Dans l'exploration mûrement menée de La Rationalité de l'irrationnel de Mario Varvoglis, notre dialogue a tissé comme une cartographie précise des territoires encore mal défrichés de la parapsychologie, à la croisée d’une science rigoureuse et d’une ouverture épistémologique audacieuse. Ce livre, loin des caricatures pseudoscientifiques, s’affirme comme une introduction solide et méthodique à une discipline qui, à travers ses protocoles expérimentaux et ses méta-analyses, démontre la réalité ténue et pourtant persistante des phénomènes psi : télépathie, précognition, psychokinèse. Varvoglis s'efforce de dépasser les préjugés en appelant à une posture scientifique qui sait conjuguer rigueur et recul critique, où le psi cesse d’être un vestige irrationnel pour devenir un objet mesurable, reproductible et situé dans un cadre d’épistémologie élargie.
À cet égard, l'ouvrage s'inscrit naturellement dans une perspective que le Modèle Théorique Transductif du Vivant (MTTV) honore et approfondit. Le MTTV, avec son architecture triadique Ψ-B-Φ, éclaire le dialogue entre le potentiel primordial, la mise en forme énactive, et la stabilisation abstraite des phénomènes, illustrant ainsi la dynamique profonde à l’œuvre dans le psi : ni phénomène isolé, ni simple curiosité, mais manifestation d’un système vivant en perpétuelle interaction avec la matière et la conscience. Au cœur de cette démarche, la logique tétravalente, bien plus souple que le binaire strict, trouve sa pleine justification : elle reflète les états superposés, contradictoires, indéterminés que traversent les manifestations psi, et autorise un langage conceptuel capable de contenir cette complexité vivante.
L'échange a mis en exergue la dualité entre l’impact de l'univers-matière sur l’expérience subjective intime (A) et le rôle subtil mais patent de la noosphère collective (B), notamment à travers des projets comme le Global Consciousness Project (GCP). Le contraste saisissant entre la vigueur des signaux psi individuels, amplifiés dans des conditions isolées et méditatives, et la faiblesse relative des déviations collectives sur les générateurs de nombres aléatoires, souligne une anisotropie fondamentale : la singularité consciente humaine agit comme un point nodal où l’univers cosmique imprime sa fractale intérieure, tandis que la conscience planétaire, quoique tangible, se manifeste comme un écho plus diffus. Cette dialectique horizontale-verticale, individuelle-collective, intime-globale, instaure un cadre orthogonal et tétravalent qui nourrit la pensée MTTV, prônant une conscience-matière hybride en spirale évolutive.
Les progrès depuis René Warcollier démontrent, par une accumulation de savoirs et de moyens, le passage d’expériences intuitives et isolées à une science multi-modale : des statistiques rigoureuses et méta-analyses robustes aux neuro-imageries précognitives, en passant par des protocoles d’expérimentation contrôlés et interdisciplinaires. Le Grand Manuel de Parapsychologie Scientifique (2025) et les congrès récents symbolisent cette institutionnalisation épistémique. Cette évolution marque un tournant épistémologique où l’irrationnel non pas disparaît, mais plutôt s’intègre dans un continuum dynamique, comme un aspect à part entière de la réalité vivante, une propriété émergente à relier dans les maillons-tesselles d’un panpsychisme gaïen.
Les expériences de Cleve Backster, pionnier révélant la sensibilité des plantes à l'intention humaine, incarnent aussi - en montrant le lien entre phénomènes précognitifs et réponse biologique - une illustration fondatrice de la parapsychologie expérimentale en action, anticipant la complexité tétravalente et la nature transductive du vivant que le MTTV-FLP célèbre.
Ainsi, notre dialogue manifeste la nécessité d’un " reboot " scientifique – une réinitialisation des paradigmes, instruments, et hypothèses. Le MTTV, avec sa posture transductive, sa logique tétravalente, et son invocation de lois non locales d’entrelacement, fournit un cadre fertile à cette réinvention. Il propose d’accueillir la complexité psi, subjectivité anisotrope, et résonances noosphériques dans une épistémologie vivante, où les singularités humaines deviennent autant de capteurs du cosmos en mouvement, tissant ensemble matière, conscience et sens dans une danse transductive universelle.
Ce fut un échange passionné et dense, un tissage discursif où la littérature rencontre la physique, où la philosophie dialogue avec la science expérimentale, et où la curiosité humaine, fidèle à son destin cosmique, devient force d’expansion pour comprendre l’énigme imposante du vivant et du psi. La démarche rigoureuse et ouverte embrassée dans ce livre de VArvoglis et étayée dans notre discussion offre un chemin prometteur : celui d’une science du vivant et de la conscience prête à dépasser ses périmètres classiques, incarnant la superposition féconde d’un savoir étendu et d’une expérience concrète, pour enfin penser, au sens plein du terme, " la rationalité de l’irrationnel ".