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sous-bois

La forêt était courtaude - c'était des bouleaux, des hêtres nains, des frênes, de petits chênes surtout, ramus et tordus comme des poiriers - mais elle paraissait extraordinairement vivace et racinée, sans une déchirure, sans une clairière ; de chaque côté de l'aine et de la Meuse, on sentait que de toute éternité cette terre avait été crépue d'arbres, avait fatigué la hache et le sabre d'abatis par le regain de sa toison vorace. De temps en temps, un layon fuyait à travers les arbres, étroit comme une passée de bête. La solitude était complète, et cependant l'idée d'une rencontre possible ne disparaissait pas complètement ; quelquefois on croyait distinguer dans l'éloignement un homme debout au bord de la chaussée sous sa longue pèlerine : de près, c'était un petit sapin tout noir et carré d'épaules contre le rideau de feuilles claires. La laie devait suivre à peu près la crête du plateau, car on n'entendait de ruisseau nulle part, mais deux ou trois fois Grange aperçut une auge de pierre enterrée au bord du chemin dans un enfoncement des arbres, d'où s'égouttait un mince filet d'eau pure : il ajoutait au silence de forêt de conte.

Auteur: Gracq Julien

Info: Un balcon en forêt. p 19

[ silhouette ] [ paréidolie ] [ sentier ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

couchant

Kasser fit alors remarquer qu'il n'existait rien de plus beau qu'un coucher de soleil sur les montagnes et la mer, le coucher de soleil, ce merveilleux jeu de lumières dans le ciel s'assombrissant, cette somptueuse incarnation de la transition et de la permanence, la sublime tragédie, poursuivit Falke, de toute transition et de toute permanence, un spectacle grandiose, une merveilleuse fresque représentant quelque chose qui n'existait pas mais illustrait à sa façon l'évanescence, la finitude, la disparition, l'extinction, et l'entrée en scène solennelle des couleurs, intervint Kasser, cette époustouflante célébration du rouge, du lilas, du jaune, du brun, du bleu, du blanc, l'aspect démoniaque de ce ciel peint, c'était tout cela, tout cela, et bien d'autres choses encore, reprit Falke, car il fallait aussi évoquer les milliers de frissons que le spectacle évoquait chez celui qui le contemplait, l'émotion intense qui le saisissait immanquablement, un crépuscule, dit Kasser, incarnait la beauté emplie d'espoir des adieux, l'image éblouissante du départ, de l'éloignement, de l'entrée dans l'obscurité, mais aussi la promesse assurée du calme, du repos, et du sommeil imminent, c'était tout cela à la fois, et combien d'autres choses encore, remarqua Falke, oui, combien d'autres choses encore, renchérit Kasser (...)

Auteur: Krasznahorkai Laszlo

Info: Tango de Satan, p 111

[ crépuscule ] [ symbolisme cyclique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parents-enfants

Il n'y a personne pour me soutenir et cette absence est un espace où je respire, observant avec quelle tension les parents s'adressent à leur enfant prodige.
C'est seulement douze ans plus tard que j'ai appris de quel soutien, invisible et silencieux, je fus accompagnée. Ma mère, pendant cent jours, à mes côtés, a pratiqué les cent huit inclinations qui, dans le bouddhisme coréen, représentent un acte de vénération et d'humilité remarquable. Sur un large coussin elle s'est posée chaque matin debout, les mains jointes, et pendant plus de trois mois a accompli cette profonde révérence envers le monde qu'incarnent ces cent huit inclinations à l'égard du vivant, de ce qu'il y a de plus précieux en l'homme, sa part divine et son trésor. Elle ne m'en a rien dit et je n'ai rien vu. A mes côtés, à mon insu, dans le petit appartement de la rue Saint-Nicolas, elle m'a soutenue, portée, accompagnée. Il n'y avait personne avec moi physiquement le jour du concours d'entrée au Conservatoire de Paris, mais il y avait bien plus. Il y avait l'amour de ma mère qui, invisible et silencieux, me hissait de ses bras attentifs et patients pour m'aider à m'ouvrir à l'Esprit.

Auteur: Hyun-Jung Lim

Info: Le son du silence

[ éloignement ] [ appui ] [ dévouement ]

 

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mémoire

Tout finit par s'oublier, de toute manière. D'abord, on oublie tout ce qu'on a appris : les dates de la guerre de Cent Ans, le théorème de Pythagore. On oublie surtout tout ce qu'on n'a pas vraiment appris mais juste mémorisé la veille au soir. On oublie les noms de pratiquement tous ses profs à part un ou deux, qu'on finira par oublier eux aussi. On oublie son emploi du temps de première, sa place dans la classe, le numéro de téléphone de son meilleur ami et les paroles de cette chanson qu'on a bien écoutée un million de fois. Pour moi, c'en était une de Simon & Garfunkel. Qui sait laquelle ça sera pour toi ? Et finalement, mais lentement, tellement lentement, on oublie ses humiliations... même celles qui semblaient indélébiles finissent par s'effacer. On oublie qui était branché et qui ne l'était pas, qui était beau, intelligent, sportif ou pas. Qui est allé dans une bonne fac. Qui donnait les meilleures fêtes. Qui pouvait vous trouver de l'herbe. On les oublie tous. Même ceux qu'on disait aimer, et ceux qu'on aimait vraiment. Ceux-là sont les derniers à disparaître. Et ensuite, une fois qu'on a suffisamment oublié, on aime quelqu'un d'autre.

