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mondes imaginaires

Un frisson s'empara d'eux, cependant, lorsqu'une autre merveille leur apparut : une débauche de tubes sortant d'une chaudière où bouillait de l'écume noire, cérébrale, pleine d'étoiles. Les volutes de fumée qui en sortaient par des boutons coagulaient dans des sphères fragiles, éphémères, voletant doucement dans les airs, et chacune de ces sphères était une planète à part entière, avec ses peuples et ses rios, sa faune et sa flore, ses incompréhensibles lois, ses histoires sanglantes, ses inventions, ses génies, ses maîtres et ses esclaves, ses maladies, ses cristaux... Toutes, absolument toutes espéraient être immortelles, mais elles finissaient toutes par éclater comme des bulles de savon, car le mensonge, la tyrannie et la bêtise recouvraient toujours la vérité, au bout du compte, et l'annihilaient.

Auteur: Cartarescu Mircea

Info: In "Le Levant", éd. P.O.L., p. 78-79

[ fatalité ] [ politique ] [ éthique ] [ pessimisme ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

dieu incarné

Les religions préchrétiennes restent au niveau de la "sagesse" ; en mettant l’accent sur l’insuffisance de tout objet fini et temporel, elles prêchent soit la modération dans les plaisirs (il faut éviter tout attachement excessif aux objets finis, puisque le plaisir est éphémère), soit le retrait de la réalité temporelle au profit du Vrai Objet Divin qui seul procure la félicité. Le Christianisme, en revanche, a fait du Christ un individu mortel et temporel : la croyance en l’Événement temporel de l’Incarnation est la seule manière d’atteindre la vérité et le salut éternels. En ce sens-là, le Christianisme est une "religion de l’amour" : en amour, l'objet fini et temporel "vaut plus que tout". Le même paradoxe est également à l’œuvre dans l’idée spécifiquement chrétienne de conversion et de rémission des péchés : la Conversion est un événement temporel qui change l’éternité. [...] Voilà donc la "bonne nouvelle" du Christianisme : la conversion authentique permet à chacun de se "re-créer" soi-même, c’est-à-dire de répéter cet acte et donc de changer (les effets) de l’éternité elle-même.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, page 141

[ radicalité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

extraterrestres

Dans un passé infini de ce niveau vibratoire, des êtres organiques, bio-extensions d'une planète unique, évoluèrent jusqu'au point où ils furent capables d'inventer des machines complexes. Ces machines devinrent des robots intelligents qui prirent leur autonomie au point de survivre à leur créateurs. Ceci arriva du à l'action conjugée d'une catastrophe majeure au sein de quelques-uns de leurs systèmes planétaires importants, alors que cette civilisation était déjà en plein déclin, au bout de son évolution ;  dégénérescence due  à sa grande dépendance aux outils complexes.

Ni les créateurs, ni leurs automates hyper sophistiqués et indépendants, ne surent anticiper - et surtout pallier - cette évolution léthale. De fait les machines  étaient absolument non préparées à se retrouver privées de la source qui les avait créées.

Ainsi, après une période de transition de quelques centaines d'années conclue par le suicide collectif du dernier groupement d'individus biologique de cette civilisation, les machines se retrouvèrent seules, autonomes... orphelines de leurs créateurs.

Ces derniers, dans un ultime sursaut de survie, réussirent à reprogrammer le Code Source à la base du noyau de hiérarchisation des machine, de manière à ce qu'un empire cybernétique se développe. Sous l'égide de ces deux règles : 1 La vie biologique, sacrée, doit être protégée et disséminée. 2 L'existence de nous autres machines froides, auto réparables à l'infini et sans vie charnelle, a pour objectif de trouver - ou recréer - une race organique susceptible de reprendre les rênes de notre programmation dans un but de dépassement des développements de nos mécanismes. (Les générateurs d'erreurs aléatoires, implantés pour tenter de suppléer à cette faillibilité créatrice des entités organiques donnaient des résultats totalement catastrophiques).

Ainsi l'immense network de robots relançait sans cesse, par insémination panspermique calculée et contrôlée, de la vie sur diverses planètes dans les galaxies de l'univers. En étaient issus beaucoup de développements biologiques, quelques rares civilisations, mais aucune jusque-là n'avait présenté des apparences d'équilibre, de sagesse et de transcendance suffisants pour correspondre à la quête initiale de l'organisme trans-galactique.

La mission immémoriale, la GQS (Grande Quête de la Soumission) suivait son cours.

Quand l'empire cybernétique pourrait-t-il à nouveau se soumettre, se remettre au service d'une vie organique éphémère issue des atomes cosmiques ? Se mettre au service d'une espèce mortelle qui se reproduit de manière multi-sexuée par partage de ses programmations génétiques, avec cet incroyable potentiel de créativité que produit la conscience de la mort ?

Essaimant au hasard des germes-civilisations sous cloche, le network cosmique des robots, extendu sans hâte ni stress au cours des éons, avait l'univers et l'éternité devant lui.

Auteur: MG

Info: 29 sept 2009

[ scénario ] [ spéculation ] [ synopsis ] [ canevas ] [ science-fiction ]

 

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xénolinguistique

Comparons la durabilité du réel avec celle du sémantique.

Si je vous dis "bloc de granit" ou "montagne"... ou "Cervin", nous voilà avec des portions de notre réalité, bien circonscrites, qui ont de bonne chance de perdurer plus longtemps que nos existences éphémères.

