intelligence
La lumière est le symbole le plus habituel de la connaissance ; il est donc naturel de représenter par la lumière solaire la connaissance directe, c’est-à-dire intuitive, qui est celle de l’intellect pur, et par la lumière lunaire la connaissance réfléchie, c’est-à-dire discursive, qui est celle de la raison. Comme la lune ne peut donner sa lumière que si elle est elle-même éclairé par le soleil, de même la raison ne peut fonctionner valablement, dans l’ordre de réalité qui est son domaine propre, que sous la garantie de principes qui l’éclairent et la dirigent, et qu’elle reçoit de l’intellect supérieur. Il y a sur ce point une équivoque qu’il importe de dissiper : les philosophes modernes se trompent étrangement en parlant comme ils le font de "principes rationnels", comme si ces principes appartenaient en propre à la raison, comme s’ils étaient en quelque sorte son œuvre, alors que, pour la gouverner, il faut au contraire nécessairement qu’ils s’imposent à elle, donc qu’ils viennent de plus haut ; c’est là un exemple de l’erreur rationaliste, et l’on peut se rendre compte par là de la différence essentielle qui existe entre le rationalisme et le véritable intellectualisme. Il suffit de réfléchir un instant pour comprendre qu’un principe, au vrai sens de ce mot, par là même qu’il ne peut se tirer ou se déduire d’autre chose, ne peut être saisi qu’immédiatement, donc intuitivement, et ne saurait être l’objet d’une connaissance discursive comme celle qui caractérise la raison ; pour nous servir ici de la terminologie scolastique, c’est l’intellect pur qui est habitus principiorum, tandis que la raison est seulement habitus conclusionum.
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Symboles de la science sacrée", pages 401-402
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distinctions
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immédiate-différée
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évidence
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détresse existentielle
Quant au doute angoissant sur les apparences,
Quant à cette inquiétude, somme toute, que nous serions trompés,
Qu’espoir, confiance en soi ne seraient qu’hypothèses,
Qu’identité après la mort, une fable magnifique,
Que les choses que je vois, qui sait, animaux, hommes, arbres, montagnes, eaux vives et brillantes,
Ciel du jour, ciel nocturne, couleurs, densité, formes, ne sont (c’est d’ailleurs vrai) qu’apparitions, que le réel en soi est encore à connaître
(Je ne compte plus les fois où émanant d’elles-mêmes je suis trompé, je suis moqué par elles,
Le nombre de fois où je me prends à penser que moi ni aucun homme n’entendons rien à elles),
Que le réel donc ne me semble ce qu’il est (et c’est sans doute le cas) que du point de vue où je suis, et qu’il pourrait bien s’avérer (ce qui est assez vraisemblable) tout autre qu’il me semble, voire ne pas être du tout, si les points de vue étaient totalement différents ;
Ces doutes, ces soupçons, curieusement, dans mon cas, trouvent leur réponse chez mes amants, chez mes amis,
Comme lorsque l’ami que j’aime voyage à mon côté ou qu’il me tient la main,
Comme lorsque l’air subtil, insaisissable, au point que les mots ni la raison ne semblent plus tenir, nous berce, nous entoure,
Car alors je me sens lourd d’une inouïe et incommunicable sagesse, et je me tais, je ne demande rien,
Bien incapable de résoudre la question des apparences ou de l’identité après la mort,
Je suis indifférent, je suis satisfait, que je sois assis ou que je marche,
Celui qui a cure de ma main m’a pleinement assouvi.
Auteur:
Whitman Walt
Années: 1819 - 1892
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Dans "Feuilles d'herbe", Calamus, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, page 63
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remède
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amour
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évidence immédiate
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