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éloge

Il n'y a qu'un seul grand écrivain aujourd'hui, c'est M. François Mauriac. Je n'ai pas lu un seul de ses romans. Ses articles me suffisent. On sent que ce qu'il écrit lui tient à la chair, c'est vraiment lui. C'est le véritable écrivain, celui dont les écrits expriment à ce point l'homme qu'il est. La littérature extérieure à son auteur est sans intérêt. Je sens que M. Mauriac doit faire chaque jour son examen de conscience et qu'il n'en est pas toujours satisfait, comme son esprit, changeant, versatile, se donnant, se reprenant, au hasard des jours et des circonstances, brûlant ce qu'il a adoré, adorant ce qu'il a brûlé, se reniant lui-même. Il est plein d'intérêt.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal Littéraire 1951

[ écrivain-sur-écrivain ]

 

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beaux-arts

Il n'y a quasiment pas de grand auteur dans la littérature européenne, ancienne ou nouvelle, qui ne se soit distingué par son traitement du surnaturel. Dans la littérature anglaise, je crois qu'il n'y a pas d'exception depuis l'époque des poètes anglo-saxons jusqu'à Shakespeare, et depuis Shakespeare jusqu'à nos jours. Ceci nous amène à considérer un fait général et remarquable, un fait que je ne me souviens pas avoir vu dans aucun livre, mais qui est d'une très grande importance philosophique : il y a quelque chose de spectral dans tout grand art, qu'il s'agisse de littérature, de musique, de sculpture ou d'architecture. Quelque chose qui touche en nous ce qui se rapporte à l'infini. 


Auteur: Hearn Lafcadio

Info:

[ écrivain-sur-écrivain ] [ éloge ] [ besoin thaumaturgique ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

critique

Nous sommes en présence d’un diagnostic profond, qui met en jeu à la fois la condition humaine et la “force des choses” – qui nous rappelle que notre vérité d’homme consiste à défier la fatalité, quelle qu’en soit la nature. C’est donc un livre redoutable. Il l’est de deux façons. D’un côté sa démonstration précise, sa systématique politique, peut mettre aux mains du tyran une arme d’oppression inégalée : il est à notre État ce que Le Prince de Machiavel a été pour l’État de Frédéric II. D’un autre côté, il est redoutable pour le simple lecteur, qu’il place “au pied du mur” d’une façon bien plus précise que Camus. Chaque page nous prend à partie, exige de nous une décision.

Auteur: Ellul Jacques

Info: A propos de "L'Etat" de Bernard Charbonneau, article du 16 décembre 1952 publié dans Le Monde

[ essai ] [ écrivain-sur-écrivain ] [ éloge ] [ sémantique politique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vacherie

Certains de mes amis très chers ayant de l'affection pour Henri de Régnier, cadavre au menton de galoche, oublié debout, sous la pluie, en habit d'académicien, par un assassin distrait, je me dis qu'il subsiste en Régnier quelque chaleur humaine ou quelque don oublié de moi. Des vers froids, compassés, symétriques, aussi laids et vainement sonores que ceux de Heredia, un profil en mèche de lampe, une voix enchifrenée, une ironie de flanelle humide, un regard qui meurt derrière le monocle, tels sont, à mes yeux, les attraits de ce gentilhomme. Son avidité pour les pieds d'Henri Letellier, casoar directeur du Journal, a achevé de me le rendre insupportable. Enfin, je n'aime pas qu'un crevard s'amuse à jouer les auteurs licencieux, dans l'illusoire espérance d'appâter les lecteurs.

Auteur: Daudet Léon

Info: Souvenirs littéraires

[ écrivain-sur-écrivain ]

 

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création

Tous ces personnages d'ailleurs nagent dans son sommeil, ne sont que les diverses figures de son moi, les fils et les filles de sa pensée. Tout se résorbe dans son rêve, comme des visages reflétés dans le miroir d'un fleuve. Ce roman est une sorte de rêverie ontologique, une méditation sur la nature de l'existence, délivrée par la nuit de toutes ses contraintes, entièrement flottante, dilatée, à l'état gazeux de nébuleuse, comme une Voie lactée où se dessinent des météores et des constellations.

Bien entendu, il n'est plus question du Temps ni de l'Espace dans cette durée indivisible qui est le lieu de l'absolu ; les deux compères qui font leur cuisine depuis si longtemps dans cette vieille ferraille des catégories kantiennes, M. Joyce, d'un coup de pied, renverse leur marmite : voilà leur soupe répandue.

Auteur: Gillet Louis

Info: "Stèle pour James Joyce", éd. Pocket, p.80-81 (à propos de "Finnegans Wake")

[ littérature ] [ modernisme ] [ onirisme ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

morosité littéraire

Chez Simenon, il n'y a que des victimes, y compris les criminels. Le monde les écrase tous, les broyant dans des structures mauvaises, qui ne sont pas réformables et qui leur ont faussé l'esprit et le coeur. On le voit à ce détail que tous, du clochard au bourgeois, habitent en termites des bâtiments trop grands pour eux, qu'il s'agisse des maisons de Samois, du château de Saint-Fiacre ou même sous un pont par-dessus la Seine. Simenon a dû faire cette expérience [...] Lui aussi a dû souffrir de ces vêtements trop grands. Il en est resté cet homme nu, qui est aussi celui des Pères du désert, l'espoir d'un salut, jamais évoqué, promis à nos destinées d'insectes, dont les trajets se perdent dans le noir de la mort, une oeuvre immense et la présence à nos côtés du commissaire Maigret.

Auteur: Sureau François

Info: "L'Or du Temps", récit, Gallimard, 2020 - page 127

[ grisaille générale ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

accommodements

Passé l'après-midi au bar du Lutetia avec un jeune professeur de philosophie, 27 ans, Michel Onfray, qui promène mélancoliquement avec lui un manuscrit refusé par tous les éditeurs parisiens. Il se réclame de Cioran, Matzneff, Bott et moi - et se refuse à tout compromis, ajoutant qu'il a suffisamment souffert dans son enfance des humiliations vécues par son père, simple ouvrier agricole. Comme je lui explique comment fonctionne le monde intellectuel parisien, il me demande à brûle-pourpoint comment je peux concilier tant de frivolité avec ma passion pour Louise Brooks? Les deux me sont également nécessaires et j'ai passé l'âge du "tout ou rien". Le mot qu'on exècre le plus dans sa jeunesse, celui de "compromis", est aussi celui auquel on doit de survivre encore après trente ans. Et c'est sans doute celui qui vaudra un jour sa gloire à notre jeune philosophe inconnu.

Auteur: Jaccard Roland

Info: "Le Monde d'avant", journal, 26 avril 1986. Sur le post FB de Lionel Chiuch, qui ajoute "Lacan aurait sans doute dit quelque chose sur ce "com-promis" à propos d'Onfray à l'aube de la carrière que l'on sait..."

[ concessions ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

limitation

Le trait proprement génial chez Kafka fut d'avoir expérimenté quelque chose de tout à fait nouveau ; il renonça à la vérité pour ne pas lâcher la transmissibilité. Le pari de Kafka a été de retrouver coûte que coûte cette transmissibilité; mais ce fut au prix de la vérité. C'est pourquoi chez Kafka il n'est plus question de sagesse, seulement d'une collection de prescriptions et règles de conduites indéchiffrables, débris d'une loi dont nul ne sait que faire. Le narrateur kafkaïen parvient de nouveau à transmettre : simplement il n'a plus rien à dire. Benjamin décèle donc derrière le style limpide des écrits de Kafka la présence d'une voix sans visage, d'une voix qui s'oublie et s'épuise à dire quelque chose. Elle témoigne d'une impossibilité croissante à transmettre une vérité ou une expérience qu'elle-même tient pour essentielle. Kafka a écrit le *dysangile de notre présent.

Auteur: Benjamin Walter

Info: *mauvaise nouvelle

[ littérature ] [ administration ] [ analyse ] [ impuissance ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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vacherie

Si ... on glisse vers France 2 et qu'on a le malheur de tomber, le même soir, et pratiquement sans transition, sur Marguerite Duras en train de gargouiller au "Cercle de minuit", on se rend compte tout de suite que le même combat se poursuit, la même dissuasion, la même entreprise de liquidation sanitaire et crépusculaire (...) N'ayant plus rien lu d'elle depuis mille ans, j'avais l'esprit frais pour écouter cette Bouche d'Ombre de l'Ecrit Primal, et entendre comme il le mérite son discours sans bords, ce cataclysme verbal de cyclope haché de silences brumeux comme des pubs entrecoupées de neige électronique, ces infra-phrases se multipliant par elles-mêmes dans la bouillie de leur cauchemardesque génération spontanée, ces confettis de rien perpétuellement imposés comme un mystère profond, ces vagues lourdes et noires d'inepties ("On vit dans un bruit d'automobiles, à Paris, est-ce que vous savez ça ?") ...

Auteur: Muray Philippe

Info: Exorcismes spirituels, tome II : Les Mutins de Panurge. Durassic flaque, p. 459

[ littérature ] [ écrivain-sur-écrivaine ]

 

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littérature

En tant que sismographe, Michel Houellebecq enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles.

Il a diagnostiqué l'effondrement spirituel des générations produites par des parents soixante-huitards, l'écœurement d'une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l'art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l'argent en régime libéral, la fin de la France depuis l'abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht.

Mais aussi la veulerie du tourisme sexuel en Asie, le caractère inéluctable de l'engagement de nos civilisations occidentales vers le projet transhumaniste, l'effondrement de la religion judéo-chrétienne et des valeurs qui l'accompagnaient, et, avec Soumission, le processus de collaboration des élites avec les idéologies liberticides d’un Islam fondamentaliste.

Depuis 1994, Michel Houellebecq dépèce minutieusement le Veau d'or, c'est en cela qu'il est le grand romancier du nihilisme occidental.

Auteur: Onfray Michel

Info: Dans "Miroir du nihilisme"

[ résumé ] [ éloge ] [ description d'une époque ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson