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modernité

Oui à l’heure actuelle nous vivons quatre fois plus qu’il y a un siècle; mais peut-être vivons-nous quatre fois moins bien, quatre fois moins fort.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset)

[ progrès ] [ paradoxe ] [ perte de sens ]

 

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prophétie

Nous ne voulons plus être des hommes autonomes ; nous demandons que l'état nous donne le sein ; plus que de gouvernants, nous avons besoin de gouvernantes. Quand la génération des vieux de 1900, la génération des derniers vrais anciens se sera éteinte, ne serons nous plus que des vieillards voués à l'enfance et qui sauteront, avec une mine poupine, du berceau au cercueil ?

Auteur: Morand Paul

Info: éloge du repos (1937, 125 p., éditions Arléa) p.30

[ assistés ] [ perte de sens ] [ transition ]

 
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épuisement moral

[…] ce n’est pas par complaisance mais par désespoir que les gens s’absorbent en eux-mêmes, et […] ce désespoir n’est pas l’apanage de la seule classe moyenne. […] L’effondrement de la vie personnelle ne provient pas de tourments spirituels réservés aux riches, mais de la guerre de tous contre tous, qui a toujours fait rage dans les couches inférieures de la population, et qui s’étend à présent au reste de la société. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 53-54

[ social-privé ] [ dévitalisation générale ] [ perte de sens ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prophétie

L'Occident meurt d'avoir au cours des siècles séparé l'anthropologie de la théologie, la science de l'homme de la connaissance de Dieu : ce que l'Orient peut lui apporter, c'est un élan théandrique, une vision totale de l'homme, c'est-à-dire de la co-opération de Dieu et de l'humanité, dont le Christ est la figure. La seule vraie révolution du siècle à venir sera la redécouverte par l'homme de la divinité de son existence et de son être.

Auteur: Matzneff Gabriel

Info: Les passions schismatiques (1977, 144p.)

[ est-ouest ] [ civilisation ] [ perte de sens ] [ déspiritualisation ]

 
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désenchantement

Avec la perte du sentiment que les choses peuvent faire sens – la fin de l’idée que nos vies servent à quelque chose – le deuil est devenu mélancolie. Cette mélancolie nous met en colère contre les pertes subies. Inconsciemment, nous accusons tout ce qui semble nous avoir laissés tomber. Nous nous sentons abandonnés par les prédicats humanistes de la culture occidentale et par le réseau de systèmes de croyances qui semblaient offrir une vision progressiste de l’humanité.

Auteur: Bollas Christopher

Info: Dans "Sens et mélancolie"

[ absurde ] [ remise en question ] [ régression ] [ perte de sens ] [ déprime ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

traduction

Uomini e no, le titre italien de ce roman, signifie exactement que nous, les hommes, pouvons aussi être des "non hommes".

C’est dire que ce titre vise à rappeler qu’il y a, en l’homme, de nombreuses possibilités inhumaines. Mais il ne divise pas l’humanité en deux parties : dont l’une serait tout humaine et l’autre tout inhumaine. Le titre français, Les hommes et les autres, implique par contre une telle division et change quelque peu le sens du livre.

Auteur: Vittorini Elio

Info: Dans "Les hommes et les autres", éd. Gallimard, Paris, 1947, Note liminaire, page 8

[ perte de sens ] [ clarification ] [ ambivalence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

accélération

Je suis salarié, je suis locataire, je n’ai rien à transmettre à mon fils. Je n’ai aucun métier à lui apprendre, je ne sais même pas ce qu’il pourra faire plus tard ; les règles que j’ai connues ne seront de toute façon plus valables pour lui, il vivra dans un autre univers. Accepter l’idéologie du changement continuel, c’est accepter que la vie d’un homme soit strictement réduite à son existence individuelle, et que les générations passées et futures n’aient plus aucune importance à ses yeux. C’est ainsi que nous vivons, et avoir un enfant, aujourd’hui, n’a plus aucun sens pour un homme.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Les particules élémentaires", page 210

