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gamins

Des enfants qui jouent avec un chien, sur une plage, un matin d'été: n'allons pas plus loin, voilà le monde justifié. Comme les enfants, comme les primitifs, comme le peuple, les animaux ne prétendent pas. De là qu'on ne peut leur en vouloir de rien. De là qu'on n'a jamais à les mépriser: immense repos. Enfin, plus souvent que l'homme, ils sont nobles.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Service inutile

[ animal domestique ] [ naturels ] [ hommeanimal ]

 

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femmes-hommes

Il y a, dans le mariage musulman, tel qu’il est célébré à Alger, une coutume saisissante. La coiffeuse s’avance vers les jeunes mariés et verse de l’eau de jasmin dans les deux mains réunies de la mariée ; le mari se baisse et boit cette eau ; la coiffeuse procède de même pour le mari, mais lorsque la mariée se prépare à boire dans les mains du mari, celui-ci ouvre les mains et le liquide s’échappe. Voilà une coutume atroce : il est posé en principe que l’homme doit être heureux, et que la femme ne doit pas l’être.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Les jeunes filles (I/IV) : Les Jeunes filles

[ inégalité ] [ islam ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

portrait

Mme Émilie avait un visage blafard, qu’elle couvrait encore de poudre de riz, le front y compris ; un "tour" de cheveux violemment châtains ; des dents jaunes comme celles des chevaux ; tout cela lui faisant un visage aux couleurs du Pape (trait honorable), mais enfin qui n’était pas joli joli. Avec cela sèche, voûtée, sans tétons, les sourcils clairsemés et noircis au noir d’allumette, et les mains des Coëtquidan, qui étaient sa gloire, si petites au bout de ses bras – à peine plus larges que ses poignets – qu’elles en étaient monstrueuses, comme des membres atrophiés, ou comme les pattes d’un batracien.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 122-123

[ laideur ] [ femme-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-par-homme

Le monde croit volontiers qu’une jeune fille qui joue la comédie, ou qui est "un type", ou qui prépare son baccalauréat, ou qui flirte, ou qui, sans plus, est mal élevée, est une jeune fille intelligente ; et Dieu sait ce qu’il en est en réalité ! Ayant trop donné aux unes, le monde en refuse trop aux autres ; il condamne avec légèreté les jeunes filles sans brillant. Et pourtant, de la sottise avec brillant ou de la sottise sans brillant, comment ne préférer pas la seconde ? Au moins n’est-elle pas une provocation, et ne collabore-t-elle pas à cette grande confusion des valeurs qui est de nos jours une plaie sociale dévorante et négligée.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 33

[ médiocrité généralisée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

soirée familiale

Tout ce temps, M. Elie malaxait une boulette de mie de pain qu’il avait rapportée du restaurant, boulette que sa salive et la saleté de ses doigts avaient rendue si noire et si brillante qu’on l’eût prise pour une boulette de goudron. À certain moment, il s’arrêta net dans une évocation sentimentale qu’il était en train de faire, et se mit à fureter sous les meubles, avec des yeux hagards. "Qu’est-ce qu’il y a, l’oncle ?" demanda Léon, inquiet. "J’ai perdu ma boulette", dit le vieux, le visage bouleversé. Léon, s’agenouillant, la chercha avec lui. Quand il l’eut aperçue, il eut une courte hésitation : puis il songea que c’était son dernier soir auprès de son oncle, et au nom du passé, au nom de la famille, au nom du souvenir de sa mère, il ramassa l’immonde petite chose et la lui tendit.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 244

[ tendresse cachée ] [ dégoût ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

triangle amoureux

Le troisième être était surtout le lapin en peluche, posé sur l’oreiller contre la tête de Solange ; fort pelé et poussiéreux, […] avec une de ses oreilles lui retombant sur le museau, et un de ses yeux remplacé par un bouton de bottine. Souvent Costals le baisait au lieu de Solange, à moins qu’ils n’unissent leurs trois bouches : Costals, qui connaissait son génie, savait bien pourquoi il l’avait priée de s’adjoindre de ce lapin. (D’autres fois, il lui arrivait de faire porter à ses amis, durant les caresses, des têtes de carnaval représentant des têtes d’animaux. Combien alors il les dépassait ! bondissait hors des limites étroites de ce sexe !) Il le mêla si fort à leurs jeux qu’un moment vint où le lapin envahit complètement son imagination, en chassant Solange. Sa volupté prit alors un caractère religieux […].

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Les jeunes filles, tome 3 : Le démon du bien

[ fétiche ] [ doudou ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

torpeur collective

Des radio-je-ne-sais-quoi déversaient une sorte de vomissement musical, comme si tous les dîneurs des restaurants s’étaient mis à rendre de "concert" une sorte de guimauve sans nom, sans sexe et sans âge, musique de limbes, bonne pour faire danser les ombres, au ralenti, sur les prés d’outre-tombe. Il n’y avait aucune poussée vitale ni vers le bien ni vers le mal, dans cette foule où la jeunesse elle-même n’était pas la jeunesse, rien d’instinctif, rien de vigoureux, et seulement rien de naturel dans cette foule aux visages de filles, où les plus mâles des mâles eux-mêmes se tuaient entre eux avec l’arme des femmes : cette masse exsangue, c’est un grouillement de vers blancs dans une feuillée. Tout homme en bonne santé, devant ce spectacle, ne pouvait avoir qu’un cri : ou Jésus-Christ, ou Sardanapale, mais pas ça ! Balzac appelle Paris "un grand chancre" : l’impression était plutôt celle d’un grand mal blanc.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 188

[ vie opératoire ] [ anesthésie générale ] [ muzak ]

 

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routine

Il se réveillait à neuf heures, et restait au lit jusqu’à dix heures et demie, lisant, tripotant les chats, et se farfouillant dans le nez. A honze heures, il faisait un tour dans le quartier jusqu’à l’heure du déjeuner, et alors rentrait. Après le déjeuner, il lisait un peu, puis se promenait dans Paris de trois à sept, bouquinant chez les revendeurs, et allant de café en café. Jamais il ne prenait un repas au restaurant, malgré l’envie qu’il en avait parfois, parce que sa pension était payée à la maison. Jamais il ne fit un voyage de huit jours. Jamais il ne sortait le soir, et jamais n’était invité. Par sauvagerie et horreur de se contraindre, il avait quitté le monde, n’avait plus été voir les gens qu’aux heures où il savait ne les trouver pas ; ensuite, comme il arrive, le monde le quitta, et tandis qu’au début il n’y allait pas par fantaisie d’humeur, un temps vint où s’y ajouta cette raison, qu’il craignait d’y être humilié.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 51

[ isolement ] [ emploi du temps ]

 
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femmes-par-homme

La femme, au contraire, se fait une idée positive du bonheur. C’est que, si l’homme est plus agité, la femme est plus vivante. Ah ! ce n’est pas elle qui demandera, comme le jeune homme de tout à l’heure : "Qu’est-ce que vous entendez par vivre ?" Elle n’a pas besoin d’explications. Vivre pour elle, c’est sentir. Toutes les femmes préfèrent se consumer en brûlant, à être éteintes ; toutes les femmes préfèrent être dévorées, à être dédaignées. Et dans ce "sentir" quelle mobilité, quelle ampleur des réactions ! Quand on voit qu’une femme, si l’homme qu’elle aime semble l’aimer moins – ne fût-ce qu’un peu moins – souffre autant que s’il ne l’aimait pas du tout ; quand on voit qu’ensuite, si elle reconnait qu’il l’aime autant, non seulement elle en éprouve une joie merveilleuse, mais elle ajoute à sa joie cette nouvelle joie, de se faire pardonner de l’avoir soupçonné, quand on voit cela, et qu’on voit en regard la lourdeur des hommes, on donne un sens au mot vivant.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Les jeunes filles (I/IV) : Les Jeunes filles

[ empathiques ] [ charnelles ] [ sensitives ]

 

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jugement dernier

A cette heure, il y avait aussi, partout, des hommes qui arrivaient en vue de la mort. Ceux qui s’étaient gouvernés par des principes, et ceux qui, mollement, s’étaient abandonnés aux hasards, ceux qui s’étaient torturés pour rien et ceux qui n’avaient eu d’autre souci que jouir, ceux qui avaient fait le mal et ceux qui ne l’avaient pas fait, tous, quand ils arrivaient en vue de la Grande Muraille, prenaient entre eux une ressemblance qui était un aveu. On ne voyait plus bien en quoi ils différaient et avaient différé les uns des autres. On voyait moins encore à quoi il leur avait servi de chercher à différer, de chercher à dépasser, de vouloir ceci plutôt que cela, de croire ceci plutôt que cela ; tout cela, en fin de compte, était la même chose ; cela n’avait été, pour les uns comme pour les autres, qu’une façon de passer le temps, et maintenant ces hommes, qui avaient marché disséminés et hostiles, se rapprochaient et se groupaient comme font des hommes qui sont obligés de passer par la même porte.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 295-296

[ absurdité ] [ indifférenciation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson