Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 114
Temps de recherche: 0.0524s

écrivain-sur-écrivain

"Je ne l'ai jamais vu, je n'ai jamais eu aucune sorte de rapport direct avec lui; mais quand il est mort, je me suis soudain rendu compte qu'il avait été pour moi le plus précieux, le plus cher et le plus nécessaire des êtres. Il ne m'est jamais même entré dans la tête de me comparer à lui. Tout ce qu'il écrivit était tel que plus il écrivait ainsi et plus je me réjouissais. La réussite artistique, l'intellect peuvent éveiller mon envie, mais une oeuvre venue du coeur, seulement de la joie. Je l'ai toujours considéré comme mon ami et je comptais très fort le voir quelque jour. Et brusquement j'apprends qu'il est mort. D'abord j'ai été complètement bouleversé et quand plus tard j'ai compris quelle valeur il avait eue à mes yeux, je me suis mis à pleurer."

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Peu après avoir appris la nouvelle de la mort de Dostoïevski, dans une lettre à Strakhov

[ deuil ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

Cependant le principal mérite de Houellebecq n'est pas là. Si on le lit avec entrain, c'est qu'on est convaincu presque d'emblée qu'on n'a pas affaire, pour une fois, à la pistrouille idéologique coutumière. Voilà quelqu'un qui (...) en tous cas ne se plie pas à ces exigences de la bien-pensance qui rendent illisibles la plupart des livres qui paraissent aujourd'hui, surtout les romans. On a enfin l'impression avec lui, de quelqu'un qui parle du monde comme il est, sans soumettre son regard, préalablement, aux exigences de la religion d'état médiatique. Il ne croit rien de ce qu'il faut croire pour avoir la paix, il ne dit rien de ce qu'il faut dire pour être aimé - ce que nonobstant il vend trois cent mille exemplaires de ses ouvrages et il est adulé par la critique : on peut dire qu'il est plus doué que moi !


Auteur: Camus Renaud

Info: Sommeil de personne : journal 2001, p. 439

[ libre ] [ séditieux ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

Un grand écrivain de l’époque précédente [Gogol], en conclusion de la plus grande de ses œuvres [Les Âmes mortes], personnifiant la Russie par une troïka russe fonçant vers une destination inconnue, s’exclame : "Ah, troïka, oiseau-troïka, qui t’a inventée !" et avec un orgueilleux enthousiasme il ajoute que, devant cette troïka fonçant à tombeau ouvert, tous les peuples s’écartent respectueusement. C’est ainsi, messieurs, admettons, admettons qu’ils s’écartent, respectueusement ou non, mais à mon humble avis, le génial artiste a terminé ainsi son livre, soit dans un accès d’exaltation puérile et naïve, soit simplement par crainte de la censure de l’époque. Car en n’attelant à sa troïka que ses propres héros, les Sobakevitch, les Nozdrev et les Tchitchikov, quel que soit le cocher, on n’arriverait à rien de bon avec de tels coursiers ! Or ce ne sont encore que les coursiers de jadis, qui ne peuvent rivaliser avec ceux d’aujourd’hui, nous avons mieux...

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 2, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 471-472

[ critique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Je ne comprends pas les gens qui trouvent que Michel Houellebecq n’a pas de style. Faut-il qu’ils manquent d’oreille ! Houellebecq a le style imperturbable, c’est bien différent — le style Buster Keaton, deadpan, pince-sans-rire, tongue-in-cheek. En fait c’est un des tons les plus difficiles à trouver et surtout à garder, à tenir sur la distance. Lui s’acquitte de cet exercice de haute voltige avec une virtuosité sans égale, qui forcément se doit de rester discrète, comme tout le reste : il y a là une contradiction dans les termes, cette maestria pataude, qui fait toute la tension de la phrase et de la page, page après page (je suis en train de lire Sérotonine). Un autre avantage, c’est un effet comique permanent. On connaissait l’Apocalypse en riant, voici la dépression planétaire à se tordre : plus c’est triste, plus c’est drôle ; plus c’est désespéré et désespérant, plus on s’amuse.

Auteur: Camus Renaud

Info:

[ éloge ]

 
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Ainsi Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski avait l’air d’un ouvrier robuste ; en outre, on sentait nettement en lui le dressage militaire. Cependant, sous le coup du destin cruel qui, inexorablement, l’avait frappé, il semblait pétrifié de chagrin ; au demeurant, maladroit, lourdaud et silencieux. Son visage pâle, hâve, terreux, parsemé de taches rouge foncé, ne s’éclairait jamais d’un sourire. Et il n’ouvrait la bouche que pour de brèves phrases à propos d’une chose précise. Un bonnet enfoncé jusqu’aux sourcil accentuait le regard morose, fixe et malveillant. Du reste, le plus souvent, la tête restait penchée en avant et les yeux baissés. Les prisonniers ne l’aimaient guère. Tout en reconnaissant son autorité morale, ils évitaient de lui adresser la parole et le regardaient d’un œil presque haineux. S’en rendant compte, il se tenait à l’écart de tout le monde. Rares étaient les occasions où, la tristesse devenant insupportable, il engageait la conversation avec quelque prisonnier.

Auteur: Martyanov P. K.

