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Gaule

[…] il y a deux choses que j’ai découvertes en France. Ce que signifie manger. Et ce que signifie écrire. Avant de venir en France, je mangeais comme un animal. Parce que ma mère, jamais elle ne nous a expliqué : à midi, on va manger ça et ça. Jamais je n’ai entendu un commentaire disant : ça c’est bon, et ça c’est mauvais. On mangeait, c’est tout. (Rires.) Ma famille n’était absolument pas pauvre, loin de là, mais on considérait que l’acte de manger ne participait pas de la civilisation. Encore que je ne vienne pas d’un peuple civilisé, mais enfin, le problème n’est pas là. On n’en est pas là. Mais voilà ce qui se passait : quand je suis arrivé à Paris, j’ai débarqué dans un petit hôtel du quartier Latin. Et je descendais tous les matins pour téléphoner en bas, et je me rappelle, tout au début, j’entends la patronne, son mari et leur fil discuter : "Maman, qu’est-ce qu’on va manger à midi ?" C’est vrai, pendant une demi-heure ils élaborent tout un truc. Moi, je pensais qu’ils avaient des invités. Ça s’est répété deux ou trois fois, et finalement indéfiniment, puis je me suis dit : "Eh bien, manger, c’est donc un acte intellectuel. Ça fait partie vraiment de la civilisation." Et je commençais quand je mangeais, à faire des commentaires : "C’est bon." Je commençais à manger de façon consciente…

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Entretiens

[ culture ] [ spécificité ] [ écriture ] [ nourriture ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

singularités périodiques

Les mots consacrés de la postmodernité: sauver la planète, sauver le climat, développement durable, biodiversité, énergies renouvelables, commerce équitable, islamophobe, antisémite, homophobe, pride, LGBT, terrorisme, féminisme, pour tous, mansplain*, queer, bashing, crise, réalité augmentée, troller, flooder, fake news, bio, genre, etc. sont sans connecteur logique complexe, ce qui les rend péremptoires et inadéquats à l’art de la nuance, du paradoxe et de la contradiction qui permettent de nommer correctement, mais aussi de concevoir des stratégies sur la progression et la confusion des forces au sein du combat que se livrent les notions elles-mêmes. Résister aujourd’hui, c’est d'abord refuser la langue du spectacle, ne pas renoncer à vouloir nommer la complexité, renouer avec l’art de la nuance, la logique, la dialectique que le spectacle voudrait éclipser. Nous ne savons plus parler, nos lèvres sont sèches et les mots sont déjà morts avant de passer la barrière de nos dents. Apprendre à parler c'est d'abord apprendre à lire, puis écrire, et aussi dessiner, composer comme on aiguise une lame, comme on répète des enchaînements pieds-poings, apprendre à parler c'est déjà apprendre à se battre. L'action aujourd’hui c'est d’abord de faire passer une parole d’émancipation véritable, raviver le style, affuter le goût, développer la sensibilité, affiner le jugement, se donner les moyens de nommer avec précision ce qui détermine la subjectivité de notre époque, repérer les forces en présence, les assauts, les contournements, les frappes, les retraites, les conquêtes, les victoires, les défaites...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Note facebook du 19.03.19 *situation où un homme explique à une femme quelque chose qu'elle sait déjà, sur un ton généralement paternaliste ou condescendant