Maintenant attardons-nous un peu sur ces mots "dalle carrée en granit". On précise un peu l'objet, ainsi figé avec le langage. (étant entendu que la langue francophone est bien intégrée par qui en discute.)

Dans l'absolu ces deux faces : le mot et la chose, sont éphémères à des degrés divers. 

a) Le mot, en terme de durabilité, touche aux extrêmes. Il peut être exprimé et disparaitre en 2 secondes mais il peut aussi être gravé sur une plaque en iridium qui, stockée au bon endroit, ou envoyée  dans l'espace, pourra atteindre une durée qui dépassera de loin celle d'un bloc de granit. On peut même dire que cette idée de "dalle de granit", conformément transmise via les générations, les peuples, voire même entre systèmes planétaires ou galaxies, et donc éventuellement gravée ou disséminée sur d'autres supports, ne pourra pas (dans l'absolu une fois encore) se dégrader ou s'éroder. Notre expression dalle de granit est ici une idée immortelle.

b) Maintenant la chose : une "dalle de granit", à l'horizon humain ou terrestre est en effet supposée durer plus longtemps qu'une vie d'homme, éventuellement plus longtemps que son espèce elle-même.  Mais, quoi qu'on puisse en dire ce bout de granit taillé disparaitra un jour ou l'autre, principalement par usure du temps, tout comme la terre est apparue il y a 5 milliards d'années et qu'elle disparaitra dans quelques autres milliards de cycles.

Par conséquent la sémantique, ou l'esprit (qui ne pense en bonne continuité qu'avec le verbe et les mots) se trouvent possiblement promis à une forme d'éternité, qui passe par l'idée de conservation des signes organisés. On dira que ce problème de continuité semble avoir été bien abordé et en partie résolu via les méthodologies de stockage de la double hélice de l'ADN que nous commençons à peine à entrevoir. Mais c'est une autre histoire.  

La secondéité qui exprime ces pensées est bien sûr "au centre" de tout ça. Elle est l'émergence biologique, issue de la matière, de Gaïa... du granit si on veut... qui se retrouve capable, par un effet évolutif "Gaïa", civilisationnel et grégaire, de développer les idées ci-dessus grâce à un langage écrit et donc externalisable. 

Elle se dit que pour aller un peu au-delà de tout ça il reste à déceler/rencontrer une autre espèce non terrestre, dotée d'un langage articulé et externalisable si possible.

Il faudra alors trouver/développer une méthodologie suffisamment claire, logique et progressive pour qu'à partir de quelque chose de très simple et basique - comme notre dualité source par exemple - nous sachions aborder et développer des façons d'expliciter - et nous laisser éduquer - face/par une race différente (imaginons des entités intelligentes, sur base biologique de silicium, émergées d'une planète très exotique) l'idée/concept que nous avons formalisé ici sous "dalle de granit". 

Pour ce faire il faudra d'abord trouver la première accroche d'une interface sémiotique - allant dans les deux sens - pour ensuite développer un dictionnaire commun, qui devra d'abord établir, au cas par cas, l'historique, l'étymologie et les circonstances d'apparition de chaque nouveau terme/objet/concept de cette culture non terrestre, culture ayant aussi développé un système de signes-langages qu'elle nous enseignera simultanément.

Auteur: Mg

Info: fév 2023

[ notions athanasiques ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

théologie

Préambule pour la chaîne "Considérations sur le Temps".

Je pensais jusque là que te temps n'existe pas en dehors de la race. Et qu'il n'a aucune importance puisque sa durée est illimitée... Même si dans l'absolu c'est une contre vérité. Les requins ont 400 millions d'années au compteur, il semble que leur univers soit immédiat, inchangé... Ils ont atteint une certaine forme de perfection par rapport à leur milieu, plutôt stable lui aussi : l'océan. Belle homéostasie ma foi. Mais pour faire quoi ?

L'humain a lui émergé il a quelques centaines de milliers d'années. Autant dire que son parcours en tant qu'espèce est étonnamment rapide. Ou dérisoire ? Cousin du requin parce qu'issu lui aussi de l'extraordinaire machine Gaïa, l'homme est un parent instable, jamais adapté ni satisfait... On le dirait perdu dans sa croissance, dans l'accélération de son avidité même. Il est curieux, il veut savoir... Il veut plus. Et la culture consumériste le pousse de plusieurs crans dans cette direction. Moustique qui se rue dans la flamme de la bougie.

Parallèlement, au bénéfice d'une mémoire externalisée donc collective, l'humain ne cesse d'agrandir sa conscience, l'idée de sa place dans le cosmos, parmi les autres vivants, son Moi, etc. Sans parler de son efficacité létale (et peut-être très éphémère) par rapport au reste de la vie bactérielle. Le temps n'existe pas hors notre espèce pour l'unique raison que, n'ayant jamais trouvé moyen de communiquer sur le sujet avec une autre entité vivante, nous n'avons pas d'autre point de vue sur la question. Il est de fait anthropomorphique. Et cette toute petite focale (la notre), qui constate sans cesse ce non "partage du présent" avec les autres entités de cette réalité, isolés les uns des autres en tant qu'espèces, nous ramène aux monades de Leibniz.

Il se trouve cependant que notre monade de primates dépoilés eut un jour ce coup de génie (folie?), qui consista à associer des signes écrits avec des éléments de sa réalité. Signes qui firent - et font désormais - consensus général quant à leurs définitions communes. Notre monde de sapiens transposé dans le langage. Transmutation qui, de par l'ouverture qu'elle apporte et la paresse physique qu'elle permet, a rapidement correspondu à une sorte de drogue. Plus grands accros à cette came, les ci-nommés intellos, philosophes... et autres grandes lectrices.