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 97

[ portrait ] [ description ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Une face ressemblant à une forêt : avec plus de fourrés que de clairières, obstruant tout accès à la vision intérieure. Large et flottant au vent, la barbe de fleuve et de patriarche se presse jusqu'au haut des joues, recouvre de ses flots, pour, pour des dizaines d'années, la lèvre sensuelle et masque l'écorce ligneuse de la peau aux gerçures brunes. Devant le front se hérissent, épais comme le doigt et emmêlés comme des racines d'arbre, de puissants sourcils. Au-dessus de la tête écume grise vague marine, la masse agitée des mèches de cheveux aux entrelacements touffus : partout se dresse l'abondance hirsute et tropicale des poils répandant à la manière de Pan cette exubérance de monde primitif. Exactement comme pour le Moïse de Michel-Ange, cette image du plus viril des hommes, le regard n'aperçoit d'abord dans la figure de Tolstoï que la vague à la blanche écume de cette gigantesque barbe de Père éternel.

Auteur: Zweig Stefan

Info: Tolstoï

[ portrait ] [ physionomie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

Jusqu’à l’année de la famine [1891], Tolstoï glorifiait l’amour du travail, du travail de la terre, allant jusqu’à nier le travail intellectuel, proposant une non-pensée qui serait, bien sûr, le triomphe de l’ignorance.

En revanche, après la famine, Tolstoï glorifie le non-agir ; en d’autres termes, il souhaite manifestement le triomphe du parasitisme. L’essai publié à Berlin sur la non-résistance au mal par la violence pourrait être tenu pour une explication du non-agir, s’il ne soulevait la question de l’essence du christianisme : est-ce une nouvelle conception de la vie, ainsi que le suggère le titre, ou, selon les derniers chapitres (10 et 11), une nouvelle superstition, fondée sur la confiance envers ceux qui pensent être les seuls à avoir compris le christianisme, sur la confiance envers une minorité, seule à soi-disant comprendre le Sermon sur la Montagne (ce sermon qui s’adressait précisément aux pauvres en esprit, non pas à une minorité, mais, par conséquent, à la majorité !) ?

Auteur: Fiodorov Nikolaï

Info: "Correspondance (1873-1903), traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard, éditions des Syrtes, Genève, 2021, Lettre à Vladimir Alexandrovitch Kojevnikov du 25 juillet 18944

[ critique ] [ nihilisme ] [ contre-sens ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

L’auteur de la Vie de Jésus [Ernest Renan] est, en effet, une outre de félicité parfaite. Gonflé des dons de la fortune qui ne s’interrompit jamais de le remplir, il offre à l’observation le cas exceptionnel d’une hydropisie de bonheur. Réputé grand écrivain sans avoir jamais écrit autrement que le premier cuistre venu, renommé philosophe pour avoir ressassé de centenaires dubitations et critique vanté dans tous les conciles du mensonge, — on l’adore dans les salons et on le sert à genoux dans les antichambres. Il est le Dieu des esprits lâches, le souverain Seigneur des âmes naturellement esclaves, et le psychologue Dulaurier* se liquéfie devant ce soleil du dilettantisme, dont il raconte la "sensibilité". Si l’histoire du xixe siècle est jamais écrite, ce mot inouï sera recueilli comme une gemme documentaire d’un inestimable prix. On s’en contentera pour nous juger tous, hélas ! Mais, qu’importe cet avenir à l’heureux Bouddha du Collège de France dont le ventre plein de délices est caressé par de tels Eliacins ?

Auteur: Bloy Léon

Info: *Pseudonyme pour Paul Bourget, dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, page 346

[ vacheries ] [ réputation surfaite ] [ gloire imméritée ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

- Faites-moi donc la grâce de me dire ce que vous pensez d’Anna Karénine, lui ai-je demandé à nouveau.

- Je vous jure que je n’ai pas envie d’en parler, répondit Dostoïevski. Tous ces personnages sont à tel point stupides, plats et mesquins qu’il est absolument incompréhensible que Tolstoï les considère comme dignes de notre attention. Alors que tant de problèmes authentiques, primordiaux, révoltants nous sollicitent, et que tant de questions nous ramènent à celle – essentielle – d’ "être ou de ne pas être", voici qu’l nous demande de perdre notre temps à propos d’un officier du nom de Vronski, qui tombe amoureux d’une mondaine, et pour qui il faudrait penser aux imbroglios qui en sont résultés. Nous étouffons déjà sans cela chaque jour dans cet air de salon, où l’on se heurte à chaque instant à des nullités, où triomphent la platitude et la banalité ! Or, voici que dans une œuvre du meilleur romancier russe nous retrouvons la même chose !

Auteur: Altchevskaïa Ch.

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 432

[ critique ] [ superficiel ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

L’écrivain doit rejeter l’extérieur, s’isoler et s’inspirer de lui-même, de sa vie et de ce qu’il sent. C’est une aventure intérieure et individuelle, et non collective. On peut s’arrêter sur Malraux, à qui je ne voue aucune estime. Je pense en effet qu’il n’a jamais été écrivain. Il a écrit sept romans qui lui ont servi d’instruments pour assurer sa notoriété d’homme, ce qui est la démarche inverse de celle de tout écrivain authentique, qui souhaite la notoriété de son art et non de sa personne. Dans L’Espoir, son ouvrage sur la guerre d’Espagne pour laquelle il s’est impliqué durant peu de mois, il n’y met rien de lui-même. Il a écrit ce livre à toute vitesse pour être le premier à traiter de ce sujet et pour être sûr d’être lu, car il s’agissait alors d’un thème d’actualité. Il a d’ailleurs récidivé avec son film Espoir, sierra de Teruel. Mais qui, aujourd’hui, lit L’Espoir ? Il ne passe pas l’épreuve du temps, il est bâclé et n’a aucune solidité.

Auteur: Guillet Christian

Info: https://philitt.fr/2021/12/13/christian-guillet-la-litterature-est-la-fille-de-la-foi/

[ critique ] [ social ] [ personnage public ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson