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causes-effets

Lorsque Bucéphale, cheval illustre, fut présenté au jeune Alexandre, aucun écuyer ne pouvait se maintenir sur cet animal redoutable. Sur quoi un homme vulgaire aurait dit : "Voilà un cheval méchant". Alexandre cependant cherchait l'épingle, et la trouva bientôt, remarquant que Bucéphale avait terriblement peur de sa propre ombre ; et comme la peur faisait sauter l'ombre aussi, cela n'avait point de fin. Mais il tourna le nez de Bucéphale vers le soleil, et, le maintenant dans cette direction, il put le rassurer et le fatiguer. Ainsi l'élève d'Aristote savait déjà que nous n'avons aucune puissance sur les passions tant que nous n'en connaissons pas les vraies causes.

Auteur: Alain

Info: Propos sur le bonheur

[ historique ]

 

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lecture

Il y a, je crois, plus d'idées réelles dans les Confessions de Rousseau que dans son Émile ; et il est rare que l'on lise des Mémoires sans en tirer quelque chose. Si vous me demandiez ce qu'il faut lire pour connaître l'homme, je conseillerais plutôt de lire Balzac ou Stendhal, qui ont recueilli et enchâssé tant de paroles échappées, que La Rochefoucauld lui-même, qui s'étudie à répéter la même chanson. Encore va-t-il jusqu'au bout de son refrain ; mais ceux qui l'ont connu entendirent sans doute des chansons plus libres. Faites attention à ceci que le vrai observateur semble toujours distrait ; c'est qu'il guette l'imprévisible chant du merle.

Auteur: Alain

Info: Propos I, Bibliothèque de la Pléiade, nrf Gallimard 1956, 21 juillet 1921 p.258

[ quête ] [ réflexivité ] [ affût ] [ attention flottante ]

 

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spiritualité

Nous sommes empoisonnés de religion. Nous sommes habitués à voir des curés qui sont à guetter la faiblesse et la souffrance humaines, afin d'achever les mourants d'un coup de sermon qui fera réfléchir les autres. Je hais cette éloquence de croque-mort. Il faut prêcher sur la vie, non sur la mort ; répandre l'espoir, non la crainte ; et cultiver en commun la joie, vrai trésor humain. C'est le secret des grands sages, et ce sera la lumière de demain. Les passions sont tristes. La haine est triste. La joie tuera les passions et la haine. Mais commençons par nous dire que la tristesse n'est jamais ni noble, ni belle, ni utile.

Auteur: Alain

Info: Propos I, Bibliothèque de la Pléiade, nrf Gallimard 1956 <5 octobre 1909 p.61>

[ pouvoir ] [ positiver ]

 

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traduction

À l'heure où il vous plaît de penser, lisez quelque bon auteur, et relisez-le ; il est même bon de copier les plus difficiles, et encore plusieurs fois. Traduire d'une langue dans une autre est bon aussi, pourvu que l'on fasse plutôt attention au sens des mots et aux liaisons grammaticales qu'à l'idée cachée et profonde. Vous ne la saisirez, cette idée que par des travaux d'approche, et non point en vous jetant sur quelque formule où vous croyez qu'elle est enfermée. Si le travail de copier ou de traduire vous retarde et vous détourne de penser la tête en avant, à la manière des taureaux, ce sera toujours un grand profit.

Auteur: Alain

Info: Propos II, la Pléiade, nrf Gallimard 1970, 22 juillet 1922 p.492

[ compréhension ]

 

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éducation

L'enseignement doit être résolument retardataire. Non pas rétrograde, tout au contraire. C'est pour marcher dans le sens direct qu'il prend du recul ; car, si l'on ne se place point dans le moment dépassé, comment le dépasser ? Ce serait une folle entreprise, même pour un homme dans toute la force, de prendre les connaissances en leur état dernier ; il n'aurait point d'élan, ni aucune espérance raisonnable. Ne voyant que l'insuffisance partout, il se trouverait, je le parie, dans l'immobilité pyrrhonienne, c'est-à-dire que, comprenant tout, il n'affirmerait rien. Au contraire celui qui accourt des anciens âges est comme lancé selon le mouvement juste ; il sait vaincre ; cette expérience fait les esprits vigoureux.

