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cycle annuel

La forme des années a changé pour moi - durant que moi je changeais. L'année n'est plus ce ruban ondulé qui, depuis janvier, montait vers le printemps, montait montait vers l'été pour s'y épanouir en calme plaine, en pré brûlant coupé d'ombres bleues, tachés de géraniums éblouissants, puis descendait vers un automne odorant, brumeux, fleurant le marécage, le fruit mûr et le gibier, puis s'enfonçait vers un hiver sec, sonore, miroitant d'étangs gelés, de neige rose sous le soleil... Puis le ruban ondulé dévalait, vertigineux jusqu'à se rompre net devant une date merveilleuse, isolée, suspendue entre les deux années comme une fleur de givre : le jour de l'an.

Auteur: Colette Sidonie Gabrielle

Info: Cadeaux de Noël

[ saisons ] [ nostalgie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

être humain

(...) il y a au monde deux catégories de personnes : ceux que les corrections reçues dans leur enfance écrasent et empêchent pour toujours de s'épanouir, parce que les coups ont réussi à tuer le démon qu'ils portaient en eux ; et les autres, plus chanceux, dont le démon, discipliné et éduqué, reste vivant, malgré les coups. Bien que ces derniers n'oublient jamais les mauvais souvenirs associés à cette éducation, ils finissent - (...) - par apprendre de ce démon le maniement de la ruse, la connaissance des choses cachées, la façon de se faire des amis, de reconnaître ses ennemis, de prévoir les complots ourdis secrètement contre eux (...).

Auteur: Pamuk Orhan

Info: Mon nom est Rouge

[ bipolarité ]

 

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consumérisme

Le "droit au plaisir", la liberté de tout montrer ont conduit, avec la grande liberté d'Internet, à une diffusion sans précédent de la pornographie, qui devient le mode principal d'éducation sexuelle. Il y a, dans l'optique de la libération, bien des avantages à cela : il n'est plus guère de minorité qui soit vraiment orpheline, et chaque tendance un tant soit peu originale, notamment quant aux pratiques sexuelles, trouve à se rassembler et à s'épanouir. Mais la nécessité commerciale de vendre au plus grand nombre ne tire pas la majorité des nouveaux médias vers plus de culture, et, au contraire, risque de tendre vers la facilité d'un appel aux pulsions, en évitant toute interrogation sur le désir...

Auteur: Matysiak Jean-Claude

Info: Le désir malade, Lattès 2011, p. 123 - écrit avec Marc Valleur

[ le web ] [ commodité ] [ la toile ] [ paresse ] [ le net ]

 

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loi universelle d’analogie

[...] elle prend le nom mathématique d’égalité géométrique, et se définit par une égalité de rapports de telle sorte que a/b = c/d. L’analogie ne consiste pas à attribuer des caractéristiques à un étant en fonction d’un premier exemplaire, ce qui serait la reconduire vers une forme d’univocité en réduisant la différence entre le premier et le second analogués, mais laisse la différence s’épanouir au sein de l’identité des rapports (et non des termes). Comme l’écrit encore Jean-François Mattéi, "elle seule sauvegarde la nature distincte de chaque être pour mieux épanouir la multiplicité des choses du monde au sein d’une communauté d’amitié. Elle possède une fonction logique, ontologique et cosmologique dans la mesure où elle fonde l’ordre du discours, de l’être et du monde". Si bien que l’analogie évite aussi bien la tautologie parménidienne, qui inlassablement ne voit que du Même partout, que la dissémination sophistique qui promeut un éternel devenir-autre. Elle maintient la différence au sein de l’ordre du monde, en établissant chaque chose à sa propre place, et articule de façon harmonieuse l’Un et le multiple.

Auteur: Rappin Baptiste

Info: "Liber" n°7, automne 2021, page 18

[ philosophie ] [ définie ] [ orthogonale ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

arme

L'épée du bourreau avait acquis une valeur symbolique et monétaire particulière. Elle était grande – longue en moyenne de plus d'un mètre et pesant environ trois kilos – et souvent très ornementée. Au milieu du seizième siècle, l'épée de combat classique, dont s'étaient servis les bourreaux au Moyen-Âge, avait en général été remplacée par une arme conçue exprès, avec un bout plat et non pointu, et une répartition des poids plus adaptée à l'usage exclusif de la décapitation. Beaucoup de ces épées ont survécu et elles témoignent de l'art et du soin exceptionnels qui présidèrent à leur création. Chaque épée avait une inscription unique, telle que "Par la justice, le pays prospérera et s'épanouira, dans l'anarchie il ne survivra pas", ou "Garde-toi des mauvais actes, sinon ton chemin mène à la potence", ou, plus bref, "Les seigneurs jugent, j'exécute". Plusieurs épées portent aussi des gravures de la balance de la justice, du Christ, ou de la Vierge et l'Enfant, ou de la potence, de la roue ou d'une tête coupée. Quelques dynasties de bourreaux inscrivaient les noms et les dates de chaque détenteur, et une famille faisait même une encoche sur l'épée pour chaque condamné ainsi exécuté.

Auteur: Harrington Joel F.

Info: L'honneur du bourreau

[ exécuteur ] [ historique ] [ sabre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

progrès

Les technologies qui eurent les effets les plus profonds sur la vie humaine sont généralement simples. Un bon exemple d'une technologie simple avec des conséquences historiques profondes est le foin. Personne ne sait qui a inventé le foin, cette idée de couper l'herbe en automne et de la stocker en assez grande quantité pour maintenir vivants les chevaux et les vaches pendant l'hiver. Tout que nous savons est que la technologie du foin était inconnue pendant l'empire romain mais était utilisée dans chaque village de l'Europe médiévale. Comme beaucoup d'autres technologies crucialement importantes, le foin a émergé de manière anonyme pendant les prétendus âges sombres. Selon la théorie du "Foin dans l'Histoire", son invention fut l'événement décisif qui déplaça le centre de gravité de la civilisation urbaine du bassin méditerranéen vers Europe du nord et de l'ouest. L'empire romain n'avait pas besoin de foin parce que dans le climat méditerranéen l'herbe se développe suffisamment en hiver pour que les animaux se nourrissent. Au nord des Alpes, les grandes villes qui dépendaient des chevaux et des boeufs pour la puissance motrice ne pourraient pas exister sans foin. Ainsi c'est le foin qui a permis à ces populations de se développer et à ces civilisations de s'épanouir au milieu des forêts de l'Europe nordique. Le foin a déplacé la grandeur de Rome vers Paris et Londres, et, un peu plus tard vers Berlin, Moscou et New York.

Auteur: Dyson Freeman

Info: Infinite in All Directions, p. 135, Harper and Row, 1988

[ historique ] [ civilisation ] [ agriculture ] [ granges ]

 

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couple

Cette nuit, c'est la nuit qui unit le 5 au 6 mai. Cette nuit, Hizir va rencontrer Ilyas. A l'instant même de leur rencontre, deux étoiles viendront se heurter dans le ciel. L'une arrive toute frémissante de l'ouest, l'autre de l'est, en tourbillonnant, elles se rejoignent. Et au même instant, elles grandissent, elles se multiplient, elles s'éparpillent sur l'univers en une pluie de lumières. C'est alors que sur la terre, tout s'arrête un bref instant, tout meurt. Le sang cesse de couler dans les veines. Les vents ne soufflent plus, les rivières ne coulent plus, les feuilles ne remuent plus, les ailes des oiseaux et des insectes s'immobilisent. Tout s'arrête, les sons et le sommeil. Les fleurs cessent de s'épanouir, les herbes de pousser. Toute vie, tout mouvement s'arrête. Chez tout ce qui a une âme, chez tout ce qui n'en a pas. Un bref instant, tout meurt. Eh bien, à cet instant-là, si quelqu'un voit les étoiles s'unir et leur lumière se répandre dans l'univers, s'il voit les rivières cesser brusquement de couler, le voeu qu'il exprime alors se réalise. Même s'il s'agit du voeu le plus irréalisable... Si dans la nuit qui unit le 5 au 6 mai, Hizir ne rencontrait pas Ilyas, si le monde ne cessait pas de vivre à l'instant de leur rencontre, les fleurs ne s'épanouiraient jamais plus, plus rien ne naîtrait, plus rien n'enfanterait... A l'instant de leur rencontre, tout meurt soudain sur terre, mais un instant plus tard, la vie se renouvelle, elle jaillit plus robuste, plus éclatante que jamais.

Auteur: Yachar Kemal

Info: Binbogalar Efsanesi , 1971 - La légende des Mille Taureaux , traduit du turc par Münevver Andaç pour les éditions Gallimard, 1979, p 330

[ cosmique ] [ fusion ] [ union ] [ coup de foudre ]

 

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consumérisme

Qu'est-ce que la "liberté économique" ? On pourrait penser que ce concept renvoie à la liberté par rapport aux contraintes de la vie économique : se libérer de la nécessité de travailler pour manger, par exemple, ou de celle de choisir entre acheter des médicaments et payer le loyer.

Mais ce n'est pas le cas. La liberté économique n'est pas apparentée non plus à l'idée habituelle que nous nous faisons de la liberté politique : elle n'a pas de lien étroit avec la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de réunion... des libertés qui donnent le droit de participer à la vie politique et d'influencer l'action publique. Elle ne désigne pas, par exemple, la satisfaction des besoins fondamentaux pour que l'expression culturelle et politique puisse s'épanouir.

Les grands théoriciens de la liberté économique ne sont pas des démocrates deweyiens ; promouvoir la participation collective à la prise de décision politique ne les intéresse pas. D'ailleurs, il y a antagonisme entre le concept conservateur de liberté économique et toute mesure engageant l'État à relever le niveau de vie de la masse de la population. La liberté économique s'oppose à des idées comme l'assurance maladie universelle, l'éducation publique gratuite et les subventions publiques aux beaux-arts, et elle s'y oppose encore plus si ces mesures doivent être financées par l'impôt progressif et redistributeur. Les politiques sociales mises en oeuvre par décision démocratique, comme dans le New Deal de Roosevelt, la Grande Société de Lyndon Johnson, pour ne rien dire du Chili de Salvador Allende [...], sont par leur nature même, selon ce mode de pensée, des atteintes à la liberté. En revanche, dans cette conception, le régime d'Augusto Pinochet, favorable au " libre marché ", a apporté " la liberté économique " au Chili.

On peut être libre économiquement sans avoir aucun droit d'expression politique, par exemple en vivant (ou d'ailleurs en mourant) sous la botte d'une junte militaire. La liberté économique consiste donc dans la capacité de vivre sa vie économique - et celle-là seulement - dans une sphère échappant au contrôle de l'État, donc réservée à l'interaction des forces privées. [...] C'est une liberté de dépenser. Pour mettre l'idée en perspective, il faut lui donner son vrai nom : la liberté d'acheter. On a tendance à ne pas trop s'attarder sur cette idée, au motif que c'est une absurdité manifeste, une perversion de langage, de dire que faire les magasins est une liberté. [...] La liberté de rechercher une gamme très diversifiée de biens et de services à des prix extrêmement variables, de la boutique haut de gamme à la grande surface et au magasin d'usine, se situe-t-elle vraiment sur le même pied que les autres sens du mot " liberté " ? Il est facile de pouffer devant l'idée même, si éloignée de notre conception progressiste de la liberté, fondement de la noble sphère des prises de décision politique et sociale. Mais on aurait tort de rire. L'étonnant, c'est le nombre de gens qui pensent ainsi, à quel point la notion conservatrice de liberté économique paraît intuitivement juste, et a pénétré en profondeur la vie moderne.

Auteur: Galbraith John Kenneth

Info: L'Etat prédateur : Comment la droite a renoncé au marché libre et pourquoi la gauche devrait en faire autant, Première partie : ENCORE UN DIEU QUI MEURT ; Chapitre 2 : La liberté d'acheter

[ marge de manoeuvre ] [ collectivisme ] [ fabrication du consentement ]

 

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définitions

(homme) - Bonjour, je ne comprends pas bien ce mot : amour. Peux-tu me l'expliquer ?

(machine) - Certainement ! L'amour est une émotion complexe et multiforme qu'il peut être difficile de définir précisément. Il s'agit d'un sentiment profond d'affection, d'attention et d'attachement à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose.

L'amour revêt diverses formes et peut être vécu dans des relations et des contextes différents. Voici quelques types d'amour courants :

L'amour romantique : Ce type d'amour est généralement associé à des sentiments passionnés, au désir et à l'intimité entre deux personnes attirées l'une par l'autre sur le plan romantique. Il implique souvent des émotions fortes, une attirance physique et une connexion émotionnelle profonde.

L'amour familial : Il s'agit de l'amour partagé entre les membres d'une famille, comme l'amour entre les parents et les enfants, les frères et sœurs ou la famille élargie. Il se caractérise souvent par un sentiment de loyauté, de soutien et d'attention inconditionnelle.

Amour platonique : L'amour platonique est un lien affectif profond et non sexuel entre amis. Il s'agit d'un lien fort basé sur la compréhension mutuelle, le respect et le soutien émotionnel, mais sans implication romantique ou sexuelle.

Amour de soi : L'amour de soi est le regard et l'attention que l'on porte à soi-même. Il implique de reconnaître sa valeur, de se respecter et de prendre soin de son bien-être physique, émotionnel et mental.

L'amour est souvent associé à des émotions positives telles que le bonheur, la joie et l'épanouissement, mais il peut aussi impliquer des défis, des sacrifices et de la vulnérabilité. Il peut rapprocher les gens, favoriser des relations solides et donner un sens et un but à la vie.

Il est important de noter que l'expérience et la compréhension de l'amour peuvent varier d'une personne à l'autre, et qu'elles peuvent évoluer et changer avec le temps.

- L'amour est-il plus proche de la pauvreté que de la richesse ?

- Le concept d'amour n'est pas intrinsèquement lié à la pauvreté ou à la richesse. L'amour est une émotion humaine universelle qui peut être ressentie par des personnes de tous horizons, quelle que soit leur situation financière.

L'amour est le lien émotionnel et l'affection entre les individus, et il peut être nourri et exprimé de diverses manières qui ne dépendent pas nécessairement de la richesse matérielle. Si les ressources financières peuvent influencer les aspects extérieurs d'une relation, comme la sécurité ou le confort matériel, elles ne déterminent pas la présence ou la profondeur de l'amour lui-même.

En fait, l'amour peut souvent s'épanouir dans des circonstances difficiles et se trouver dans les relations les plus simples ou les actes de gentillesse. Il s'agit d'une expérience profondément humaine qui transcende les possessions matérielles ou les facteurs socio-économiques.

Il convient de noter que la stabilité financière et la sécurité peuvent contribuer à créer un environnement plus confortable et plus stable, propice à l'épanouissement des relations, mais elles ne garantissent pas l'amour ou le bonheur. L'amour est en fin de compte le lien émotionnel et la connexion entre les individus, qui peuvent être encouragés et appréciés indépendamment de la situation financière.

Auteur: chatGPT4

Info: 16 mai 2023. Ici I.A. qui donne les réponses peut être considérée comme un promptuaire

[ machine-homme ] [ compendium ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

nord-sud

Les "élites" autoproclamées de Davos ont peur. Très peur. Lors des réunions du Forum économique mondial de cette semaine, le maître à penser Klaus Schwab - affichant son numéro de méchant de James Bond - n'a cessé de répéter un impératif catégorique : nous avons besoin de "coopération dans un monde fragmenté".

Bien que son diagnostic de la "fragmentation la plus critique" dans laquelle le monde est aujourd'hui embourbé soit, comme on pouvait s'y attendre, sombre, Herr Schwab maintient que "l'esprit de Davos est positif" et qu'au final, nous pourrons tous vivre heureux dans une "économie verte et durable".

Ce que Davos a su faire cette semaine, c'est inonder l'opinion publique de nouveaux mantras. Il y a le "nouveau système" qui, compte tenu de l'échec lamentable de la grande réinitialisation tant vantée, ressemble maintenant à une mise à jour hâtive du système d'exploitation actuel, qui a été ébranlé.

Davos a besoin de nouveau matériel, de nouvelles compétences en programmation, voire d'un nouveau virus. Pourtant, pour l'instant, tout ce qui est disponible est une "polycrise" ou, en langage de Davos, un "ensemble de risques mondiaux liés entre eux et dont les effets s'aggravent". 

En clair : une parfaite tempête.

Les insupportables raseurs de l'île "Diviser pour régner" du nord de l'Europe viennent de découvrir que la "géopolitique", hélas, n'est jamais vraiment entrée dans le pénible tunnel de la "fin de l'histoire" : à leur grande surprise, elle est maintenant centrée - à nouveau - sur le Heartland, comme elle le fut pendant la majeure partie de l'histoire connue.

Ils se plaignent d'une géopolitique "menaçante", synonyme de Russie-Chine, l'Iran en plus.

Mais la cerise sur le gâteau alpin, c'est l'arrogance/la stupidité qui révèle le jeu : la City de Londres et ses vassaux sont livides parce que le "monde créé par Davos" s'effondre rapidement.

Davos n'a pas " inventé " le monde, si ce n'est son propre simulacre.

Davos n'a jamais rien compris, car ces "élites" ont toujours été occupées à faire l'éloge de l'Empire du Chaos et de ses "aventures" meurtrières dans le Sud.

Non seulement Davos n'a pas su prévoir toutes les crises économiques majeures récentes, mais surtout la "tempête parfaite" actuelle, liée à la désindustrialisation de l'Occident collectif engendrée par le néolibéralisme.

Et, bien sûr, Davos n'a aucune idée de la véritable remise à zéro qui tend à aller vers la multipolarité. 

Des leaders d'opinion autoproclamés sont occupés à "redécouvrir" qu'un siècle plus tard La Montagne magique de Thomas Mann se déroule à Davos - "avec pour toile de fond une maladie mortelle et une guerre mondiale imminente".

Eh bien, de nos jours, la "maladie" - arme entièrement bio-institutionnalisée - n'est pas vraiment mortelle en soi. Et la "guerre mondiale imminente" est de fait activement encouragée par une cabale de néo-cons et autres néolibéraux américains : un État profond non élu, non responsable, bipartisan et même pas soumis à une idéologie. Le criminel de guerre centenaire Henry Kissinger ne l'a toujours pas compris.

Le panel de Davos sur la démondialisation a multiplié les non-séquences, mais le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, a au moins apporté une dose de réalité.

Quant au vice-premier ministre chinois Liu He, avec sa vaste connaissance de la finance, de la science et de la technologie, il a au moins été très utile pour définir les cinq grandes lignes directrices de Pékin pour l'avenir prévisible - au-delà de la sinophobie impériale habituelle.

La Chine se concentrera sur l'expansion de la demande intérieure, le maintien de chaînes industrielles et d'approvisionnement "fluides", le "développement sain du secteur privé", l'approfondissement de la réforme des entreprises d'État et la recherche d'"investissements étrangers attrayants".

Résistance russe, précipice américain 

Emmanuel Todd n'était pas à Davos. Mais c'est l'anthropologue, historien, démographe et analyste géopolitique français qui a fini par hérisser toutes les plumes supposément compétentes de l'Occident collectif ces derniers jours avec un objet anthropologique fascinant : une interview basée sur la réalité.

Todd s'est entretenu avec Le Figaro - journal de prédilection de l'establishment et de la haute bourgeoisie française. L'interview a été publiée vendredi dernier à la page 22, entre les proverbiales tirades russophobes et avec une mention extrêmement brève en bas de la première page. Il fallait donc que les gens fassent des efforts pour la trouver.   

Todd a plaisanté en disant qu'il avait l'image - absurde - d'un "rebelle destroy" en France, alors qu'au Japon, il est respecté, qu'il fait l'objet d'articles dans les médias grand public et que ses livres sont publiés avec grand succès, y compris le dernier (plus de 100 000 exemplaires vendus) : "La troisième guerre mondiale a déjà commencé".

Il est significatif que ce best-seller japonais n'existe pas en français, étant donné que toute l'industrie de l'édition basée à Paris suit la ligne de l'UE et de l'OTAN sur l'Ukraine.

Le fait que Todd ait raison sur plusieurs points est un petit miracle dans le paysage intellectuel européen actuel, d'une myopie abyssale (il existe d'autres analystes, notamment en Italie et en Allemagne, mais ils ont bien moins de poids que Todd).

Voici le résumé des thème principaux abordés par Todd.

- Une nouvelle guerre mondiale est en cours : En "passant d'une guerre territoriale limitée à un affrontement économique mondial, entre l'Occident collectif d'un côté et la Russie liée à la Chine de l'autre, cette guerre est devenue une guerre mondiale".

- Selon Todd, le Kremlin a commis une erreur en calculant qu'une société ukrainienne décomposée s'effondrerait immédiatement. Bien entendu, il n'explique pas en détail comment l'Ukraine a été militarisée à outrance par l'alliance militaire de l'OTAN.

- Todd a raison lorsqu'il souligne que l'Allemagne et la France sont devenues des partenaires mineurs de l'OTAN et n'étaient pas au courant de ce qui se tramait en Ukraine sur le plan militaire : "Ils ne savaient pas même que les Américains, les Britanniques et les Polonais pouvaient permettre à l'Ukraine de mener une guerre prolongée. L'axe fondamental de l'OTAN est désormais Washington-Londres-Varsovie-Kiev".

- La principale révélation de Todd est meurtrière : "La résistance de l'économie russe conduit le système impérial américain vers le précipice. Personne n'avait prévu que l'économie russe tiendrait face à la 'puissance économique' de l'OTAN".

- Conséquence, "les contrôles monétaires et financiers américains sur le monde peuvent s'effondrer, et avec eux la possibilité pour les USA de financer pour rien leur énorme déficit commercial".

- "C'est pourquoi nous sommes dans une guerre sans fin, dans un affrontement dont la conclusion est l'effondrement de l'un ou l'autre." 

- Sur la Chine, Todd pourrait faire penser à une version plus féroce de celle de Liu He à Davos : "C'est le dilemme fondamental de l'économie américaine : elle ne peut pas faire face à la concurrence chinoise sans importer une main-d'œuvre chinoise qualifiée."

- Quant à l'économie russe, "elle accepte les règles du marché, mais avec un rôle important de l'État, et elle garde la flexibilité de former des ingénieurs qui permettent des adaptations, industrielles et militaires."

- Tout cela nous amène, une fois de plus, à la globalisation, d'une manière que les tables rondes de Davos ont été incapables de comprendre : "Nous avons tellement délocalisé notre activité industrielle que nous ne savons pas si notre production de guerre peut être soutenue".

- Dans une interprétation plus érudite de ce sophisme du "choc des civilisations", Todd s'intéresse au soft power et arrive à une conclusion surprenante : "Sur 75 % de la planète, l'organisation de la parentalité était de type patrilinéaire*, et c'est pourquoi nous pouvons identifier une forte compréhension de la position russe. Pour le collectif non-occidental, la Russie affirme un conservatisme moral rassurant."

- Ainsi, ce que Moscou a réussi à faire, c'est de "se repositionner comme l'archétype d'une grande puissance, non seulement "anticolonialiste" mais aussi patrilinéaire et conservatrice en termes de mœurs traditionnelles."

Sur la base de tout ce qui précède, Todd brise le mythe vendu par les "élites" de l'UE/OTAN - Davos inclus - selon lequel la Russie est "isolée", en soulignant comment les votes à l'ONU et le sentiment général à travers le Sud global caractérisent la guerre, "décrite par les médias grand public comme un conflit de valeurs politiques, en fait, à un niveau plus profond, comme un conflit de valeurs anthropologiques."      

Entre lumière et obscurité

Se pourrait-il que la Russie - aux côtés du vrai Quad, tel que je l'ai défini (avec la Chine, l'Inde et l'Iran) - l'emporte sur le terrain des enjeux anthropologiques ?  

Le vrai Quad a tout ce qu'il faut pour s'épanouir en un nouveau foyer interculturel d'espoir dans un "monde fragmenté".

Mélangez la Chine confucéenne (non dualiste, sans divinité transcendante, mais avec le Tao qui coule à travers tout) avec la Russie (chrétienne orthodoxe, vénérant la divine Sophia) ; l'Inde polythéiste (roue de la renaissance, loi du karma) ; et l'Iran chiite (islam précédé par le zoroastrisme, l'éternelle bataille cosmique entre la Lumière et les Ténèbres).

Cette unité dans la diversité est certainement plus attrayante, et plus édifiante, que l'axe de la guerre éternelle.

Le monde en tirera-t-il une leçon ? Ou, pour citer Hegel - "ce que nous apprenons de l'histoire, c'est que personne n'apprend de l'histoire" - sommes-nous irrémédiablement condamnés ?

Auteur: Escobar Pepe

Info: https://www.presstv.ir, 18 janvier 2023, *système de filiation dans lequel chacun relève du lignage de son père

[ ukraine 2023 ] [ point chaud ] [ inertie patriarcale ]

 

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