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portrait

J'eus, un jour, la fantaisie d'entendre le cours de M. Renan, titulaire de la chaire d'hébreu au collège de France.

Je ne l'avais jamais aperçu dans l'espace et je voulais que mes yeux me donnassent une idée de plus sur ce sophiste mellifluent qui déconcerte et surmène l'imagination en sens inverse de la splendeur morale et de toute vraie grandeur.

Je vis un homme de taille médiocre, à l'embonpoint élastique, agile et fermement planté sur de petites jambes de montagne, évidemment calculées pour porter leur homme aussi bien sur les rocs de l'explorateur phénicien que sur les tréteaux basculants du conférencien.

L'impression première et immédiate est celle d'un vieux frère de la doctrine chrétienne, frère Potamien ou Junipère, qui aurait distribué les fruits de l'arbre de la science à trois ou quatre générations.

Face glabre, au nez vitellien, légèrement empourpré et picoté de petites engrêlures qui tiennent le milieu entre le bourgeon de la fleur du pêcher et les bubulettes vermillonnes d'un pleurnichage chronique, assez noblement posé d'ailleurs, au dessus d'une fine bouche d'aruspice narquois et dubitatif - comme un simulacre romain de la Victoire ailée et tranquille, au bord d'une route tumultueuse de la haute Asie, encombrée du trafic suspect de Babel ou de Chanaan...

Auteur: Bloy Léon

Info: Propos d'un entrepreneur de démolitions, 1er septembre 1883

[ description ] [ laideur ] [ vacherie ]

 
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écrivain-sur-écrivain

Aussitôt que je m'arrête d'écrire, je me mets à lire Shakespeare, alors que mon esprit est encore grand ouvert, rouge et brûlant. À ce moment-là, il me stupéfie. Jamais je n'avais aussi bien compris son étonnante envergure, son agilité, son aisance à manier les mots que lorsque je sens qu'elle dépassent et surpassent mes propres facultés, je le vois ensuite me dépasser et accomplir des prouesses que, fut-ce dans mes plus folles envolées et au plus fort de ma concentration d'esprit, je serai bien incapable d'imaginer. Même ses pièces les moins connues, ou les pires sont écrites à une vitesse qui bat tous les records. Les mots tombent à un tel rythme qu'on arrive pas à les ramasser. Voyez par exemple "...sur un lis à peine cueilli déjà presque fané". Le choix est purement accidentel ; je suis tombée sur cela par hasard. Manifestement la souplesse de son esprit était telle qu'il pouvait polir n'importe quel train de pensée, ou bien, négligemment laisser tomber une pluie de fleurs sans même y songer. Pourquoi, après cela se donner la peine d'écrire ? C'est qu'il ne s'agit même plus d'écriture. J'irais jusqu'à dire que Shakespeare est au-delà de toute littérature, si seulement je savais ce qu'on entend par là.

Auteur: Woolf Virginia

Info: journal, 13 avril 1930

[ éloge ] [ admiration ]

 

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exactitude

Deux courants d'idées sont très importants dans la pensée et la culture modernes. D'une part, il y a un engagement intense en faveur de la véracité - ou, en tout cas, une méfiance généralisée, une volonté de ne pas se laisser berner, un empressement à voir à travers les apparences les structures et les motivations réelles qui se cachent derrière elles. Depuis toujours liée à la politique, elle s'étend à la compréhension historique, aux sciences sociales et même à l'interprétation des découvertes et à la recherche en sciences. Parallèlement à cette exigence de véracité, ou (pour le dire de manière moins positive) ce réflexe contre la tromperie, il y a une suspicion tout aussi répandue quant à la vérité elle-même : pour autant qu'elle existe, si elle peut être plus que relative ou subjective ou quelque chose de ce genre ; si nous devons nous en préoccuper, en menant nos activités voire en en rendant compte. Ces deux choses, la dévotion à la vérité et la suspicion dirigée vers l'idée de vérité, sont liées l'une à l'autre. Le désir de vérité conduit à un processus critique qui affaiblit la garantie de l'existence d'une vérité sûre ou non, ou d'une vérité qui puisse être déclarée sans réserve.

Auteur: Williams Bernard Arthur Owen Sir

Info: Vérité et Véracité : Un essai en généalogie. Princeton University Press, 2002 ; 2010. p. 1 ; Chapitre 1 : Le problème

[ doute ] [ dubitation ] [ continue mise en question ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

accouchement

A l'aube d'un matin brumeux d'automne, le travail de Miriam commença. Elle crut d'abord que c'était le rauque appel des corbeaux qui l'avait réveillée. Puis quelque chose se tordit, roula dans son ventre tendu et elle se mit à crier. Fanny vint en courant et Eugene envoya Blaise chercher le médecin. C'était commencé. A mesure que le soleil ayant crevé le brouillard escaladait le ciel, la douleur monta avec lui. Elle venait en spirales ascendantes puis se brisait. Les spirales montaient de plus en plus vite, de plus en plus serrées. A la descente, le rythme ralentissait, elle apercevait des bandes jaunes de soleil sur le plafond et son propre bras faiblement étendu sur le drap. Puis la douleur montait de nouveau et le monde entier se réduisait au creux de son ventre dans lequel la bataille se déroulait. A la retombée de la vague, elle se vit telle qu'on la voyait : une pauvre chose honteuse - non, avant tout, elle ne devait pas perdre sa dignité, ses cris ne devaient pas résonner à travers toute la maison ni franchir la fenêtre. Elle fourra son poing dans la bouche - je ne hurlerai pas, je ne hurlerai pas, je ne hurlerai pas. Je vais tenir.

Auteur: Plain Belva

Info: Comme un feu secret

 

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femmes-hommes

Selon diverses enquêtes on retrouve parmi les fantasmes féminins et dans l'ordre des situations citées : revivre une situation antérieure ; être avec un autre partenaire ; penser à une scène d'un film érotique ; faire une fellation ; recevoir un cunnilingus ; penser à une scène romantique ; être séduite ; être désirée par plusieurs hommes ; voir des gens faire l'amour ; être attachée et stimulée par un homme. Les 3 grands axes des fantasmes féminins s'inscrivent autour de:
- La déresponsabilisation du plaisir (type masochiste), c'est à dire subir l'agressivité, être maîtrisée et obligée d'avoir des relations sexuelles avec un ou des inconnus, feindre de combattre et de résister avant de céder aux avances sexuelles d'un homme.
- La personnalisation ou non de l'objet sexuel, c'est à dire tantôt des scènes romantique ou le contenu est très personnalisé, c'est la personnalité du partenaire qui séduit, à la dépersonnalisation complète pour érotiser une partie du corps comme dans certains fantasmes de fellations.
- La séduction de type narcissique, c'est à dire être très séduisante, même trop, au point d'être désirée par plusieurs hommes, de susciter des réactions très forte, ou d'être au centre de sexualités de groupe, ou encore d'être désirée par des femmes.

Auteur: Internet

Info: http://sexologue.free.fr/main8.html

[ femmes-par-hommes ] [ phantasme ]

 

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bipolarité

Homme femme, noir blanc... il est un aspect de cette sempiternelle dualité que je voudrais ici souligner, celui de la sensibilité d'une époque, la mienne, celle de ma jeunesse à la fin du 20e siècle. Les discussions se focalisaient souvent sur qui était Rolling Stones et qui pro Beatles. Les premiers se trouvant presque toujours être des anti second, beaucoup plus que l'inverse me semble t'il. Avec le temps j'y vis un rapprochement à faire entre deux autres catégories : les êtres préférant les chiens et les autres privilégiant les chats. A la réflexion on se retrouve là en plein archétype masculin féminin : sensibilité Stones, côté clebs, mâle, aimant le bruit et la baston... feeling Beatles plus confortable, empathique, rassurant, cosy. Je me rappelle que les gens plus équilibrés tranchaient ainsi entre ces deux formations musicales. Ils voyaient les Stones comme supérieurs sur scène et les Beatles meilleurs en studio et surtout meilleurs song-writers. Les premiers bons pour le combat, les autres faits pour la maison. Mais n'est-ce pas ainsi qu'on justifie les âneries, le début d'un racisme misogyne. J'y trouve là plutôt un argument supplémentaire pour dire que les mots et leurs enfants - les phrases -, sont bien limités. Dangereux en tout cas.

Auteur: MG

Info: 2002

 

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capitalisme

Je parle de décadence, dit-il, jusqu'à quel point une société peut-elle être décadente ? Voyons les choses sous cet angle. Ce pays est probablement la capitale mondiale de la psychiatrie et de la psychanalyse. Le vieux Freud lui-même n'aurait jamais rêvé d'un groupe de disciples plus dévoués que la population des États-Unis - n'est-ce pas ? C'est la nouvelle religion, c'est le sucre d'orge intellectuel et spirituel de tout le monde. Et pourtant regarde ce qui se passe quand un homme devient vraiment dingue. On appelle les gendarmes, on le met vite hors de vue, on l'emmène et on l'enferme avant qu'il ne réveille les voisins. Pour l'amour de Dieu, dès qu'il ya confrontation on est encore au Moyen Âge. C'est comme si tout le monde avait passé un accord tacite pour vivre dans un état d'auto-illusion totale. Au diable la réalité ! Ayons tout un tas de jolies petites routes sinueuses et de jolies petites maisons peintes en blanc, rose et bleu bébé ; soyons tous de bons consommateurs, très solidaires, et élevons nos enfants dans un bain de sentimentalité - et si la vieille réalité surgit un jour et dit "Booouuuu", nous nous activerons tous un peu plus et ferons comme si rien ne s'était passé.

Auteur: Yates Richard

Info: Revolutionary Road

[ sur son erre ]

 

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baise

Je me glissais sur le lit avec mes yeux flasques, avec un understatement qui ne pouvait pas être dit plus clairement. J’enlevais la couverture, et elle était là, et déployait ses jambes, autour de mon corps, et je glissais le plus silencieusement possible en elle, de manière à sentir le fluide de ma queue érigée contre la chatte qui était là comme une fleur couverte de rosée, rouge et ouverte devant moi. Orgasmes glissants et jus et sueur, jusqu’à ce que tout sombre. Je me réveillais lentement au son de The Eternal Herbie Hancock, Jibali, Jibali, et la fumée de la Camel. Je me rappelle la Camel et la voix cassante d’Herbie, You will know when you get there, et une vodka glacée, et corps contre corps, et la bouche et les seins de Nana, et ma langue enroulée autour d’un clitoris qui était, je crois, plus vivant que toute autre chose. Un clitoris qui remuait et mouillait tout seul, sauvage, et ce jus… jus… jus sur mon cou. Et ma queue brillante, dévorée et dévorée. Je présume que nous faisions l’amour et fumions jusqu’à frôler l’anéantissement. En tout cas, la nuit était là. Une nuit de dimanche, mais le nom des jours était sans importance.

Auteur: Eriksen Jens-Martin

Info: Nani

[ fusion ]

 

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énonciation

Je parle, j’émets des sons, je construis des sens, mais le dit, lui, m’échappe. Il m’échappe parce qu’il n’est pas du pouvoir du sujet de savoir avec quel autre dit, ce dit va se lier. "Le signifiant s’adresse à l’Autre" veut dire qu’il va se lier à un autre signifiant, ailleurs, à côté, après...

Donc, je ne sais pas quoi ?

L’effet de ma parole sur vous, sur l’Autre.

Et de ne pas savoir ce que je dis, je dis plus que je ne voudrai.

En un mot, je ne sais pas ce que je dis parce que mon dit va ailleurs :

– à mon insu, il s’adresse à l’Autre,

– et à mon insu aussi, il me vient de l’Autre.

Il vient de l’Autre et il s’adresse à l’Autre, il part de l’Autre.

Il existe encore une raison à ce "Je ne sais pas ce que je dis", c’est que le sujet qui énonce son dit... j’insiste : "le sujet qui énonce..." ...n’est pas le même lorsque le message, ou dit, peut lui revenir.

Nous ne sommes plus le même parce que dans l’acte de dire, je change.

Auteur: Nasio Juan David

Info: La topologie et le temps, intervention lors du séminaire de Jacques Lacan, 15 mai 1979

[ inconscient ] [ réel ]

 
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mimétisme

À mes moments perdus, j'apprends à marcher à une statue. Étant donné son immobilité exagérément prolongée, ce n'est pas facile. Ni pour elle. Ni pour moi. Grande distance nous sépare, je m'en rends compte. Je ne suis pas assez sot pour ne pas m'en rendre compte.

Mais on ne peut avoir toutes les bonnes cartes dans son jeu. Or donc, en avant.

Ce qui importe, c'est que son premier pas soit bon. Tout pour elle est dans ce premier pas. Je le sais. Je ne le sais que trop. De là, mon angoisse. Je m'exerce en conséquence. Je m'exerce comme jamais je ne fis.

Me plaçant près d'elle de façon strictement parallèle, le pied comme elle levé et raide comme un piquet enfoncé en terre.

Hélas, ce n'est jamais exactement pareil. Ou le pied, ou la cambrure ou le port, ou le style, il y a toujours quelque chose de manqué et le départ tant attendu ne peut avoir lieu.

C'est pourquoi j'en suis venu presque à ne plus pouvoir marcher moi-même, envahi d'une rigidité, pourtant toute d'élan, et mon corps fasciné me fait peur et ne me conduit plus nulle part. 


Auteur: Michaux Henri

Info: La Vie dans les plis, La statue et moi, pp.60-61

 

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