Auteur: Alain

Info: Propos II, Bibliothèque de la Pléiade, nrf Gallimard 1970 <15 août 1924 p.637>

[ pédagogie ]

 

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humeur

Voici une petite pluie ; vous êtes dans la rue, vous ouvrez votre parapluie ; c'est assez. À quoi bon dire : "Encore cette sale pluie !" ; cela ne leur fait rien du tout aux gouttes d'eau, ni au nuage, ni au vent. Pourquoi ne dites-vous pas aussi bien : "Oh ! la bonne petite pluie !" Je vous entends, cela ne fera rien du tout aux gouttes d'eau ; c'est vrai ; mais cela vous sera bon à vous ; tout votre corps se secouera et véritablement s'échauffera, car tel est l'effet du plus petit mouvement de joie ; et vous voilà comme il faut être pour recevoir la pluie sans prendre un rhume.

Auteur: Alain

Info: Propos I, la Pléiade, nrf Gallimard 1956 <4 novembre 1907 p.20>

[ positiver ]

 

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suggestion

Il se produit sans doute quelque résistance du même genre chez les libres penseurs, lorsqu'ils se sont convaincus que les objets de la religion n'existent pas ; ils nient alors les apparences, et, par exemple, les effets de la prière, parce qu'ils sont assurés qu'aucun Dieu n'écoute la prière. Mais il se peut bien qu'une telle action s'explique sans aucun Dieu, par un jeu de sentiments qui est apparence, il est vrai, et trompeuse, à l'égard de Dieu, mais qui soit très réelle et efficace par la structure de notre propre machine. Et c'est pourquoi je voudrais voir, dans les programmes de leurs congrès, cette question, fondamentale à mon avis : de la vérité des religions.

Auteur: Alain

Info: Propos I, la Pléiade, Gallimard 1956<22 août 1912 p.138>

 

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attitude

L'art de vivre consiste d'abord, il me semble, à ne se point quereller soi-même sur le parti qu'on a pris ni sur le métier qu'on fait. Non pas, mais le faire bien. Nous voudrions voir une fatalité dans ces choix que nous trouvons faits et que nous n'avons pas faits mais ces choix ne nous engagent point, car il n'y a point de mauvais lot ; tout lot est bon si l'on veut le rendre bon. Il n'y rien qui marque mieux la faiblesse que de discuter sur sa propre nature ; nul n'a le choix ; mais une nature est assez riche pour contenter le plus ambitieux. Faire de nécessité vertu est le beau et grand travail.

Auteur: Alain

Info: Propos I

[ positiver ]

 

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motivation

Pour moi j'ai toujours vu clair dans ces discours d'officiers et d'académiciens : "Cette jeunesse était lâche ; cette autre jeunesse vaut mieux." Songez aussi à cette littérature académicienne, qui, par des injures suivies à l'ennemi, allait à la même fin. Songez aux violences de la rue, et à ce chantage organisé par les royalistes. Cette vague de guerre a passé sur vous, vous entraînant, vous portant vers la catastrophe. Et vous étiez toujours, vous en êtes peut-être encore à chercher quelque tribunal arbitral qui réglerait les différends entre nations. Mais comprenez donc que nul ne se battrait pour un différend entre nations, au lieu que n'importe quel homme se battra pour prouver qu'il n'est pas un lâche.

Auteur: Alain

Info: Propos I, la Pléiade p.589

[ blemmophobie ] [ pression sociale ]

 

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sentiment

Méditez sur ce mot d'un avocat : "Les intérêts transigent toujours ; les passions ne transigent jamais." On peut vivre en paix vingt ans et plus, dans ces conflits d'intérêts, comme l'expérience l'a fait voir ; on peut donc y vivre toujours ; tout se tasse ; tout s'arrange. Il ne faut pas espérer ici une espèce de code qui aurait tout prévu. Il y a des procès, et ruineux pour tous, non par l'insuffisance du code, mais par les passions ; et il y a d'heureux arrangements, plus avantageux que les procès, dès que les intérêts jouent seuls. Détournez donc votre regard de ce vain étalage juridique, dangereux surtout par la fausse sécurité qu'il vous donnerait. Guettez les passions qui naissent, et que les tyrans conduisent si bien.

Auteur: Alain

Info: Propos I, Bibliothèque de la Pléiade, nrf Gallimard 1956 <15 avril 1930 p588>

 

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