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lecture

Les livres ne sont pas des objets, mais des lieux. Le narrateur de L'Océan au bout du chemin se réfugie ainsi dans des livres pour échapper à ce qui lui arrive de mal. Lorsque quelqu'un me demande " Pourquoi relire ce livre si tu l'as déjà lu?", Je réponds "Pourquoi retourner chez ta grand-mère si tu y es déjà allé ?" La réponse est la même : ce sont des endroits où l'on est en sécurité.

Auteur: Gaiman Neil

Info:

[ refuge ] [ fuite ] [ relecture ]

 

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vocabulaire

Les religions sont après tout des métaphores par définition : Dieu est un rêve, un espoir, une femme, un humoriste, un père, une ville, une maison aux nombreuses pièces, un horloger ayant abandonné son plus beau chronomètre dans le désert, quelqu'un qui vous aime - et même, peut-être, contre toute logique, un être céleste dont le seul but est de faire prospérer et triompher de tous les obstacles votre équipe de foot, votre armée, vos affaires ou votre couple.

Auteur: Gaiman Neil

Info: American Gods

[ unicité ]

 
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contemplation

Il fixa les étoiles : elles lui parurent telles de majestueuses danseuses, gracieuses, en train d'exécuter quelque danse d'une infinie complexité. C'était comme s'il pouvait voir leur visage même ; pâles, elles étaient, et souriaient doucement, comme si elles avaient passé tant de temps au-dessus du monde, à observer le brouhaha, la joie et la douleur des gens en dessous d'elles, qu'elles ne pouvaient s'empêcher d'être amusées chaque fois qu'un autre petit humain se croyait le centre de son monde, comme chacun de nous.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Stardust

[ nocturne ] [ astres ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

jeunesse

Les adultes suivent les chemins. Les enfants explorent. Les adultes se contentent d'arpenter les pistes de la même façon, des centaines ou des milliers de fois ; peut-être qu'il n'arrive jamais aux adultes de sortir des sentiers, de ramper sous les rhododendrons, de trouver les interstices entre les clôtures. J'étais un enfant, ce qui signifiait que je connaissais une douzaine de façons différentes de sortir de notre propriété et d'accéder à la ruelle, manières qui ne prenaient pas en compte de le fait de passer par notre voie d'accès.

Auteur: Gaiman Neil

Info: The Ocean at the End of the Lane

[ ouverture ] [ enfants ] [ adultes ]

 

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lire

La fiction développe l'empathie. Quand vous regardez la télé ou un film, vous voyez des choses qui arrivent à d'autres gens. La fiction en prose est une construction que vous bâtissez à partir de vingt-six lettres et d'une poignée de signes de ponctuation ; vous et vous seul, en utilisant votre imagination, vous créez un monde, vous le peuplez et vous voyez par d'autres yeux. Vous avez l'occasion d'éprouver des choses, de visiter des lieux et des mondes que vous ne connaîtriez jamais autrement. Vous apprenez que tous les gens autour de vous sont des moi, eux aussi. Vous êtes quelqu'un d'autre et, lorsque vous regagnez votre propre monde, vous allez en être légèrement changé.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Conférence de l'auteur sur la défense de la lecture et des bibliothèques

[ littérature ] [ onirisme ]

 

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langage

Les religions sont, somme toute, par définition, des métaphores : Dieu est un rêve, un espoir, une femme, un ironiste, un père, une ville, une maison aux multiples pièces, un horloger qui a laissé son chronomètre dans le désert, quelqu'un qui vous aime - et peut-être même, contre toute évidence, un être céleste dont le seul intérêt est de faire en sorte que votre équipe de football, votre armée, votre entreprise ou votre mariage prospèrent et triomphent de toute opposition. Les religions sont des lieux où l'on se tient, on regarde et on agit, points de vue d'où on voit le monde. Et rien de tout cela ne se produit. Rien de tout cela n'est vrai stricto sensu.

Auteur: Gaiman Neil

Info: American Gods

[ miroir aux alouettes ] [ croyances ] [ illusions sémantiques ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

femmes-hommes

Richerd se retourna pour se trouver nez-à-nez avec Jessica. Elle portait les cheveux en hauteur sur le crâne et ils encadraient parfaitement son visage par des accroches-coeurs bruns. Elle était très belle. Elle lui souriait; c'est le sourire qui le décida.
- Bonjour Jessica, dit-il. Comment vas-tu?
- Bonjour. Vous n'allez pas me croire, mais mon assistant a négligé de noter quel journal vous envoie, monsieur, euh...
- Journal? demanda Richard.
- J'ai dit journal? reprit Jessica avec un rire cristallin et doux qui se moquait d'elle-même. Magazine... Chaîne de télévision. Vous faites bien partie des médias?
- Tu as une mine superbe, Jessica, répondit Richard.
- Je crains de ne pas vous situer, avoua-t-elle avec un sourire espiègle.
- Tu t'apelles Jessica Bartram. Tu es cadre en marketing chez Stocktons. Tu as 26 ans. Ton anniversaire tombe le 23 avril et, dans le feu de la passion, tu as la manie de fredonner la chanson des Monkees "I'm a believer"...
Jessica ne souriait plus.
- C'est une plaisanterie? demanda-t-elle d'une voix glacée.
- Oh, et nous sommes fiancés depuis dix-huits mois.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Neverwhere

[ dialogue ] [ plan drague ] [ littérature ] [ séduction ]

 

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fondu-enchaîné

Ici, la forêt s'étendait plus loin ; mais plus on avançait, plus les arbres étaient rudimentaires, pour finir par ne plus ressembler du tout à des arbres. Bientôt ils devinrent approximatifs, à peine une vague idée de ce que doit être un arbre : un tronc gris-brun en bas, et, en haut, un barbouillage verdâtre tenant lieu de feuilles. Peut-être que l'autre mère ne s'intéressait-elle pas beaucoup aux arbres ; ou alors, elle ne s'était pas donné la peine de façonner correctement cette partie de la propriété parce que personne ne s'était jamais aventuré aussi loin. Coraline continua à marcher. Alors la brume apparut. Ce n'était pas une brume humide, comme la brume ou le brouillard normaux. Et elle n'était ni tiède ni froide. En fait, Coraline avait la sensation d'avancer dans le néant. "Je suis une exploratrice, songea-t-elle. Et il faut que je m'en aille d'ici par tous les moyens. Alors je continue à avancer." Autour d'elle il n'y avait plus qu'un vaste rien du tout, comme une feuille de papier vierge ou une très, très grande pièce vide toute blanche. Ni température, ni odeur, ni texture, ni goût - rien.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Coraline

[ rêve ] [ onirisme ] [ littérature ]

 

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projections

Il y avait une fille, et son oncle l'a vendue. Dit comme ça, ça parait simple.

Aucun homme, proclamait Donne, n'est une île, et il avait tort. Si nous n'étions pas des îles, nous serions perdus, noyés dans les tragédies des autres. Nous sommes isolés (mot qui signifie littéralement, rappelez-vous, transformés en îles) de la tragédie des autres, par notre nature insulaire et par la forme répétitive des histoires. La forme ne change pas : il y avait un être humain qui est né, a vécu et puis, par un moyen ou un autre, est mort. Voilà. Vous pouvez compléter les détails à partir de votre propre expérience. Aussi peu originale que n'importe quelle autre histoire, aussi unique que n'importe quelle autre. Les vies sont des flocons de neige - formant des motifs que nous avons déjà vus, aussi semblables les uns aux autres que des pois dans une gousse (avez-vous déjà regardé des pois dans une gousse ? Je veux dire, vraiment regardé ? Il n'y a aucune chance que vous confondiez l'un avec l'autre, après une minute d'observation attentive), bref elles restent uniques.

Sans individus, on ne voit que des chiffres, un millier de morts, cent mille morts, "les pertes pourraient atteindre un million". Avec les histoires individuelles, les statistiques deviennent des personnes - mais même ça c'est un mensonge, car les gens continuent de souffrir au sein de chiffres eux-mêmes anesthésiants et sans signification. Regardez, voyez le ventre enflé, gonflé de cet enfant, les mouches qui s'agitent aux coins de ses yeux, ses membres squelettiques : vous sera-t-il plus facile de connaître son nom, son âge, ses rêves, ses peurs ? De le voir de l'intérieur ? Et si c'est le cas, n'est-ce pas rendre un mauvais service à sa sœur, qui gît dans la poussière brûlante à ses côtés, distendue caricature d'enfant humain ? Et là, si nous avons de la compassion pour eux, sont-ils maintenant plus importants pour nous que mille autres enfants touchés par la même famine, mille autres jeunes vies bientôt devenues nourriture pour les myriades de bébés mouches elles-même ?

Nous traçons nos lignes autour de ces moments de douleur, depuis nos îles, et ils ne peuvent nous blesser. Elle sont recouvertes d'une couche lisse, solide, nacrée, il suffit de les laisser glisser, comme une perle, hors de nos âmes intouchées d'une douleur réelle.

La fiction permet de nous glisser dans ces autres têtes, ces autres lieux, et voir à travers d'autres yeux. Et puis, dans le conte, nous nous arrêtons avant de mourir, ou nous mourons par procuration, indemnes, et, dans le monde au-delà du conte, nous tournons la page ou fermons le livre, et reprenons le cours de notre vie.

Une vie qui est, comme toutes les autres, différente de toutes les autres.

Et la simple vérité est la suivante : Il y avait une fille, et son oncle l'a vendue.


Auteur: Gaiman Neil

Info: American Gods

[ monades réflexives ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

credos intriqués

Je suis capable de croire des choses qui sont vraies et d'autres qui ne le sont pas et je puis croire des choses dont personne ne sait si elles sont vraies ou non.

Je peux croire au Père Noël, au lapin de Pâques, aux Beatles, à Marilyn Monroe, à Elvis et à Mister Ed. Écoutez - je crois que les gens sont perfectibles, que le savoir est infini, que le monde est dirigé par des cartels bancaires secrets et qu'il est régulièrement visité par des extraterrestres, certains gentils qui ressemblent à des lémuriens ridés et d'autres  méchants, qui mutilent le bétail et veulent notre eau et nos femmes.

Je crois que l'avenir fait chier et pense que le futur sera super. Je crois aussi qu'un jour White Buffalo Woman* reviendra pour botter le cul de tout le monde. Je crois que tous les hommes ne sont que des garçons en friche avec de gros problèmes de communication et que le déclin du good sex en Amérique coïncide avec le déclin des cinémas drive-in dans à peu près tous les Etats.

Je crois que tous les hommes politiques sont des escrocs sans principes et continue à croire qu'ils sont meilleurs que toute autre alternative. Je crois que la Californie va s'enfoncer dans la mer quand le grand jour arrivera, alors que la Floride  se dissoudra dans la folie, les alligators et les déchets toxiques.

Je crois que le savon antibactérien détruit notre résistance à la saleté et aux maladies, de sorte qu'un jour, nous serons tous anéantis par le rhume, comme les Martiens dans la Guerre des Mondes.

Je crois que les plus grands poètes du siècle dernier furent Edith Sitwell et Don Marquis, que le jade est du sperme de dragon séché et qu'il y a des milliers d'années, dans une vie antérieure, j'étais un chamane sibérien manchot.

Je crois que le destin de l'humanité se trouve dans les étoiles. Je crois que les bonbons avaient vraiment meilleur goût quand j'étais enfant, qu'il est aérodynamiquement impossible pour un bourdon de voler, que la lumière est une onde et une particule, qu'il y a un chat dans une boîte quelque part qui est vivant et mort en même temps (et que s'ils n'ouvrent jamais la boîte pour le nourrir, il pourrait bien y avoir deux sortes différentes de morts), et qu'il y a des étoiles dans l'univers qui ont des milliards d'années de plus que l'univers lui-même.

Je crois en un dieu personnel qui se soucie de moi, qui s'inquiète et qui supervise tout ce que je fais. Je crois en un dieu impersonnel qui a mis l'univers en mouvement et qui est parti traîner avec ses copines sans même savoir que je suis en vie. Je crois en un univers vide et sans dieu, fait d'un chaos de causalités, de bruit de fond et de pur hazard aveugle.

Je crois que quiconque dit que le sexe est surévalué ne l'a tout simplement  jamais fait correctement. Je crois que quiconque prétend  tout savoir ment aussi sur les petites choses.

Je crois à l'honnêteté absolue et aux mensonges sociaux raisonnables. Je crois au droit des femmes de choisir, au droit des bébés de vivre, au fait que si toute vie humaine est sacrée, il n'y a rien de mal à la peine de mort si l'on peut faire confiance au système juridique de manière implicite, et qu'il faut être bien idiot pour faire confiance au système juridique.

Je crois que la vie est un jeu, que la vie est une blague cruelle, et que la vie est ce qui arrive quand on est vivant et qu'on peut tout aussi bien s'allonger et en profiter.

Auteur: Gaiman Neil

Info: American Gods. *figure mythique des indiens Lakotas. Trad Mg

[ paradoxes ] [ exister ] [ croyances emmêlées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel