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diversion

Il y avait des récalcitrants, par exemple l'excellent Lemoine, mathématicien et organisateur des soirées musicales qui portent son nom. C'était un petit vieillard sautillant et instruit, rempli de calembours et de coq-à-l'âne. Ayant apprivoisé une chouette, il répétait volontiers : "rien n'est chouette comme l'idem." Cela n'était rien, mais ne s'était-il pas mis en tête de nous faire connaître son "point de Lemoine" qui se trouve, parait-il, dans le triangle ? A peine avait-il commencé, pour la dixième fois, sa démonstration, que Hecq s'écriait : "Allons bon, il y a un fou grimpé sur le toit de l'hôtel." Tous les yeux se dirigeaient de ce côté et le théorème était interrompu. Ou bien : "Avez-vous senti cette odeur de brûlé ? faisait Hecq, la mine inquiète. Il y a certainement le feu quelque part." Tout le monde cherchait aussitôt l'origine de cette problématique incendie. Jamais le bon Lemoine ne put parvenir à nous expliquer son point.

Auteur: Daudet Léon

Info: Souvenirs, Robert Laffont, Bouquins 1992 <p.252>

[ digressions ]

 

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dialogue numérique

J'ai lu les messages d'Ivan encore et encore, en pensant à ce qu'ils signifiaient. J'avais honte, mais pourquoi ? Pourquoi était-il plus honorable de relire et d'interpréter un roman comme Illusions perdues que de relire et d'interpréter un quelconque courriel d'Ivan ? Était-ce parce qu'Ivan n'était pas un aussi bon écrivain que Balzac ? (Mais je pensais qu'Ivan était un bon écrivain.) Était-ce parce que les romans de Balzac avaient été lus et analysés par des centaines de professeurs, de sorte que lire et interpréter Balzac revenait à participer à une conversation avec tous ces professeurs, et était donc une activité plus élevée et plus significative que la lecture d'un courriel que j'étais seul à voir ? Mais le fait que le courriel m'ait été adressé spécifiquement, en réponse à des choses que j'avais dites, en faisait littéralement une conversation, ce qui n'était pas le cas des romans de Balzac, écrits pour un public général, dans le but ultime de générer des profits pour l'industrie de l'imprimerie ; ce que je faisais n'était-il donc pas, d'une certaine manière, plus authentique et plus humain ?

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ question ] [ intimité ] [ privé-public ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

perdu

Trakl était-il chrétien ? Oui, bien sûr, par moments il se fait chrétien, au sein d'un ensemble général et confus de possibilités - devenir un animal, devenir un virus, devenir inorganique - tout comme il était aussi un antéchrist, un poète, un pharmacien, un alcoolique, un drogué, un psychotique, un lépreux, un suicidé, un cannibale incestueux, un nécrophile, un rongeur, un vampire et un loup-garou. Tout comme il est devenu sa sœur, hermaphrodite aussi. Les textes de Trakl sont marqué  par le monothéisme rédempteur, tout comme ils sont souillés par les fluidités narcotiques, rongés par les rats, cratérisés par l'artillerie russe, calcinés et troués par les débris astronomiques. Trakl était chrétien et athée, sataniste aussi, quand il n'était pas simplement mort-vivant, ou inhumain d'une autre manière. Il est peut-être plus précis de dire que Trakl n'a jamais existé, sauf sous la forme d'un champ de bataille, réservoir de maladies, sépulture d'une église disparue, ou en tant qu'être en train d'expirer d'une overdose massive de cocaïne sur le sol d'un hôpital militaire, trompé dans sa lucidité par l'aveuglant assaut de la différence fondamentale.

Auteur: Land Nick

Info: Fanged Noumena : Collected Writings, 1987-2007

[ identité chaos ] [ introspection ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mise en garde

L'un des moments les plus troublants de Ceux de 14, presque surnaturel, est celui où Genevoix est sauvé de la mort par un mourant. Un soldat, sans doute paralysé par une balle reçue dans la moelle épinière, est étendu sur d'autres cadavres en travers du boyau où s'est engagé l'officier. Par la seule intensité de son regard, où s'est concentré ce qui lui reste de vie, le blessé prévient Genevoix de la balle qui l'attend au créneau où lui vient d'être abattu, dans l'axe de tir au bout duquel le guerrier allemand embusqué guette sa prochaine cible. Ce qui relie alors le mourant à celui qui conserve la vie grâce à lui est inexprimable, sauf par Ceux de 14. Il faut aller voir comment c'est dit et comment est dit l’effort d’expression muette du mourant, puis le soulagement dans ses yeux quand il sait qu'il a été compris, qu'il a sauvé la vie de l'inconnu qui passe, ce soldat français, son camarade. Le regard de cet homme - qui était-il ? - a sauvé le sous-lieutenant Genevoix devenu, pour toujours, leur regard à tous.

Auteur: Bernard Michel

Info: Pour Genevoix

[ yeux messagers ] [ alerte ] [ agonie ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

ego

Programmé par les ADN de ses parents, il savait qu'il n'était que le reflet, la réponse à un environnement donné, une famille, une race... une planète univers. Toutes choses étaient des miroirs de Lui : conscience cosmos... "Moi?", soi-disant vivant, soi-disant à base d'atomes de carbone. Un esprit s'est-il incarné dans cette enveloppe ou est-ce le milieu qui a fait émerger cette conscience particulière, la mienne ? Je ?!... Qu'en était-il dans d'autres lieux ?... Quelles pouraient être les émergences "vivantes" qui en surgiraient. A base de méthane, de silicium ?... De molécules inconnues, pas même entrevues ?... Et si oui, la communication avec de telles entités est-elle pensable. Pourrait-on même les reconnaître, les différencier, les séparer, avoir la bonne focale pour les distinguer, les discriminer de nos routines... Blocs de pierre ou nuages, qui êtes-vous ? Parlez-moi, faites-moi signe.

A cette seconde l'esprit fut partout, il le sentait. Quel médium lui avait raconté un jour que l'âme immuable habite les corps comme on essaye un habit, comme on déguste un fruit et, - magie ultime : comme on détaille et se souvient pour toujours d'une d'une apparition fugace ?

Auteur: Mg

Info: 26 mars 2017

[ introspection ] [ questions ] [ métaphysique ] [ xénolinguistique ]

 

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paranormal

Ainsi pour Bender, le Poltergeist était-il l'expression de conflits psychologiques refoulés ou réprimés, poussant certains adolescents ou jeunes adultes à exprimer leur mal-être sur ce mode pour le moins inhabituel.
Psychologue clinicien, mais aussi sociologue, Hans Bender prenait en compte le champ social dans lequel évoluaient les déclencheurs de Poltergeist. Il fut l'un des premiers à aborder les aspects psycho-pathologiques dans une perspective diagnostique. Il accédait de ce fait à une compréhension originale de la PK, lui permettant de mettre à jour et résoudre des situations conflictuelles aiguës s'exprimant sur ce mode. Le Poltergeist était à considérer comme un symptôme porteur d'un sens latent à décoder et comme l'expression originale d'un conflit intérieur. Nous verrons aussi, et ce sera l'objet de ma réflexion, combien ce mode d'expression réalise une étonnante, originale et remarquable solution économique pour la psyché du sujet.
L'institut pour les zones frontières ou IGPP a développé, sous la conduite de Bender, puis de ses collaborateurs et successeurs une recherche interdisciplinaire sur le psi. Il compte aujourd'hui pas moins de quatre départements de recherche, axés sur une des préoccupations majeures de la parapsychologie actuelle : les relations entre l'esprit et la matière.

Auteur: Djohar Si Ahmed

Info: Pour une psychanalyse des expériences exceptionnelles.

[ sciences ] [ psychokinèse ]

 

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spiritualité

Pour créer le monde, un grain de matière a suffi ; car tout ce que nous voyons, cette masse qui nous effraie, n'est rien qu'un grain que l'éternel a créé et mis en oeuvre. Par sa ductilité, par les creux qu'il enferme et l'art de l'ouvrier, il offre, dans les décorations qui en sont sorties, une sorte d'immensité. Tout nous paraît plein, tout est vide, ou, pour mieux dire, tout est creux. Les éléments eux-mêmes sont creux ; Dieu seul est plein. Mais ce grain de matière, où était-il ? Il était dans le sein de Dieu, comme il y est présentement."rien ne se fait de rien", disent-ils ; mais la souveraine puissance de Dieu n'est pas rien ; elle est la source de la matière aussi bien que celle de l'esprit. Le monde est monde par la forme ; par le fond il n'est rien qu'un atome. En retirant son souffle à lui, le créateur pourrait en désenfler le volume et le détruire aisément. L'univers, dans cette hypothèse, n'aurait ni débris ni ruines ; il deviendrait ce qu'il était avant le temps, un grain de métal aplati, un atome dans le vide, bien moins encore, un néant.

Auteur: Joubert Joseph

Info:

[ âme ] [ profondeur ]

 

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création

L'oeuvre de Forestier est décrite à la manière d'une "petite industrie" marchant avec peu de moyens selon un modèle cyclique. Forestier part de peu et ne cherche pas à obtenir plus. Selon les infirmières de l'hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole où Forestier était interné, ce dernier avait installé "son petit atelier" dans le couloir situé à côté des cuisines de l'hôpital . Son lieu de création "se composait d'un établi rudimentaire fait d'un plateau à peine équarri et fixé sur des caisses d'emballage un guise de chevalets. Forestier était le seul gestionnaire de cet univers. Il s'était confectionné ses propres outils à partir des éléments glanés au sein de l'hôpital. "Un poinçon composé d'un gros clou emmanché par lui-même" lui servait à la décoration de ses oeuvres, et "un morceau de tranchet de cordonnier également emmanché par ses soins" lui permettait de dégrossir le bois qu'il utilisait pour ses assemblages.



Concernant "la matière première" à partir de laquelle il formait ses sculptures, celle-ci était "de provenances de plus variées", était-il écrit. Il s'approvisionnait non chez un grossiste, mais dans les "ordures de cuisine", les "balayures des ateliers de couture", ou encore dans "la cour de l'hôpital". Il n'achetait rien, il récupérait.

Auteur: Capt Vincent

Info: L'Art Brut : Actualités et enjeux critiques

[ économie de moyen ] [ singularité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rumination

Une histoire de marteau : Celui-ci veut accrocher un tableau. Il possède un clou mais pas de marteau. Le voisin en a un, que notre homme décide d'emprunter. Mais voilà qu'un doute le saisit. Et si le voisin s'avisait de me le refuser ? Hier, c'est tout juste s'il a répondu d'un vague signe de tête quand je l'ai salué. Peut-être était-il pressé ? Mais peut-être a-t-il fait semblant d'être pressé parce qu'il ne m'aime pas ! Et pourquoi ne m'aimerait-il pas ? J'ai toujours été fort civil avec lui, il doit s'imaginer des choses. Si quelqu'un désirait emprunter un de mes outils à moi, je le prêterais volontiers. Pourquoi refuse-t-il de me prêter son marteau, hein ? Comment peut-on refuser un petit service de cette nature ? Ce sont les gens comme lui qui empoisonnent la vie de tout un chacun ! Il s'imagine sans doute que j'ai besoin de lui. Tout ça parce que Môssieu possède un marteau. Je m'en vais lui dire ma façon de penser, moi ! Et notre homme se précipite chez le voisin, sonne à la porte et, sans laisser le temps de dire un mot au malheureux qui lui ouvre la porte, s'écrie, furibond : "Et gardez-le votre sale marteau, espèce de malotrus !"

Auteur: Watzlawick Paul

Info: Faites vous-même votre malheur, Seuil 1984<p.35-36>

[ humour ] [ imagination ] [ canevas ] [ monologue ] [ vengeance ]

 

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individu-société

C’est le manque de liberté individuelle qui caractérise l’opposition entre la société médiévale et la société moderne. Au cours de la période antérieure, l’individu était enchaîné à son rôle dans l’échelle sociale. Un homme avait très peu de chance de passer d’une classe sociale à une autre, de même était-il difficilement envisageable de se déplacer géographiquement, de changer de ville ou de pays. […]
Cependant, même si une personne n’était pas libre dans le sens moderne du terme, elle n’était pas non plus seule et isolée. En ayant dès sa naissance une place distincte, incontestable et immuable au sein du monde social, l’homme était enraciné dans un tout structuré, et cette vie avait un sens qui ne laissait aucune place, aucune nécessité, pour le doute. Une personne était définie par son rôle dans la société : c’était un paysan, un artisan, un chevalier, mais en aucun cas un individu qui avait par hasard telle ou telle occupation. […] Il y avait en comparaison peu de compétition. On naissait sous un certain statut économique qui garantissait un gagne-pain déterminé par la tradition, de la même façon qu’une position plus élevée dans l’échelle sociale impliquait des obligations économiques. Toutefois, dans les limites de sa sphère sociale, l’individu avait en réalité une certaine liberté de s’exprimer dans son travail et dans sa vie émotionnelle. Bien qu’il n’y eût pas d’individualisme – au sens moderne du choix sans restriction entre différentes manières de vivre (une liberté de choix qui est largement abstraite) – l’individualisme existait concrètement dans de nombreux domaines de la vie réelle.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 46-47

[ évolution historique ] [ castes sociales ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson