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rythme circadien

Le matin, c’est la jeunesse du jour: tout y est gai, frais et facile; nous nous sentons vigoureux et nous disposons de toutes nos facultés. Il ne faut pas l’abréger en se levant tard, ni le gaspiller en occupations ou en conversations vulgaires; au contraire, il faut le considérer comme la quintessence de la vie et, pour ainsi dire, comme quelque chose de sacré. En revanche, le soir est la vieillesse du jour: nous sommes abattus, bavards et étourdis. Chaque journée est une petite vie, chaque réveil et chaque lever une petite naissance, chaque frais matin une petite jeunesse, et chaque coucher avec sa nuit de sommeil une petite mort.

Auteur: Schopenhauer Arthur

Info: Aphorismes sur la sagesse dans la vie – II/ Concernant notre conduite envers nous-mêmes

[ cycle ] [ emploi du temps ] [ optimisation ] [ journée-vie ] [ nycthémère ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

routine

Il se réveillait à neuf heures, et restait au lit jusqu’à dix heures et demie, lisant, tripotant les chats, et se farfouillant dans le nez. A honze heures, il faisait un tour dans le quartier jusqu’à l’heure du déjeuner, et alors rentrait. Après le déjeuner, il lisait un peu, puis se promenait dans Paris de trois à sept, bouquinant chez les revendeurs, et allant de café en café. Jamais il ne prenait un repas au restaurant, malgré l’envie qu’il en avait parfois, parce que sa pension était payée à la maison. Jamais il ne fit un voyage de huit jours. Jamais il ne sortait le soir, et jamais n’était invité. Par sauvagerie et horreur de se contraindre, il avait quitté le monde, n’avait plus été voir les gens qu’aux heures où il savait ne les trouver pas ; ensuite, comme il arrive, le monde le quitta, et tandis qu’au début il n’y allait pas par fantaisie d’humeur, un temps vint où s’y ajouta cette raison, qu’il craignait d’y être humilié.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 51

[ isolement ] [ emploi du temps ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

couple

A la fin de la matinée, après les derniers ordres, elle se retirait dans sa chambre, y lisait une revue littéraire ou quelque roman loué par la critique ou des pages d’une histoire de la philosophie. Tout cela pour lui, pour avoir des entretiens sérieux avec lui. La lecture terminée, elle s'étendait sur le canapé, chassait de son esprit toutes préoccupations matérielles, fermait les yeux, se forçait à penser à leur amour afin d'être fluide et décantée, deux de ses mots favoris ; et toute à lui lorsqu'elle le reverrait. Sortie du bain, elle allait le retrouver, coiffée et parfumée. Alors commençaient leurs heures hautes, comme elle disait. Grave, il lui baisait la main, sachant combien leur vie était fausse et ridicule. Après le déjeuner, s'il sentait qu'il était devenu moralement indispensable de procéder à une union sexuelle, il lui disait qu'il aimerait se reposer un peu avec elle, car il y fallait des manières. Elle comprenait, lui baisait la main. Je vous appellerai disait-elle, une petite victoire dans le cœur, et elle allait dans sa chambre. Là, elle fermait les volets, tirait les rideaux, voilait de rouge la lampe de chevet pour faire lumière voluptueuse, peut être aussi pour neutraliser d'éventuelles rougeurs d'après déjeuner, se déshabillait, couvrait sa nudité d'une robe d'amour, sorte de péplum soyeux de son invention qui n'était mis que pour être enlevé, se refaisait une perfection, passait à son doigt l'alliance de platine qu'elle lui avait demandé de lui offrir, remontait le sacré gramophone, et l'air de Mozart s'élevait, tout comme au Royal. Alors il entrait, officiant malgré lui, parfois se mordant la lèvre pour maîtriser le fou rire, et la prêtresse en sa robe consacrée renflait ses muscles maxillaires pour se mettre ou se croire en état de désir. Mon sacré, lui avait elle dit un jour en le déshabillant doucement. Massacrée, lui avait-il répondu intérieurement. Pauvre vengeance.

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 910-911

[ emploi du temps ] [ théâtralisation ] [ décalage ] [ homme-femme ] [ farce ] [ comique ] [ tue-l'amour ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couple

[…] il résumait les événements de cette journée. Réveil, bain, rasage, entrée chez elle sur convocation de Mozart, baisers, petit déjeuner en noble robe de chambre, baisers, conversation littéraire et artistique, première jonction, exclamations spécifiques, entrecoupées d’assurances d’amour, commentaires tendres, repos, deuxième bain, changement de robe de chambre, disques, musique à la radio, lecture à haute voix par elle, disques, baisers, déjeuner au salon, café, flottille polaire, puis jonction numéro deux après retrait de l’attirail d’équitation jeté au bas du lit, puis jonction numéro trois après le cinéma privé. La regardant dormir, il conjugua silencieusement le verbe faire l'amour, au passé, au présent et, hélas, au futur. Il venait d'attaquer le subjonctif lorsque, brusquement réveillée, elle lui baisa la main, puis le regarda, bouleversante de foi et attendant de lui.

— Que fait-on, aimé ?

Mais toujours la même chose, hurla-t-il en lui-même, on s'aime ! A Genève, elle ne lui aurait pas posé cette terrible question. À Genève, il n'y avait qu'à être ensemble, et c'était le bonheur. Tandis que maintenant elle voulait tout le temps savoir quelle pitance il allait lui offrir. La prendre encore ? Aucune envie. Elle non plus, d'ailleurs. Lui dire une tendresse ? Elle n'en sauterait pas au plafond. Essayer tout de même.

— Je t'aime, lui dit-il une fois de plus en ce jour, jour d'amour comme tous leurs jours.

Pour le remercier, elle lui prit la main, y déposa un baiser, curieusement petit mais bruyant. Les mots, les mêmes mots qui au Ritz l’avaient étourdie de bonheur, les mêmes mots déclenchaient maintenant un baiser nain à son intestinal.

Dehors, universelle, une inlassable pluie disait leur malheur. Enfermés dans la souricière d'amour, condamnés aux travaux d'amour à perpétuité, ils étaient couchés l'un près de l'autre, beaux, tendres, aimants et sans but. Sans but. Que faire pour animer cette torpeur ? Il la serra contre lui pour animer la torpeur. Alors elle se pelotonna contre lui. Que faire maintenant ? Ils avaient depuis longtemps dévidé leurs cocons de souvenirs, de pensées, de goûts communs. Tout leur cocon sensuel aussi. On allait vite au bout de la chair. De nouveau, elle se blottit contre l'homme de sa vie et il eut mal de pitié. Il n'avait pas répondu à sa question et la pauvre n'osait pas la répéter. Ah, ce qu'il faudrait maintenant, c'était deux heures d'adultère au Ritz ! Elle, venue en cachette le voir à quatre heures, venue avec battements de cœur et de paupières, et sachant avec douleur et joie de vivre qu'elle devait absolument le quitter à six heures. Ah, elle ne songerait pas alors à lui demander ce qu'on allait faire !

— Aimé, il pleut moins maintenant. Voulez-vous qu'on fasse tout de même quelques pas dehors ? Cela vous ferait du bien.

S'ils étaient à Genève, elle toujours vivant avec son Deume, et si elle devait être de retour à Cologny dans deux heures, est-ce qu'elle lui proposerait une promenade hygiénique ? Non, collée à lui jusqu'à la dernière minute, intéressée, vivante ! Et en rentrant à Cologny, elle serait insupportable avec le pauvre Deume, cristalliserait sur l'amant si rarement vu, cristalliserait en attendant le prochain revoir. Et quel délice de penser que le mois prochain ils profiteraient d'une absence du mari pour aller passer trois jours à Agay, trois jours qu'elle cajolerait d'avance, trois jours dont elle caresserait les petites plumes pendant les soirées mornes avec le mari. Mais c'était lui qui était le mari maintenant, un mari à qui on donnait des baisers bruyants sur la joue, comme à un bébé. Et même elle lui parlait parfois comme à un mari. Ne lui avait-elle pas dit l'autre jour qu'elle avait sa migraine ? 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 843-845

[ emploi du temps ] [ désœuvrement ] [ ennui ] [ répétitif ] [ baise ] [ absurdité ] [ homme-femme ] [ déclaration d'amour ] [ perte de passion ] [ angoisse ] [ habitude ]

 
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