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C’est une étrange chose que la musique : je dirais volontiers qu’elle est un miracle. Elle est entre la pensée et le phénomène : comme une médiatrice crépusculaire, elle plane entre l’esprit et la matière, apparentée à tous deux, et pourtant différente de tous deux ; elle est esprit mais esprit qui a besoin de la mesure du temps. Elle est matière mais matière qui peut se passer de l’espace.

Auteur: Heine Heinrich P

Info: Lettre à M.A. LEWALD, 21 janvier 1838

[ mathématiques ] [ définition ] [ sons organisés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Non, je ne t'en veux point, mon coeur dût-il se fendre,
O mon amour enfui! Non, je ne t'en veux point.
Tu as beau resplendir de l'éclat du diamant,
Aucun rayon ne perce la nuit de ton coeur.

Je ne le sais que trop. En rêve je t'ai vue,
J'ai vu ton coeur plongé dans de froides ténèbres,
Je l'ai vu dévoré par l'avide serpent,
Je t'ai vue, mon amour, dans toute ta misère.

Auteur: Heine Heinrich

Info:

[ poème ]

 

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indépendance

L'Anglais aime la liberté comme son épouse légitime. Elle lui appartient, et s'il ne la traite pas non plus avec une tendresse particulière, en situation d'urgence il sait pourtant la défendre comme un homme. Le Français aime la liberté comme une jeune mariée. Il se jette à ses pieds en faisant les serments les plus exaltés. Il risque sa vie pour elle. Pour elle il est capable de faire des choses insensées. L'Allemand aime la liberté comme sa grand-mère.

Auteur: Heine Heinrich

Info:

[ Europe ] [ triade ]

 

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simplicité

Je suis l'être le plus pacifique qui soit.

Mes désirs sont: une modeste cabane avec un toit de chaume, mais doté d'un bon lit, d'une bonne table, de lait et de beurre bien frais avec des fleurs aux fenêtres; devant la porte quelques beaux arbres; et si le bon Dieu veut me rendre tout à fait heureux, qu'il m'accorde de voir à peu près six ou sept de mes ennemis pendus à ces arbres.

D'un cœur attendri, je leur pardonnerai avant la mort, toutes les offenses qu'ils m'ont faites durant leur vie — certes on doit pardonner à ses ennemis, mais pas avant qu'ils soient pendus.

Auteur: Heine Heinrich P

Info: Pensées et propos

[ ironie ] [ vengeance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie

L'histoire de la vie d'Emmanuel Kant est difficile à écrire, car il n'eut ni vie ni histoire. Il vécut d'une vie de célibataire, vie mécaniquement réglée et presque abstraite, dans une petite rue écartée de Koenigsberg, vieille ville des frontières nord-est de l'Allemagne. Je ne crois pas que la grande horloge de, la cathédrale ait accompli sa tâche visible avec moins de passion et plus de régularité que son compatriote Emmanuel Kant. Se lever, boire le café, écrire, faire son cours, dîner, aller à la promenade, tout avait son heure fixe, et les voisins savaient exactement qu'il était deux heures et demie quand Emmanuel Kant, vêtu de son habit gris, son jonc d'Espagne à la main, sortait de chez lui et se dirigeait vers la petite allée de tilleuls qu'on nomme encore à présent, en souvenir de lui, l'allée du philosophe. Il la montait et la descendait huit fois le jour, en quelque saison que ce fût, et quand le temps était couvert ou que les nuages noirs annonçaient la pluie, on voyait son domestique, le vieux Lampe, qui le suivait d'un air vigilant et inquiet, le parapluie sous le bras, véritable image de la Providence.
Quel contraste bizarre entre la vie extérieure de cet homme et sa pensée destructive! En vérité, si les bourgeois de Koenigsberg avaient pressenti toute la portée de cette pensée, ils auraient éprouvé devant cet homme un frémissement bien plus horrible qu'à la vue d'un bourreau qui ne tue que des hommes... Mais les bonnes gens ne virent jamais en lui qu'un professeur de philosophie, et quand il passait à l'heure dite, ils le saluaient amicalement et réglaient d'après lui leur montre.

Auteur: Heine Heinrich

Info: De l'Allemagne

[ routine ] [ anecdote ]

 

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Gaule

Ce dont je m'étonne le plus chez les Français, c'est leur adresse à savoir se retourner et passer immédiatement d'une occupation à une autre, d'un état à un autre, même tout à fait hétérogène. De la sorte, il arriva que les émigrés qui se réfugièrent en Allemagne pendant la révolution, surent si bien supporter les humbles revirements de fortune, et que beaucoup d'entre eux, pour gagner leur subsistance, furent capables de se créer un métier à l'improviste. Ma mère m'a raconté souvent qu'à cette époque un marquis français s'était établi dans notre ville comme cordonnier, et qu'il faisait les meilleurs souliers de dames, des bottines de maroquin et des mules de satin; il travaillait gaiement, en sifflant les chansons les plus amusantes, et oubliant toute son ancienne splendeur. Un gentilhomme allemand aurait peut-être, dans les mêmes circonstances, eu également recours au métier de cordonnier, mais il ne se serait pas à coup sûr résigné aussi gaiement à son sort de cuir, et il se serait en tout cas mis à confectionner des chaussures d'hommes, de lourdes bottes à éperons, des bottes de militaires ou de chasseurs, qui pussent lui rappeler son ancien état de chevalier. Quand les Français passèrent le Rhin, notre marquis fut forcé d'abandonner a boutique, et il chercha un refuge dans une autre ville, je crois à Cassel, où il devint le meilleur tailleur; oui, sans apprentissage il émigrait ainsi d'un métier à un autre, et y gagnait tout de suite la maîtrise, ce qui pourrait paraître incompréhensible à un Allemand, non-seulement à un Allemand de la noblesse, mais aussi au plus simple fils de la roture.
Après la chute de l'empereur, le brave homme revint, avec des cheveux gris, mais un coeur invariablement jeune, dans sa patrie, où il prit une mine si altière et si nobiliaire, et porta de nouveau le nez si haut, qu'on eût dit qu'il n'avait jamais manié l'alène ou l'aiguille. C'est une erreur de prétendre, à l'égard des émigrés, qu'ils n'avaient rien appris et rien oublié; au contraire, ils avaient oublié tout ce qu'ils avaient appris.
Les héros de la période guerrière de Napoléon, lorsqu'ils furent congédiés ou mis à la demi-solde, se jetèrent également avec la plus grande habileté dans les occupations industrielles de la paix, et chaque fois que j'entrais aux bureaux de mon éditeur Delloye, je ne pouvais assez m'étonner de voir l'ancien colonel assis maintenant en qualité de libraire devant son pupitre, entouré de plusieurs vieux grognards à moustaches blanches, qui avaient aussi combattu sous l'empereur en braves soldats, mais qui servaient maintenant chez leur ancien camarade comme teneurs de livres ou caissiers, bref, comme commis.
On peut tout faire d'un Français, et chacun d'eux se croit habile à tout. Le plus joyeux poète dramatique se métamorphose soudain, comme par un coup de théâtre, en ministre, en général, en fondateur de religions, et même en bon Dieu.

Auteur: Heine Heinrich

Info: Lutèce

[ comparaison ] [ Allemagne ] [ métamorphose ]

 

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