[ désenracinement ] [ solitude ] [ individualisme ] [ perte de sens ] [ évolution ] [ pessimisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

reproductibilité technique

En fait, si l’art a perdu aujourd’hui de sa sacralité, ce n’est pas parce qu’on le considère comme une vulgaire technique parmi d’autres, mais parce que nous négligeons les rituels collectifs qui donnent du sens à l’action culturelle et civilisatrice. L’art s’inscrivait autrefois dans un système rituel signifiant, porteur d’intersubjectivité, alors que nous sommes désormais plongés dans un univers à la fois individualiste et atomisé, où les jeux de significations ne renvoient plus qu’à des jugements personnels dépourvus d’horizon commun et de sens partagé à construire. L’artiste n’est plus un héros, légitimé socialement ; il devient un marchand, soumis à la loi de l’offre et de la demande. La crise de l’art est d’abord une crise du politique.

Auteur: Isabel Thibault

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2019/05/04/walter-benjamin-aura-crise-art-jean-francois-gautier/

[ indifférence ] [ perte de sens ] [ areligiosité ] [ beaux-arts ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

modernité

Qu'est-ce qui a pris la place essentielle que le mythe détenait dans les sociétés traditionnelles ? Car, certaines "participations" aux mythes et aux symboles collectifs survivent encore dans le monde moderne, mais elles sont loin de remplir le rôle central que le mythe joue dans les sociétés traditionnelles : en comparaison de celles-ci, le monde moderne semble dépourvu de mythes. On a même soutenu que les malaises et les crises des sociétés modernes s'expliquent justement par l'absence d'un mythe qui leur soit propre. Lorsque Jung intitulait un de ses livres 'L'Homme à la découverte de son âme', il sous-entendait que le monde moderne - en crise depuis sa rupture des profondeurs avec le christianisme - est en quête d'un nouveau mythe, qui seul lui permettra de retrouver une nouvelle source spirituelle et lui rendra les forces créatrices.

Auteur: Eliade Mircea

Info: Mythes, rêves et mystères, 1957

[ vide ] [ chaos ] [ perte de sens ]

 
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Ajouté à la BD par Neshouma

prolétariat généralisé

A force de produire des gens hautement qualifiés, on en a produit vraiment de trop depuis le grand boom dans la production de jeunes savants, depuis le Spoutnik il y a une quinzaine d’années, et il y a de plus en plus de chômage dans les carrières scientifiques. C’est un problème qui se pose de façon de plus en plus aigüe pour un nombre croissant de jeunes, surtout de jeunes scientifiques. Aux Etats-Unis, on doit fabriquer chaque année quelque chose comme 1 000 ou 1 500 thèses rien qu’en mathématiques et le nombre de débouchés est à peu près de l’ordre du tiers de cela. Les activités scientifiques que nous faisons ne servent à remplir directement aucun de nos besoins, aucun des besoins de nos proches, de gens que nous puissions connaître. Il y a aliénation parfaite entre nous-mêmes et notre travail.

D’autre part, il n’en reste pas moins que lorsque la science nous permet d’avoir un salaire et de subvenir à nos besoins, les liens entre notre travail et la satisfaction de nos besoins sont pratiquement tranchés, ce sont des liens extrêmement abstraits. Le lien est pratiquement formé par le salaire, mais nos besoins ne sont pas directement reliés à l’activité que nous exerçons. En fait, c’est cela la chose remarquable, quand on pose la question : "А quoi sert socialement la science ?", pratiquement personne n’est capable de répondre. Les activités scientifiques que nous faisons ne servent à remplir directement aucun de nos besoins, aucun des besoins de nos proches, de gens que nous puissions connaître. Il y a aliénation parfaite entre nous-mêmes et notre travail.

Ce n’est pas un phénomène qui soit propre à l’activité scientifique, je pense que c’est une situation propre à presque toutes les activités professionnelles à l’intérieur de la civilisation industrielle. C’est un des très grands vices de cette civilisation industrielle.

Auteur: Grothendieck Alexandre

Info: Allons-nous continuer la recherche ? 27 janvier 1972

[ perte de sens ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson