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discours scientifique

Il est clair que l’expansion, la dominance de ce sujet pur de la science est ce qui vient à ces effets dont vous êtes tous les acteurs et les participants, à savoir : ces profonds remaniements des hiérarchies sociales qui constituent la caractéristique de notre temps.

Eh bien, ce qu’il faut que vous sachiez, parce que vous allez le voir et vous le verrez de plus en plus – si naturellement jusqu’ici vous ne l’avez pas vu, encore que ça crève les yeux – c’est qu’il y a un prix dont ça se paye l’universalisation du sujet, en tant qu’il est le sujet parlant, l’homme.

Le fait que s’effacent les frontières, les hiérarchies, les degrés, les fonctions royales et autres, même si ça reste sous des formes atténuées, plus ça va plus ça prend un tout autre sens, et plus ça devient soumis aux transformations de la science, plus c’est ce qui domine toute notre vie quotidienne et jusqu’à l’incidence de nos objets a*. Je ne peux pas [en rester] ici, mais s’il est un des fruits les plus tangibles, que vous pouvez maintenant toucher tous les jours, de ce qu’il en est des progrès de la science, c’est que les objets a cavalent partout, isolés, tous seuls et toujours prêts à vous saisir au premier tournant.

Je ne fais là allusion à rien d’autre qu’à l’existence de ce qu’on appelle les mass-média, à savoir ces regards errants et ces voix folâtres dont vous êtes tout naturellement destinés à être de plus en plus entourés – sans qu’il n’y ait pour les supporter autre chose que [ce qui est intéressé] par le sujet de la science qui vous les déverse dans les – yeux et dans les oreilles.

Seulement il y a une rançon à ça – vous ne vous en êtes pas encore aperçus, quoi que vous ayez traversé – malgré tout il y a un certain nombre d’entre vous qui n’avait pas seulement un an ou deux à ce moment là, mais certainement il s’est produit pas mal de choses – c’est que, probablement en raison de cette structure profonde, les progrès de la civilisation universelle vont se traduire, non seulement par un certain malaise comme déjà Monsieur Freud s’en était aperçu, mais par une pratique, dont vous verrez qu’elle va devenir de plus en plus étendue, qui ne fera pas tout de suite voir son vrai visage, mais qui a un nom qui, qu’on le transforme ou pas voudra toujours dire la même chose et qui va se passer : la ségrégation.

Messieurs les nazis, vous pourriez leur en avoir une reconnaissance considérable, ont été des précurseurs et ont d’ailleurs eu tout de suite, un peu plus à l’Est, des imitateurs, pour ce qui est de concentrer les gens – c’est la rançon de cette universalisation pour autant qu’elle ne résulte que du progrès du sujet de la science.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 1964. *façon dont notre désir recouvre le monde. Tout entichement pour une chose ou une autre témoigne de l'emprise de l'objet a, indice de l'objet à jamais perdu.

[ objectivation ] [ réification ] [ cheptel humain ] [ fascisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

légende

Je peux bien vous raconter – puisque tout le monde sait que je suis la mère de Carlos, le chanteur – que lorsque Jean (car c’est son vrai nom) était à la maternelle, il m’a dit un jour : "Mais comment ça se fait que les Pères Noël, il y en ait tant ? Il y en a des bleus… il y en a des violets… il y en a des rouges !" On se promenait dans les rues et il y avait partout des Père Noël. Alors je lui ai dit : "Mais, tu sais, le Père Noël, celui-là, je le connais, c’est Untel" ; c’était l’un des employés d’une maison de jouets, ou d’une pâtisserie, qui s’était déguisé en Père Noël. "Tu vois, il s’est déguisé en Père Noël, et l’autre aussi c’est un vendeur du magasin déguisé en Père Noël." Il m’a demandé : "Mais alors, le vrai ?" - Le vrai, il n’est que dans notre cœur. C’est comme un lutin géant qu’on imagine. Quand on est petit, on est content de penser que des lutins, ou des géants, ça peut exister. Tu sais bien que les lutins, ça n’existe pas. Les géants des contes non plus. Le Père Noël, il n’est pas né, il n’a pas eu un papa, une maman. Il n’est pas vivant ; il est vivant seulement au moment de Noël, dans le cœur de tous ceux qui veulent faire une surprise pour fêter les petits enfants. Et toutes les grandes personnes regrettent de ne plus être des petits enfants ; alors, elles aiment bien continuer à dire aux enfants : "C’est le Père Noël" ; quand on est petit, on ne sait pas faire la différence entre les choses vraies vivantes et les choses vraies qui se trouvent seulement dans le cœur." Il écouta tout cela et me dit : "Alors, le lendemain de Noël, il ne va pas s’en aller dans son char, avec ses rennes ? Il ne va pas remonter dans les nuages ? – Non, puisqu’il est dans notre cœur. – Alors, si je mets mes souliers, il ne me donnera rien ? – Qui ne te donnera rien ? – Il n’y aura rien dans mes souliers ? – Mais si. – Mais alors, qui l’aura mis ?" Je souris. "C’est toi et papa qui y mettrez quelque chose ? – Oui, bien sûr. – Alors moi, je peux être aussi le Père Noël ? – Bien sûr, tu peux être le Père Noël. Nous allons mettre nos souliers, ton père, moi et Marie. Tu mettras des choses dedans. Et puis, toi, tu sauras que c’est toi le Père Noël pour les autres. Et moi, je dirai : Merci, Père Noël ; ce sera toi qui auras eu le merci, mais je ferais comme si je ne savais pas. Pour ton père, je ne lui dirai pas que c’est toi, ce sera une surprise aussi." Il était enchanté, ravi, et il me dit en revenant de promenade : "C’est maintenant que je sais qu’il n’existe pas pour de vrai, que c’est vraiment bien, le Père Noël."

L’imagination et la poésie enfantines ne sont ni crédulité, ni puérilité, mais de l’intelligence dans une autre dimension.

Auteur: Dolto Françoise

Info: Dans "Lorsque l'enfant paraît", tome 1, éditions du Seuil, 1977, pages 95-96

[ explication ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

artiste

Elle tenait dans sa main tous les âges de la vie, depuis la naissance jusqu’à la vieillesse, avec la mort en fantôme permanent derrière chaque étape. Elle les dansait les uns après les autres dans un dégradé de nuances physiques qui faisait oublier son âge véritable. Cet exercice de mue à couper le souffle, la danseuse et chorégraphe japonaise Carlotta Ikeda, star féminine du butô, mouvement chorégraphique radical né à Tokyo dans les années 1960, en a achevé le cycle, mercredi 24 septembre, chez elle, à Bordeaux, où elle vivait depuis la fin des années 1990. Elle avait 73 ans et luttait depuis quelques mois contre un cancer.
Carlotta Ikeda, de son vrai prénom "Sanae" ("pousse de riz" en japonais) n’a jamais dévié de sa route artistique escarpée. Née en 1941 à Fukui, au bord de la mer du Japon, fille d’un fonctionnaire issu d’une lignée de samouraïs et d’une femme qui élevait des animaux, elle aimait évoquer son village, la campagne où elle se promenait et dansait librement. C’est en voyant sa mère interpréter certains styles chorégraphiques traditionnels qu’elle eut le désir de danser.
VÉRITÉ ARCHAÏQUE DE L’ÊTRE
Passée par l’université de Tokyo et la technique classique – elle prit son premier cours à l’âge de 19 ans –, elle est professeur de gymnastique dans les collèges, tout en cherchant sa voie. En 1970, elle croise Tatsumi Hijikata (1928-1986), fondateur du butô. Ebranlement esthétique devant ce geste physique sauvage et viscéral. Celle qui affirme avoir toujours été danseuse s’initie à ce mouvement nourri des écrits d’Artaud, de Lautréamont et de Sade pour faire surgir la vérité archaïque de l’être.
En 1974, elle intègre la fameuse compagnie Dairakudakan, puis rencontre le chorégraphe Ko Murobushi, qui deviendra son partenaire de prédilection. La même année, elle fonde sa compagnie uniquement composée de femmes Ariadone et choisit de s’appeler Carlotta en hommage à la danseuse classique Carlotta Grisi (1819-1899), fameuse interprète de Giselle, "pour marquer l'irréductible opposition entre le ballet et le butô". Pour gagner sa vie, elle joue, toute poudrée d’or, dans des spectacles de cabaret où elle affirme une pensée du geste audacieuse et libre. "Quand je faisais mon strip-tease, j'avais un objectif : c'est que les gens qui étaient là pour rire et boire se taisent et me regardent pendant quinze minutes, confiait-elle en 2004. J'ai fini par arriver à mes fins, j'ai commencé à trouver ma manière de faire."
EFFACEMENT DE SOI
Grave et grotesque, puissant et vulnérable, cru et érotique, son butô se libère peu à peu pour devenir ce qu’elle définissait ainsi : "Mon art danse n'est ni une forme ni une technique particulière, mais plutôt un effacement de soi, une sorte de néant." De cet effacement, naît la présence hautement particulière d’une femme en quête d’elle-même. Ses solos ont marqué son parcours en inscrivant sa touche.
Emblématique, Utt (1981), qu’elle a transmis par ailleurs à une interprète de sa troupe, surexposait les codes du butô : corps blanc nu, yeux renversés dans les orbites, pieds et mains tordus comme des moignons. Un corps "débilité", selon la formule d’Hijikata, qu’elle fera évoluer à sa façon. "Mon butô est une quête intérieure à la frontière de la normalité et de la folie. Comme dans le bouddhisme, j'essaye d'atteindre un certain état d'effacement de soi, de néant." Tout aussi éberluant, sur un texte de Marguerite Duras, Waiting (1997), ou récemment Médée (2012), font palpiter le mystère du vivant.
Lorsqu’on lui demandait le sens de son travail, Carlotta Ikeda le résumait par un seul mot "le désir", trouvant sur scène "une sorte de vie pure".

Auteur: Boisseau Rosita

Info: Le Monde sept. 2014

[ passion ]

 

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transhumanisme

Les robots "surhumains" seront en mesure de dépasser les capacités de l'humanité d'ici un demi-siècle, avertit un expert en intelligence artificielle, soulignant qu'il est vital d'introduire des garanties afin d'éviter que l'humanité soit "remplacée".

Luca De Ambroggi, responsable de la recherche et de l'analyse des solutions d'IA au sein de l'équipe Transformative Technology d'IHS Markit, fournisseur mondial d'informations basé à Londres, a déclaré à Express.co.uk : "Dans 50 ans, il est raisonnable de penser que les robots seront capables de "soutenir" et de remplacer l'être humain dans plusieurs activités. Déjà, les appareils électromécaniques surpassent les humains en sensibilité et en temps de réaction." Compte tenu des progrès technologiques considérables réalisés au cours de la dernière décennie, M. Ambroggi a déclaré que 50 ans étaient "suffisants" pour combler plusieurs fossés avec l'être humain.

Et d'ajouter : – Même si notre cerveau aura encore des avantages et que les êtres humains resteront plus dynamiques et polyvalents, l'électronique pourra surpasser les humains dans plusieurs fonctions spécifiques. Comme elle le fait déjà aujourd'hui, de la vision industrielle, à la reconnaissance audio et vocale.

- La question à long terme est de savoir si les "personnes remplacées" pourront être requalifiées et continuer à apporter de la valeur ajoutée dans notre société. Il continue : "L'intelligence artificielle est là, et elle est là pour le long terme.

- Nous sommes dans l'ère dite étroite ou faible, de l'IA. Elle est "plus faible" que l'humain ou égale ou supérieure pour quelques tâches et sens limités. Quelle que soit la façon dont elle perturbe la société et son évolution, cela aura des répercussions majeures sur la sécurité des données, le travail et l'éthique.

- Cette ère est celle de l'IA multimodale générique, comparable à une intelligence humaine appliquée dans tous les sens et travaillant puissamment en parallèle. Par exemple, pour ce qui est de l'électronique de détection et du support des semi-conducteurs, pour les capacités de vision, d'écoute, de toucher, ainsi que d'odorat et de goût avec les dernières technologies MEMS.

- Nous devons revenir à l'éthique. Il est communément admis que l'intelligence artificielle et ses dispositifs/robots vont accroître le business et la richesse dans le monde entier. C'est encore une fois aux régulateurs et aux administrateurs de s'assurer que tous les humains en bénéficieront et pas quelques sociétés seulement.

Regardant plus loin, M. Ambroggi considère l'idée que les robots seront un jour considérés comme ayant une conscience, et donc comme des formes de vie indépendantes. Il explique : "Il est tout à fait possible que ce soit aussi une réalité, peut-être pas dans les 50 prochaines années, mais la technologie évolue si rapidement que je peux difficilement en douter."

"Lorsque nous étudions la biologie, un 'être vivant' doit avoir au moins une unité 'cellulaire' vivante. Jusqu'à présent, ce n'est pas le cas, mais il est clair que cela pourra l'être à l'avenir. L'intelligence humaine peut être améliorée avec un implant à puce IA, mais alors nous entrons dans de nouveaux domaines et devrons définir ce qui est et ce qui n'est pas un humanoïde hybride ?"

"Nous devrions aussi mentionner la conscience. Nous pouvons affirmer que la conscience même vient de l'expérience, comme on le voit dans le comportement humain qui est extrêmement différencié suivant les différentes parties du monde. Si c'est le cas, l'IA peut le faire et le fera, car l'expérience est reproductible."

- Le surhomme est la dernière étape, et j'ai peur d'utiliser ce mot "dernier". Mais c'est ce qui conduit la recherche pour l'avenir.

"Peu importe qui ou quoi sera au-dessus des capacités humaines. Avant cela, nous ferions mieux de nous assurer d'avoir en place de bonnes réglementations, méthodologies et processus éthiques afin de nous assurer de tirer profit du côté positif de la technologie."

Auteur: McGrath Ciaran

Info: Sun, 3 février 2019

[ prospective ]

 

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mythologie grecque

Platon, qui était bien plus et mieux qu’un philosophe, identifiait Athéna avec la déesse libyenne Neith, qui possédait un temple à Saïs, en Egypte. Des sources grecques plus tardives font naître Athéna près du lac Tritonis en Lybie, où elle fut trouvée par trois nymphes vêtues de peaux de chèvres. Elle tua, par accident, dans sa jeunesse, sa compagne de jeux Pallas ; elle en associa plus tard le nom au sien pour célébrer le souvenir de Pallas. C’est ultérieurement qu’elle vint en Grèce, en Attique, près du fleuve béotien Triton (doublet du précédent). D’autres traditions feraient venir Athéna et son olivier d’Asie mineure ; quoi qu’il en soit les grecs la tenaient bien pour étrangère à Hellas et antérieure à leur cycle historique. [...] Précisons enfin que l’étymologie du nom d’Athéna – et donc d’Athènes par conséquent – est inconnue, ce qui confirme le caractère mystérieux de la déesse pour les grecs d’époque classique. On connaît la querelle de Poséidon et d’Athéna ; le premier avait revendiqué l’Attique en plantant son trident sur l’Acropole d’Athènes ; là s’était formé aussitôt un puits d’eau salée. Plus tard Athéna y vint aussi et planta le premier olivier (cultivé) ; peut-être simplement greffa-t-elle un olivier sauvage avec une greffe apportée de Lybie ou d’Asie mineure. La querelle ne trouva d’apaisement qu’à la suite de la sentence d’un tribunal des dieux, à la seule majorité d’une voix ; il fut décrété qu’Athéna avait plus de droits sur le territoire de l’Attique parce qu’elle avait fait un cadeau meilleur.

La figure de la déesse est fort complexe est polyvalente. Elle est la fille favorite de Zeus, qui l’a enfantée lui-même en une sorte de parthénogenèse. Elle naît de son crâne, grâce à une brèche faite au coin et au maillet, avec la collaboration technique d’Héphaïstos (ou de Prométhée, selon les versions). La présence et l’usage du maillet n’est pas innocente : dans nombre de traditions il est l’instrument foudroyant qui confère la lumière. Athéna est, pour son père, comme un autre lui-même. Déesse de la Lumière et de la Sagesse, Déesse-Vierge (n’oublions pas que c’est là le sens de parthénos), elle est une manière de Reine du Ciel, nous pourrions écrire de "Sainte-Vierge", sans trop d’abus.

C’est une déesse "poliade", gardienne de ville ; c’est une guerrière, elle excite les guerriers au combat, elle leur fabrique des armes défensives et offensives. C’est aussi une patronne d’agriculture, en dehors même de son olivier ; elle est figurée souvent avec des épis dans les mains. Ses attributions sont aussi purificatrices et maternelles ; elle est la Koria, la "fille" par excellence. Elle est pure (Agna) et purificatrice (katharsios). Elle est patronne des médecins, ce qu’elle doit probablement à l’utilisation médicinale de l’huile d’olives. Enfin elle est Erganè¸ c’est-à-dire ouvrière, opérative, au sens le plus noble et le plus fort ; elle a imaginé la charrue, les armes... elle est manufacturière de l’industrie du bronze ; de ce fait la plupart des métiers se réclament d’elle : les orfèvres, les ciseleurs, les charpentiers, architectes, sculpteurs, potiers, peintres à l’encaustique, carrossiers, cordonniers... bien entendu également patronne de travaux féminins, des fileuses, des tisserandes. [...]

Dernier domaine des attributs d’Athéna, non les moindres : c’est la déesse du bon gouvernement et la protectrice du droit ; c’est aussi celle de la pensée réfléchie, de la raison et du savoir, sa compétence va de la philosophie à la littérature. Nous pensons que ces derniers attributs sont les plus récents et, finalement, les moins profondément enracinés. [...]

Athéna était également honorée, en dehors de l’Attique, dans un grand nombre de lieux de culte, en Crète, en Argolide, en Arcadie, en Béotie. A Lindos, à Rhodes, on lui attribuait une origine phénicienne ; c’est là qu’on rapportait qu’elle aurait appris aux Héliades et aux Telchines le travail du bronze – ce qui pourrait fournir une indication non négligeable de son origine.

Auteur: Laget Francis

Info: L'Olivier symbolique dans Liber n°6, printemps 2021

[ emblèmes ] [ historique ]

 

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spiritualité

Le contexte des Dialogues avec l'ange est le suivant : en 1943, en Hongrie, quatre amis (Hanna, Joseph, Lili et Gitta) se réunissent régulièrement pour des discussions sur le sens de leurs vies. Au cours d'une de ces discussions, Hanna déclare soudainement : "Attention ! Ce n'est plus moi qui parle." Hanna deviendra le relais des paroles d'une entité mystérieuse qu'ils appelleront l'Ange. Gitta fera la transcription de ces dialogues. Seule survivante des tueries nazies de cette époque, c'est aussi elle qui fera le travail de diffusion de ces entretiens avec l'Ange qui dureront jusqu'à la fin de l'année 1944. Plus rien après la mort de Hanna, le "petit serviteur".

La beauté et l'horreur se répondent en arrière-plan de ces dialogues. Leur intensification suit le déploiement et l'extension de la fureur nazie. Dans les premiers dialogues, l'Ange prend le temps de s'adresser individuellement à ses interlocuteurs à qui il attribue un symbole comme une mission de vie à laquelle il faut se vouer et comme une voie parmi tant d'autres permettant de rejoindre Dieu. L'Ange des premiers dialogues peut sembler tempétueux, lunatique et direct, comme le Yahvé de l'Ancien testament. Un Ange qui, d'inconscient, deviendra de plus en plus conscient ?

Mais les conditions politiques à l'extérieur deviennent de plus en plus menaçantes. "Les juifs sont entassés dans un quartier de Budapest transformé en ghetto, et dont les entrées sont surveillées. Nous ne savons pas à quel moment Joseph et Hanna seront touchés aussi." Les dialogues avec l'Ange permettent de nourrir un espace mental hors du temps même si les paroles de l'Ange semblent répondre indirectement - symboliquement - aux périls du moment. "Grâce au dernier entretien, nous sommes capables d'affronter cette menace avec un calme relatif. La situation extérieure ne s'est pas améliorée, bien au contraire, mais nous, nous avons changé. C'est pourquoi le message d'aujourd'hui est un chant de joie." le ton change. L'Ange ne s'adresse plus individuellement à chacun. Au-delà des singularités et des voies apparemment dissemblables, l'expression devient poétique mais occulte et se lit comme un texte dont il nous faut acquérir la clé de compréhension. Dans l'urgence des derniers mois de l'année 1944, alors que les nazis hongrois menacent l'atelier de couture que dirige Gitta et dans lequel se cachent et travaillent une quasi centaine de femmes juives, l'Ange se manifeste brutalement, en-dehors du cadre régulateur des séances du vendredi, affirmant avec une volonté constante de précision quelle est la place de l'homme dans l'univers.

L'Ange est-il réellement ange ? "Tout le monde peut parler avec son ange", affirmait Gitta Mallasz dans une de ses dernières interviews dans les années 90 – même si cela n'arrive pas à beaucoup d'entre nous.

L'Ange est-il l'inconscient personnel de Hanna ? L'évolution du discours semble trop complexe pour pouvoir n'être qu'une émanation immédiate d'un arrière-plan psychique individuel. Tout au long des deux années d'entretiens, le discours (sur la souffrance, sur l'individualisme, sur le nouveau) évolue et s'adapte à la capacité de compréhension de ses interlocuteurs pour s'offrir en fracas dans le dernier dialogue. On ne peut que penser à une offrande verbale soigneusement préparée, mais peut-être s'agit-il aussi du mouvement naturel de la croissance des pensées.

L'Ange est-il transcription de pensées sauvages attendant leur propriétaire dans le vaste espace de l'univers ? Hanna aurait alors développé une fonction médiumnique permettant de penser des pensées encore non accessibles à la plupart d'entre nous. Que ne pouvons-nous encore penser, ne disposant pas de la capacité mentale nécessaire à métaboliser des aliments psychiques encore trop riches pour nous ? Ces dialogues avec l'Ange pourraient-ils nous en donner un aperçu ?

Toutes ces hypothèses ne sont bien sûr que pure spéculation et manière de m'aider à rêver les Dialogues avec l'ange. Car, comme le dit l'Ange :

"Faites attention ! Si l'adulte grandit encore,

c'est la tumeur ou la graisse et ce n'est pas beau.

Vous êtes devenus adultes.

Vous avez à mettre au monde le Nouveau, l'Enfant.

Déjà, ce n'est plus vous-même

que vous avez à faire grandir."

