avis égocentrés
Le foudroiement des opinions m’irrite. Je ne vois plus que des cœurs butés, des esprits en mal d’équilibre, au sens critique empoisonné. Plus un homme qui ne juge en fonction du cancer qui le ronge. Il n’y a plus de fixe que l’égarement. Là où il faut juger cœur on vous répond technique, et là où c’est technique on ne trouve plus qu’une maladie de cœur.
Auteur:
Artaud Antonin
Années: 1896 - 1948
Epoque – Courant religieux: Industriel
Sexe: H
Profession et précisions: comédien
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Cahiers de Rodez, VII, 371
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unilatéralité
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sentimentalité-efficacité
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censure
L’histoire de ces quinze ou vingt dernières années, à Cordicopolis, est celle de l’éradication, plus ou moins consciente et violente, du principe de contradiction (alternative, pouvoir des oppositions, prestige des antithèses, choix des possibles), plus largement de toute négativité et de toute possibilité d’exprimer cette négativité, au profit (et parce qu’il faut bien, comme disait Kojève, que l’homme puisse faire semblant de continuer à s’opposer à lui-même et aux autres) d’une sorte d’ "autonégativité intersubjective" qui est la négativité de remplacement d’une période béate, par ailleurs, de sentir s’effacer les "identités".
Auteur:
Muray Philippe
Années: 1945 - 2006
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: essayiste et romancier
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page XV
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consensus
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unilatéralité
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ergotage
Le préjugé qui consiste à croire que toute qualification initiatique implique une mentalité "jnânique", et par conséquent une aptitude naturelle à la spéculation, est d’autant plus contradictoire que la majorité de ceux qui sont doués pour la spiritualité ont une nature faite pour la voie de l’amour et non pour celle de la connaissance ; le dit préjugé s’explique toutefois, hormis les aberrations d’un amour-propre disproportionné, par une prédisposition naturelle à la ratiocination, et il n’est point abusif de dire que l’un des caractères distinctifs de l’Occidental est qu’il "pense" trop ; en fait, il déploie tout son être dans la faculté mentale qui est devenue excessivement active et différenciée, d’où son monstrueux génie inventif et son illusion d’être supérieur aux autres hommes ; la civilisation moderne reflète fidèlement cette hypertrophie du cerveau européen. Le préjugé de croire que toute vérité entraîne l’obligation d’en faire un jeu de la "pensée", c’est-à-dire de la passer au crible de quelques habitudes mentales, devient encore plus gênant lorsqu’il n’est que le fruit d’une déformation scolaire ; un des caractères les plus frappants du monde actuel est la multitude de ceux qui, sans être doués par la nature d’une intelligence tant soit peu supérieure,se croient obligés de faire semblant de penser à tout propos, en revêtant leur inintelligence d’une phraséologie apprise, en quoi ils atteignent souvent une habileté comparable à celle d’un prestidigitateur ; la sottise, ainsi dissimulée sous un fatras d’artifices rhétoriques et avancés avec un aplomb aussi irresponsable qu’imperturbable, est volontiers prise pour de l’"intelligence", voir de la "richesse" intellectuelle, conformément à la conception médiocre et toute quantitative de la "culture".
Auteur:
Schuon Frithjof
Années: 1907 - 1998
Epoque – Courant religieux: industriel - islam
Sexe: H
Profession et précisions: métaphysicien, ésotériste, écrivain pérennialiste
Continent – Pays: Europe - Suisse - Allemagne
Info:
"L'oeil du coeur", pages 84-85
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branlette intellectuelle
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unilatéralité
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