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éthique

Les pensées des hommes du monde sont sans cesse gouvernées par la loi de la pesanteur morale, qui, comme la pesanteur physique, les attache invinciblement à la terre. Le vif éclat du jour, de même que les merveilles silencieuses d'une nuit étoilée, restent sans effet sur leur esprit. Ils ne savent lire aucun signe dans le soleil, ni dans la lune, ni dans les étoiles. Ils ressemblent à certains sages qui apprennent à désigner toutes les planètes par leur nom latin, mais oublient du même coup ces petites constellations célestes qui ont nom Charité, Tolérance, Amour Universel, Miséricorde, et brillent pourtant jour et nuit d'un tel éclat que les aveugles eux-mêmes peuvent les voir ; ils ressemblent à ces sages qui, quand ils lèvent les yeux vers la voûte pailletée du ciel, n'y voient rien d'autre que le reflet de leur immense savoir personnel et de leurs connaissances livresques.

Auteur: Dickens Charles

Info: Barnabé Rudge

[ fermeture ] [ dogme ] [ principe ] [ contemplation ] [ conscience ] [ froids érudits ]

 

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éthique

Nécessité de la morale : L'ensemble des règles morales forme vraiment autour de chaque homme une sorte de barrière idéale, au pied de laquelle le flot des passions humaines vient mourir, sans pouvoir aller plus loin. Et, par cela même qu'elles sont contenues, il devient possible de les satisfaire. Aussi, que, sur un point quelconque, cette barrière vienne à faiblir, et aussitôt, par la brèche ouverte, les forces humaines jusque-là contenues se précipitent tumultueusement ; mais, une fois lâchées, elles ne peuvent plus trouver de terme où elles s'arrêtent ; elles ne peuvent que se tendre douloureusement dans la poursuite d'un but qui leur échappe toujours. Que, par exemple, les règles de la morale conjugale perdent de leur autorité, que les devoirs auxquels les époux sont tenus l'un envers l'autre soient moins respectés, et les passions, les appétits que cette partie de la morale contient et réglemente se déchaîneront, se dérégleront, s'exaspéreront par ce dérèglement même ; et, impuissantes à s'apaiser parce qu'elles se seront affranchies de toutes limites, elles détermineront un désenchantement Emile, qui se traduira d'une manière visible dans la statistique des suicides.

Auteur: Durkheim

Info: L'éducation morale, 1903, Quadrige, PUF 1963 <p.36>

 

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éthique

Puisque l’homme instrumentalisé est neutre [...], il reste [...] insouciant dans l’acte même de travailler : il s’ "abandonne" à son travail. Il espère que cela "continuera" à tout prix, sans qu’il ait à devenir responsable de ce qu’il fait.

Puisque ses activités ne s’achèvent jamais dans une véritable finalité qui leur aurait d’abord été "extérieure" mais ne prennent fin que pour des raisons qui n’ont jamais qu’un rapport contingent avec ce qu’il fait, il n’entretient pas de véritable rapport avec l’avenir. [...]

Puisqu’il est habitué à exercer une activité qui ne requiert aucune conscience morale – et qu’on ne souhaite d’ailleurs pas qu’il en ait – il n’a pas de conscience morale. Et ce avec la meilleure conscience du monde. [...]

Puisqu’il est également convaincu que tout produit reste "moralement neutre", affirmer qu’il existe un produit absolument immoral, pour la production duquel tout un monde sui generis a même été mis en place, ne peut lui apparaître que comme une sottise.

Bref, tous les éléments de l’existence instrumentalisée convergent pour empêcher l’homme de comprendre ce qu’est vraiment la bombe. C’est ainsi qu’il s’achemine vers sa fin, fébrile et indolent à la fois, sans même comprendre ce que signifie le mot "fin".

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 326-327

[ employés ] [ salariés ] [ déresponsabilisation ] [ mauvaise foi ] [ aveuglement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éthique

Nos idées morales ne sont pas le produit de la réflexion, mais la suite de l'usage. Comme à l'adoption de ces idées sont attachées des notes d'honneur et à leur répudiation des notes d'infamie, personne n'ose les remuer ouvertement. Elles sont admises sans examen par la communauté tout entière, indépendamment des croyances religieuses et des opinions philosophiques, et elles ne sont pas plus fortement soutenues par ceux qui s'astreignent à les mettre en pratique que par ceux qui n'y conforment pas leurs actes. L'origine de ces idées est seule en discussion. Tandis que les esprits qui se disent libres croient retrouver dans la nature les règles de leur conduite, les âmes pieuses tirent de la religion les règles de la leur, et ces règles se trouvent être les mêmes, à peu de chose près, non parce qu'elles sont universelles, à la fois divines et naturelles, comme on se plaît à le dire, mais, au contraire, parce qu'elles sont propres au temps et au lieu, tirées des mêmes habitudes, déduites des mêmes préjugés. Chaque époque a sa morale dominante, qui ne résulte ni de la religion ni de la philosophie, mais de l'habitude, seule force capable de réunir les hommes dans un même sentiment, car tout ce qui est sujet au raisonnement les divise ; et l'humanité ne subsiste qu'à la condition de ne point réfléchir sur ce qui est essentiel à son existence. La morale domine les croyances, qui sont sujettes à dispute, tandis qu'elle n'est jamais examinée.

Auteur: France Anatole

Info: Le Mannequin d'osier, 1897, Au tournant du siècle, Omnibus 2000, 17, p.235

[ abrutissement grégaire ]

 

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éthique

S'il était possible qu'il se dégage des pages d'un livre une réelle puanteur, ce serait le cas pour celui-ci [l'autobiographie de Dali] [...]. Mais cela étant, il reste que Dali est un dessinateur exceptionnellement doué. C'est un exhibitionniste et un carriériste, mais ce n'est pas un imposteur. Il a cinquante fois plus de talent que la plupart des gens qui s'en prennent à sa moralité et ricanent devant ses tableaux. Et si l'on considère à la fois ces deux séries de faits, on se trouve face à un problème qui, en l'absence de toute base sérieuse d'accord, fait rarement l'objet d'une véritable discussion.
(...)
Ce que revendiquent en fait les défenseurs de Dali, c'est une sorte d'immunité artistique. L'artiste doit être exempté des lois morales qui pèsent sur les gens ordinaires. [...] On voit à quel point cette théorie est fausse si on l'applique à la criminalité ordinaire. [...] Si Shakespeare ressuscitait demain, et si l'on découvrait que sa distraction favorite consiste à violer des petites filles dans des voitures de chemin de fer, nous ne lui dirions sûrement pas de continuer à agir de la sorte sous prétexte qu'il écrira peut-être un nouveau Roi Lear.
(...)
Dali est un bon dessinateur et un être humain répugnant. L'un n'exclut pas l'autre et, en un sens, ne l'affecte même pas. Ce que nous demandons avant tout à un mur, c'est qu'il tienne debout. S'il tient debout, c'est un bon mur, et savoir à quoi il sert est une tout autre question. Et pourtant, le meilleur mur du monde mérite d'être abattu s'il entoure un camp de concentration.
(...)
Il représente un symptôme de la maladie du monde. L'important n'est pas de le dénoncer comme une crapule qui mériterait d'être cravachée en public, ni de le défendre comme un génie au-dessus de toute critique, mais de découvrir pourquoi il fait montre de ces aberrations particulières.

Auteur: Orwell George

Info: in L'immunité artistique. "Benefit of Clergy"

[ beaux-arts ] [ morale ]

 

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Ajouté à la BD par miguel