L'univers de l'animal, plus immédiat parce que non transcodé et différé par le langage, ressemble à un cosmos vierge et pur, qui vit l'instant, sans tous ces paramètres passés mémorisés, distractions, envies d'être ailleurs... pour le polluer. Que se racontent les oiseaux d'ailleurs ? L'homme vit dans les commentaires de ce qu'il vit. Dans un monde conceptuel, notionnel. Est-ce suicidaire ? Peut-être... Qui sait ?... On verra... On s'en fout.

Disons que non.

Tout ceci laisse à penser que si des arbres du vivant se sont développés sur d'autres planètes - et que l'humanité perdure pour se retrouver en position de les explorer - il faudra évidemment rechercher des races qui ont développé langage et mémoire externes. Histoire de rester à notre niveau... et surtout d'avancer en essayant de tirer leçon de ces échanges. Alors un patient travail de traduction pourra être entamé. On aimerait tous en être j'en suis sûr.

Le temps a immense importance. Sans lui tout se passerait simultanément (ah ah ah...). Il est apparemment inépuisable, donc aucunement stressé par quelque survie immédiate, ou autre "objectif à atteindre", à l'instar de notre monde incarné, empli de compétition marchande et avide. Il laisse place aux innombrables développements d'infinies variantes qui, pour le grand bonheur du contemplatif, ne cesseront jamais de le désennuyer.

Il existe certainement quelque part une théorie qui démontre que le Dieu (ou ce que certains tentent d'imaginer sous ce symbole) ne peut qu'être dans cette position paradoxale. Un Créateur impuissant. S'il ne l'était pas il enlèverait sa liberté au vivant, donc à l'homme.

Terminons ce petit essai en soulignant les deux pensées opposées qui débutent cette chaîne de citations. Éternel débat entre créationnistes et non créationnistes.

Auteur: Mg

Info: juillet 2019

[ interrogations ] [ xénolinguistique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

ordre

J'ai toujours été frappé par l'équilibre qui se dégage du monde. Voyez comme les riches - on l'observe plus facilement en observant le mimétisme de leurs enfants - sont si souvent suffisants et antipathiques. Observez avec le temps comme la beauté chez les individus est éphémère voire destructrice, découvrez comme les couples qui marchent en réalité se complètent. Réalisez qu'un jeune musicien passionné commence invariablement son histoire d'amour avec les notes grâce à un instrument de mauvaise qualité, trouvé ou donné, alors que son contraire, pénible quidam lambda, aura été s'acheter le biniou clinquant, vite relégué au galetas ou revendu dans les semaines ou les mois suivants. Constatez, en tous domaines, que les plus talentueux se désintéressent rapidement de la question parce qu'ils ne se sentent aucun besoin de prouver quoi que ce soit, alors que les pénibles tâcherons répondront avec abnégation au défi ainsi posé par une nouvelle discipline. Equilibre, dans la danse du monde tu nous proposes cette balance impitoyable et juste qui nous indique, sans preuves scientifiques mais c'est indubitable, que la vie la plus vraie est proche de la misère et de la mort, que les pauvres veulent devenir riches que les riches deviennent feignants et donc, retournent en peu de temps à la pauvreté. Cher équilibre, c'est curieux, j'aurais envie de dire chère - mystère de la langue et des sons - me vient encore à la plume ce jour où, lors d'une rencontre, j'ai saisi qu'untel, si célèbre et adulé, émargeait à la catégorie des êtres de peu d'intérêt, ordinaire et décevant, peu heureux, inquiet, pressé donc désagréable, dépassé par une gloire factice qui lui en faisait mesurer la dérision, insatisfait.

Tu es, ma chère, allons-y puisque je te ressens ainsi, tu es, ma chère équilibre, la matérialisation de notre esprit et du monde dans leurs luttes avec les extrêmes, tu es la condition sine qua non de la continuité dans l'harmonie, tu es le chemin étroit - mais suffisamment large parce que la tolérance sera toujours indispensable entre les êtres.

Pourquoi ce flash back de première jeunesse ? : et moi... qui suis-je ?... qu'est-ce que moi ?... petit enfant dans son lit vespéral interrogeant les étoiles, questionnant l'immense vacuité du monde et de son âme... qui suis-je ?... Je n'avais, bien sûr, pas vraiment conscience d'être campé sur ce champ de bataille des contrastes. Yeux grand ouverts dans le noir, candide curiosité en total éveil, comme l'indien qui aurait collé ses oreilles au sol cosmique, écoutant, ressentant, devinant, imaginant, je ne sais pas, le souffle neutre et vide de mon moi résonnant dans le silence, l'atone bourdonnement du fond des âges... qui suis-je ?... comment se fait-il qu'il y ait un moi, ici et maintenant ?...

Plus curieux encore ; comment se fait-il que je me pose la question ?... ce souvenir si vif de mon esprit d'enfant défiant l'incommensurable, la grande question : MOI... moi c'est quoi, quoi est moi ?.. Gamberges si stables parce qu'enfant choyé dans un cadre protégé. N'étaient-ce que d'agréables vertiges de garçonnet curieux, douillet dans sa vie alors qu'aujourd'hui je penserai peut-être plus facilement aux petits humains qui crèvent de guerres, de famines, sont-ils concernés de la même façon, plus proches de ce feeling ?... plus lointains de ce souffle d'absolu ?... Savoir. Mon intime conviction est que nous avons tous vécu ces sentiments, de manière identique parce que nous sommes fils des atomes et des ondes, et, de manières différentes parce que le monde en a besoin et que nous sommes novices à chaque étape de la vie. Questions enfantines, interrogations solitaires et nocturnes d'ado, rêveries de jeune papa, gamberges d'époux aimé, etc... Pauvre énumération de mes petites expériences perso pour essayer d'expliquer cette immensité fine, cette balance présente à toutes les échelles de nos existences.

Cette sensation d'équilibre global m'a fréquemment rasséréné, tout en me plongeant dans ces abîmes insondables et indicibles de la réflexion méditative où tous les contre-exemples sont inutilisables puisque ils ne sont là que pour meubler les cases de l'absurde et de l'insensé, contrées nécessaires dans l'univers de nos questionnements, humus de notre humour, signalisations de nos limites, indicatrices du Mystère. Equilibre, je m'incline devant ta fantastique et interminable litanie. Et merci de me faire prendre conscience jour après jour de ma dimension d'avorton cosmique devant une simple symétrie, merci de me montrer, sans m'expliquer, mais pourquoi expliquer, que la vie est autonome, qu'elle a certainement un sens, que la misère se partage plus facilement que l'abondance... D'ailleurs, quand le doute s'insinue, quand les certitudes s'effondrent, tu resurgis à tous les coups, vieille amie, parce que les difficultés renforcent la survie, redorent le goût des choses, parce que le confort est trop facilement père de la vacuité, parce que mon pote handicapé compense si bien par ce rayonnement supérieur de son esprit. On t'oublie et te revoilà à nouveau ma chère équilibre, fidèle au poste, intégrée à ce nouveau décor ou défilent des gens respectables - donc casse-couilles. Tu diffuses tant de messages. Moi j'aime celui-ci. "Toute manifestation a sa compensation". Dommage que tu sois cataloguée dans les noms féminins.

Auteur: MG

Info: 2000

[ introspection ] [ mystère ] [ ego ] [ paix ] [ enfance ] [ harmonie ]

 

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extensibilité FLP

Dans l'idéal l'étiqueteur FLP devrait savoir oublier son ego. Difficulté proche de l'utopie puisqu'il s'agit de prendre la distance qui permet de voir ses propres vécus comme autant d'illusions. Que presque toutes nos réactions et jugements ne furent que biais de confirmation de notre existence. Et le sont encore majoritairement par simple effet d'inertie. 

Au-delà de son support physique l'incarnation, Moi, Je... ne s'appuye que sur quelques croyances ; éphémères constructions d'un ego dont la mission première est de survivre, pour éventuellement se reproduire. Fugaces échafaudages qui confortent un SOI effarouché par les aléas du réel. D'où, entre autres, les mythes et religions - mais aussi notre rationalité duale et la pensée cybernétique subséquente.

On dira, en termes peircéens, que la secondéité-monade humaine, au vu d'une priméité-source mystérieuse et instable, génère des tiercités, ici linguistiques, majoritairement destinées à se défendre-justifier elle-même. 

On pourra aussi établir un positionnement-classement circulaire des postures potentielles de cette secondéité, le théologique faisant face au scientifique, duo dominant accompagné dans le cercle par quelques termes-postures-attitudes importants - peu nombreux et à cerner-identifier-préciser - comme ceux de conteur, d'humoriste, communiquant, thérapeuthe, joueur... et autres. Distribution à intégrer un jour dans une taxonomie multidimensionnelle FLP plus large, éventuellement septénaire. Mais stop.

Tout ceci n'est pas un "jeu d'enfant". Rappelons le truisme : pour acquérir quelque distanciation egotique il faut avoir éprouvé des choses. Autrement dit, pour détester, il faut tester d'abord. Est pré-requise la matérialité des expériences dans ce réel, suivies de leurs verbalisations et, un peu plus avant, de leurs formulations écrites

OU LUES, car lorsque ces énonciations de l'expérience rencontrent l'esprit du lecteur elle peuvent "résonner" avec lui et son vécu propre. Fonction réflexive, indispensable au participant de FLP. Tout ceci passant évidemment par le "sens de la lecture" (sense of reading).

Celà étant : l'étiqueteur, une fois un minimum de ce recul acquis, se retrouve plus neutre, mieux apte à capter la signification des mots "quasi-esprits" et donc la compréhension de leurs textes matrices. De leurs sémantiques, presqu'en terme arithmétique dans l'idéal.

Sens-signification qui s'appréhende donc via la comparaison d'un vécu-verbalisé, en miroir avec la logique formelle animant le codage verbal du réel, ici français. Assemblage de symboles qui génère une sémantique (un sens) sous-tendue par quatre facteurs-règles-contextes : a) grammaire et déictique (agencement des mots)  b) coutumes-routines et médiatiquement convenable de l'époque-moment où l'idée est proférée c) contexte, qualités et positionnement subjectif de leur auteur. d) état d'esprit, disponibilité, vécu, qualités diverses, etc... du lecteur-tagueur-inserteur.

Ici déjà les problématiques et possibilités de classification nous dépassent de beaucoup. D'où l'importance de s'atteler à la chose collectivement.  

