui ?" De tels récits, dans d’autres circonstances, auraient pu être un excellent moyen d’éducation, ils auraient pu encourager à surmonter les mêmes calamités et privations qu’avait subies le père, ils en auraient donné la force. Mais ce n’est pas cela du tout que tu voulais, car enfin, la situation résultant de la peine que tu t’étais donnée était devenue tout autre, les occasions de se distinguer comme tu l’avais fait n’existaient plus.

Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre au père, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, éditions Gallimard, 2023, pages 37-38

[ surmoïque ] [ dénigrement ] [ comparaison ]

 
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cunnilingus

J’ai mangé ta chatte comme une pêche,

J’ai avalé le noyau

Le duvet,

Calé entre tes jambes

J’ai sucé mâchouillé léché

Avalé tout ton être,

Ai senti tout ton corps se tendre et tressaillir comme un

Fusil-mitrailleur

J’ai fait de ma langue une flèche

Et le jus a coulé

Et j’ai avalé

Pris de folie

Suçant l’intégralité de tes entrailles –

Ton con tout entier dans ma couche aspiré

J’ai mordu

J’ai mordu

Et avalé

Et toi aussi

Tu as cédé à la folie

Alors je me suis retiré pour recouvrir

De baisers ton nombril

Avant de glisser entre les fleurs blanches de tes jambes



J’ai embrassé croqué

Mordillé,

Encore une fois

Tout du long

Ces merveilleux poils pubiens

Qui m’attiraient m’attiraient toujours plus

J’ai résisté tant que possible

Et puis j’ai bondi sur la chose

Suçant et lapant,

Des poils dans mon âme

Un con dans mon âme

Ton être entier dans mon âme

Dans un lit miraculeux

Avec dehors des cris d’enfants

S’amusant sur leurs vélos

A roulettes aux environs de

5 heures de l’après-midi

Tous les poèmes d’amour étaient écrits :

Ma langue est entrée dans ta chatte et dans ton âme

Le couvre-lit bleu était là

Sans oublier les enfants dans l’allée

Et ça chantait et ça chantait et ça chantait et

Ça chantait.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, "chanson d'amour"

[ faim ]

 

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résistant-occupant

- J’y vais, dit l’ouvrier.

- Tu y vas ?

- Je veux apprendre à fond.

- Tu veux peut-être apprendre un peu trop.

- C’est que j’aime ça.

- Alors, vas-y.

L’ouvrier prit, sous le siège, un revolver.

- Attention : cette fois-ci, c’est face à face.

- C’est ça que je veux apprendre.

L’ouvrier descendit.

- Nous allons jusque sous le pont du chemin de fer. Rejoins-nous là avec la moto.

Un bref coup de klakson, interrogatif, parvint de Metastase. Les deux camions repartirent. L’ouvrier entra dans la maison.

- Une petite grappa ?

- Pas de grappa.

C’était une vieille derrière le comptoir.

- Quelque chose de chaud ?

- Rien de chaud.

- Même si j’attends ?

- Si vous attendez, oui. Du café de chicorée.

- Je vais attendre. Ce sera long ?

-I l faut que le percolateur chauffe. Je viens de l’allumer.

Il s’assit à un guéridon de fer, regarda et vit l’Allemand, assis, dans le coin près de la porte, qui attendait, lui aussi.

Il lui fit un clin d’œil.

- Hein ? demanda l’Allemand.

Ce n’était plus un jeune homme, il avait sur la poitrine un petit ruban, celui d’une campagne, non point celui d’une décoration. Et sa voix fut très timide. "Hein ?" demanda-t-il.

L’ouvrier détourna de lui son petit visage.

Bon Dieu de bon Dieu ! pensa-t-il. Qu’avait donc un Allemand à être triste comme ça ?

Il était assis, les jambes écartées, le dos appuyé au dossier de la chaise, la tête un peu en arrière, et le visage triste, perdu, un visage las d’ouvrier.

Bon Dieu de bon Dieu ! N’était-il donc pas vainqueur ? N’était-il pas en terre conquise ? Qu’avait donc à être triste comme ça, un Allemand qui était vainqueur ?

Il le regarda de nouveau, et vit que l’autre ne le regardait pas. Il avait baissé davantage encore les yeux, comme humilié. Un moment, il observa ses mains ; d’un côté, de l’autre, les deux à la fois, et ce fut un geste long comme en font seulement les ouvriers.

Bon Dieu de bon Dieu ! se dit-il de nouveau.

Il le vit non sous l’uniforme, mais tel qu’il avait pu être : des vêtements de travail humain sur le dos, un béret de mineur sur la tête.

[…]

Il se leva, une main dans la poche, et il s’approcha de la porte.

Il l’ouvrit.

L’Allemand leva la tête et, tristement, lui sourit ; doucement aussi. Il semblait que l’on vît sur son visage ce qu’était la crasse du charbon.

Il sortit.

Bon Dieu de bon Dieu ! pensait-il. Il prit la moto et mit plein gaz.

Auteur: Vittorini Elio

Info: Dans "Les hommes et les autres", trad. Michel Arnaud, éd. Gallimard, 1947, pages 243-245

[ ennemi ] [ inquiétante ressemblance ] [ seconde guerre mondiale ] [ entre civils ] [ naturelle empathie ]

 
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