Je me suis consacré, tout au long de ma vie de chercheur, à comprendre les rythmes secrets qui donnent vie aux organismes. J'ai découvert que ces rythmes, pourtant si divers — du battement sourd du cœur aux horloges internes qui gouvernent nos jours et nos nuits, des vastes colonies de moisissures aux mystérieuses réactions chimiques ondoyantes — sont autant de variations autour d'un même thème : celui des oscillateurs non linéaires couplés.
À travers mes modèles mathématiques, j'ai exploré comment des milliers d'éléments, en dialogue constant, peuvent soudain s'unir en une danse synchronisée, ou au contraire, tomber dans un chaos rythmé. C'est cette dynamique fragile, entre synchronie et désynchronie, qui explique tant les battements réguliers du cœur que les terribles arythmies, et plus largement, la pulsation même du vivant.
Je ne me suis jamais limité à un simple formalisme abstrait. Je crois que la richesse de la science naît de l'ouverture aux analogies lointaines, de la liberté de s'éloigner des frontières étroites des spécialités. La nature danse selon des règles complexes, et pour saisir la beauté, il faut embrasser la complexité et accepter l'imperfection de nos modèles.
Le temps, dans mes travaux, n'est jamais linéaire ou banal : il se déploie comme une géométrie vibrante et vivante, un tissu où s'entrelacent phases et fréquences. Penser le temps biologique ainsi, c'était pour moi offrir aux sciences du vivant une nouvelle lumière — une lumière capable d'éclairer tant les rythmes cardiaques que les mouvements électrochimiques à l'œuvre dans nos cellules.
À travers mes écrits, notamment The Geometry of Biological Time , j'ai souhaité partager une vision profonde où le vivant apparaît comme une mosaïque d'oscillations multiples, une symphonie fragile et toujours renouvelée. Mon espoir est que les chercheurs, en poursuivant cette voie, conservent toujours cette humilité et cette curiosité qui transforment la science en véritable poésie de l'émergence.