Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 52
Temps de recherche: 0.0436s

littérature

L'une des choses qui m'ont vraiment impressionné dans Anna Karénine, lorsque je l'ai lu pour la première fois, c'est la façon dont Tolstoï incite le lecteur à s'attendre à ce que certaines choses se produisent - et elles ne se produisent pas. Tout est mis en place pour que vous pensiez qu'Anna va mourir en accouchant. Elle rêve que cela va se produire, le médecin, Vronsky et Karénine pensent que cela va se produire, et c'est ce qui devrait arriver à une femme adultère selon les règles d'un roman du XIXe siècle. Mais cela n'arrive pas. C'est tellement fascinant de se retrouver dans pareil espace, dans une sorte de chute libre, où on a aucune idée de ce qui va se passer.

Auteur: Batuman Elif

Info: sur www.guernicamag.com

[ analyse ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

La plupart des gens, dès la première rencontre, vous jaugeaient comme au sein d'une sorte de compétition pour les ressources. Comme si tout le monde vivait dans la crainte d'un naufrage, où il n'y aurait qu'un nombre limité de personnes sur le canot de sauvetage, et qu'ils essayaient constamment de délimiter leurs biens et d'identifier les personnes susceptibles de les aider - et celles dont ils pourraient se débarrasser..... Tout le monde essaie de se rassurer : Je ne vais pas me faire virer du bateau, eux oui. Ils séparent toujours les gens en deux groupes, les alliés et les autres... Le nombre de personnes qui veulent comprendre comment vous êtes au lieu d'essayer de savoir si vous pouvez rester sur le bateau est vraiment limité.

Auteur: Batuman Elif

Info: The Idiot

[ psychologie ] [ calcul ] [ nature humaine ] [ paranoïa ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

J'ai essayé de fréquenter mon groupe de camarades, Defne, Murat et Yudum, mais j'étais incapable de m'assimiler à leur mode d'être. Ils semblaient toujours attendre quelque chose, la levée d'un obstacle quelconque - l'ouverture d'un commerce, le déplacement du soleil ou le retour de quelqu'un parti en quête d'un truc. Chaque fois qu'ils faisaient quelque chose, comme aller dans l'eau, déjeuner ou marcher quelque part, ils le faisaient d'une manière abstraite, sans conviction, comme pour montrer que ce n'était qu'une diversion secondaire par rapport à l'activité principale de l'attente. Ils ne parlaient que du moment où la chose attendue se produirait, mais lorsque cette chose arrivait, rien ne semblait changer. Le sens du provisoire était le même, il ne faisait que peu à peu s'orienter vers un autre sujet.

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote. Trad Mg

[ incompatibilité ] [ décalage ] [ filles-garçons ] [ femmes-hommes ] [ superficialité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

idiome naturel

A cette époque, j'avais déjà acquis certaines convictions sur la littérature : elle "voulait dire" quelques chose, et cette signification était liée à la compétence linguistique, à cette "loi d'airain" que Chomsky définit comme "les intuitions du locuteur de langue maternelle". ("Toi, tu sais vraiment parler anglais", me répétait ma mère, admirative, lorsque nous discutions littérature). C'est sans doute la raison pour laquelle je me suis lancée dans les études de linguistique en entrant à la fac ; l'idée d'étudier la littérature ne m'effleurait même pas. Je croyais dur comme fer que l'inspiration et la matière première dont on tirait les meilleurs romans provenaient uniquement de la vie, pas de la  littérature.

Moi qui aspirais à devenir romancière, je devais donc veiller à ne pas lire de romans.

Auteur: Batuman Elif

Info:

[ pensée source ] [ écriture ] [ première main ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

Je réprimai un soupir. La Hongrie ressemblait de plus en plus à la lecture de Guerre et Paix : de nouveaux personnages apparaissaient toutes les cinq minutes, avec leurs noms inhabituels et leurs locutions particulières, et il fallait leur prêter attention, leur accorder du temps, sachant qu'on ne les reverrait peut-être plus tout le reste du livre. J'aurais préféré parler à Ivan, mon intérêt amoureux, mais je n'ai pas eu l'occasion de décider. En même temps, j'avais l'impression que ces personnages surabondants n'étaient pas du tout sans intérêt, au contraire, et que lorsqu'Ivan m'avait suggéré de me lier d'amitié avec les autres jeunes, il m'avait dit quelque chose d'important sur le monde, sur le fait que le personnage fatidique de votre vie n'est pas celui qui vous fixe quelque part, mais celui qui vous conduit vers d'autres êtres.

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ ouverture ] [ désintéressés ] [ romanesques ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Bref pendant longtemps je n'étais pas encline à écrire sur des sujets très politiques. L'une des choses qui m'a vraiment bouleversée dès mon plus jeune âge, c'est comment - j'ai essayé d'écrire à ce sujet récemment - lorsqu'on mettait les nouvelles à l'antenne, toute la salle devenait silencieuse. Particulièrement cette impression que j'avais de sentir les femmes comme bâillonnées alors que c'était le moment pour tout le monde de regarder les nouvelles... Et que les hommes y étaient toujours plus intéressés qu'elles. Il n'y avait pas ce genre d'aura et d'attention qui s'attachait aux jeux télévisés ou aux feuilletons ou à d'autres émissions, c'était juste les nouvelles, et c'était comme si c'était la vie ou la mort. Et de plus les images montrées aux infos étaient tellement genrées. On voyait les actes des hommes, les décisions des hommes, c'étaient les hommes qui parlaient.