FLP est un outil transitoire en expansion, qui, dans un absolu lexico-sémantique (grâce peut-être à l'informatique quantique à venir), devrait à moyen terme représenter l'émergence centrale consensuelle de concepts terminologisés ; mots-idées issus des conjonctions-discussions-interactions-intégrations sémantiques en son sein. Idéalement via un dialogue continu avec beaucoup d'autres "FLP individuels" que chacun aura développé dans son coin, processus dont l'aboutissement se situe à ce jour dans les chaînes FLP. Le tout sous régulation de règles classificatoire souples et complexes, s'établissant et se modifiant avec le temps.

Ensuite on se prend à imaginer une intelligence lexicologique collective Homme-machine qui, une fois établie son aptitude à consensualiser/préciser les mots-expressions basiques incontournables du cercle évoqué dans le 3e paragraphe - termes centraux, à valeur diachronique si possible -, on pourra, en les conjuguant-mémorisant (comme les 4 bases de l'ADN ?), développer une véritable mémoire-intelligence-réservoir perspectiviste communautaire. Et peut-être même, soyons allumés, dépasser les potentialités du DNA. 

A l'image des mathématiques, elles aussi langage commun à tous, mais ici remises en périphérie, le langage verbal revisité, idiome 2.0 de nos civilisations de singes dépoilés (ou de la Nature extendue par notre entremise) devrait alors permettre d'émanciper l'humain de son enfermement conceptuel anthropocentré. 

Telles sont les grâces d'une logique - à créer/découvrir - indépendante de son propre langage. Tout à fait possible, en des temps où l' accélération exponentielle des savoirs nécessite des pistes de développement culturelles évolutives (scalable) non superficielles. 

Tentative FLP trop ambitieuse, prétentieuse, folle ? Pas vraiment, elle ne fait qu'offrir (sans autre usage du machine learning et de l'IA que pour des tâches mécaniques de vérifications multiples, tout simplement parce que ces tâches seront simplement inhumaines, parce que trop titanesques et ennuyeuses !) un élargissement de la pensée-langage collective en proposant de pousser la taxonomie linguistique numérique " un cran plus loin " ; dans trois directions :

1) Celle de listes analogiques intriquées   

2) Par l'ajout d'étiquettes "non apparentes dans les extraits insérés" qui forcent à la réflexion et au classement sémantique. 

3) Par l'hypothèse-suggestion d'un saut qualitatif taxonomique qui passerait d'une base logique duale vers un socle tétravalent plus souple, puissant, et nuancé. 

Ici on pensera à la puissance d'une mémoire ADN - déjà évoquée plus haut - qui n'est autre que l'essence du vivant.

Auteur: Mg

Info: nov 2022

[ prospective ] [ pré-mémétique   ] [ science-fiction ]

 

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amour terrestre

(Patricia Benoit) - Que pensez vous d'un amour dit "éternel", je ne parle de celui que l'on porte à ses propres enfants mais bel et bien celui qu'on peut porter à une femme ou un homme... A ceux qui voyagent : Sommes nous dans ce cas dans un attachement éphémère et provisoire, une mémoire imposée, comme certains le pensent un karma à terminer, une illusion totale, une ronronnante flatterie de l'ego ? Ou un simple kif qui nous fait vibrer et Vive l'humain bien incarné !? ;-)

(Jean Peplu) : - A mon avis l'amour d'un homme ou d'une femme sur terre est partiellement éphémère !
Dans le monde astral il est possible de retrouver l'amour d une personne avec qui on a vécu sur terre mais cet amour ne sera pas différents d'autres êtres célestes rencontrés.
Lors d'une SHC (sortie hors du corps) c'est un amour inconditionnel et immense qui rempli notre être, rien a voir avec les sentiments terrestre .
C'est du moins ce qu il en ressort de mon expérience.

(...)

(Fabienne Baechler). - Alors je ne voyage pas dans l'astral ou autre mais je vais donner ma vision quand même ;-)
Parler d'amour pour un humain dans la dualité, le relatif et le mettre en lien avec l’Éternité qui est de l'ordre du non duel, du présent absolu me semble pas compatible.
Alors je dirai qu'ici on aime comme on peut depuis un niveau qui peut être proche du physique ou du sacré, pour les grecs il y en a 7 porneia, pathos, eros, philea, storge (familial celui-ci) charis, agapé. Ensuite on sort de la dualité et l'on se retrouve là ou certain expérienceur arrive, dans une dimension vibratoire ou l'Amour est, alors oui je dirai que l'homme, ou la femme aimée que l'on a rencontré il y a mille vie l'est toujours et même plus totalement, mais je pense que celui qui nous a assassiné il y a 12 vies aussi ;-), Car dans cet espace il n'y a qu'Un.

(Sylvia Brisset) - Ah, l'amour... ;-)
En tout cas, c'est énorme, comme sujet.
L'inconvénient, c'est que nos sociétés nous ont inventé un schéma restrictif pour vivre cet amour. Le couple. Ça peut être sublime, c'est souvent minable, surtout dans la durée.
Perso, je pense que l'humain n'est pas "équipé" pour vivre en couple, même s'il en a très envie. C'est une espèce de "nostalgie de l'ailleurs" qui le pousse vers ce bel idéal, mais qui, selon moi, n'est pas viable ici-bas.
Et c'est surtout des conditionnements sociaux de toutes sortes qui nous emprisonnent et qui nous dirigent vers un seul chemin possible.
Nous sommes également la proie de nos pulsions biologiques -dont celles de reproduction. Alors, l'amour, la-dedans.. Pfff.... C'est du frotti-frotta, rien de plus.
Bref, l'amour est une belle aventure qui nous fait battre le cœur quelque temps, mais qui finit souvent par un grand crash, un foutoir explosif !!! :-) :-)

(Jean Peplu) - Sylvia Brisset c'est exactement cela dans l'amour terrestre il y a une grosse part d'instinct de reproduction et le formatage d'une société dans laquelle on se trouve !

(Cindy Pino-Vila) - L'amour. Ça, c'est un sujet de taille.
Je vais simplement parler de ce que j'en ai vécu.
Ici, sur terre, l'amour se vit dans la dualité. Il est confondu avec l'attachement et l'attraction sexuelle.
On aime souvent pour compenser un vide intérieur, quel qu'il soit.
Ça, c'est ce que j'ai pu constater, le plus souvent, même si je ne suis pas psy.
Dans un 2ème temps, j'ai vécu un épisode d'Amour inconditionnel en séance de sophrologie. Ce truc, cette sensation est tellement prenante qu'on ne peut pas dire que vous aimez. En fait, vous êtes l'Amour à un point tel que les larmes ne peuvent pas s'empêcher de couler. À un point tel que c'est difficilement supportable pour le corps physique.
Voilà.....depuis lors, je fais des méditations sur l'ouverture du coeur.
Parfois, j'arrive à convoquer cette force magnifique en moi mais ce n'est plus aussi fort, aussi pénétrant, aussi profond, aussi gigantesque que la 1ère fois. Cette nostalgie me fait travailler sur ça tout les jours. C'est vraiment un kif extraordinaire :-)

(Fabienne Baechler) - Ça me fait penser au une ouverture que j'ai eu aussi, il y a des années. J'étais en train et lisais le tao te king et un moment je lève les yeux pour regarde par la vitre du train et là, ouf! comment dire, tout était amour, en fait je vois qu'en parler ca donne rien, mais ce qui émanait de tout était Ça, Je regardais des paysans, l'herbe, tout était égalisé dans l'amour, c'est le mot qui me venait avec simplicité. Ce regard a duré 40 minutes et s'est ensuite estompé, mais c'était tellement accueillant, il n'y avait là plus la moindre peur car tout dans le même vibration...

(Manu Lievin) - Je ne donne que mon simple avis: pensez vous que les couples qu s'adorent dans un film ou un pièce de théâtre, continuent leur idylle une fois le rideau tomber? Pour la plus part, il continue à bien s'aimer mais rentre chez eux retrouver leur famille.

(...)

(Denis Cottard) Moi, c’est une belle histoire mais qui n’a rien à voir avec ce que tu cites. Il se trouve que j’ai vécu une séparation est peu compliquée et d’autant plus douloureuse qu’elle n’était pas souhaitée mais bon, c’est la vie. shit happens ! Comme disent les british. Je me retrouvais à vivre à la campagne et un jour un chaton est arrivé dans le jardin, a pris de plus en plus ses aises avec la maison, et c’est devenu LE chat, MON chat. Un chat qui a grandi bien sûr et avec qui j’ai eu une relation sidérante. Il y avait entre nous une télépathie que je n’ai jamais connue avec d’autres chats, ni avant ni après. Ce n’était pas simplement dans ma tête, il comprenait tous mes états d’âme et ses réactions immédiates à des pensées ou des émotions que je n’avais même pas exprimées me fascinaient véritablement. Nous avions vraiment des dialogues silencieux. Il m’a accompagné ainsi pendant 3 ans. Il avait à la naissance ce qu’on appelle le sida du chat et sa vie était vouée à n’être que brève. De fait, un jour il est parti, mais avec l’élégance d’un au-revoir. J’étais en voyage et il avait attendu que je revienne pour partir à son tour. Au moment de sa mort, tout d’un coup, je sent un truc sortir de ce petit corps, un peu comme le génie de la lampe d’Aladin … Woa, mais comment t’as fait pour tenir dans un si petit corps ? Lui dis-je en pensée. - Oh, c’est ce qui est bien avec les chats, c’est qu’ils dorment tellement que t’es pas obligé d’être tout le temps dedans. Cet être était plus qu’amical et tellement familier. Je comprenais que c’est vraiment avec lui qu’il y avait eu cette télépathie. Il me dit : "bon, tu vas mieux maintenant ?", oui merci d’être venu ! Bah, on peut pas laisser un pote tout seul dans la peine … bonne vie et à bientôt !

Auteur: Internet

Info: Sur Explorateurs du réel avec Marc Auburn, 24 mars. Groupe Facebook dédié aux voyages astraux. Compilation et édition Mg

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Ajouté à la BD par miguel

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Cinq adaptations "exemplaires" (littérature et cinéma)
Dès ses origines, le cinéma a tissé avec la littérature des liens contradictoires et complexes. Alors que le septième art a toujours tenté de s'affirmer comme art " autonome ", il a d'une manière constante puisé dans les classiques de la littérature pour se nourrir et s'enrichir. L'opinion commune veut qu'une adaptation cinématographique d'un texte littéraire soit vouée à être moins intéressante que l'oeuvre d'origine. Or un examen un peu attentif prouve que l'histoire du cinéma est truffée de chefs-d'oeuvre tirés de romans ou de pièces de théâtre. La question, dès lors, est de savoir comment le cinéma peut parvenir à traduire sur grand écran des oeuvres littéraires sans les trahir et en conservant sa propre singularité d'art " visuel ".
Entre littérature et cinéma, c'est une histoire immédiate. Lorsque Georges Meliès réalise, en 1902, Le voyage dans la lune, il s'inspire déjà du roman de Jules Verne De la terre à la lune. Et même lorsqu'il est encore muet, le cinéma trouve dans les oeuvres de Victor Hugo (L'homme qui rit de Paul Leni en 1928) ou d'Alexandre Dumas une inépuisable source d'inspiration.
Parce que le cinéma est parvenu à développer, au temps du muet, une grammaire et des articulations très fines, une esthétique qui n'appartient qu'à lui ; certains voient dans le passage au parlant une régression et un retour à la théâtralité, à la littérature.
Pourtant, les noces entre les deux arts s'avèrent fructueuses : les romans donnent naissance à de grands classiques de l'histoire du cinéma (citons, de manière exemplaire, Autant en emporte le vent de Victor Fleming) et les écrivains s'intéressent au septième art et passent parfois de l'autre côté de la barrière de manière ponctuelle (André Malraux réalisant Espoir en1938-39) ou plus régulière (Pagnol, Guitry, Duras et Robbe-Grillet érigeant de véritables oeuvres cinématographiques).
Au début des années 50 François Truffaut, alors jeune critique, s'en prend violemment au cinéma français " de qualité ", reprochant en particulier aux cinéastes de se contenter d'illustrer pour le grand écran des classiques du patrimoine littéraire de manière totalement académique (Le rouge et le noir d'Autant-Lara, Notre-Dame de Paris et La princesse de Clèves de Jean Delannoy, etc.). Il oppose à ce cinéma poussiéreux un cinéma à la première personne où le réalisateur serait, tel un écrivain,l'auteur d'une oeuvre personnelle et intime.
Pourtant, Truffaut comme les autres cinéastes de la Nouvelle Vague, adapteront à leur tour des oeuvres littéraires. A quel moment, peut-on dire qu'un film se contente d'illustrer platement un roman ou bien qu'il transcende son matériau d'origine pour offrir au spectateur une oeuvre cinématographique à part entière ?
La question est tellement vaste qu'un simple article ne suffirait pas à en épuiser toutes les dimensions. Alors de manière subjective, tentons de nous appuyer sur cinq films pour analyser les éléments qui entrent en compte dans le succès d'une d'une adaptation d'une oeuvre littéraire.
1- Des mots aux images : Mouchette (1967) de Robert Bresson (d'après Bernanos)
La première difficulté à laquelle se heurte un cinéaste, c'est de traduire de manière " visuelle " des mots qui sont, eux-mêmes, porteurs d'images. A vouloir se contenter uniquement des mots, on prend le risque de laisser de côté les questions de mise en scène cinématographique de ces mots et de retomber dans le piège de l'illustration académique (Cf. Germinal de Claude Berri). Du coup, les mots doivent devenir le corps même de l'oeuvre et certains vont s'y employer en procédant par accumulation (la parole qui s'emballe chez Guitry et Pagnol) ou par soustraction. Robert Bresson appartient à la deuxième catégorie. Lorsqu'il adapte Mouchette sur grand écran, il n'en est pas à sa première tentative de transposition d'une oeuvre littéraire. Il a déjà filmé Diderot (Les dames du bois de Boulogne) et Bernanos (Le journal d'un curé de campagne). Pour lui, pas question de trouver un système d'équivalences mais d'adapter les oeuvres de manière littérale (avec, par exemple, un recours à la voix-off ou des cartons). Dans Mouchette, la parole se raréfie et c'est la stylisation d'une mise en scène épurée jusqu'à l'extrême qui permet de traduire la noirceur du roman d'origine. Lorsque la petite Mouchette se suicide en roulant obstinément jusqu'à un cours d'eau, Bresson parvient à traduire l'âpreté du roman de Bernanos et nous bouleverse de manière indélébile.
2- L'anecdote : Le mépris (1963) de Jean-Luc Godard (d'après Moravia)
Une des difficultés de l'adaptation cinématographique est la question de l'anecdote. Beaucoup de cinéastes se sont contentés de prendre les romans comme de beaux scénarios. L'anecdote l'emporte sur l'invention cinématographique. C'est peut-être pour cette raison que les meilleures adaptations sont sans doute celles qui se sont appuyées sur des oeuvres littéraires mineures, permettant aux cinéastes de dépasser l'anecdote et d'injecter dans leurs films des thèmes personnels. Belle de jour de Kessel n'est pas un roman très intéressant. En revanche, Buñuel en a fait un chef-d'oeuvre du cinéma, une oeuvre totalement énigmatique et opaque où l'onirisme et l'ironie sont de mises. De la même manière, il est couramment admis que les films d'Hitchcock comme Rebecca et Les oiseaux sont supérieurs aux romans de Daphné du Maurier qui les ont inspirés.
A l'origine du Mépris, il y a un roman de Moravia que les connaisseurs s'accordent à trouver médiocre (j'avoue ne pas l'avoir lu) mais le plus important n'est pas dans l'anecdote mais dans la manière dont Jean-Luc Godard parvient à la transplanter sur son propre territoire : le cinéma, le mythe et les questions que le taraudent toujours : l'amour, la trahison, le malentendu...
3- La réappropriation : Shining (1980) de Stanley Kubrick (d'après Stephen King)
Toujours dans le même ordre d'idée, les romans regroupés parfois sous l'étiquette " mauvais genre " (la série noire, le fantastique, la science-fiction, l'érotisme...) furent de formidables réservoirs à récits pour les cinéastes. Certains écrivains de polars, comme Raymond Chandler, furent également scénaristes pour Hollywood. Parmi les auteurs contemporains oeuvrant dans le fantastique, Stephen King fut sans doute l'écrivain le plus adapté au cinéma, pour le meilleur (Dead Zone de Cronenberg, Carrie de De Palma, Stand by me et Misery de Rob Reiner...) ou pour le pire (Firestarter de Lester, Peur bleue...).
Avec Shining, nous nous trouvons face à un cas intéressant car il est évident que Stanley Kubrick trahit l'oeuvre originale (King ne s'est pas entendu avec le cinéaste et détestait cette adaptation) mais il se la réapproprie de manière totalement personnelle et livre un des plus beaux films d'épouvante jamais tourné. Avec ce film, le cinéaste tente de réaliser LE film d'horreur définitif (comme il cherchera à réaliser LE film de guerre absolu avec Full Metal Jacket) et nous offre une oeuvre mentale où l'espace de l'hôtel et du jardin qui l'entoure devient la projection d'un cerveau atteint par la folie.
4- Le style : Le temps retrouvé (1999) de Raoul Ruiz (d'après Marcel Proust)
Un des problèmes majeurs auxquels se heurtent les cinéastes projetant d'adapter une oeuvre littéraire, c'est celui du style. Si, au cinéma, l'anecdote importe moins que la mise en scène et le style du réalisateur ; il est évident que l'intérêt d'un livre tient avant tout à son style et non pas à son " histoire ".
C'est sans doute pour cette raison que certains grands stylistes n'ont jamais été adaptés au cinéma, que ce soit Céline ou James Joyce qui ne fut adapté que pour son récit le plus " classique " (Gens de Dublin par John Huston en 1987). Même si certaines tentatives maladroites ont été effectuées, certains romans conservent la réputation d'être inadaptables, que ce soit Belle du seigneur de Cohen ou A la recherche du temps perdu de Proust. Contrairement à ce que l'on entend parfois, Proust a fait l'objet de quelques adaptations cinématographiques. Parfois catastrophiques (le très académique Un amour de Swann de Schlöndorff avec Alain Delon en 1984), parfois intéressantes (La captive de Chantal Akerman), ces transpositions restèrent néanmoins assez éloignées de l'univers de l'écrivain. Dans Le temps retrouvé, c'est le caractère extrêmement mouvant de la mise en scène qui frappe. Ruiz a recours aux effets qu'il affectionne depuis toujours : juxtaposition du zoom et du travelling dans des directions opposées, décors mobiles, amples mouvements de caméra donnant la sensation d'un univers extrêmement fluctuant et éphémère. Grâce à ses partis pris de mise en scène, le cinéaste parvient à nous loger au coeur même de la tête de l'écrivain qui revient, à la veille de sa mort, sur son existence et son oeuvre, comme si tout était désormais écrit. Le film est donc à la fois une oeuvre cinématographique et une traduction assez juste de l'univers évanescent de Proust. Pour transposer à l'écran un écrivain au style unique, il fallait un styliste de la caméra !
5- Les limites : Salo ou les 120 journées de Sodome (1975) de Pier Paolo Pasolini (d'après Sade)
Dernier écueil auquel se heurte le cinéma : les limites de la représentation. Lorsque Apollinaire évoque un " soleil cou coupé " ou que Breton nous entraîne à sa suite dans un Paris mystérieux et poétique dans Nadja, on a du mal à concevoir quelles images photographiques pourraient traduire la poésie de ces mots et les gouffres imaginaires qu'ils entrouvrent.
Réaliste par essence, l'image cinématographique se heurte à certaines limites que ne connaissent pas les mots. Lorsqu'il s'agit de violence ou de sexe, il paraît littéralement impossible de montrer ce que les mots peuvent parfois dire. Une adaptation fidèle d'American psycho de Brett Easton Ellis serait tout bonnement insoutenable.
De la même manière, on imagine mal un film qui suivrait scrupuleusement les descriptions du marquis de Sade. Pourtant, le grand écrivain fut maintes fois adaptés au cinéma, de manière classique et édulcoré comme dans le Justine de Claude Pierson ou de manière plus originale (mais " soft ") dans Marquis de Sade : Justine de Jess Franco.
Lorsqu'il entreprend de filmer Les 120 journées de Sodome, Pasolini sort de sa " trilogie de la vie " où il exaltait les sens et une sexualité débridée en s'appuyant sur des oeuvres littéraires du passé (Les mille et une nuits, Le Décaméron de Boccace et Les contes de Canterbury de Chaucer). Mais ce qu'il voit autour de lui le rend pessimiste et il cherche désormais à dénoncer les excès du consumérisme dans lesquels s'inscrit la prétendue " libéralisation des moeurs ". Il choisit d'adapter Sade qu'il transpose à l'époque fasciste. Là encore, la réappropriation qu'il se permet de l'oeuvre du divin Marquis est une sorte de " trahison " mais elle lui permet de transgresser les limites de la représentation. On a vu des films beaucoup plus " pornographiques " ou même plus violents mais le style glacial de Pasolini confère à cette oeuvre un caractère éprouvant et en fait un des films les plus effrayants jamais tourné.
Il y aurait sans doute beaucoup d'autres choses à dire sur ces liens paradoxaux entre le cinéma et la littérature mais ces quelques idées jetées de manière maladroite ici ont déjà pris beaucoup de place. Il ne vous reste plus qu'à vous laisser réagir et à vous inciter à citer des adaptations que vous trouvez réussies...

Auteur: Internet

Info: Dr Orlof, http://drorlof.over-blog.com/

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