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flou terminologique

L'une des tentatives des plus fécondes de pénétrer la forêt des symbole est "symbols publics and private" de Raymond Firth (1973). Firth dénonce l’ambiguïté du terme et en suit les emplois, de la presse quotidienne à la littérature, des théories romantiques du mythe à l'anthropologie symbolique moderne. Il se rend compte qu'il se trouve face à un mécanisme de renvoi, typique du signe, mais il en décèle les connotations particulières comme le caractère non effectif (le geste purement symbolique), le caractère contradictoire par rapport à l'état des faits, le jeu de renvoi entre concret et abstrait (renard pour ruse) ou entre abstrait et concret (le symbole logique), le rapport métonymique ou synecdotique (rochers ou fleuves pour Dieu ou forces naturelles) le flou (le sombre symbole du mystère)... Il observe que le symbole, à un niveau premier, peut être très conventionalisé (les clefs de Saint-Pierre pour le pouvoir de l'Eglise) mais qu'il suffit de le regarder en transparence (de quoi est symbole le geste de Jésus qui remet les clés à Pierre - et d'ailleurs les remet-il "symboliquement", car ne donne t'il pas effectivement une paire de clés ?) pour en faire le point de référence d'interprétations opposées et beaucoup moins conventionnelles. A la fin de cet exposé, Firth semble aboutir (toujours provisoirement) à une sorte de définition terre à terre, autrement dit une définition "pragmatique" : dans l'interprétation d'un symbole, l'interprète a d'habitude une plus grande latitude pour exercer son jugement qu'avec les "signaux" réglés par un code commun à l’émetteur et au destinataire. Le moyen de distinguer entre signal et symbole serait de classer comme symboles tous les signes ou l'on rencontre un manque d'accord interprétatif entre producteur et interprète.

Auteur: Eco Umberto

Info: Sémiotique et philosophie du langage, pp 195, 196

[ emblème ] [ incompréhension ]

 

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tour d'horizon

A mesure qu'ils avancent dans leur oeuvre de prospection, les sémioticiens s'aperçoivent que tout est communication, la langue bien sûr, mais aussi les images, les sons, les objets, les gestes, et que tous ces phénomènes constituent des systèmes de signes qui doivent être étudiés en ramenant chaque message aux codes qui en régissent l'émission et la compréhension. Comprendre les systèmes de signes impose toutefois d'envisager les codes comme des structures, puis de recouvrir à des structures toujours plus vastes, dans un mouvement de régression vers la matrice originelle de toute communication possible, vers un prétendu Code des Codes qui devrait représenter la détermination "naturelle" précédant toute culture. Mais si la sémiotique s'engageait dans cette voie, elle ne pourrait qu'aboutir à la "source" de toute structure possible, forcément non structurée, à ce qu'Eco appelle la structure absente. Son livre, tout en refusant ce Code des Codes, essaie de montrer que tout acte communicatif est dominé par la présence massive de codes socialement et historiquement déterminés. La sémiotique découvre ainsi dans la dialectique entre code et message les rapports entre l'univers de signes et l'univers des idéologies, qui se reflètent dans les modes communicatifs préconstitués, et elle relie le monde des choses au monde de la culture, qui formalise les choses non pas pour les reconnaître comme elles sont mais afin de les transformer. Après avoir étudié dans L'oeuvre ouverte (1965) les structures des langages expérimentaux de l'art contemporain, sont traités ici l'ensemble des problèmes sémiotiques et ce livre constitue à la fois sa contribution à la recherche en cours avec une tentative de constituer le panorama le plus vaste et le plus complet possible sur les préalables constitutifs à toute sémiotique et sur l'état présent du structuralisme.

Auteur: Eco Umberto

Info: Résumé de "La structure absente". Traduction Uccio Esposito-Torrigiani, Le Mercure de France, 1984

[ holisme ] [ linguistique ] [ interactions ]

 
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transcodages

Jusqu'à la première moitié de ce siècle, le mot |code| (sauf rares exceptions comme quand Saussure parle de "code de la langue") était employé en trois sens précis : paléographique, institutionnel et corrélationnel. Et c'est d'ailleurs ainsi que le définissent les dictionnaires courants.
L'acception "paléographique" nous offre une trace pour comprendre les deux autres : le "codex" était le tronc de l'arbre d'où on extrayait les tablettes de bois sur lesquelles on écrivait, qui deviendra le livre. A la base des deux autres sens de |code| aussi, on retrouve un livre : un "codebook", par exemple un dictionnaire pour le code corrélationnel qui fait correspondre certains symboles à certains autres, et un livre comme recueil de lois ou de normes pour le code institutionnel. Il y a le code morse et le code de chevalerie.
L'acception "institutionnelle" donne lieu à de nombreuses équivoques : un code est-il un corps organique de lois fondamentales - comme les codes juridiques -, ou un ensemble de normes dont l'organicité n'est pas toujours explicitée - comme le code chevaleresque ? Le code pénal semble être un code corrélationnel : il ne dit pas explicitement qu'il est mal de tuer, mais il corrèle diverses formes de peines à diverses formes d'homicides ; le code civile, en revanche, est à la fois un ensemble de dispositions sur la façon dont il faut agir ("fais comme ceci") et de sanctions corrélées à la violation de la norme ("si tu ne fais pas comme ceci, tu encours telle sanction")
L'acception "corrélationnelle" semble plus précise et plus rigoureuse, et les agents secrets le savent pertinemment : rien n'est plus définissable qu'un code cryptographique. Et pourtant, une brève incursion dans l'univers de la cryptographie fera surgir une telle masse de problèmes que nous pourrons facilement remonter de l'acception cryptographique à toutes les autres.

Auteur: Eco Umberto

Info: Sémiotique et philosophie du langage, La famille des codes, pp 241 - 242, PUF, 1984, p. pp 241 - 242

[ transpositions ] [ langage ] [ législation ] [ lois ] [ réglements ] [ répertoires ]

 

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texte-image

Comment est-il possible de représenter une jeune femme blonde, assise, avec en fond un paysage montagneux et lacustre sur lequel se profile la silhouette filiforme des arbres, et qui, un livre ouvert dans les mains, tient compagnie à deux enfants, dont l'un est nu, et l'autre revêtu d'une peau de bête, joue avec un petit oiseau ? Raphaël y réussit très bien dans la Vierge au chardonneret.
Étant donné que cet ensemble de traits picturaux constitue un texte qui véhicule un discours complexe et que le contenu n'en est pas connu au préalable par le destinataire, qui saisit à travers des tracés expressifs quelque chose dont le type culturel n'est pas préétabli, comment peut-on définir sémiotiquement ce genre de phénomènes ?
La seule solution paraît être d'affirmer qu'un tableau n'est pas un phénomène sémiotique, parce qu'il ne se réfère ni à une expression ni à un contenu qui soient préétablis, et qu'il n'y existe donc pas de corrélations entre fonctifs rendant effectif un processus de signification ; par suite, le tableau apparaît comme un phénomène mystérieux déterminant ses propres fonctifs plutôt que déterminé par eux.
Cependant, même si ce phénomène semble fuir la définition corrélationnelle de la fonction sémiotique, il ne fuit pas celle du signe compris comme quelque chose qui est à la place d'autre chose.
Le tableau de Raphaël répond à cette définition : c'est quelque chose de physiquement présent (des taches de couleurs sur une toile) qui véhicule quelque chose d'absent et qui, en cela feint de référer à un événement ou à un état du monde dont la probable valeur de vérité est "Faux" (quiconque croit pour raisons de foi que l'Enfant Jésus et Jean-Baptiste ont joué ensemble dans leur enfance sait pourtant très bien que Marie n'aurait jamais pu avoir entre les mains un livre de poche).

Auteur: Eco Umberto

Info: La production des signes

[ analyse ]

 
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Internet

Si les Etats continuent à confier leur communication et leurs archives confidentielles à Internet ou d’autres formes de mémoire électronique, aucun gouvernement au monde ne pourra plus nourrir des zones de secret, et pas seulement les États-Unis, mais même pas la République de Saint-Marin ou la principauté de Monaco (peut être que seule Andorre sera épargnée).

Essayons de saisir la portée du phénomène. Jadis, au temps d’Orwell, on pouvait concevoir le Pouvoir comme un Big Brother qui contrôlerait chaque mouvement de ses sujets, même et surtout si personne ne s’en rendait compte. […] Mais ce qui, à l’époque d’Orwell, n’était qu’une prophétie s’est avéré. En effet, le Pouvoir peut contrôler chaque mouvement de ses sujets par leur téléphone portable, chaque transaction, chaque hôtel fréquenté, chaque autoroute parcourue grâce aux cartes de crédit, chaque présence dans un supermarché grâce aux télévisions en circuit fermé, etc. Ainsi, le citoyen est devenu la victime totale de l’œil d’un immense Big Brother.

C’est du moins ce que nous pensions jusqu’à hier. Mais aujourd’hui, il est prouvé que même les secrets les plus impénétrables du Pouvoir ne peuvent échapper au contrôle d’un hacker, si bien que le rapport de contrôle cesse d’être unidirectionnel et devient circulaire. Le Pouvoir contrôle chaque citoyen, mais chaque citoyen, ou du moins le hacker, élu comme vengeur du citoyen, peut connaître tous les secrets du Pouvoir.

Et même si la grande masse des citoyens n’est pas en mesure d’examiner et d’évaluer la quantité de matériel que le hacker capture et diffuse, la presse joue désormais un nouveau rôle (elle a déjà commencé à l’interpréter) : au lieu de relayer les nouvelles vraiment importantes – jadis, c’étaient les gouvernements qui décidaient des nouvelles vraiment importantes, en déclarant une guerre, en dévaluant une monnaie, en signant une alliance –, aujourd’hui, c’est elle qui décide en toute autonomie des nouvelles qui doivent devenir importantes et de celles qui peuvent être passées sous silence, allant jusqu’à pactiser (cela est arrivé) avec le pouvoir politique pour savoir quels "secrets" dévoilés il convenait de révéler et ceux qu’il fallait taire.

Auteur: Eco Umberto

Info: "Réflexions sur WikiLeaks", in Construire l’ennemi et autres écrits occasionnels, 2014

[ World Wide Web ] [ médias descendants ]

 

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dictature

Voici les quatorze points caractéristiques de ce qu’Eco a nommé fascisme éternel ou Ur-Fascisme

1) La première caractéristique du fascisme éternel est le culte de la tradition.
Il ne peut y avoir de progrès dans la connaissance. La vérité a été posée une fois pour toutes, et on se limite à interpréter toujours plus son message obscur.

2) Le conservatisme implique le rejet du modernisme. Le rejet du monde moderne se dissimule sous un refus du mode de vie capitaliste, mais il a principalement consisté en un rejet de l’esprit de 1789 (et de 1776, bien évidemment [Décalaration d’indépendance des États-Unis]). La Renaissance, l’Âge de Raison sonnent le début de la dépravation moderne.

3) Le fascisme éternel entretient le culte de l’action pour l’action. Réfléchir est une forme d’émasculation. En conséquence, la culture est suspecte en cela qu’elle est synonyme d’esprit critique. Les penseurs officiels fascistes ont consacré beaucoup d’énergie à attaquer la culture moderne et l’intelligentsia libérale coupables d’avoir trahi ces valeurs traditionnelles.

4) Le fascisme éternel ne peut supporter une critique analytique. L’esprit critique opère des distinctions, et c’est un signe de modernité. Dans la culture moderne, c’est sur le désaccord que la communauté scientifique fonde les progrès de la connaissance. Pour le fascisme éternel, le désaccord est trahison.

5) En outre, le désaccord est synonyme de diversité. Le fascisme éternel se déploie et recherche le consensus en exploitant la peur innée de la différence et en l’exacerbant. Le fascisme éternel est raciste par définition.

6) Le fascisme éternel puise dans la frustration individuelle ou sociale. C’est pourquoi l’un des critères les plus typiques du fascisme historique a été la mobilisation d’une classe moyenne frustrée, une classe souffrant de la crise économique ou d’un sentiment d’humiliation politique, et effrayée par la pression qu’exerceraient des groupes sociaux inférieurs.

7) Aux personnes privées d’une identité sociale claire, le fascisme éternel répond qu’elles ont pour seul privilège, plutôt commun, d’être nées dans un même pays. C’est l’origine du nationalisme. En outre, ceux qui vont absolument donner corps à l’identité de la nation sont ses ennemis. Ainsi y a-t-il à l’origine de la psychologie du fascisme éternel une obsession du complot, potentiellement international. Et ses auteurs doivent être poursuivis. La meilleure façon de contrer le complot est d’en appeler à la xénophobie. Mais le complot doit pouvoir aussi venir de l’intérieur.

8) Les partisans du fascisme doivent se sentir humiliés par la richesse ostentatoire et la puissance de leurs ennemis. Les gouvernements fascistes se condamnent à perdre les guerres entreprises car ils sont foncièrement incapables d’évaluer objectivement les forces ennemies.

9) Pour le fascisme éternel, il n’y a pas de lutte pour la vie mais plutôt une vie vouée à la lutte. Le pacifisme est une compromission avec l’ennemi et il est mauvais à partir du moment où la vie est un combat permanent.

10) L’élitisme est un aspect caractéristique de toutes les idéologies réactionnaires. Le fascisme éternel ne peut promouvoir qu’un élitisme populaire. Chaque citoyen appartient au meilleur peuple du monde; les membres du parti comptent parmi les meilleurs citoyens; chaque citoyen peut ou doit devenir un membre du parti.

11) Dans une telle perspective, chacun est invité à devenir un héros. Le héros du fascisme éternel rêve de mort héroïque, qui lui est vendue comme l’ultime récompense d’une vie héroïque.

12) Le fasciste éternel transporte sa volonté de puissance sur le terrain sexuel. Il est machiste (ce qui implique à la fois le mépris des femmes et l’intolérance et la condamnation des mœurs sexuelles hors normes: chasteté comme homosexualité).

13) Le fascisme éternel se fonde sur un populisme sélectif, ou populisme qualitatif pourrait-on dire. Le Peuple est perçu comme une qualité, une entité monolithique exprimant la Volonté Commune. Étant donné que des êtres humains en grand nombre ne peuvent porter une Volonté Commune, c’est le Chef qui peut alors se prétendre leur interprète. Ayant perdu leurs pouvoirs délégataires, les citoyens n’agissent pas; ils sont appelés à jouer le rôle du Peuple.

14) Le fascisme éternel parle la Novlangue. La Novlangue, inventée par Orwell dans 1984, est la langue officielle de l’Angsoc, ou socialisme anglais. Elle se caractérise par un vocabulaire pauvre et une syntaxe rudimentaire de façon à limiter les instruments d’une raison critique et d’une pensée complexe.

Auteur: Eco Umberto

Info: Reconnaître le fascisme, Grasset, 2017. Misa en forme par Sumi Saint Auguste sur www.lesnouveauxdissidents.org

[ totalitarisme ] [ définition ]

 

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