Auteur: Batuman Elif

Info:

[ patriarcat ] [ oppression ]

 
Commentaires: 9
Ajouté à la BD par miguel

nourriture

S'il y a bien une chose que j'ai entendue mille fois à Samarcande, c'est que les gens ont le meilleur pain de tout l'Ouzbékistan, et ce, grâce à une eau et un air d'une incroyable pureté. Le célèbre pain de Samarcande est rond et plat ; en Russie, on le connaît sous le nom de lepiochka. Selon la légende, l'émir de Boukhara fit venir le meilleur boulanger de Samarcande pour goûter son pain. Le boulanger débarqua à Boukhara muni de sa farine, de son eau, et de son bois de chauffe. Mais une sorte d'arbitre des émirs spécialiste en boulangerie décréta que ce pain n'avait pas le même goût que le véritable pain de Samarcande. L'émir exigea alors l'exécution du boulanger, mais suspendit l'application de la sentence quelques instants, pour demander à ce dernier ce qu'il avait à dire pour sa défense. "C'est que, répondit le boulanger, il me manque l'air de Samarcande : c'est ça qui fait lever la pâte." Ces paroles produisirent leur effet sur l'émir qui gracia le condamné.

Auteur: Batuman Elif

Info: Les Possédés : Mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent

[ miche ] [ mythologie ] [ folklore ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

humour

"On me renvoya d'abord mon exemplaire avec une note : "Veuillez appeler dès que possible concernant la représentation des Cosaques comme des monstres primitifs." Il s'avérait que mon exemplaire manquait de sensibilité culturelle à l'égard des Cosaques. J'ai tenté d'expliquer que, loin de traiter les Cosaques de monstres primitifs, suggérant simplement que d'autres avaient considéré les Cosaques comme tels. Le coordinateur me répondit que c'était là mon erreur : les autres ne considéraient pas les Cosaques comme des monstres primitifs ; en fait, "les Cosaques ont une image plutôt romantique."

J'ai alors envisagé de lui citer l'entrée Cosaques dans le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert : "Mangent de la chandelle" ; mais alors la charge de la preuve m'incomberait à nouveau afin de démontrer que les chandelles sont une forme primitive d'alimentation. Au lieu de cela, j'ai adopté la ligne selon laquelle la probabilité qu'un cosaque assiste à l'exposition était très faible. Mais le rédacteur en chef rétorqua que ce n'était pas la question, "et de toute façon on ne sait jamais en Californie".

Auteur: Batuman Elif

Info: The Possessed: Adventures With Russian Books and the People Who Read Them

[ embrouillaminis sémantiques ] [ représentations prisons ] [ politiquement correct ] [ kafkaïennes verbalisations ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

dialogue numérique

J'ai lu les messages d'Ivan encore et encore, en pensant à ce qu'ils signifiaient. J'avais honte, mais pourquoi ? Pourquoi était-il plus honorable de relire et d'interpréter un roman comme Illusions perdues que de relire et d'interpréter un quelconque courriel d'Ivan ? Était-ce parce qu'Ivan n'était pas un aussi bon écrivain que Balzac ? (Mais je pensais qu'Ivan était un bon écrivain.) Était-ce parce que les romans de Balzac avaient été lus et analysés par des centaines de professeurs, de sorte que lire et interpréter Balzac revenait à participer à une conversation avec tous ces professeurs, et était donc une activité plus élevée et plus significative que la lecture d'un courriel que j'étais seul à voir ? Mais le fait que le courriel m'ait été adressé spécifiquement, en réponse à des choses que j'avais dites, en faisait littéralement une conversation, ce qui n'était pas le cas des romans de Balzac, écrits pour un public général, dans le but ultime de générer des profits pour l'industrie de l'imprimerie ; ce que je faisais n'était-il donc pas, d'une certaine manière, plus authentique et plus humain ?

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ question ] [ intimité ] [ privé-public ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

beaux-arts

Ummiye travaille actuellement sur un scénario intitulé "Footless on Her Own Feet" (sans pieds sur ses propres pieds) . Ca raconte l'histoire d'une jeune fille handicapée que sa mère, âgée de cinquante ans, pousse chaque jour à l'école dans une brouette. Elle finit par gagner un concours national de dessin, en réalisant une image super réaliste d'elle-même dans la brouette. Avec l'argent du prix, elle s'achète un fauteuil roulant. Comme le théâtre Arslankoy*, le dessin de la jeune fille utilise la représentation artistique pour transformer la chose représentée. En dessinant une image réaliste de l'humiliante brouette, elle la transforme en un digne fauteuil roulant - tout comme un théâtre, en représentant l'injustice de la vie des villageoises, pourrait rendre cette vie plus juste. Nabokov a affirmé un jour que l'inspiration pour Lolita était une œuvre d'art élaborée par un singe du Jardin des Plantes : un dessin des barreaux de sa cage. C'est une bonne métaphore de la production artistique. Que dessinons-nous d'autre que les barreaux de notre cage, ou la brouette dans laquelle nous étions transportés quand nous étions enfants infirmes ? Comment les cages peuvent-elles être brisées autrement ? Sinon, comment pouvons-nous rester debout de nous-mêmes ?

Auteur: Batuman Elif

Info: Tirée d'un article du New yorker, "Stage Mothers", des 24 et 31 déc 2012, A propos d'une *troupe turque composée exclusivement de femmes qui se rend dans de petites villes pour monter des pièces sur le thème de la violence domestique.

[ libération ] [ thérapie ] [ canevas ] [ question ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel