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vivre

Carpe diem, comme on dit. Je me défie des grandes idées, je leur préfère un bon verre de rouge qui les dissipe. Croyez-moi, un philosophe qui a bu deux verres devient un poète.

Auteur: Espinoy Jean d'

Info: Société anonyme, p 68

[ profite de la vie ]

 

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trauma

Lorsque j’explore mes plus intimes tréfonds, il ne me revient de ce moment que la voix chevrotante d’une vieille nonne m’enjoignant de poser les lèvres sur ce front glacé de ma mère, et l’indicible répugnance avec laquelle j’avais obéi à cet ordre.

Auteur: Espinoy Jean d'

Info: Société anonyme, p 11

[ souvenir ] [ enfance ] [ maman décédée ] [ dépouille ]

 
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platonique

Arrivé au bout de la promenade, je la perdis. Elle s’était évanouie dans le lacis des ruelles. Elle m’avait échappé. J’ignorais encore qu’elle m’échapperait toujours. Mais n’est-ce pas en ce qu’il nous échappe que nous aimons l’autre le plus passionnément ? Ne dit-on pas de l’amour qu’il est aveugle quand tout ce qui devrait le démentir est précisément ce qui le garantit ?

Auteur: Espinoy Jean d'

Info: Société anonyme, p 147

[ insaisissable idéal ] [ fantasme ] [ phantasme ]

 

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femmes-par-homme

Je ne sais rien de plus beau que la transparence d’une étoffe qui se pommèle sur un sein, qu’une chevelure qui court ainsi que du feu sur un dos nu, que deux jambes croisées qui disparaissent sous une jupe. Je les ai tenues, pendues à moi, enlacées ainsi que des vignes sauvages, j’ai mordu à leurs beaux fruits, j’ai bu à leur rivière, chacune fut une aventure, un Nouveau Monde, un matin, une promesse de vie.

Auteur: Espinoy Jean d'

Info: Société anonyme, p 12

[ envoûtantes ]

 

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beaux-arts

Quand j’étais dans mon pensionnat au fin fond des Ardennes, quand les démons de la puberté commencèrent à me mordiller de partout comme un banc de piranhas, je passais des heures à la bibliothèque, les yeux plongés dans des encyclopédies à contempler des reproductions de sculptures, de tableaux. La Renaissance, ah ! la Renaissance – quoi de plus heureux que ce mot ? – et puis le Baroque me montrèrent le corps des femmes, le corps des hommes, le corps triomphant, l’exaltation des corps, rien d’autre. Sous l’œil soupçonneux du surveillant général, le front soucieux, le prépuce en nage, je m’ébahissais devant les œuvres du Bernin, tout particulièrement devant Le rapt de Perséphone dont l’érotisme fulgurant me dévasta comme un séisme intérieur, un déluge hormonal.

Auteur: Espinoy Jean d'

Info: Société anonyme, pp 155 - 156

[ statue ] [ adolescence ]

 

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