Auteur: Arcé Alexandra

Info: Sur Babelio, 21 nov. 2019

[ critique littéraire ] [ questions ]

 

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homme-animal

Q - Comment communiquez-vous avec les animaux, quel type de langage utilisez-vous ? Vous servez-vous d'images, de télépathie ? De votre intuition, peut-être ? Ou d'une sorte de langage "extraterrestre" venant d'une civilisation inconnue ?
R - Il suffit simplement de calmer le mental et de manifester l'intention de se connecter. Les animaux captent cela tout de suite, très facilement. Puis j'envoie soit une image mentale ou une pensée/phrase (non vocalisée) ou une émotion… ce qui me vient naturellement. Aucun effort n'est nécessaire pour envoyer ce genre de choses. Le transfert opère à un niveau quantique, dans un langage universel de pure énergie.
Q - Comment nos amis animaux vous répondent-ils ? Et comment recevez-vous et déchiffrez-vous ce qu'ils ont à vous dire ?
R - Les animaux montrent simplement leurs réalités de manière énergétique et ce message va arriver de mon côté (dans sa pure forme quantique) passant par réception inconsciente/intuitive vers mon mental conscient – moment auquel mon cerveau y raccordera une image mentale, un mot, une sensation ou une émotion. C'est déjà un premier niveau "d'interprétation" et certaines choses peuvent se perdre dans la "traduction".
Q - Est-il possible de "guider" des animaux sans utiliser de réels mots/gestes ? C'est à dire, pouvez-vous leur dire d'accomplir certaines tâches et pourront/voudront-ils répondre à vos demandes ?
R - Oui, grâce au procédé ci-dessus, nous pouvons demander ou suggérer. Ils ont malgré tout toujours le choix – en tant qu'êtres conscients, auto-déterminés – d'être d'accord ou non pour s'exécuter.
Q - Cette étonnante technique de communication peut-elle s'appliquer à n'importe quel animal ? Animaux sauvages, domestiques, reptiles (serpents?), insectes (fourmis?) ? Pardonnez-moi si certaines de mes questions semblent un peu naïves, mais c'est un thème tellement intrigant et inhabituel. Par ailleurs, il semble qu'on en connaisse très peu sur le sujet.
R - Les techniques sont exactement les mêmes quelle que soit l'espèce avec laquelle on communique, des poissons aux mouches, des fourmis aux éléphants, des chats aux choux verts. Oui, avec les plantes aussi comme avec tous les autres aspects du monde de la nature.
Q - Sur quel genre de services vous centrez-vous avec vos clients ? Quel est votre domaine d'expertise ? Vous occupez-vous d'animaux qui ont des problèmes de comportement ou émotionnels ?
R - Je me centre sur l'animation d'ateliers pour rendre les gens capables de faire par eux-mêmes – de renouer avec leur intuition naturelle. Mes voyages et le programme de mes ateliers ne me permettent plus que rarement d'avoir le temps pour des consultations privées. Une bonne partie de mon temps est consacré à mon travail bénévole axé sur la vie sauvage : réhabilitation, sauvetage, réintroduction, etc. Je travaille plus particulièrement avec les babouins, les éléphants, les dauphins et les problèmes de sauvegarde des lions.
En cas de problème de comportement ou émotionnel, la démarche est de communiquer directement avec l'animal pour découvrir ce qui motive son comportement. Dès qu'on le sait, on peut discuter littéralement avec l'animal des conséquences et des alternatives. C'est un excellent moyen pour trouver des solutions mutuelles… ou déterminer quelles interventions curatives peuvent être nécessaires ou souhaitées si besoin par l'animal.
Q - Avez-vous des anecdotes que vous aimeriez nous faire partager ? Des exemples où vous avez pu identifier les causes derrière le comportement étrange d'un animal ?
R - Il y en aurait beaucoup, par exemple des chevaux qui expliquent pourquoi ils veulent ou non certains cavaliers sur leur dos en fonction de la personnalité des humains ou peut-être d'événements traumatisants de leur passé qui continuent d'affecter leur mode de réponse actuel.
Il y a eu aussi le cas d'un chat qui ne rentrait pas ses griffes quand il jouait, parce que – dans sa vision des choses – les femmes de la maison "ne rétractaient pas leurs griffes", alors pourquoi le ferait-il ? En fait il voyait les ongles des humains comme des griffes et il était contrarié par cette injustice. Quand j'ai expliqué que nous humains ne pouvions rétracter nos "griffes", il a répondu d'un air moqueur qu'il trouvait ce défaut de naissance bien stupide !
Un autre exemple est celui d'un chat qui s'était lié d'amitié avec une vipère et voulait la conduire en lieu sûr hors de la maison occupée par des gens bien décidés à tuer le serpent s'ils le trouvaient.
J'ai travaillé avec des éléphants qui ont été si gravement traumatisés en voyant les membres de leur famille massacrés au nom d'une soi-disant surpopulation qu'ils sont incapables de se relier aux autres autrement que d'une manière automatisée.

Auteur: Breytenbach Anna

Info: How to communicate with animals with Anna Breytenbach, Michael Theys, Sep 20, 2010, https://africafreak.com

[ parapsychologie ] [ transmission ] [ échange ] [ message ]

 

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magouilles

Industrie du médicament : "J'ai vendu mon âme au diable"

John Virapen, 64 ans, livre le récit de son parcours dans l'industrie pharmaceutique. Une confession professionnelle peu ordinaire. John Virapen, ancien directeur de la firme Eli Lilly en Suède, a rédigé dans sa soixante-quatrième année une confession professionnelle peu ordinaire.

"Depuis des années parfois aux premières heures du jour des silhouettes fantomatiques m’apparaissent en rêve, écrit-il en préambule. Elles se tapent la tête contre les murs ou s’entaillent les bras et la gorge a coups de rasoir. J’ai maintenant compris que j’avais indirectement contribué a la mort de personnes dont les ombres me hantent.

Je n’ai évidemment tué personne directement, mais aujourd'hui je ne peux pas ne pas me sentir responsable en partie de ces morts. J’ai été un instrument, un exécutant, mais consentant, aux mains de l’industrie. […] J’ai été certes manipulé, mais sans me poser de questions. J’ai vendu mon âme au diable."

Le cas du Prozac
D’origine indoue et fils de pêcheur illettré de la Guyane britannique, l’auteur de ce mea culpa glaçant est entré dans l’industrie pharmaceutique, en 1968, par la toute petite porte. En acteur habile de ce qui ne s’appelle pas encore marketing, John Virapen est déjà en 1981 directeur des ventes de la firme Eli Lilly pour la Suède.

Il raconte les petits pactes inavouables qui se scellent dans ce milieu feutré, et la main mise des firmes sur les leaders d’opinion, ces grands professeurs renommés et gardiens de la doxa. Ainsi l’entre eux, spécialiste du traitement de la douleur et expert au ministère de la santé, recevait-il de Lilly un salaire fixe, moyennant conseil, relecture de brochures et autres conférences.

On faisait surtout appel à lui en cas d’attaque contre nos produits dans les médias, souvent à propos d’effets secondaires. Il écrivait immédiatement des articles en notre faveur dans les journaux médicaux. Le microcosme médical était rassuré, la grande presse n’en parlait plus."
En 1986, pour le lancement de la fluoxétine d’Eli Lily, molécule d’or baptisée Prozac qui sera jusqu’à expiration du brevet en 2001 l’antidépresseur le plus prescrit au monde, John Virapen va commettre ce qui le hante au petit matin : avoir aidé à promouvoir un médicament dont il connaissait –déjà- l’impact suicidaire (pour les effets secondaires réels des psychotropes, voir le site de veille sanitaire indépendant de David Healy, chercheur à l’université de Cardiff RxiSK.org) et dont la supériorité sur le placébo n’est toujours pas établie en 2014.

Mais pour l’heure, tandis qu’au siège on organise le plan com’ qui fera de la dépression une maladie couramment diagnostiquée dans tous les pays riches, les satrapes de Lilly s’affairent dans les capitales afin d’obtenir pour le Prozac une autorisation de mise sur le marché.

Comment des suicidés ont disparu
A Stockholm, John Virapen sait qu’un expert indépendant a été officiellement désigné pour émettre un avis. Le nom du professeur est confidentiel, pour tenir éloignés les lobbies justement. John Virapen veut savoir. Il n’y a dans toute la Suède que cinq experts psychiatres suffisamment qualifiés pour avoir été sollicité par l’Etat.

L’un fait partie des autorités de santé ; ça ne peut être lui. Pour les quatre autres, il va agir en profiler et demander à ses visiteurs médicaux de se renseigner, discrètement. Après quelques semaines de ce maillage discret, l’expert est repéré : c’est Pr Z., à Göteborg. "J’entrepris d’étudier le Pr Z. de plus près. Il aimait la voile. Je m’achetai un livre sur la voile." Virapen l’appelle, et parvient à l’inviter à dîner.

Un facteur a joué en ma faveur, je n’aimais pas le Pr Z, poursuit-il. Une réelle sympathie rend les manipulations plus difficiles. On n’aime pas piéger une personne qu’on apprécie. On ne veut pas obliger quelqu’un qu’on aime à franchir les frontières de la légalité. Le fait de ne pas aimer était donc un atout."
Un deuxième dîner va sceller leur entente. "L’argent est toujours utile", répond l’expert indépendant quand son hôte lui demande ce qui ferait accélérer son affaire. Le lendemain, Virapen appelle le bureau de Lilly à Copenhague, qui supervise les pays du Nord, explique qu’il faut 100.000 couronnes pour obtenir une autorisation rapide, soit 20.000 dollars. "Le bureau de Copenhague consulta celui de Genève. Cela prit 24 heures. Puis je reçus un appel :'John, faites tout ce qui vous semble nécessaire.'"

L’expertise du Dr Z. en fut quelque peu orientée. Dans le dossier initial, voici un exemple de ce qu’on pouvait lire : "Sur dix personnes ayant pris le principe actif, 5 eurent des hallucinations et firent une tentative de suicide dont 4 avec succès." A la place on lisait désormais : "Les 5 derniers ont présentés divers effets secondaires." Escamotés, les suicidés sous Prozac, au cours de la phase d’expérimentation.

Au dessus des lois ? Au dessus des Etats ?
Ce témoignage paraît un mois après celui de Bernard Dalbergue, ancien cadre de chez Merck ; un an après l’ouvrage de Julie Wasselin qui fut pendant trente ans visiteuse médicale; et dix ans après que Philippe Pignarre, ancien de chez Synthelabo et lanceur d’alerte avant l’heure, a publié "Le Grand secret de l’industrie pharmaceutique". Tous démontrent que la santé est depuis trente ans une affaire de business et de marketing sur fonds de désinformation aux conséquences criminelles.

La confession de John Virapen a été traduite par Philippe Even, qui poursuit ainsi un travail de recadrage entrepris en 2005, soit cinq ans avant le scandale Servier, avec sa traduction du livre Marcia Angell, rédactrice en chef démissionnaire du prestigieux "New England Journal of Medecine" (NEJM), "La vérité sur les compagnies pharmaceutiques".

Étrangement, ces révélations ne suscitent pas l’effroi et les révolutions qu’elles devraient. Comme si la pharmaco-délinquance était une fatalité, et l’industrie du médicament une organisation impossible à contrôler, au dessus des lois, au dessus des Etats.

Auteur: Crignon Anne

Info: Le Nouvel Observateur Publié le 18 avril 2014

[ big pharma ]

 

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nazisme

Le Führer désire que le rendement s’accroisse de cinquante pour cent dans les trois mois et soit doublé dans les six mois. Des propositions de l’assemblée pour atteindre ce but seront les bienvenues. Mais celui qui ne collaborerait pas devait être considéré comme saboteur et traité en conséquence.

Tandis que l’orateur lance encore un Siegheil en l’honneur du Führer, Quangel se dit : "Dans quelques semaines, l’Angleterre sera écrasée et la guerre terminée. Mais nous devons doubler en six mois notre production de matériel de guerre ! ... A qui fera-t-on avaler celle-là ?"

Mais l’orateur suivant monte à la tribune. Il est en uniforme brun, la poitrine constellée de médailles, de décorations et d’insignes. Cet orateur du Parti est une tout autre sorte d’homme que le militaire qui l’a précédé. D’emblée, il évoque, d’une voix tranchante, le mauvais esprit qui continue à régner dans les entreprises, malgré le prodigieux succès du Führer et de l’armée. Il parle avec tant de virulence qu’il en rugit littéralement, et il ne mâche pas ses mots, pour flétrir les défaitistes et les rouspéteurs. Il s’agit d’exterminer ces gens-là ; on leur fermera le bec une fois pour toutes. Les mots Suum cuique étaient gravés sur les boucles des ceinturons pendant la Première Guerre mondiale ; les mots à chacun son dû se trouvent maintenant gravés sur les portes des camps de concentration. C’est là qu’on apprendra à vivre à ces gens-là. Et celui qui y fait jeter les mauvais citoyens, celui-là fait quelque chose de positif pour le peuple allemand. Celui-là est un homme du Führer.

L’orateur conclut, en rugissant :

- Mais vous tous qui êtes ici, chefs d’ateliers, chefs de services, directeurs, je vous rends personnellement responsables de la salubrité de votre entreprise. Et qui dit salubrité, dit façon national-socialisme de penser ! J’espère que vous m’avez compris. Quiconque se relâche et fait la moue, quiconque ne dénonce pas tout, même les choses les plus insignifiantes, celui-là sera jeté lui-même dans un camp de concentration ! ... Vous me répondez personnellement de l’usine, que vous soyez directeur ou contremaître. Je mettrai bon ordre dans tout cela, fût-ce à coups de bottes.

L’orateur reste encore un moment ainsi, les mains levées et crispées par la fureur, le visage d’un rouge violacé. Après cette explosion, un silence de mort s’est emparé de l’assemblée. Les assistants prennent tous des airs pincés, eux qui, si soudainement et si officiellement, ont été promus au rang d’espions de leurs camarades. Puis, à pas lourds, l’orateur descend de la tribune, et ses insignes tintinnabulent doucement sur sa poitrine. Le directeur général Schröder, plus pâle que jamais, se lève et demande d’une voix suave si l’on a des observations à formuler.

Une impression de soulagement s’empare de l’assemblée, comme la fin d’un cauchemar. Personne ne semble encore vouloir parler. Tous n’ont qu’un désir : quitter cette salle le plus vite possible. Et le directeur général s’apprête à clore la séance par un "Heil Hitler" quand, tout à coup, au fond de la salle, un homme en « bleu » de travail se lève. Il déclare que, pour faire augmenter le rendement dans son atelier, ce serait très simple. Il suffirait d’installer encore telle et telle machine : il les dénombre et explique comment elles devraient être installées. Après quoi, il faudrait encore débarrasser son atelier de six ou huit hommes, flâneurs et bons à rien. De cette façon-là, il se fait fort d’atteindre les cent pour cent en un trimestre.

Quangel est très détendu : il a entamé le combat. Il sent que tous les regards sont braqués sur lui, simple travailleur pas du tout à sa place parmi tous ces beaux messieurs. Mais il ne s’est jamais beaucoup occupé des gens ; ça lui est égal qu’ils le regardent. Les autorités et les orateurs se concertent, se demandent qui peut être cet homme en blouson bleu. Le major ou le colonel se lève alors et dit à Quangel que la direction technique s’entretiendra avec lui au sujet des machines. Mais que veut-il dire, en parlant de six ou huit hommes dont son atelier devrait être débarrassé ?

Quangel répond posément :

- Certains ne peuvent déjà pas travailler au rythme actuel, et d’autres ne le veulent pas... Un de ceux-là se trouve ici.

De l’index, il désigne carrément le menuisier Dollfuss, assis à quelques rangs devant lui.

Il y a quelques éclats de rire ; Dollfuss est parmi les rieurs. Il a tourné le visage vers son accusateur.

Mais Quangel s’écrie, sans sourciller :

- Oh ! bavarder, fumer des cigarettes aux toilettes et négliger le travail, tout cela, tu le fais très bien, Dollfuss !

A la table des autorités, tous les regards se sont de nouveau braqués sur cet insensé. Mais voici que l’orateur du Parti bondit et s’écrie :

- Tu n’es pas membre du Parti ! Pourquoi n’es-tu pas membre du Parti ?

Et Quangel répond ce qu’il a toujours répondu :

- Parce que j’ai besoin de tous mes sous, parce que j’ai une famille.

Le brun hurle :

- Parce que tu es un sale avare, chien que tu es ! ... Parce que tu ne veux rien donner pour ton Führer et ton peuple ! ... Et ta famille, à combien de personnes se monte-t-elle ?

Froidement, Quangel lui jette au visage :

- Ne me parlez pas de ma famille aujourd’hui, cher monsieur... J’ai précisément appris ce matin que mon fils est tombé au front.

Un moment, un silence de mort règne dans la salle. Par-dessus les rangées de chaises, le bonze brun et le vieux contremaître se regardent fixement. Et Otto Quangel se rassied tout à coup, comme si tout était terminé. Le brun s’assied aussi. Le directeur général Schröder lève la séance par le Siegheil en l’honneur du Führer – un Siegheil qui n’est guère claironnant.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, pages 59 à 62

[ voix discordante ] [ renchérissement ] [ fausse naïveté ] [ entre-soi ]

 

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progrès

Pourquoi la victoire d’une Intelligence artificielle au poker est plus inquiétante qu’il n’y paraît
Une intelligence artificielle (IA) du nom de Libratus a fait mordre la poussière à 4 des meilleurs joueurs de Poker au monde, à l’issu d’un tournoi de poker de longue haleine, au Rivers Casino, à Pittsburgh, aux États-Unis. Dong Kim, Jason Les, Jimmy Chou et Daniel McAuley ont joué plusieurs jours à raison de 11h par jour, sans monnaie réelle – mais avec un enjeu financier selon leur capacité individuelle à se défaire de l’IA.
Jusqu’ici, il était relativement simple pour un algorithme de prévoir l’issue d’une partie d’échecs ou de Go, car tous les mouvements sont prévisibles à partir de la configuration du plateau de jeu. Mais au poker, il est impossible de connaître la main de ses adversaires ni leur état d’esprit, qui influe grandement leur prise de décision.
Le tournoi qui a opposé 4 joueurs de Poker professionels à l’IA Libratus. (Carnegie Mellon University)
Cette victoire constitue une première mondiale significative ; jusqu’ici, étant donné la grande complexité du poker et des facteurs humains impliqués, les machines qui s’étaient frottées au jeu avaient perdu. Sur les sites de paris en ligne, la victoire des 4 joueurs l’emportait à 4 contre 1.
Une victoire qui étonne même le créateur de l’algorithme
L’algorithme à la base de Libratus repose sur un “deep learning”. Libratus est une version améliorée d’un algorithme antérieur, déjà testé dans des circonstances similaires en 2015 – les joueurs de Poker l’avaient alors emporté.
La victoire confirme la puissance grandissante des algorithmes sur une période très courte. En octobre 2015, le programme alphaGo se débarrassait par 5 parties à 0 du champion européen Fan Hui. En mars 2016, le même programme battait le champion du monde Lee Sedol 4 parties à 1.
Le plus étonnant, selon Noam Brown, le créateur de Libratus, est que contrairement aux intelligences artificielles programmées pour gagner aux échecs, Libratus n’a jamais appris “comment” jouer au Poker. “Nous lui avons donné les règles de base”, et nous lui avons dit “apprends par toi-même”. Durant les pauses du tournoi, alors que les humains dînaient, dormaient ou analysaient les différentes mains de la partie, Brown connectait l’ordinateur au superordinateur de Pittsburg et affinait sa stratégie en rejouant des milliards de possibilités.
“Quand vous jouez contre un humain, vous perdez, vous arrêtez, vous faites une pause. Ici, nous devions donner le meilleur de nous-même 11 heures par jour. La différence est réelle, et émotionnellement, cela est dur à supporter si vous n’êtes pas habitués à perdre”, raconte Les, qui avait joué contre Claudico, une version antérieure de l’algorithme ayant servi de base à Libratus.
Libratus a joué de façon agressive, et n’a pas hésité à faire grimper les paris pour des gains minimes. “Ce n’est pas quelque chose que ferait un humain, en temps normal. Mais cela vous force à devoir donner le meilleur de vous à chaque tour”, évalue Les, qui après la performance de Libratus, a avoué que plus rien ne pourrait l’étonner désormais.
Des raisons de s’inquiéter
“Quand j’ai vu l’IA se lancer dans le bluff en face d’humains, je me suis dit “mais, je ne lui ai jamais appris à faire cela !” C’est une satisfaction pour moi de me dire que j’ai réussi à créer quelque chose capable de cela”, a commenté Noam Brown.
Si le professeur a exprimé un sentiment de “fierté paternelle”, d’autres scientifiques se sont inquiétés des conséquences de l’évolution de l’algorithme ayant donné naissance à Libratus.
Avec cette capacité à traiter l’"imperfection" comme une donnée d’équation, les intelligences artificielles ne jouent plus dans la même cour. On peut sans crainte avancer qu’il sera possible, à l’avenir, d’avoir des robots capables de rivaliser avec les humains sur des enjeux impliquant la décision humaine. Ils pourraient prendre de meilleures décisions dans les transactions financières, ou dresser de meilleures stratégies militaires.
“En fait, le poker est le moindre de nos soucis. Nous avons à présent une machine capable de vous botter les fesses en affaires ou sur le plan militaire", s’inquiète Roman V. Yampolskiy, professeur de sciences informatique de l’université de Louisville.
Au sujet du Deep learning
Le Deep learning dont il est question est une révolution en cela que les intelligence artificielles, qui s’en tenaient à analyser et comparer des données, peuvent maintenant les "comprendre" et apprendre d’elle même ; ce qui la porte à un niveau d’abstraction supérieur. "Par exemple, une IA à qui on donne des photos représentant des museaux, du pelage, des moustaches et des coussinets sous les pattes, est capable d’élaborer le concept de chat. Elle utilise une logique exploratoire qui crée des concepts, elle n’est pas uniquement constituée d’algorithmes préprogrammés", explique Stéphane Mallard, chargé de stratégie et d’innovation dans les salles de marché de la Société Générale.
En 2011, une expérience a été menée dans un jeu télévisé américain, Jeopardy, dans lequel les candidats doivent trouver la question à partir d’une réponse. Une IA développée par IBM, nommée Watson, a gagné haut la main. Or aujourd’hui, d’après Stéphane Mallard, cette IA serait 2 500 fois plus puissante.
Il semble impossible, même pour une IA, de prévoir aujourd’hui jusqu’où ira le développement de ces machines. Mais comme dans les fables tournant autour de l’apprenti-sorcier, il se pourrait que l’erreur ne soit comprise que trop tard.
D’après le producteur, auteur et conférencier Cyrille de Lasteyrie, la rapidité du développement de l’IA, le fait d’ignorer les conséquences du développement de l’IA est dangereux. "En 2005, les entreprises ne prenaient pas Internet au sérieux, et considéraient le phénomène comme un sujet secondaire. Dix ans après, ces mêmes boîtes nous appellent en panique pour mener une transformation digitale profonde et de toute urgence… Je suis convaincu que c’est la même problématique avec l’intelligence artificielle, multipliée par dix. Les conséquences business, organisationnelles, technologiques, humaines ou sociologiques sont énormes", indique t-il dans une interview accordée à Challenges en septembre dernier.

Auteur: Internet

Info: Daniel Trévise, Epoch Times,5 février 2017

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