Auteur: Zevin Gabrielle

Info: Je ne sais plus pourquoi je t'aime

[ éloignement ] [ disparition ] [ amnésie ]

 

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contemplation

Sous les grands arbres près de mes petites mares à truites et carrassins, où le sol spongieux n'empêche pas les taupes de créer sans cesse de nouveaux monticules, il y a foisonnement de vie, insectes principalement, avec dominance des abeilles et des libellules. Les plus grandes bestioles sont plus discrètes ; héron, renard, biches, écrevisses... On les rencontre en général de loin ou via les traces laissées.
Cet espace méditant où je me retrouve seul la plupart du temps, (Merlin le chien a ses routines fouineuses alentours), m'indique de plus en plus l'extraordinaire éloignement de la pensée nue. La plus belle chaine de déductions, étourdissante encore il y a quelques années, fait aujourd'hui effet de pauvre résonance inutile. Suite de concepts enchassés, infimes, virtuels... dérisoires devant la titanesque réflexion que matérialise la nature intriquée hyper-complexe qui m'entoure.
Si je m'implique physiquement : amélioration d'une arrivée d'eau, mise en terre d'un petit pommier, création d'un drain pour limiter le marigot ou autres... il faut rester sur le coup, vérifier sans cesse, peu de dispositifs restent stables et fixés au-delà de quelques jours ou semaines. La nature répond. Si vous vous absentez soyez sûr qu'elle modifiera des trucs, toujours. Brutalement ou imperceptiblement. Une forme de dialogue est engagée.

Auteur: Mg

Info: 14 août 2019

[ action ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Le temps n'avait pas entièrement calmé la passion de la jeune femme. Voyant que Wou-song apportait des provisions de toute espèce, Kin-lièn, réfléchissant, se dit au fond du coeur : " Est-ce que par hasard ce vaurien penserait à moi maintenant ? Oui, je n'en doute plus, le voilà qui revient ! mais c'est un homme calme ; il ne voudra pas employer la violence. Oh ! il faut que je l'amène tout doucement à une conversation particulière. " Elle monta dans sa chambre, égalisa le fard sur ses deux joues, ajusta de nouveau les noeuds de son épaisse chevelure et quitta la robe qu'elle portait pour en mettre une autre d'une grande beauté. Alors seulement elle redescendit et saluant son beau-frère : " En vérité, lui dit-elle d'un air souriant, je ne sais ce qui vous amène ici. Que de moments se sont écoulés depuis que je ne vous ai vu et sans que je puisse comprendre la cause d'un pareil éloignement ! Chaque jour je disais à votre frère : " Allez donc à la préfecture ; causez avec le major ; tâchez de le ramener, Mais chaque jour il répondait que cela n'était pas nécessaire. Enfin, je me réjouis de votre retour, mais pourquoi prodiguer de l'argent sans motif ?

Auteur: Luo Guan zhong

Info: Au bord de l'eau, tome 2, chapitres 47 à 92

[ conte ]

 

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civilisation

Je ne suis pas d'accord concernant cette volonté d'immortalité (quel ennui pour beaucoup, à la longue...) qui serait le moteur de la progression humaine. Je crois sincèrement que nous sommes encore des singes - placé pour le savoir - qui fonctionnent encore et toujours avec des réflexes de peur instinctif vis à vis des choses incompréhensibles ou peu claires, la mort bien sûr, mais surtout la souffrance. Que cette recherche du confort et de l'éloignement de la douleur nous aient conduit à durer plus longtemps soit une progression de la race je n'en suis pas certain. Je peux observer toutes les personnes âgées qui "trainent" littéralement leurs fins de vie, processus qui n'est pas près de s'arrêter, surtout chez nous en Suisse où le niveau de vie permet de constater la part absurde (économique et humaine) de la chose. Pour pousser plus loin je dirai que nous autres judéo-chrétiens, en plus de nos habitudes avides, maintenant auto générées par les arguments pousse-à-jouir de la société de consommation, sommes probablement beaucoup trop centrés sur l'homme, qui n'est qu'une toute petite partie d'un processus global. Ethnocentrisme compulsif qu'on retrouve, j'en ai peur, chez la majorité des individus, surtout jeunes. Nous avons beaucoup à apprendre et à réfléchir sur nos habitudes et notre niveau de vie.

Auteur: MG

Info: oct 2008

[ religion ]

 

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théoriciens hors-sol

La sphère publique promeut donc des commentateurs omniprésents, eux-mêmes détachés des pratiques locales à partir desquelles les questions spécifiques se développent et en fonction desquelles ces questions devront être résolues par une sorte d'action engagée. Par conséquent ce qui semble être une vertu selon la distanciée raison des Lumières apparaît comme un inconvénient désastreux pour Kierkegaard. La sphère publique est un monde dans lequel chacun a une opinion sur toutes les questions publiques et les commente sans avoir besoin d'une expérience de première main et sans avoir ou vouloir une quelconque responsabilité. Même les commentateurs les plus consciencieux n'ont pas besoin d'avoir une expérience de première main ou de prendre une position concrète. Ils justifient leurs opinions en citant des principes et, comme le note Kierkegaard avec réprobation, leur "capacité, leur virtuosité et leur bon sens s’emploient à parvenir à un jugement et à une décision sans jamais aller jusqu'à l'action". De plus, comme les conclusions auxquelles aboutit un tel raisonnement abstrait ne sont pas fondées sur les pratiques locales, leurs solutions sont tout aussi abstraites. On peut supposer que de telles propositions ne sauraient susciter l'engagement des personnes concernées et ne fonctionneraient donc pas  une fois mises en œuvre. Kierkegaard conclut que "ce que...  les orateurs d'une réunion comprennent parfaitement lorsqu'on leur présente une pensée ou une observation, ils sont incapables de le comprendre sous forme d'action.

Auteur: Dreyfus Hubert Lederer

Info: socrates.berkeley.edu

[ éloignement du pouvoir ] [ centralisation négative ] [ experts médiatiques ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

éloignement du principe

[...] le fait que le premier cycle polaire était régi pleinement et réellement (et non plus virtuellement comme dans un cycle mineur), par le Brahâtma ou chef suprême de la hiérarchie initiatique, ce fait implique une société en quelque sorte initiatique, c'est-à-dire dont tous les hommes sont au-delà des castes ; ce que la tradition hindoue exprime en disant qu'il n'y avait alors qu'une seule caste "hamsa". Et comme une telle caste est adonnée essentiellement à la contemplation, il s'ensuit nécessairement qu'il ne subsistera d'elle aucune chronique guerrière, aucun récit glorieux de hauts faits d'armes ou de constructions de grands monuments, mais seulement le souvenir doré d'une ère de bonheur : "Les peuples heureux n'ont pas d'histoire".

Dans ces conditions, le passage du premier cycle polaire ou du Brahâtma au second cycle, régi à son tour par le Mahâtma ou Grand Prêtre (chef de la hiérarchie sacerdotale), suppose que la caste primordiale "Hamsa" est en train de se différencier en quatre castes, sacerdotale, royale, mercantile et servile, avec cette réserve qu'à l'origine les deux dernières castes sont encore "non manifestées". Au fond, le fait capital, ici, c'est que la caste sacerdotale a remplacé, sur la scène du monde, l'antique caste "Hamsa" dont le rôle était révolu, et cela parce que, les hommes ayant cessé de voir Dieu "face à face", ont besoin maintenant d'intermédiaires pour communiquer avec la divinité, d'où l'apparition du sacerdoce.

Auteur: Georgel Gaston

Info: Dans "Les Quatre Âges de l'Humanité", Archè Milano, 1976, page 95

[ conception védique du temps ] [ dégénérescence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclaration d'amour

Baden, 1er septembre 1834
Voila huit jours que je suis parti et je ne t'ai pas encore écrit. J'attendais un moment de calme, il n'y en a plus. Je voulais t'écrire doucement, tranquillement par une belle matinée, te remercier de l'adieu que tu m'as envoyé, il est si bon, si triste, si doux : ma chère âme, tu as un coeur d'ange. Je voudrais te parler seulement de mon amour, ah ! Georges, quel amour ! Jamais homme n'a aimé comme je t'aime. Je suis perdu, vois-tu, je suis noyé, inondé d'amour; je ne sais plus si je vis, si je mange, si je marche, si je respire, si je parle ; je sais que je t'aime. Ah! Si tu as eu toute ta vie une soif de bonheur inextinguible, si c'est un bonheur d'être aimé, si tu ne l'as jamais demandé au ciel, oh ! toi, ma vie, mon bien, ma bien-aimée, regarde le soleil, les fleurs, la verdure, le monde ! tu es aimée, dis-toi, cela autant que Dieu peut être aimé par ses lévites, par ses amants, par ses martyrs ! Je t'aime, Ô ma chair et mon sang ! Je meurs d'amour, d'un amour sans fin, sans nom, insensé, désespéré, perdu ! Tu es aimée, adorée, idolâtrée jusqu'à en mourir ! Et non, je ne guérirai pas. Et non, je n'essaierai pas de vivre ; et j'aime mieux cela, et mourir en t'aimant vaut mieux que de vivre. Je me soucie bien de ce qu'ils en diront. Ils disent que tu as un autre amant. Je le sais bien, j'en meurs, mais j'aime, j'aime, j'aime. Qu'ils m'empêchent d'aimer !

Auteur: Musset Alfred de

Info:

[ éloignement ]

 

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