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jungle

Ce qui m'étonnait le plus était l'infini mimétisme de la nature vierge. Ici rien ne répondait à son aspect ; il se créait un monde d'apparences qui cachait la réalité, qui remettait en question beaucoup de vérités. Les caïmans à l’affût dans les bas fonds de la forêt inondée, immobiles, la gueule prête, ressemblaient à des troncs pourris, recouverts d'anatifes ; les lianes avaient l'air de reptiles, les serpents de lianes, quand leur peaux n'avaient pas des nervures de bois précieux, des ocelles d'ailes de phalènes, des écailles d'ananas ou des anneaux de corail ; les plantes aquatiques formaient le tissus serré d'un tapis touffus, cachaient l'eau qui coulait en dessous, prenaient l'aspect d'une végétation de terre ferme ; les écorces tombées prenaient tout à coup une consistance de laurier en saumure ; les champignons étaient des coulées de cuivre, des saupoudrages de souffre, près de l'aspect trompeur d'un caméléon un peu trop branche, un peu trop lapis-lazuli, un peut trop plomb strié d'un jaune intense, lequel simulait à présent des éclaboussures de soleil tombées à travers des feuilles qui ne laissaient jamais passer le soleil tout entier. La forêt vierge était le domaine du mensonge, du piège, du faux semblant ; tout était travesti, stratagème, jeu d'apparences, métamorphoses. Domaine du lézard concombre, de la châtaigne hérisson, de la chrysalide mille-pattes, de la larve à corps de carotte, du poisson-torpille, qui foudroyait du fond de la vase visqueuse.

Auteur: Carpentier Alejo

Info: Le partage des eaux, pp 222 et 223

[ masques ] [ littérature ] [ reflets ]

 

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nature

La forêt vierge était le domaine du mensonge, du piège, du faux-semblant ; tout y était travesti, stratagème, jeu d’apparences, métamorphose. Domaine du lézard-concombre, de la châtaigne-hérisson, de la chrysalide-mille-pattes, de la larve à corps de carotte, du poisson-torpille, qui foudroyait du fond de la vase visqueuse. Lorsqu’on passait près des berges, la pénombre qui tombait de certaines voûtes végétales envoyait vers les pirogues des bouffées de fraîcheur. Mais il suffisait de s’arrêter quelques secondes pour que le soulagement que l’on ressentait se transformât en une insupportable démangeaison causée, eût-on dit, par des insectes. On avait l’impression qu’il y avait des fleurs partout ; mais les couleurs des fleurs étaient imitées presque toujours par des feuilles que l’on voyait sous des aspects divers de maturité ou de décrépitude. On avait l’impression qu’il y avait des fruits ; mais la rondeur, la maturité des fruits, étaient imités par des bulbes qui transpiraient, des velours puants, des vulves de plantes insectivores semblables à des pensées perlées de gouttes de sirop, des cactées tachetées qui dressaient à un empan du sol une tulipe en cire safranée. Et lorsqu’une orchidée apparaissait, tout en haut, au-dessus des bambous et des yopos, elle semblait aussi irréelle et inaccessible que l’edelweiss alpestre au bord du plus vertigineux abîme. Mais il y avait aussi les arbres qui n’étaient pas verts, qui jalonnaient les bords de massifs couleur amarante, s’incendiaient avec des reflets jaunes de buisson ardent. Le ciel lui-même mentait parfois quand, inversant sa hauteur sur le mercure des lagunes, il s’enfonçait dans les profondeurs insondables comme le firmament. Seuls les oiseaux étaient vrais, grâce à la claire identité de leur plumage. Les hérons ne trompaient pas, quand leur cou s’infléchissait en point d’interrogation ; ni quand, au cri du vigilant coq-héron, ils prenaient leur vol effrayé dans un frémissement de plumes blanches.

Auteur: Carpentier Alejo

Info: Le partage des eaux

[ sauvage ] [ littérature ]

 

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