[ héritage ] [ réappropriation ] [ novlangue ] [ effet de discours ] [ politiquement correct éphémère ] [ époques ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Balzac ne refléchit pas longtemps. Chaque fois qu'on lui parle d'une affaire, c'est son imagination débridée et non sa raison calculatrice qui mène l'argumentation, et spéculer fut pour lui, sa vie durant, une jouissance, tout comme écrire et créer. Jamais Balzac n'a dédaigné, par vanité littéraire, de faire du commerce. Il était disposé à trafiquer de tout : livres et tableaux, actions de chemin de fer, terrains, bois et métaux. Son unique ambition était de dépenser ses forces et de percer, peu importe dans quel domaine et par quels moyens. Le jeune Balzac n'a qu'une volonté, la volonté d'arriver, la volonté de puissance... Et avec la même rapidité qu'il perçoit, dans la première vision artistique, toutes les intrigues et leurs dénouements, son avidité hypertrophiée découvre, dans chaque spéculation, des bénéfices par millions... Le 6 avril 1828... Balzac fait banqueroute, et trois fois banqueroute, comme éditeur, comme imprimeur et comme propriétaire d'une fonderie de caractères... Il doit à 29 ans presque cent mille francs à sa famille et à son amie... Ces cent mille francs de dettes, fruits des trois années de son activité commerciale, seront le rocher de Sisyphe qu'il remontera toute sa vie en déchirant presque ses muscles et qui toujours le précipitera à nouveau dans les abîmes. Cette première et unique faute de sa jeunesse le condamne à rester éternellement endetté; jamais ne se réalisera le rêve de son adolescence, pouvoir travailler librement, être indépendant.


Auteur: Zweig Stefan

Info: Balzac : Le roman de sa vie, pp.91 à 108

[ engrenage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

réforme de l'église

[...] il n’y a que deux philosophies, si on tient absolument à ce mot ignoble : la spéculative chrétienne, c’est-à-dire la théologie du Pape, et la torcheculative. L’une pour le midi, l’autre pour le nord. Voulez-vous que je vous fasse en deux mots cette histoire de dégoûtation ? Avant votre Luther, on n’était pas déjà trop brillant dans le monde germanique. Quand je dis votre, j’entends le Luther de cette nation crapuleuse. C’était une ingouvernable pétaudière de cinq ou six cents États dont chacun représentait un grouillis de caboches obscures, imperméables à la lumière, dont les descendants ne peuvent être orientés ou disciplinés qu’à coups de trique. L’autorité spirituelle était là-dessus comme l’abeille sur le fumier. Luther eut cet avantage suprême d’être le Salaud attendu par les patriarches de la gueuserie septentrionale. Il incarnait à ravir la bestialité, l’inintelligence des choses profondes et le croupissant orgueil de tous les buveurs de pissat de vache. Il fut adoré, naturellement, et tout le nord de l’Europe s’empressa d’oublier la Mère Église pour aller dans les fientes de ce marcassin. Le mouvement continue depuis bientôt quatre siècles et la philosophie allemande, exactement qualifiée par moi tout à l’heure, est la plus copieuse ordure tombée du protestantisme. Ça se nomme l’esprit d’examen, ça s’attrape avant de naître, aussi bien que la syphilis, et il se trouve de petits français assez engendrés au-dessous des dépotoirs pour écrire que c’est tout à fait supérieur à l’intuition de notre génie national.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 166-167

[ vacheries ] [ diatribe ] [ religion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

jeux et passe-temps pour ce logiciel



- Lecture : trouver un texte dans les FLP qui corresponde peu ou prou à une situation vécue, ou en cours.

- Ecriture : pondre un paragraphe de 12 lignes au maximum sur une situation vécue. Et bien sûr l'étiqueter avant de l'insérer. (Exemple)

- Trouver ou écrire un exemple d'image fixe (ou sculpture) transmutée en texte. Et l'insérer. (Exemple)

- Inventer ou trouver un terme intraduisible. Et l'insérer. Exemple

- Trouver ou pondre un texte où le décor sonore domine. Ou mieux : une transmutation musique-son mise en texte. Exemple. Et l'insérer.

- Trouver ou écrire un texte ou une personne explique sa langue à un autre (alien ou ET c'est encore mieux), à partir de ses fondamentaux (signes). Et l'envoyer par mail.

- Créer une chaîne.  



SECTION EXPÉRIMENTALE :

- En s'inspirant de ceci, proposer - donc insérer - des néologisme "quantiques". Nouveaux signes (ou vocables, ou termes...) destinés à pallier certaines faiblesses de nos langages.



Section "QUI VEUT NOUS AIDER".

- Participer et aider au développement de FLP via le développement d'un crowfunding efficace.


Auteur: Mg

Info: 9 avril 2018, [a http]ceci[/a]

[ loisir ] [ distraction ] [ écriture ] [ réflexion ]

 

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construction

Je n’ai pas commencé [ce travail] comme philosophe, et je ne désire pas particulièrement écrire à propos de philosophie ou sur la nature des choses. Ce n’est pas mon métier. Une seule question m’intéresse par dessus tout - comment créer de beaux bâtiments. Je ne m’intéresse seulement qu’à la beauté réelle. Je n’ai jamais eu l’envie de concevoir du bâti lisse que les architectes de mon temps ont généralement conçu. Nombre d’entre eux ont abandonné le travail du beau, et par ricochet abandonné ce travail en tant qu’idéal atteignable. Cela est peut être compréhensible. Construire à un degré de beauté qui pouvait être commun aux XIIème ou XVème siècle en Europe et dans des centaines d’autres cultures à presque toutes les ères de l’histoire humaine à l’exception de la notre nous est très ardu. Cela était spécifiquement dur pour nous en cette fin de XXème siècle et continuera de l’être alors que nous entrons dans le vingt-et-unième. Pour différentes raison - pas entièrement claires pour moi il y a trente cinq ans - cette difficulté est telle que les architectes ont presque abandonné. Cela je ne l’ai jamais accepté. Je n’ai jamais accepté le pis-aller, ou l’idée idiote de la "bonne architecture" avec laquelle certains architectes du XXème baratinent le public. Je voulais être capable de réaliser le vrai et pour cela je devais comprendre quel était ce vrai. La raison n’était pas curiosité intellectuelle, mais une raison pratique, je voulais pouvoir le faire moi même.

Auteur: Christopher Alexander

Info:

[ ordre ] [ expérimentation pratique ]

 
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Ajouté à la BD par Patate

contrariété

N'ayez pas peur du mécontentement, mais nourrissez-le jusqu'à ce que l'étincelle devienne une flamme et que vous soyez perpétuellement mécontent de tout - de votre travail, de votre famille, de la traditionnelle course à l'argent, à la situation, au pouvoir - de sorte que vous vous mettiez vraiment à penser, à découvrir. Or, en vieillissant, vous vous rendrez compte qu'il est très difficile de maintenir cet esprit de mécontentement. Vous avez des enfants à nourrir, et les exigences de votre travail à prendre en compte, l'opinion de vos voisins, de la société qui se referme sur vous, et très vite vous commencez à perdre cette flamme ardente du mécontentement. Quand vous êtes mécontent, vous allumez la radio, vous allez voir un gourou, vous récitez la puja, vous vous inscrivez à un club, vous buvez, vous courez les femmes - tout est bon pour étouffer la flamme. Or, voyez-vous, sans cette flamme du mécontentement, vous n'aurez jamais l'initiative qui est le commencement de la créativité. Pour découvrir la vérité, vous devez être en révolte contre l'ordre établi. […]
La créativité ne consiste pas simplement à peindre des tableaux et à écrire des poèmes - ce qui est bien, mais reste minime en soi. L'important est d'être mécontent de fond en comble car ce mécontentement global est le début de l'initiative qui devient créative à mesure qu'elle mûrit ; et c'est la seule manière de découvrir ce qu'est la vérité, ce qu'est Dieu, car Dieu n'est autre que l'état créatif.

Auteur: Krishnamurti Jiddu

Info: Le sens du bonheur

[ irritation ] [ moteur ]

 

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déclaration d'amour

Si tu n'avais pas d'enfants et une famille, tu serais une poétesse, Ekaterina, une grande poétesse, me disait-il souvent. L'élément sauvage et païen en toi jaillirait sous les formes verbales les plus merveilleuses, maîtrisée, ta féminité transmettrait par des rimes et le rythme de tes vers, la profondeur du sens étonnerait par des nuances et des détails inattendus. Tu créerais une musique, Ekaterina, une musique faite de mots tout comme, en ce moment, tu crées une harmonie et une musique à partir de cette demeure, Ekaterina, à partir de chaque instant où nous sommes ensemble. Tu es une magicienne, Ekaterina, tu transformes la vie ordinaire en poésie et en éternité, c'est pourquoi tu aurais dû être une poétesse, Ekaterina.

Moi je riais, évidemment, en entendant ses mots, mais en quoi les enfants m'empêchent-ils, Mina, d'être une grande poétesse, lui rétorquais-je pour plaisanter, si je pouvais créer des vers sublimes, rien ne pourrait m'arrêter.

Tu as du talent, Ekaterina, me disait votre père, tu ne dois pas le laisser sans bouffées d'air, tu ne dois pas l'étouffer sous le lourd fardeau de la maternité et des soins que tu nous prodigues, tu dois garder du temps pour toi, uniquement pour toi, et écrire, chaque jour tu dois écrire quelques pages dans ton journal intime, décrire l'essentiel, tes impressions, tes idées, tes sensations, tes rêves. Promets-moi, Ekaterina, que tu ne perdras pas ton talent à cause de nous.

C'est ainsi que me parlait votre père.

Auteur: Dimova Teodora

Info: Les dévastés

 

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Ajouté à la BD par miguel

écriture

Je fais simplement le meilleur livre que je peux et j'essaie de ne pas me soucier du public ou de savoir s'il va se vendre. Les chances sont contre vous, alors pourquoi abuser de votre talent au nom d'une chimère ? Le seul véritable plaisir que j'éprouve à écrire est celui de me faire plaisir. Ce que pensent les lecteurs est intéressant et éclairant (et il se peut même que ce soit correct), mais ce n'est rien comparé à l'excitation de voir un monde se développer. En outre, même si j'apprécie la plupart des personnes que je rencontre, j'ai une assez mauvaise opinion des gens en général. Donc, si je devais écrire pour les gens en général, je devrais baisser radicalement mon estimation de l'intelligence de mon lecteur. Plutôt que de faire cela, j'écris de la façon dont il semble que le livre doive apparaître. Je ne pense pas que ce soit égoïste. Il y a souvent des choses que j'aimerais inclure dans mes livres - des choses qui me concernent personnellement et d'autres matériaux - que je sens que je dois laisser de côté parce qu'elles ne sont pas pertinentes pour le livre. Je suis assez impitoyable sur ce point, car j'essaie de ne rien laisser se mettre en travers de ce qui est le mieux pour le livre. Si cela signifie que le livre ne se vendra pas ou qu'un éditeur ne l'achètera pas, alors c'est mon problème. J'en souffrirai, mais je ne laisserai pas le livre en souffrir.

Auteur: Vollmann William T.

Info: Interview avec Larry McCaffery en 1993

[ sincérité ] [ incompromission ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pornographie

Serena Joy serre mes mains comme si c'était elle et non pas moi, qui se faisait baiser, comme si elle trouvait la chose agréable, ou douloureuse, et le Commandant baise, à un rythme régulier de pas cadencé une, deux, sans relâche, comme un robinet qui goutte. Il est absorbé, comme un homme qui fredonne sous la douche sans se rendre compte qu'il fredonne; comme un homme qui a d'autres choses en tête. C'est comme s'il était ailleurs à attendre de jouir, tout en tambourinant des doigts sur une table. Il y a une impatience dans sa cadence à présent. Mais n'est-ce pas le rêve érotique de tout homme ? Deux femmes à la fois ? C'est ce que l'on disait. Excitait, disait-on. Ce qui se passe dans cette chambre sous le baldaquin argenté de Serena n'a rien d'excitant. Cela n'a aucun rapport avec la passion, ni l'amour, ni le romantisme, ni avec aucune des autres idées qui nous servaient à nous émoustiller. Cela n'a rien à voir avec le désir sexuel, du moins pour moi, et certainement pas pour Serena. Le désir et l'orgasme ne sont plus considérés nécessaires ; ils ne seraient qu'un symptôme de frivolité, comme des jarretelles tape-à-l'oeil, ou des grains de beauté : distractions superflues pour des écervelés. Démodées. Cela paraît étrange que les femmes aient jadis consacré tant de temps et d'énergie à s'informer de ces choses, à y penser, à s'en inquiéter, à écrire à leur propos. Il est tellement évident que ce sont des divertissements.

Auteur: Atwood Margaret

Info: la Servante Ecarlate

[ pensée-de-femme ] [ femme objet ] [ spectatrice ]

 

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