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marchandisation

Tu ne réponds pas à ma remarque : la merdification du monde que l'application de cette règle entraîne.

Car produire toujours plus d'expédients pour les vendre à toujours plus de monde afin de devenir toujours plus riche, cela nous entraîne dans une course folle.

Il faut désormais que chaque parcelle de terre, chaque goutte d'eau, chaque grain de sable, chaque plante, chaque animal, chaque cellule vivante, chaque particule de minerai, chaque onde, chaque partie de l'espace, chaque molécule, chaque atome, chaque fragment de code génétique, chaque souffrance, chaque joie, chaque passion... soient exploités afin que soit réalisé le vœu d'avoir toujours plus, nonobstant les risques de ruine ou de destruction du monde.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: Pléonexie (vouloir toujours plus)

[ cybernétique ] [ capitalisme ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

organisation du travail

Il faut noter qu’avec ces méthodes (le toyotisme, le lean management...), on s’éloigne du modèle de l’horloge et de ses engrenages, débitant la vie de l’individu en unités mesurables, pour mettre en place un modèle plus sophistiqué. Et on entre dans le modèle cybernétique. Or, avec ce dernier, on se retrouve dans un système qui ne peut accepter que les informations conçues pour alimenter le système. C’est un système autoréférentiel ou autiste. L’aliénation au travail prend de fait un nouveau tour : le système sollicite entièrement d’un côté sans rien entendre de l’autre. La seule information utile est celle qui peut être renvoyée en rétroaction sur le système en marche vers son objectif. Toute autre information sera réputée inutile. C’est pourquoi le système est fondamentalement sourd à ce qui n’est pas son but : produire plus, à meilleur coût, etc.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, page 126

[ modernité ] [ paradigme ] [ automatisation ] [ efficacité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

dualité

Si Marx avait lu Sade, il n'aurait pas commis une lourde faute : ne pas avoir vu que toute l'économie est aussi une affaire passionnelle et pulsionnelle. Si Marx avait lu Sade, le monde en aurait été changé. Nous aurions évité la création de monstres froids que furent les économies socialistes tenant pour suspecte toute passion, sauf celle pour le chef. Nous n'aurions pas eu cette division hautement dommageable entre Marx d'un côté pour l'économie des biens et Freud de l'autre pour l'économie libidinale - scission fautive dès le départ qu'aucun freudo-marxisme, fût-ce celui de l'école de Francfort, n'a jamais pu régler. Si Marx avait lu Sade, nous aurions pu disposer d'une économie générale des passions. Le monde aurait pu se réformer autrement. Nous aurions évité la captation et le fourvoiement des esprits rétifs à la théodicée smithienne dans ces fausses alternatives au capitalisme que furent les économies socialistes, qui ne pouvaient conduire qu'au plus lamentable des fiascos.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: La cité perverse

[ rationnel ] [ irrationnel ] [ science molle ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

finances

Une étude sérieuse oblige à dire que les Juifs européens se sont trouvés associés aux flux d’argent parce qu’ils appliquaient, comme les catholiques et les protestants, la loi vétéro-testamentaire, laquelle ne tolérait pas qu’on prête à usure aux coreligionnaires (mais aux autres, oui). On lit en effet dans le Deutéronome (23-19) : "Tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère, intérêt d’argent ou intérêt de nourriture, de toute chose qui se prête à intérêt." Le résultat est que, si nous avons une société composée à 99 % de chrétiens et à 1% de Juifs, 99 chrétiens en pourront prêter qu’à un seul juif cependant qu’un seul juif pourra prêter à 99 chrétiens. C’est donc clair : les juifs, étant minoritaires, se sont longtemps trouvés, en Europe, dans la position d’être presque les seuls à pouvoir prêter aux autres, détenant de fait le quasi-monopole du prêt à intérêt. Mais ce monopole a été cassé par Calvin en 1545 lorsqu’il a autorisé les prêts à intérêt entre coreligionnaires.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, pages 42-43

[ banquiers ] [ historique ] [ religion ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

mobilité

[...] nous allons vers un devenir nomade. On reconnaît le pas de Gilles Deleuze qui a consacré un certain nombre de cours aux nomades arabes, turcs et mongols en particulier et au nomadisme en général. Que voulait-il ? Certainement pas que nous partions chez les derniers nomades comme nombre de routards des années 1960 le faisaient. Mais que nous échappions aux formations étatiques et aux formes de pouvoir sédentaires. Que nous oubliions le pouvoir et que nous redécouvrions la puissance. Deleuze ne savait pas qu’il était en train de fournir un nouvel imaginaire au capitalisme libidinal qui avait si bien fonctionné depuis la guerre, mais qui devait impérieusement se renouveler à la fin de ces années-là pour cause d’usure. Ce nouveau marketing est contemporain de la nouvelle organisation du travail passant du taylorismo-fordisme à la théorie du capital humain. C’est ainsi que le deleuzianisme, en prise sur son époque, celle de 1968, fut utilisé par le marketing pour dessiner la figure du héros à venir : un individu en déplacement permanent, fluide, capable d’investissements multiples, schizophrène, insaisissable ; un individu qui, à force de se soumettre aux machines depuis des générations, était devenu lui-même une machine.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, pages 202-203

[ psychogène ] [ déracinement ] [ philosophie moderne ] [ symptomatique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

manichéisme

On sait comment Heidegger établira l’authentique : c’est le souci de la mort qui donne ce caractère, authentique, à l’existence humaine – notons ici que c’est le Dasein qui doit s’infliger à lui-même ce rude traitement. Ce qui ne passe pas par là ne ressortit qu’aux petits aménagements de ceux qui souhaitent que le monde corresponde à leurs calculs. De tels hommes sont déclarés inauthentiques. Ce qui peut, à l’évidence, se dire autrement : l’homme authentique est un vrai homme, l’homme inauthentique est en fait un animal. Il est celui qui a oublié sa mission, le souci de l’Être, selon le premier Heidegger, en devenant un être amorphe, manipulable et dissous dans les troupeaux du "on" (le man), ou se livrant aveuglément à la technique qui exploite les étants sans même s’apercevoir qu’il contribue ainsi à la destruction du monde. Le devenir-animal chez Heidegger est en fait un "redevenir-troupeau".

C’est précisément cette problématique que Hannah Arendt reprend dans sa distinction de l’homo faber et de l’animal laborans. Cette vision du monde, loin de rompre avec la métaphysique occidentale, entérine la philosophie aristocratique grecque séparant ce qui est noble dédié à l’authentique et l’ignoble voué à l’inauthentique et elle en constitue un prolongement. Certes, Heidegger réhabilite l’artisan à l’ancienne qui trouve en effet grâce à ses yeux, mais au prix de créer un nouveau banausos, un nouvel homme vil, c’est-à-dire un sous-homme, celui que Hannah Arendet appellera l’animal laborans de l’ère industrielle.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, pages 40 à 42

[ moralisante ] [ catégories d'hommes ] [ arrogance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réflexion stéréotypée

[Günther]Anders montre que Heidegger a donné du Dasein une vision étroite marquée par une double omission – en bas et en haut en quelque sorte, ce qui correspond à ce qu’Anders appelle la mise hors-jeu du naturalisme (la nature) et du supranaturalisme (la culture). Or, c’est le défaut ontique de l’homme (c’est-à-dire son manque relatif de nature) qui est la condition de possibilité de production d’un supplément ontologique (la culture), laquelle le lance dans l’aventure historique avec des formations telles que la morale, le social, les lois, les institutions du droit. [...]

Il semble donc que Heidegger reste prisonnier du point de vue aristocratique grec, présent dès les présocratiques, seuls encore soucieux de l’Être selon Heidegger (Platon encore un peu – dans Le Sophiste -, Aristote presque plus, et encore moins la philosophie traditionnelle qui a délaissé l’Être pour ne s’intéresser qu’à l’Etant et notamment au premier d’entre eux, Dieu, de même qu’aux étants comme réserve calculable et exploitable d’énergie). Il manque en somme à cette élaboration une critique radicale des fondations de la philosophie qui ont laissé croire que son exercice impliquait la relégation du travail. Par conséquent, on peut dire que lui, Heidegger (et Hannah Arendt à sa suite), n’a fait que prolonger la métaphysique occidentale là même où il pensait s’en affranchir en la refondant (dans les années 1920), en la renversant (dans les années 1930-1945), en la remplaçant par une nouvelle pensée où l’art tient une place déterminante (après 1945). Faute de cette mise en question, il a raté l’analyse du cœur du délire occidental. Il eût fallu pour cela mettre en jeu, à la place de la notion culpabilisante (et crypto-chrétienne) d’inauthenticité, un concept comme celui, par exemple, d’aliénation (qui a une longue histoire depuis La Boétie et son Discours de la servitude volontaire) qui aurait permis d’analyser pourquoi la classe "vile" peut suivre des objectifs qui ne sont nullement les siens, mais ceux des classes nobles. Faute de cela, le malheur du monde paraît incomber à ceux qui en sont les premières victimes.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, pages 46 à 48

[ critique ] [ échec ] [ limites ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

saut technologique

[...] le comptage exact du temps remonte au Moyen Âge, vers 1330, au moment de l’invention de l’horloge mécanique à poids venue remplacer la clepsydre (horloge à eau), imprécise et soumise aux conditions atmosphériques (sécheresse, gel…).

