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cours d'eau

Face au kilomètre zéro, le fleuve vient d’atteindre Sulina, l’ultime agglomération de son cours.

Encadré par deux digues qui s’avancent en mer, il ne reste plus que 7 km à parcourir… et là, où cesse leur protection, le Danube, mêlant ces flots à ceux de la Mer Noire, l’antique " Pont-Euxin ", cesse lui aussi d’exister.

Ici s’achève un périple de près de 3000 km à travers huit pays, où l’humble ruisseau de la Forêt Noire était devenu le fleuve gigantesque de la Roumanie.

Villages fleuris, burgs romantiques, fastueuses abbayes, palais et jardins, forteresses imprenables — prises et reprises — cathédrales prodigieuses, rochers, montagnes, gorges fantastiques, marais mystérieux, valses de Vienne, violon des tziganes, tout n’est déjà plus qu’un souvenir !

Auteur: Perthuis Gérard

Info: Au fil du beau Danube bleu, p. 76

[ européen ] [ parcours complet ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rupture historique

Le vrai moyen âge, pour nous, s’étend du règne de Charlemagne au début du XIVe siècle ; à cette dernière date commence une nouvelle décadence qui, à travers des étapes diverses, ira en s’accentuant jusqu’à nous. C’est là qu’est le véritable point de départ de la crise moderne : c’est le commencement de la désagrégation de la "Chrétienté", à laquelle s’identifiait essentiellement la civilisation occidentale du moyen âge ; c’est, en même temps que la fin du régime féodal, assez étroitement solidaire de cette même "Chrétienté", l’origine de la constitution des "nationalités". Il faut donc faire remonter l’époque moderne près de deux siècles plus tôt qu’on ne le fait d’ordinaire ; la Renaissance et la Réforme sont surtout des résultantes, et elles n’ont été rendues possibles que par la décadence préalable…

Auteur: Guénon René

Info: Dans "La crise du monde moderne"

[ européenne ] [ transition ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophes

J'ai tenu à dissiper un malentendu bien connu : les existentialistes se délectent en quelque sorte de l'aliénation des êtres humains par rapport au monde. C'était peut-être l'attitude de Camus, mais certainement pas celle de Heidegger, Sartre et Merleau-Ponty, qui ont chacun essayé de montrer que nous ne pouvons faire l'expérience du monde que par rapport à nos propres projets et objectifs. Le monde est d'abord un monde d'"objets ou d'équipements", disait Heidegger. C'est un monde de "tâches", disait Sartre.
(...)
Pour moi, les existentialistes sont d'importants critiques des prétentions "absolutistes", et Heidegger et Merleau-Ponty sont, du moins dans leurs écrits ultérieurs, également les représentants d'une doctrine du mystère : que ce soit l'aspect ineffable de l'être ou de la "source" de toute chose pour Heidegger, à l'identique de ce que Merleau-Ponty appelle lui "la chair".

Auteur: Cooper David Edward

Info: Source : www.3ammagazine.com

[ européens ] [ vingtième siècle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

trajectoire humaine

La surprise, c’est que ce sont des écrivains catholiques qui le montrent tel qu’il est, l’homme. Tel qu’il devient ce qu’il est. Tel qu’il tremble. Tel qu’il espère. Tel qu’il agit, délire, essaie. Tel qu’il tente de se soustraire au traquenard d’une machine infernale vieille de deux mille ans. Au piège à rats catholique. Comment il s’arrache, se ronge, se raconte. Gronde. S’échappe. S’endort. S’émerveille. Proteste. Lutte. Et finit toujours plus ou moins, sans le savoir par surenchérir sur le dogme qu’il veut oublier, par pousser réactionnellement l’une ou l’autre de ces turgescences parasites qu’on appelle des hérésies. Magismes, prophétismes, occultismes nomades, alchimismes émancipateurs… Réalisations retardées et décalées d’un corps de doctrines préhistoriques mal enterrées. Autrement dit, on finit toujours là, dans ce marais-là, au milieu du clapotement des occultismes, des sectes et des obsessions de libération de l’humanité. C’est fatal, c’est écrit, c’est la loi du roman-feuilleton de la vie dans l’ère du Grand Cafouillage. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 206

[ tragédie ] [ répétition ] [ papisme ] [ culture européenne ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivains

- Vous vous appuyez sur Kundera pour dénoncer un autre aveuglement de l’époque, qui croit voir en chaque écrivain un "prophète" des temps futurs. Péguy prophète du règne de l’argent, Bernanos de celui de la technique, etc. C’est un travers que l’on peut retrouver dans PHILITT. Pouvez-vous nous expliquer le raisonnement de Kundera ?  

- Kundera dit ça à propos de Kafka. Il essaye d’expliquer pourquoi il ne faut pas voir en Kafka le prophète du totalitarisme. Même si l’univers de Kafka fait penser à la Tchécoslovaquie des décennies suivantes. Pour Kundera, l’art du romancier consiste à identifier des possibilités de l’existence. Ces possibilités sont inhérentes à la vie quotidienne, relationnelle, individuelle de n’importe qui et sont détachées de la question de l’Histoire. On peut les insérer ou les relier à l’Histoire mais elles ont leur autonomie. Elles sont pour l’écrivain des questions éternelles. Quand Kafka découvre un certain type d’angoisse existentielle, il découvre, selon Kundera, quelque chose qui a toujours existé mais qui n’était pas encore formulé. Le génie de Kafka consiste dans cette découverte. C’est vrai que le totalitarisme, dans sa réalisation historique, active avec une particulière netteté ce domaine de l’existence qu’a découvert Kafka. Mais si cette réalisation totalitaire n’avait pas existé, cela ne changerait rien à la découverte de Kafka qui s’inscrit dans un univers plus autonome et profond. Je ne sais pas si le raisonnement Kundera s’applique à toute la littérature, mais il montre une direction qui permet de nuancer une tendance à laquelle beaucoup cèdent aujourd’hui. C’est tellement facile de voir la littérature comme ça.

Auteur: Vitry Alexandre de

Info: Interview sur PHILITT. par Matthieu Giroux, 11 octobre 2018

[ européens ] [ secondéités ] [ médium ]

 

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réforme protestante

Peut-être est-ce en Suisse, comme nous disons aujourd’hui – qu’à cet égard la situation est la plus nette. Depuis 1529, date précoce, on peut dire que les Cantons confédérés forment deux groupes : Zurich, Berne, Bâle, Saint-Gall ont remplacé la messe par le prêche. Encore reste-t-il bien à faire aux novateurs, surtout en Suisse romande, cette dépendance de Berne, pour que la carte religieuse du pays soit mise à jour de façon à peu près définitive. Et ni catholiques ni réformés ne renoncent à faire prévaloir leur foi, au besoin, par des moyens violents. Le 11 octobre 1531, Zwingli laisse sur le champ de bataille de Cappel son corps sanglant, que les catholiques dépècent et brûlent...

En Allemagne ? Situation longtemps indécise, les princes protestants étant contraints à la prudence. L’empereur, au lendemain de Pavie, au lendemain du sac de Rome, était si puissant ! En 1527 seulement, à la diète de Spire, les princes ont obtenu une sorte e liberté provisoire d’organier les Eglises dans leurs Etats, suivant leurs idées et sans avoir à redouter ces éternels conflits avec la Chambre impériale qui jusqu’alors avait tout troublé. – En Angleterre ? C’est en 1532, l’année de Pantagruel, qu’Henri VIII commence à peser sur les décisions du clergé anglais ; mais nul ne sait encore ce que veut en matière de foi ni à quel point s’arrêtera ce prince à la fois anti-romain et anti-luthérien. L’acte de Suprématie ne date que de 1534, et le Gargantua paraît, après le Pantagruel, quand Thomas More est décapité ou quand, sous la vigoureuse impulsion de Thomas Cromwell, commence la suppression des monastères anglais. 

[...]

En France ? L’incertitude est extrême sur les desseins du roi. Il n’a pas rompu avec Rome ; mais il s’entend avec les princes luthériens : jeu de bascule perpétuel. Un jour, il sauve Berquin et le fait arracher, par les archers de sa garde, aux griffes croches des parlementaires. Un autre jour, il suit, cierge en main, les processions expiatoires de juin 1528. Il laisse périr ce Berquin qu’il a d’abord sauvé (17 avril 1529), puis, au début de 1530, institue les lecteurs royaux, et, en avril 1531, invite Zwingli à lui présenter une confession de Foi. – Cependant, en octobre 1533, il se rend à Marseille, rencontre le pape Clément et marie le Dauphin à une Médicis. Mais à la fin de novembre 33, il délibère à Avignon sur un projet d’alliance avec les luthériens ; en janvier 1534, il traite à Bar-le-Duc avec le Landgrave : il faut l’affaire des Placards (le 18 octobre 1534) qui éclate lorsque, selon toute probabilité, le Gargantua est mis en vente, pour que le roi se porte aux pires extrémités, contre les luthériens, sans doute, mais contre les lettres mêmes, l’imprimerie qu’un édit prétend supprimer, l’humanisme et les langues classiques.

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, pages 251-253

[ historique ] [ diffusion européenne ] [ ambivalence ]

 

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