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pensée-de-femme

Mercredi 14 mai.

Cela fait quelque temps que je n'ai pas tenu mon journal. Je n'avais pas envie d'écrire quoi que ce soit, même à mon usage personnel, sur ce qui s'est passé ces trois dernières semaines. J'étais trop occupée à le vivre. Non, ce n'est pas la vraie raison. Un journal est une sorte de miroir dans lequel on se regarde tous les jours, en toute franchise, stoïquement - sans déguisement protecteur, ni même un maquillage flatteur -, pour se dire ses propres vérités. Je n'ai pas eu cette envie de le faire depuis que nous sommes devenus amants, Ralph et moi. Je ne voulais pas rendre compte de ma conduite parce que je craignais que le fait de l'examiner, de l'analyser ne réveille mes scrupules et n'inhibe mon plaisir. ( A vrai dire, je répugne encore à scruter cette aventure sous l'angle direct de la première personne du singulier. Essayons d'autre façon.)

Auteur: Lodge David

Info: Pensées secrètes

[ rencontre ] [ amoureuse ] [ sexuelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

Tu me dis que je t’ai envoyé des réflexions curieuses sur les femmes, et qu’elles sont peu libres d’elles (les femmes). Cela est vrai ; on leur apprend tant à mentir, on leur conte tant de mensonges ! Personne ne se trouve jamais à même de leur dire la vérité, et quand on a le malheur d’être sincère, elles s’exaspèrent contre cette étrangeté ! Ce que je leur reproche surtout, c’est leur besoin de poétisation. Un homme aimera sa lingère et il saura qu’elle est bête, qu’il n'en jouira pas moins. Mais si une femme aime un goujat, c’est un génie méconnu, une âme d’élite, etc., si bien que, par cette disposition naturelle à loucher, elles ne voient pas le vrai quand il se rencontre, ni la beauté là ou elle se trouve. Cette infériorité (qui est, au point de vue de l’amour en soi, une supériorité) est la cause des déceptions dont elles se plaignent tant !

Auteur: Flaubert Gustave

Info: Lettre à Louise Collet

[ amoureuses ] [ aveugles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ambivalence

Mais je tourmentais surtout maman, c’était elle surtout qui m’irritait. J’avais été pris d’un appétit féroce et je grognais fort que mon repas était toujours en retard (ce qui n’arrivait jamais). Maman ne savait qu’imaginer pour me plaire. Une fois, elle m’apporta de la soupe et, à son habitude, me la fit manger elle-même : moi, je grognais tout en l’avalant. Tout d’un coup, je fus honteux de grogner : "Elle est peut-être la seule que j’aime, et c’est elle que je tourmente !" Mais ma méchanceté ne passait pas et tout à coup cette méchanceté me fit fondre en larmes. Elle, la pauvrette, se figura que je pleurais d’attendrissement ; elle se pencha sur moi et m’embrassa longuement. Je me raidis, je laissai passer l’orage, mas en réalité, à cette minute-là, je la détestais. Pourtant, j’ai toujours aimé maman, alors aussi je l’aimai, ce n’est pas vrai que je la détestais, seulement il se passait ce qui arrive toujours : le plus aimé est le premier offensé.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 378

[ mère-par-fils ] [ amour-haine ] [ mère-fils ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

autosuffisance

Vivre une vie cultivée et sans passion, au souffle capricieux des idées, en lisant, en rêvant, en songeant à écrire, une vie suffisamment lente pour être toujours au bord de l’ennui, suffisamment réfléchie pour n’y tomber jamais.

Vivre cette vie loin des émotions et des pensées, avec seulement l’idée des émotions, et l’émotion des idées. Stagner au soleil en se teignant d’or, comme un lac obscur bordé de fleurs.

Avoir, dans l’ombre, cette noblesse de l’individualisme qui consiste à ne rien réclamer, jamais, de la vie.

Être, dans le tournoiement des mondes, comme une poussière de fleurs, qu’un vent inconnu soulève dans le jour finissant, et que la torpeur du crépuscule laisse retomber au hasard, indistincte au milieu de formes plus vastes. Être cela de connaissance sûre, sans gaieté ni tristesse, mais reconnaissant au soleil de son éclat, et aux étoiles de leur éloignement.

En dehors de cela, ne rien être, ne rien avoir, ne rien vouloir…

Auteur: Pessoa Fernando

Info: Dans "Le livre de l'intranquillité"

[ existence ] [ contemplation ] [ équilibre ] [ insignifiance assumée ] [ réconfort ] [ amour de la vie ] [ mélancolie ]

 
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deuil

La mort de quelqu'un qu'on aime [...] La philosophie semble sur ce sujet bien pauvre en consolations véritablement efficaces. [...] Certes, on peut trouver ici ou là des idées utiles, mais aucune ne permet efficacement de recouvrer tout de suite la station debout quand on a mis un genou en terre. Sauf...
Sauf si l'on part du principe que le mort est un héritage, que le disparu a légué ce qu'il fut et que, quand on a eu la chance d'avoir eu un père et une compagne ayant confiné à la sainteté laïque par leur bonté, il nous reste à leur rendre le seul hommage qui soit : vivre selon leurs principes, être conforme à ce qui faisait d'eux des personnes aimées, ne pas laisser mourir leur puissance d'exister dans leur générosité d'être en la reprenant comme on relève un étendard tombé au sol après un combat, agir sous leur regard inexistant et leur rester fidèle en incarnant leurs vertus, en épousant leur art de produire de la douceur.

Auteur: Onfray Michel

Info: Cosmos, p 31

[ amour ] [ couple ]

 

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défunte grand-mère

Je regardais Baba dans son lit. Son visage reposait sur l’oreiller blanc et diffusait une douce beauté. Je la retrouvais vivante dans chacun des plis. Là, au bord de sa bouche, les sourires et, dans l’arrondi plus marqué, les éclats de rire ; le trait profond qui traversait son front concentrait les inquiétudes ; les rides en aigrettes autour des yeux, les efforts. Et l’ourlet sur son menton venait de la moue qu’elle faisait quand je la contrariais. J’ai caressé ses traits figés sur sa peau froide. Il me semblait que je devais le faire. Une caresse pour une vie. Mes doigts parcouraient son visage et je pouvais sentir tout ce qu’elle avait été. Avec ma main, je lui disais Je prends. Elle me donnait sa droiture et sa fatigue, je lui disais Je prends. Son passé et ses blessures, je lui disais Je prends. Elle me donnait sa beauté et les rares joies arrachées à la vie. Je prenais. Son courage et sa vertu. Je prenais tout. C’était tout ce qui me restait. Longtemps ce serait mes seuls bagages.

Auteur: Roux Laurine

Info: Une immense sensation de calme

[ dépouille ] [ héritage ] [ grand-maman ] [ amour ] [ femme-par-femme ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

hommage

A l'évidence, il ne s'agit pas d'un livre rock'n'roll. Le jour précédent la mort de Robert, je lui avais promis d'écrire un livre sur notre amitié, l'amour que nous nous portions. Donc mon but n'était pas d'écrire sur le rock. Ma route m'a menée au rock'n'roll, mais avant il y a eu Robert. Je voulais aussi écrire un livre sur la loyauté, la découverte de soi, que ce soit à travers la poésie, le rock ou la photographie. Et que cela inspire d'autres générations. Car même si Robert est mort jeune, du sida, il n'était pas autodestructeur. Nous voulions tous les deux vivre.
(...)
J'ai écrit ce livre pour Robert, et lui qui était hyper visuel ne lisait pas. J'ai donc voulu écrire un livre qu'un non-lecteur puisse lire, mais qu'un amoureux de la littérature puisse apprécier aussi. J'ai essayé de faire un film à travers les mots, avec, en tête, la Nouvelle Vague française, Au hasard Balthazar, les films de Godard, ou plus proche, Stranger than Paradise de Jarmusch.
(...)
Il était masculin et protecteur, tout en étant féminin et soumis.

Auteur: Smith Patti

Info: Just Kids, à propos de Robert Mapplethorpe

[ amitié ] [ amour ] [ idéal ] [ couple ]

 

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péchés capitaux

L'Orgueil et sa bâtarde, la Colère, se laissent brouter par leurs flatteurs ; la pacifique Envie lèche l'intérieur des pieds puants de l'Avarice, qui trouve cela très bon et qui lui donne des bénédictions hypothéquées avec la manière de s'en servir ; l'Ivrognerie est un Sphinx toujours pénétré, qui s'en console en allant se soûler avec ses Œdipes ; la Luxure, au ventre de miel et aux entrailles d'airain, danse, la tête en bas, devant les Hérodes, pour qu'on lui serve les décapités dont elle a besoin, et la Paresse, enfin, qui lui sort du vagin comme une filandre, s'enroule avec une indifférence visqueuse à tous les pilastres de la vieille cité humaine.

Mais l’Amour écume au seul mot de partage et la jalousie est sa maison. C’est un colimaçon sans patrie, qui se repaît, sans convives, dans sa spirale ténébreuse. Il y a des yeux à l’extrémité de ses cornes et, si légèrement qu’on les effleure, il rentre en lui-même pour se dévorer. En même temps, il est ubiquitaire, quant au temps et quant à l’espace, comme le vrai Dieu dont il est la plus effrayante défiguration.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 118-119

[ personnifiés ] [ liste actualisée ] [ amour divin-amour bourgeois ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femme-par-homme

Moi, de mon côté, je balançais entre la satisfaction d’avoir une petite amie et la honte de son genre miteux et inexpérimenté. Elle me disait qu’elle aurait aimé savoir taper à la machine, travailler dans un grand magasin, gagner de quoi pouvoir prendre des vacances à la mer. Une fois, je lui avais acheté un bâton de rouge qui l’avait remplie de joie, et c’est cette fois-là que je m’avisai qu’on peut entretenir une femme, l’éduquer, l’amuser, mais qu’alors qu’on sait de quoi est faite son élégance, il n’y a plus de plaisir. Cate avait une robe usée et un sac éculé : il était touchant de l’écouter, si grand était le contraste entre sa vie et ses désirs ; mais la joie que lui donnait ce bâton de rouge m’agaçais, je comprenais bien que pour moi elle n’était que sexe. Sexe disgracié, sexe ennuyeux. Il était pénible de la savoir si mécontente et si ignorante. Elle se retenait parfois, mais d’autres fois elle avait des enthousiasmes stupides, de soudaines répugnances ou naïvetés, qui m’irritaient. L’idée d’être lié à elle, de lui devoir quelque chose, du temps, par exemple, me pesait à chaque fois.

Auteur: Pavèse Césare

Info: Dans "Avant que le coq chante", La maison sur la colline, trad. Nino Frank, éd. Gallilmard, 1953, pages 237-238

[ amour-répulsion ] [ lassitude ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

portrait

Marie de Galilée, lascive et inspirée,
Les hommes de ton époque t'ont souvent reproché,
D'avoir mené ta vie dans la sensualité.

Ta quête est restée pure parce que ton cœur l’était,
Dans l’amour sans mesure où tu t’abandonnais,
Et les plaisirs du corps où tu te complaisais.

L’Éros sans l’Agapé est toujours versatile,
La plénitude approche ; s’enfuit le temps d’après,
L’amertume revient comme loi de gravité.

Ton âme fut enflammée quand te fut révélée
Le visage de celui que tant tu espérais ;
On l’appelait Jésus, prophète de Nazareth.

Tu l’as accompagné en servante fidèle,
L’as drapé tendrement de tes cheveux de jais,
Et chanté sa louange de ta bouche vermeille.

Lorsque fut sacrifié ton bien-aimé sauveur
Ton cœur fut crucifié, son sang était ses pleurs,
Tu l’avais tant cherché, déjà il te quittait.

Il est resté vivant dans ton for intérieur,
Ressuscité des morts, victorieux à jamais,
Et tu fus la première à porter la nouvelle.

Le sauveur de ton âme et de l’humanité
T’avait sortie du gouffre préfigurant l’enfer,
Tu étais délivrée en esprit et en chair.

La vie transfigurée devait inaugurer
Ta dévotion future au souvenir vivant
De l’éternel amant de ton âme et ton cœur,

Marie de Galilée, ton nom soit glorifié.

Auteur: Fossat Simon

Info: Dans "Poèmes de l'asphalte", pages 67-69

[ effusion ] [ amoureuse ] [ post-catholicisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson