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épurer

En littérature comme dans le reste, le premier mouvement est le mauvais. Ce qui vient à l’esprit d’abord est toujours médiocre, niais, comme parasité ou détrempé par l’horrible pensée des autres, leur vision en commun, leur communauté de stéréotypes. Ecrire, c’est chasser l’Autre de la page, méthodiquement, patiemment, le traquer ligne à ligne, d’adjectifs en adverbes, le déloger des métaphores, le mettre en fuite sous l’accumulation des antithèses astronomiques, le débusquer derrière chacune de ses propres idées, le balayer par des ironies plongeantes et des paradoxes vertigineux.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 201-202

[ ennemi ] [ aliénation ] [ écriture ] [ religion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

ouverture

Dans la vie matérielle, nous nous sentons impuissants si nous n'avons pas une certaine liberté de mouvement. C'est tout aussi vrai sur le plan spirituel : si la pensée n'y dispose pas d'un vaste champ, les efforts que fait l'adorateur ne jouent que dans d'étroites ornières et sont voués à l'échec. Sur la voie spirituelle que vous avez choisie, attachez-vous de toute votre énergie à épurer votre pensée et à élargir votre horizon. Au fur et à mesure que votre pouvoir de concentration visera plus exclusivement votre but, tout ce qui est nécessaire à votre progrès vous viendra peu à peu.

Auteur: Ma-Ananda Moyi

Info: Aux sources de la joie

[ étendue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

suicide

Ne plus être un homme, mais un rouage, un numéro de sécu, d'assuré, d'abonné. Peut-être que c'est comme ça que le monde tourne. Un vaste statu quo auquel la majorité se résigne, parce qu'elle tremble dans sa graisse, et sa chair frissonne à la pensée du geste de rébellion ultime. Il y a ceux qui voient au travers de la chair sanctifiée, et qui se jettent. Ce sont peut-être ceux-là qui ont compris, qui ont eu le courage d'être des hommes. Et ils s'épurent d'eux-mêmes. Laissent leur place aux choses, aux rouages, aux numéros, et à ce que la lâcheté peut acheter. Nous sommes ce que nous méritons d'être.

Auteur: Dewdney Patrick

Info: Mauvaise graisse

[ fuite ] [ big brother ]

 

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rencontre

La séduction des yeux. La plus immédiate, la plus pure. Celle qui se passe de mots, seuls les regards s'enchevêtrent dans une sorte de duel, d'enlacement immédiat, à l'insu des autres, et de leur discours : charme discret d'un orgasme immobile, et silencieux. Chute d'intensité lorsque la tension délicieuse des regards se dénoue en mots par la suite, ou en gestes amoureux. Tactilité des regards où se résume toute la substance virtuelle des corps (de leurs désirs ?) en un instant subtil, comme en un trait d'esprit - duel voluptueux et sensuel, et désincarné à la fois - épure parfaite du vertige de la séduction, et qu'aucune volupté plus charnelle n'égalera par la suite.

Auteur: Baudrillard Jean

Info:

[ oeil ]

 
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beaux-arts

Tout est dit lorsque le visiteur se trouve nez à nez avec la Papesse. "C'est une grande prêtresse du pouvoir féminin, de l'intuition, nous dit Niki de Saint-Phalle. Cette intuition féminine qui est une des clés de la sagesse. Elle représente l'irrationnel inconscient." L'eau, qui jaillit de sa bouche grande ouverte, dévale un long escalier évasé, recouvert de céramiques, et se jette dans un bassion aux rebords marquetés de faïences bleues. Le long des marches ondule un gigantesque serpent incrusté de carreaux bleus et blancs. Pas une ligne droite, pas d'angles droits, des courbes, des arrondis qui épurent ces figures de monstres de toute leur agressivité. Leur confèrent même une sorte de bonhomie. Le serpent, son emblème, et l'eau, élément féminin, accueillent dès l'entrée le spectateur.

Auteur: Reynaud Elisabeth

Info: Niki de Saint Phalle

[ femmes-par-femmes ]

 

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manuscrit

Chiure de mouche n. Signe primitif de ponctuation. Il a été très justement observé par Garvinus que le système de ponctuation utilisé dans les écrits de nombreuses nations dépend à l'origine des habitudes sociales et de l'alimentation des mouches qui infestent ces différents pays. Ces insectes, qui sont toujours attestés dans le voisinage des auteurs, embellissent avec générosité ou parcimonie les manuscrits tout au long de leur composition, et, s'accordant à leurs besoins naturels, mettent en relief avec une sorte d'instinct supérieur l'oeuvre des écrivains, à leur insu. [...] Pour réaliser pleinement la contribution déterminante que les mouches apportent à la littérature, il suffit de placer la page d'un romancier populaire à côté d'une assiette de crème-caramel dans une pièce ensoleillée, et d'observer "comment brille l'esprit et s'épure le style" dans une proportion exacte de la durée d'exposition.

Auteur: Bierce Ambrose

Info: Le Dictionnaire du Diable, 1911, Editions Rivages 1989 p.46

[ ratures ] [ salissure ]

 

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anticlassicisme

Mon hermétisme aux grandes oeuvres classiques se confirme encore une fois. Déjà, l'Enéide m'avait soulée ; quant à l'Iliade et l'Odyssée, je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui les distingue l'une de l'autre et pour tout dire, je crois les avoir lus mais je n'en suis même plus sûre. le cas non-échant, c'est dire si l'idée de les lire me traumatise. Toutefois, je m'incite parfois à penser que je ne suis jamais à l'abri d'une bonne surprise et, comme ne trouvant guère de bonnes surprises dans ce que je connais déjà – le connaissant déjà - je me plais fatalement à rechercher les bonnes surprises vers ce qui semble a priori le moins apte à me convenir. Me glissant dans la peau d'un personnage que je ne suis pas, mais qui aurait de nobles goûts littéraires, je me prends à dresser la liste de ce qui pourrait plaire dans cette oeuvre du Paradis perdu. Commençons.

Tout d'abord, Chateaubriand a fait beaucoup d'efforts pour nous en fournir une version très littéraire et recherchée. Il s'est fait chier à essayer de reproduire le rythme et les tonalités des phrases originales, et de ce point de vue c'est réussi. Il se permet même des néologismes, plutôt couillu à une époque que j'imagine conservatrice, mais après tout qu'est-ce que j'en sais de ce qui se faisait vraiment ou pas tellement en ces temps-là ?

Ensuite, Milton s'est posé un défi plutôt audacieux puisque le Paradis Perdu revisite l'épisode biblique du péché originel sur le mode de l'épopée. Imaginez un épisode chrétien chanté par des prêtres déguisés en poètes grecs, ou un truc du genre, pardonnez mon imprécision ignare et typique de notre siècle. La progression est donc assez prévisible et on retrouve notamment ce qui m'avait déjà barbé dans l'Enéide, une sorte de publicité généalogique des descendants du "héros", ici donc Adam, qui dure au moins dix minutes, le temps idéal en effet pour aller aux chiottes avant un épisode plus intéressant. Certes, on se fait quand même moins chier qu'en lisant la Bible, à condition d'aimer toutefois le lyrisme poétique et l'hystérisme descriptif, ce qui n'est pas mon cas. Quand je lis un Zola, j'ai l'habitude de sauter systématiquement toutes les descriptions ; quand je lis Milton, j'épure systématiquement les phrases de tout ce qui ne se réduit pas à sujet-verbe-complément d'objet. le reste peut être joliment trouvé, mais l'accumulation de mots d'esprits et de prouesses poétiques finit toujours par me donner la gerbe. La dernière fois que j'avais éprouvé ça, j'avais éclusé trop de vin blanc et je m'étais retrouvée la tête tournant à la vitesse d'un manège déchaîné, tout foutant le camp autour de moi alors que je comatais végétalement sur un pieu. Très désagréable. Bref, cette lourdeur étouffante n'était peut-être qu'une contrainte d'époque pour être lu (comme la contrainte pour être lu, de nos jours, c'est d'être une star de la télé, du sport ou du porno). La préparation de la bataille menée par Satan est le pire morceau du livre, c'est dommage parce que c'est ce qui ouvre l'épopée et ce qui devrait normalement convaincre le lecteur de rester un peu plus longtemps.

Auteur: Colimasson

Info: critique de "Le paradis perdu" de John Milton sur Babelio

[ lecture ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

protestantisme

Il est vrai, Caïetan reprochait autre chose à Luther : sa doctrine de la justification : neminem justificari posse nisi per fidem. Question capitale sans doute ; mais enfin, telle qu’il la formulait avant la dispute de Leipzig et dans l’été de 1518, la doctrine de Luther était-elle hérétique, sans hésitation ni scrupule quelconque ? Un historien n’est pas qualifié pour le dire. Il peut seulement, il doit rappeler un fait.

L’attention s’est portée dans ces dernières années sur l’activité doctrinale d’un groupe de théologiens, dont certains parvinrent, dans l’Église, à de hautes situations et qui, sur la justification, professèrent fort tard (en plein concile de Trente) des opinions toutes proches, pour un profane, des opinions luthériennes. Tel, ce Girolamo Seripando, général des Augustins de 1539 à 1551, qui reçut le chapeau (1561) et remplit jusqu’à sa mort (1563) les fonctions de cardinal-légat au concile. Là, à l’indignation de certains (ce n’étaient pas des Augustins !) il exposa et défendit avec acharnement des idées hardies, opposées à celles des thomistes, proches des idées luthériennes. Les tenait-il de Luther ?

Le chanoine Paquier, dans le Dictionnaire de théologie catholique, s’empresse de laver Seripando d’un tel soupçon. Peu nous chaut. Le fait demeure. Un légat pontifical, un cardinal romain, pouvait impunément, quarante ans après la condamnation de Luther par la bulle Exsurge, dix-sept ans après la mort de l’hérétique, soutenir en plein concile des doctrines telles que M. Paquier se croit tenu d’écrire : "La manière fort opposée dont l’Église a traité ces idées et ces hommes (Seripando, Luther) ne doit pas scandaliser... À toutes les époques de la vie de l’Église, certaines théories se côtoyant ont éprouvé ainsi, des traitements fort divers... La vraie raison de cette différence... tient à la doctrine elle-même... Seripando et les siens ont toujours maintenu la responsabilité de l’homme envers Dieu et l’obligation d’observer la morale. Luther au contraire a nié fougueusement la liberté. Et pour affirmer qu’à elle seule, la foi neutralise les péchés les plus réels, il a des textes d’une massivité déconcertante." Oui, mais ces textes, de quand datent-ils ? Ces déclarations "d’une massivité déconcertante" sont donc antérieures à la dispute de Leipzig ? Rappelons-nous les dates, et que Luther, quand il comparaît à Augsbourg devant Caïetan, du 12 au 14 octobre 1518, près d’un an avant son tournoi avec Eck — déjà ses juges romains, sans plus de façon l’ont déclaré hérétique ; déjà l’ordre a été transmis aux chefs des Augustins d’Allemagne d’avoir à incarcérer leur confrère pestilentiel ; déjà le bref du 23 août 1518 mobilise contre lui et l’Église et l’État...

Or, qu’on se reporte à l’écrit en allemand, Unterricht auf etliche Artikel, que Luther publia en février 1519, à la veille de la dispute de Leipzig. Des idées réformatrices, sans doute. Un effort hardi pour épurer la théologie du temps. Mais qu’il s’agisse du culte des saints, à travers qui l’on doit honorer et invoquer Dieu lui-même (p. 70) ; ou des âmes du Purgatoire qui peuvent être secourues par des prières et des aumônes, encore qu’on ne sache rien des peines qu’elles endurent et de la manière dont Dieu leur applique nos suffrages — weiss ich nit, und sag noch das das niemant genugsam weiss — qu’il soit question encore des commandements de l’Église : ils sont, écrit Luther, au Décalogue ce que la paille est à l’or, wie das Golt und edel Gesteyn uber das Holtz und Stroo ; qu’il vienne à traiter, enfin, de l’Église romaine qu’on ne saurait quitter en considération de saint Pierre, de saint Paul, des centaines de martyrs précieux qui l’ont honorée de leur sang, ou même du pouvoir papal qu’il faut respecter comme tous les pouvoirs établis, tous venant également de Dieu : rien dans tout cela que vingt, que quarante théologiens ou humanistes en vue de ce temps n’aient dit de leur côté, avec autant ou même parfois avec plus de vivacité et de hardiesse, sans qu’ils fussent traqués, cités en cour de Rome, réputés hérétiques et dénoncés d’avance aux pouvoirs séculiers... 

[…] Érasme avait raison pour une fois. Si Rome poursuivait Luther avec tant de hâte passionnée, c’est qu’il avait touché "à la couronne du pape et au ventre des moines". Et Hutten avait raison aussi : c’est que Luther était un Allemand qui, dangereusement, se dressant à la porte de l’Allemagne, prétendait en interdire l’exploitation fructueuse aux Italiens. Comment Luther, l’impulsif, l’impressionnable Luther aurait-il fermé les yeux à cette évidence ?

Ainsi Rome faisait tout pour le pousser, l’incliner dans la voie des Hutten et des Crotus Rubianus. En le classant sans répit et presque sans débat parmi ces hérétiques criminels dont il faut étouffer les idées dans l’œuf, elle le chassait peu à peu hors de cette unité, de cette catholicité au sein de laquelle pourtant, de toute son évidente sincérité, il proclamait vouloir vivre et mourir. Elle acceptait le schisme, elle courait au-devant de lui. Elle fermait, sur la route de Martin Luther, la porte pacifique, la porte discrète d’une réforme intérieure.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 94 à 97

[ catholicisme ] [ politique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson