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introspection

Quand je descends au fond de moi, je ne trouve qu’une maison déménagée.

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, page 191

[ absence ] [ perte ] [ ailleurs ]

 

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transpiration

Je ne le lui ai jamais dit : il sent la sueur de nègre, cette odeur si particulière, mélange de cire et du jaque trop mûr en février quand les guêpes y font des trous – comme la sueur blanche sous le Tropique sent le vieux crustacé. A chaque fois qu’il vient, cette odeur vient avec lui. Il ouvre la porte, elle le précède. Elle s’installe avec lui. Elle dort et se réveille avec lui. La maison en est envahie. Elle se déplace à son pas sur les sentiers de la colline, et alors tous les parfums se retirent très loin de nous.

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, page 194

[ noir ] [ odorat ] [ persistante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

animal

Mais la tortue ? Serpent qui se cache d'être serpent. Diable sous masque de mendicité. Faux Job. Sisyphe pire, qui transporte son rocher et qui est son rocher. L'incarcéré qui est le prisonnier et la geôle. Et qu'est-ce que ces profondes commissures de sa gueule sinon le rictus de la cruauté calme ? Les plissures des paupières ! des yeux qui semblent avoir regardé déjà, avoir déjà vu avant le Temps. Ces chocs sonores des carapaces dans l'accouplement - mariage de deux pierres livrant une semence de pierre, le démoniaque suintement des traînassements futurs. Ces grognements alors, ces cris étouffés, presque d'humains, comme si nous nous interpellions dans le couple du fond de l'abime promis. Et, après, les prunelles à peine mobiles qui s'alentissent encore, de sourds craquements dans les cuirasses comme ces bruits d'un poêle qui refroidit après la flambée, le rudiment de queue qui traîne, ébauche lamentable de la naissance d'une vipère...

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, pages 30-31

[ monstre ] [ description ] [ infernal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

menace

Il est des journées d’avant-drame qui sont pires que le plein drame. Quelque chose vous guette dans le dos ; vous vous retournez, il n’y a rien. Mais à peine avez-vous repris votre position que cela du même mouvement reprend aussitôt sa place. Puis, sournoisement, cela glisse, va vers la droite mais toujours un peu en retrait, caché – vous regardez à droite, tout aussitôt c’est votre côté gauche qui est assiégé. Vous êtes accompagné, suivi, très nettement assiégé ; on suppute votre résistance, vos ressources de santé, de chance ; et soudain, il y a cette sensation que quelqu’un d’énorme a ri. La sensation, car ce rire vous ne l’avez pas entendu : c’est seulement comme un long biseau de cristal qu’on vous promène sur la nuque. Et voilà que vous devenez deux en vous, comme à un signe – l’homme premier, celui qui jusque-là était le vrai, lentement dissous par l’autre qui, lui, est déjà dans l’avenir, dans l’orage qui monte.

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, page 75

[ œil omniscient ] [ duplicité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

torture

Avec le même soin que j’emploie à disposer mes arrosoirs pour les martins ou des mangeoires secrètes dans les fourrés pour les coqs des bois, je place la tortue sur le dos. Je la cale avec des pierres, longuement, de telle façon qu’elle ne puisse se retourner – pour un peu je maçonnerais. Je la cale et la regarde. Peut-être que je l’aime alors, d’un immonde amour ? Millimètre après millimètre, j’introduis mon canif dans la membrane assez molle qui lui recouvre le ventre. Je transpire lourd. Je suis heureux. J’enfonce la lame juste assez pour que ce soit une blessure mortelle mais lente. Ah, je sais m’arrêter ! Je connais ce moment à un degré de jouissance qui ne pourrait être dépassé. Deux jours maintenant, trois, la tortue agonisera. Elle mourra chaque jour, d'un jour de mort. Elle cuira - par sa plaie. Dans cette plaie le soleil se glissera et tout en même temps pesant et léger et abominable et tendre, ne faisant jamais plus que la tâche quotidienne, mesuré, caressant, il saccagera le corps, montant à mesure vers le cœur, vers les déserts de la soif de l'estomac, tous rayons pointés, tel un porc-épic d'or. Je sais cela. C’est presque comme si je le vivais. Quand ce n’est pas la saison des vanilliers, je reviens souvent au crépuscule pour contempler ma moribonde et j’ai d’admirables ruses pour exciter en elle un appétit d’espérance, avec des feuilles, de la mousse ou même de l’eau, afin qu’elle meure plus lentement et plus sombrement encore. Quand les vanilliers sont en leurs fleurs ou, parfois, au début de leurs fleurs, quelque chose m’en empêche – une sorte de honte... Une seule fois, j’ai manqué mon coup. C’était dans le haut de la colline. La tortue réussit à se libérer. Lorsque je montai le lendemain, elle avait disparu. J’en tombai malade.

Auteur: Masson Loys

Info: "Les tortues", éditions de l'Arbre vengeur, 2021, pages 28-29

[ agonie ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson