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libre examen

La théorie de l’interprétation proposée par P. Ricœur, car il s’agit plus d’une théorie que d’une herméneutique en acte, est le signe qu’un abîme insurmontable s’est creusé, pour la conscience contemporaine, entre le fond signifié et la forme signifiante du symbole. Parce que l’extériorité du mythe semble naïve, il faudrait l’investir en le revêtant d’une signification nouvelle qui puisse s’accorder avec l’idéologie scientifique du moment.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 47

[ opinion individuelle ] [ phantasia ] [ critique ]

 

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subversion

[…] avec son habileté diplomatique coutumière, Jung ne dévalorise pas complètement la religion, il réintègre ses "objets" et sa démarche dans la perspective de la cure psychanalytique, sous la forme de pulsions ou d’archétypes de l’inconscient collectif, ou de fonctions mentales. L’étonnant concept jungien de synchronicité peut bien apparaître, dans cet ordre d’idées, comme un substitut laïc de la notion de signe voire de providence, puisque la coïncidence d’événements significatifs est à nouveau assumée quoique en un sens nécessairement profane.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 100

[ parodie ] [ psychologie analytique ] [ critique ] [ hasard interprété ] [ néo-croyance ]

 

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puissance formatrice

En ce que le monde est précisément l’œuvre du "Verbe éternellement parlant", suivant l’expression de J. Bœhme, il importe de découvrir le sens caché de cette Parole. Puisque le nom est l’équivalent de Eidos, il conditionne la "matière" intrinsèquement et ne peut ainsi être considéré comme conventionnel. Au contraire, le nom est pour ainsi dire le concentré pneumatique (souffle/son) et sémantique de l’individu. C’est pourquoi il importait toujours, dans la Chine ancienne, de "rendre les désignations correctes" afin de préserver l’adéquation première entre les mots et les choses, dans le but de maintenir l’efficacité du langage.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", pages 168-169

[ essence ] [ origine ] [ sacré ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

caducée

Ce symbole, très riche, se compose d’une baguette centrale qui était à l’origine une houlette d’or dont Apollon fit don à Hermès. Celle-ci est surmontée d'une boule qui, d'après Pernéty, serait une pomme, le plus souvent flanquée de deux ailerons. Enfin deux serpents, parfois couronnés, s'entrelacent autour de la verge hermétique. Pour l'essentiel il s'agit d'une représentation de l'Un et de la Dyade. L"élément axial qui apparaît au milieu de cette figure symétrique régit et ordonne la dualité ; il est, suivant la perspective platonicienne, identifiable au Bien et à la Mesure. [...] il s'agit d'un pictogramme dont la structure ternaire (Un + Dyade) constitue, d'un certain point de vue, ce que J.-J. Wunenburger appelle "la véritable morphologie secrète de l"Absolu".

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 148

[ signification ]

 

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symbolisme

Il est connu par exemple que la lettre Beit (B) est celle par laquelle Dieu a créé le monde, selon le Zohar, T. 1, 3a, p. 39 ; ce qui explique qu’elle soit la première lettre du premier mot de la Bible : Berechit (au commencement). Sur les différents sens de ce terme, cf. N. Séd, La mystique cosmologique juive, pp. 80-81. On voit par là qu’il est donc faux de dire que les lettres hébraïques "n’ont pas de signification précise" comme l’affirme J. Kristeva, Le langage cet inconnu, p. 104. Il faudrait préciser en outre que la position des lettres dans l’alphabet n’est pas non plus fortuite. Le Beit en l’occurrence, comme le Ba arabe, le Beta grec ou le B latin, correspond au second rang et représente la valeur numérique 2, ce qui explique leur rapport avec la Création.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 177

[ ordre ] [ métaphysique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cartésianisme

Bien que Descartes ne prône ni l’encratisme ni la haine du monde, son dualisme constitue vraisemblablement un des fondements véritables du désenchantement moderne du monde, contrairement à l’opinion qui actuellement cherche à rendre le christianisme responsable de ce phénomène. Notre brève allusion à St Bonaventure et au vestigium, à laquelle bien d’autres références pourraient s’ajouter, devrait permettre une mise en cause assez massive de cette opinion. Le dualisme cartésien ne peut, d’un autre côté, être rapproché de la distinction platonicienne entre le sensible et l’intelligible, dans la mesure où, selon Platon, "la structure mathématique du corps du monde" est directement régie par les Nombres pythagoriciens qui constituent l’intelligibilité essentielle du cosmos dont la réalité, note justement M. Tibon-Cornillot, est "cœxtensive à la nature" et ne peut souffrir aucune comparaison avec le néoplatonisme de surface d’un Galilée. A l’inverse, en faisant de l’âme et du corps deux substances hétérogènes, Descartes fait de la corporéité une structure vide de sens, dépourvue de portée symbolique, bref un agrégat purement matériel.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 122

[ chair-esprit ] [ opposition ] [ historique ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sécularisation

La diffusion des concepts psychanalytiques dans le monde philosophique a eu notamment pour conséquence le total remodelage de l’herméneutique traditionnelle. Celle-ci avait déjà subi une série de transformations importantes depuis la Réforme, puis à l’époque romantique. Rappelons que l’exégèse protestante s’était engagée dans la recherche d’un unique sens historique des Ecritures et cela au détriment des semper mysteria tractat : les sens spirituels du texte sacré, reconnus par l’antique méthode de lecture des Pères. De son coté, le Romantisme, surtout avec Schleiermacher, développera une technique d’interprétation fondée sur l’étude psychologique et grammaticale des œuvres, refoulant ainsi l’ancienne dimension ésotérique d’écrits comme ceux de la Kabbale juive ou de Platon. On sait par exemple au sujet de ce dernier que Schleiermacher fut au XIXe siècle l’un des principaux opposants à l’idée d’une doctrine platonicienne cachée et réservée, seulement véhiculée par l’oralité. D’une manière générale, cette tendance psychologique exerça sur la psychanalyse une réelle influence, notamment du fait de l’importance accordée chez certains romantiques au contenu "inconscient" du discours.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 35

[ sciences profanes ] [ historique ] [ prémisses ]

 

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philosophie

[...] il reviendra à Hegel d’introduire la conception d’une divinité qui, au contraire, est habitée par une agitation interne, une mobilité qui donne à l’histoire son mouvement et sa vie. En outre, cet esprit ne possède pas d’emblée la connaissance et la conscience de lui-même, il ne l’obtient qu’au terme d’un long processus temporel qui lui donne enfin accès à sa réalité jusqu’ici ignorée. En ce sens l’Absolu est, pour Hegel, selon une formule devenue célèbre : "essentiellement résultat". […] Le discours sur Dieu est donc indissociable du discours sur l’histoire et la culture. Dans la mesure où Dieu est lui-même déploiement historique, conscience en marche, il n’est pas facile de savoir, comme le soulignait J. d’Hondt si, en dernière analyse, ce Dieu est "le créateur des hommes, ou leur créature ultime, ou l’homme se créant lui-même" ? Ce qui est certain, c’est que l’entité que Hegel appelle Dieu, grandit, se construit dans le laborieux devenir culturel de l’humanité qui, elle-même, est le milieu par lequel l’esprit peut progresser.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 140

[ résumé ] [ hypothèse anthropocentrique ]

 
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problème des universaux

[...] un des éléments déterminants de la philosophie d'Occam, assurément le plus incisif, consiste en une humanisation radicale du langage. Les mots, comme le soulignait E. Bréhier, sont désormais conventionnels, ils sont le fruit d'une institution. Ainsi, le langage n'est plus le reflet privilégié de l'être ; les idées, les concepts, l'universel n'ont de réalité que dans l'âme. Selon Occam, "les mots sont créés par imposition", c'est-à-dire par une donation de sens qui réunit de façon arbitraire un son à un concept. Cette innovation vise une dissolution du rapport naturel entre le nom et la chose qu'il désigne. Un abîme est donc creusé entre la réalité objective et le langage, de telle sorte que celui-ci n'a plus de prise directe sur le monde. Autrement dit, les mots ne contiennent plus, ils ne révèlent plus l'essence des êtres. Les noms des choses, comme le pensait encore Cratyle, ne dérivent plus de leur nature. Ainsi, le mystère qui associait depuis les origines l'acte divin de Création à l'acte de nomination se trouve-t-il occulté dans la nouvelle conception nominaliste du verbe.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", pages 94-95

[ résumé ] [ autonomisation ] [ sécularisation ] [ éloignements sémantiques ]

 
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contre-sens métaphysique

De même que pour J. de Flore, l’œuvre de ce dernier [Jacob Boehme] fut très tôt mal interprétée et n’a pas cessé de l’être. Nous estimons par exemple que l’exégèse qu’en a fait A. Koyré demeure beaucoup trop influencée par les thèses de Hegel, comme l’atteste l’usage répété qu’il fait de la formule : "prendre conscience de soi", à propos de l’Etre divin. Déjà F. von Baader avait plaqué sur la doctrine de Bœhme un évolutionnisme historique dont il semble difficile de trouver la moindre trace chez le Philosophe Teutonique. C’est pourquoi l’hypothèse qui voit dans la mystique allemande, depuis Eckhart, l’origine de l’idéalisme pourra sembler forcée, voire peut-être suspecte. Il est probable, d’un autre côté, que bon nombre de penseurs du XIXe siècle ont procédé à une sorte de récupération du corpus ésotérique occidental au point d’aboutir à une "perversion" (J. Borella) de la gnose véritable. La seule conception d’une "béatitude qui s’ignore", utilisée par A. Koyré pour exprimer ce que serait l’Absolu selon J. Bœhme, suffirait pour établir l’inefficacité de la démarche philosophique classique dans le domaine initiatique.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 141

[ incompréhension ] [ interprétation hétérodoxe ]

 

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