vieillesse
Il est minuit passé, et j’entends sur la ville dormante,
Sourde et muette, frémir une rumeur ou un glas. –
O vieillard aveugle et voyant qui te dresses dans l’ombre,
Lare divin, je le sens, tu me présages le deuil. –
Non ! mon cœur ne bat plus comme il eut coutume de battre ;
Morts, les larmes, l’ivresse et le bonheur de languir ;
Quand je regarde le ciel, je m’y sens étranger – que de choses
Cette vie glaciale, oh, m’a déjà enlevées ! –
Tant de choses aimées qui, jadis, dans mon sein frissonnèrent...
Et mon matin est passé, puis le milieu de mes jours ;
Le soleil est moins chaud, et le soir déjà qui s’annonce
Ouvre précocement l’éternité de la nuit.
Auteur:
Küchelbecker Wilhelm Karlovitch
Années: 1797 – 1846
Epoque – Courant religieux: préindustriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète et écrivain
Continent – Pays: Europe - Russie
Info:
La nuit, extrait 2, 1818. Trad André Markowicz
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poème
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