Non seulement la manière de percevoir le temps allait radicalement changer, mais, comme l’explique Jacques Le Goff dans La Civilisation de l’Occident médiéval, les activités humaines allaient devoir se soumettre de plus en plus strictement aux exigences de l’horloge. En effet, le temps circulaire du calendrier liturgique, le temps linéaire des histoires et des récits, le temps des travaux et des jours, le temps des saisons, tous ces temps différents, allaient devoir s’aligner sur un seul et même temps divisible en parties égales et mécaniquement mesurables, celui des horloges. La notion d’"heure" allait elle-même profondément changer. Avant, l’heure était en quelque sorte variable : il y avait, quelle que soit la saison, douze heures pour la nuit et douze heures pour le jour. En hiver donc, l’"heure diurne" était plus courte qu’en été et l’"heure nocturne" plus longue qu’en été. Avec la machine à mesurer le temps, cette sorte de respiration interne des heures est devenue obsolète. C’est ainsi que vers 1400 fut institué le système moderne des "heures égales".

Déjà, dans Technique et Civilisation (1934), Lewis Mumford affirmait que l’horloge constituait un bien meilleur point de départ que la machine à vapeur pour comprendre la révolution industrielle à venir : non seulement parce que la fabrication des horloges est devenue l’industrie à partir de laquelle les hommes ont appris comment fabriquer des machines, toutes sortes de machines, mais surtout parce qu’elle a été la première machine automatique qui ait pris une importance significative dans la vie des humains, en la transformant profondément.

On peut comprendre ces transformations en lisant le remarquable livre, à mi-chemin entre essai et science-fiction, de l’historien des sciences Pierre Thuillier, La Grande Implosion. Rapport sur l’effondrement de l’Occident – titre prémonitoire s’il en est. Il montre qu’à cette transformation du temps en quantité pure correspondent les débuts du règne du marchand. Cet homme quantitatif par excellence a en effet tout de suite compris que l’horloge l’aiderait à gérer plus efficacement ses affaires, à mieux utiliser son temps et celui des autres. C’est pourquoi les bourgeois d’alors organisèrent très tôt un véritable culte du temps mécanique en installant une imposante horloge partout visible au plus haut du beffroi de leur hôtel de ville.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: "Le délire occidental", éditions Les liens qui libèrent, 2014, pages 80 à 82

[ historique ] [ conséquences ] [ modernité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

chronos

(...) si l’utilisation permanente du chronomètre a suffi à faire d’une technique fruste une supposée science, c’est probablement parce que le chronomètre, et son ancêtre l’horloge, bénéficiaient depuis longtemps d’une représentation très favorable dans l’imaginaire social occidental. Et, de fait, le comptage exact du temps remonte au Moyen Âge, vers 1330, au moment de l’invention de l’horloge mécanique à poids venue remplacer la clepsydre (horloge à eau), imprécise et soumise aux conditions atmosphériques (sécheresse, gel…).

Non seulement la manière de percevoir le temps allait radicalement changer, mais, comme l’explique Jacques Le Goff dans La Civilisation de l’Occident médiéval, les activités humaines allaient devoir se soumettre de plus en plus strictement aux exigences de l’horloge. En effet, le temps circulaire du calendrier liturgique, le temps linéaire des histoires et des récits, le temps des travaux et des jours, le temps des saisons, tous ces temps différents, allaient devoir s’aligner sur un seul et même temps divisible en parties égales et mécaniquement mesurables, celui des horloges. La notion d’ " heure " allait elle-même profondément changer. Avant, l’heure était en quelque sorte variable : il y avait, quelle que soit la saison, douze heures pour la nuit et douze heures pour le jour. En hiver donc, l’" heure diurne " était plus courte qu’en été et l’" heure nocturne " plus longue qu’en été. Avec la machine à mesurer le temps, cette sorte de respiration interne des heures est devenue obsolète. C’est ainsi que vers 1400 fut institué le système moderne des " heures égales ".

Déjà, dans Technique et Civilisation (1934), Lewis Mumford affirmait que l’horloge constituait un bien meilleur point de départ que la machine à vapeur pour comprendre la révolution industrielle à venir : non seulement parce que la fabrication des horloges est devenue l’industrie à partir de laquelle les hommes ont appris comment fabriquer des machines, toutes sortes de machines, mais surtout parce qu’elle a été la première machine automatique qui ait pris une importance significative dans la vie des humains, en la transformant profondément.

On peut comprendre ces transformations en lisant le remarquable livre, à mi-chemin entre essai et science-fiction, de l’historien des sciences Pierre Thuillier, La Grande Implosion. Rapport sur l’effondrement de l’Occident – titre prémonitoire s’il en est. Il montre qu’à cette transformation du temps en quantité pure correspondent les débuts du règne du marchand. Cet homme quantitatif par excellence a en effet tout de suite compris que l’horloge l’aiderait à gérer plus efficacement ses affaires, à mieux utiliser son temps et celui des autres. C’est pourquoi les bourgeois d’alors organisèrent très tôt un véritable culte du temps mécanique en installant une imposante horloge partout visible au plus haut du beffroi de leur hôtel de ville.

Auteur: Dufour Dany-Robert

Info: Le délire occidental

[ historique ] [ ordre ] [ rationalisation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel